Je n’avais pas du tout la foi…
Des arts martiaux au combat spirituel
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Depuis quelques années, les Editions du Parvis éditent les si beaux livres d’Alan Carver Ames. La Providence a permis que nous le rencontrions en mai dernier, lors du Cénacle des «Témoins de l’Amour et de l’Espérance» à Saint Laurent sur Sève, où il donnait son témoignage.
Alan, votre passeport s’il vous plaît!
Je suis né en Angleterre le 9 novembre 1953, de père anglais et de mère irlandaise. Aussi, j’ai passé beaucoup de temps en Irlande dans mon enfance.
Vous avez donc baigné dans une ambiance catholique?
Avec ma mère, oui; comme le peuple irlandais, elle est une fervente catholique. Mais mon père pas du tout. C’était un alcoolique violent. Il allait seulement à l’église à Noël et à Pâques.
Et comment avez-vous vécu en famille cette dichstomie entre le comportement de votre mère et celui de votre père?
J’ignorais ma mère et j’admirais mon père. En grandissant, je suis devenu violent, et je me suis adonné à beaucoup de mauvaises actions…
Avez-vous suivi le catéchisme?
J’étais dans une école catholique, j’ai fait ma communion et j’ai été confirmé, mais j’étais le plus mauvais élève et, à l’âge de quinze ans, j’ai été renvoyé de l’école.
Et qu’est-il arrivé à l’adolescence?
Je n’avais pas du tout la foi. J’ai fait partie d’un groupe de motards, avec quelques amis, et toute ma vie tournait autour de cela. Mon meilleur ami, qui était aussi mon protecteur, parce qu’il était grand et fort, a tué quelqu’un et il a terminé en prison. Ensuite, j’ai dû me protéger moi-même, et c’est alors que j’ai commencé les arts martiaux.
Pour faire du sport ou pour vous défendre?
Pour être un dur et blesser les autres. J’ai obtenu la ceinture noire et en 1992, j’étais le capitaine de l’équipe australienne. J’ai participé au championnat du monde au Japon.
Et alors, vous avez pris une raclée!
J’ai perdu! Je savais que les japonais étaient très fort; je ne m’attendais pas à une victoire. C’était pour avoir une belle expérience.
Quelles études avez-vous faites?
Je n’ai rien fait comme études avant d’aller en Australie. J’avais 21 ans. J’y ai réussi à tracer mon chemin pour avoir un très bon travail. Mais quand j’ai eu ce travail, je me suis rendu compte qu’il fallait avoir des connaissances. Alors, j’ai commencé à étudier et à mon étonnement, j’ai réussi tous les examens!
Que faisiez-vous avant d’aller en Australie, entre 15 et 21 ans?
J’étais à Londres, je faisais de petits boulots et je buvais beaucoup de bière chaque jour. J’étais devenu un alcoolique.
L’exemple de votre père ne vous a jamais dégoûté?
Du fait que mon père était très violent, beaucoup de gens le respectaient. Moi aussi, si j’étais violent, je serais respecté. Et boire est venu naturellement; plus je buvais, plus j’étais brave.
Donc votre père était le modèle à suivre?
Oui.
Et votre mère?
Elle pleurait et priait.
Vous lui devez beaucoup pour votre conversion?
Oui, vraiment beaucoup. Elle a prié pour moi durant trente ans et maintenant, elle continue de prier pour moi.
Quel métier avez-vous fait en Australie?
J’ai travaillé pour une société pharmaceutique et je suis devenu directeur des ventes. Je rendais visite à des médecins et je leur présentais des médicaments; je visitais les hôpitaux également.
A ce moment-là, toujours pas de religion?
Non!
Et le fait de travailler vous a-t-il aidé à mener une vie plus sérieuse?
Pendant le temps de travail, je ne prenais pas d’alcool, mais en dehors, oui.
Aviez-vous d’autres activités en dehors du travail?
Les arts martiaux japonais que j’ai pratiqué durant vingt-cinq ans. L’aïkido, le kendo, un peu de judo et de jiu jitsu. Mais aussi ma famille. Je me suis marié à vingt ans avec Kathryn, à l’Eglise catholique. Puis nous sommes partis pour l’Australie et nous avons eu deux enfants.
Votre fiancée savait-elle que vous buviez?
Non, je lui ai caché pendant longtemps.
Votre mariage, n’est-il pas invalide, si vous lui avez caché quelque chose volontairement?
C’est une exagération de la loi de l’Eglise catholique. Voyez ce qu’a dit Jean-Paul II dernièrement…
Avez-vous des enfants?
J’ai une fille de trente ans et un fils de vingt-sept ans.
En famille, avez-vous reproduit le comportement violent de votre père?
Non, jamais.
Vous montrez que vous êtes très capable de bien faire quand vous le voulez, en famille par exemple, et d’autre part, vous continuiez à faire le caïd?
Pendant longtemps, j’ai maltraité ma femme et mes enfants en ne pensant qu’à moi. Je n’ai vraiment pas été bon, mais je faisais en sorte de travailler pour apporter de l’argent à ma famille pour qu’elle ait de quoi subvenir à ses besoins.
Vous assuriez sa dimension matérielle, mais pour l’éveil de l’intelligence et de l’esprit de vos enfants, que faisiez-vous?
Rien. Si mes enfants avaient une bonne éducation, avec un toit, de la nourriture, des vêtements, c’était suffisant parce que moi, je n’ai pas toujours eu suffisamment de nourriture étant enfant, vu que mon père jouait de l’argent en faisant des paris.
Mon père n’a jamais cru en Dieu. Quand Dieu est entré dans ma vie, il se moquait de moi. Quand mon père approchait de la mort, je priais et priais encore, et soudain, trois mois avant sa mort, en 2003, il est revenu à Dieu. Il a dit qu’il savait que Dieu existait et qu’il l’aimait. La veille de sa mort, il n’a voulu aucune fleur pour ses funérailles, sinon une rose rouge et une rose blanche sur son cercueil. Il ne savait pas ce que cela signifiait: la divine Miséricorde de Sœur Faustine! Je sais que Dieu est miséricordieux.
Quand vous avez connu Dieu, vous avez dû beaucoup prier pour votre père!
Pour mon père, et aussi mon frère, mon épouse, mes enfants, pour chaque membre de ma famille; de même que toutes les personnes que je rencontre maintenant, que j’ai rencontré ou que je vais rencontrer.
Comment s’est fait votre rencontre avec le Ciel?
J’avais quarante ans, en 1993, et je voyageais pour mon travail. J’étais dans ma chambre d’hôtel, il était 9 heures du soir, je venais juste d’arriver et je n’avais pas bu. J’étais assis et regardais les informations, quand, brusquement un homme d’apparence horrible est apparu dans la pièce. Il a commencé à m’étrangler. J’ai essayé mes arts martiaux, mais ma main le traversait! Je commençais à étouffer; je sentais gonfler les veines de mon cou et j’ai pensé que j’allais rendre le dernier soupir. J’ai entendu dans ma tête une voix qui me disait: «Prie notre Père». Alors plein de désespoir, j’ai commencé à prier. Dès ce moment, l’étranglement a cessé. Alors, j’ai arrêté de prier. Aussitôt, l’étranglement a repris! J’ai prié… Chaque fois que j’arrêtais de prier, cela reprenait et ainsi de suite… Et cela a duré toute la nuit.
J’étais si terrifié que le lendemain, je suis allé dans un autre hôtel, parce que je ne comprenais pas ce qui se passait. Voilà ma première expérience.
C’est une expérience qu’on pourrait qualifier de négative?
En fait, elle était positive, parce que Satan est stupide: quand il m’a attaqué, c’est alors que l’ange m’a parlé. Si Satan ne m’avait jamais attaqué, je n’aurais jamais prié! C’est à cause de son attaque que l’ange est venu m’aider à prier. Et cela a été le point de départ de mon retour vers Dieu. Je pense que Dieu a permis à Satan de m’attaquer ainsi pour me faire voir où ma façon de vivre me conduisait et pour me donner la chance de rejeter Satan et d’accepter Dieu dans ma vie.
Cet ange, était-ce l’ange gardien?
Oui. La première voix qui m’a parlé, c’était mon ange gardien.
Et alors, que s’est-il passé la seconde nuit?
Rien!
Et qu’avez-vous pensé?
Je me demandais si je ne devenais pas fou, mais je voyais des bleus sur mon cou! Donc…
Ce n’était pas votre imagination! Et ensuite?
Deux jours plus tard, l’ange m’a dit qu'il était envoyé par Dieu pour me faire connaître que Dieu m’aimait et qu’il m’offrait son pardon et que Dieu aimait tous les gens, qu’il offrait à chaque personne son pardon. Que même le pire pécheur dans le monde était lui aussi aimé de Dieu, mais que bien sûr, s’il aimait toujours les personnes, il n’aimait pas les péchés.
Comment avez-vous réagi? Vous avez compris?
Non, pendant deux ou trois mois, l’ange a dû me parler, il continuait à me dire que Dieu m’aimait.
Et quand l’ange vous parlait, vous le voyiez?
Au commencement, j’entendais seulement l’ange. Je l’entendais me parler soit dans la tête, soit comme s’il était dans la pièce.
Et vous parlait-il tous les jours?
Oui!
Cherchiez-vous à comprendre?
Je ne prêtais pas attention à ce qu’il me disait; je ne le croyais pas.
Vous imaginiez être malade?
Durant cette période, il y a eu plusieurs autres attaques du démon et j’avais l’impression que j’allais devenir complètement dingue!
Avez-vous pensé voir un psychiatre?
Je les connaissais par mon travail! Et j’avais des connaissances sur les maladies psychiatriques. J’en avais beaucoup parlé avec des psychiatres. Au début, je pensais que j’avais une schizophrénie. Mais beaucoup de bonnes choses se sont aussi produites dont certaines que je n’avais pas du tout pu influencer.
Après environ trois mois, l’ange m’a averti qu’il allait me quitter, parce que je n’avais pas changé. Et c’est alors que Dieu, dans sa grande miséricorde m’envoya des saints pour prendre la relève. Tout m’est apparu clairement alors!
Le fait d’être attaqué souvent par le démon ne vous a t-il pas donné l’idée d’aller voir un prêtre?
C’est la dernière chose au monde que j’aurais faite!
Le démon ne vous a-t-il pas proposé une “collaboration”?
Non, la seule chose qu’il faisait, c’était de me frapper. Mais plus tard, il m’a offert beaucoup de choses.
Donc les saints sont venus vous visiter?
Tout d’abord, c’est sainte Thérèse d’Avila. Puis, saint Etienne, saint Mathieu, saint Marc, saint Pierre…, et maintenant, peut-être cent cinquante ou deux cents saints sont venus me visiter.
Au début, quels saints vous ont aidé à évoluer vers la foi?
Sainte Thérèse d’Avila et saint Etienne.
Vous la voyez ou vous l’entendez seulement?
Les deux, je la voyais et je l’entendais.
Sauriez-vous la décrire?
Elle a un visage plus âgé qu’une dame de soixante ans; un visage un peu comme un aigle, mais avec une beauté intérieure qui émane de son être.
J’ai été un peu stupide: Un jour, sainte Thérèse est apparue et me dit: «Je suis sainte Thérèse». Mais elle était beaucoup plus jeune, et elle était magnifique! Et je me disais: ce n’est pas sainte Thérèse. Je ne savais pas qu’il y en avait deux!
C’était Thérèse de Lisieux!
Et je pensais que c’était un tour qui m’était joué! Chaque fois qu’elle m’apparaissait, elle me parlait de fleurs, de roses: les roses de l’amour de Dieu, les pétales d’amour pour Dieu. Thérèse de Lisieux sourit toujours.
Sainte Thérèse d’Avila m’a vraiment éveillé: elle était directe, affectueuse, mais très sévère envers moi, parce que j’avais besoin de quelqu’un de stricte. Elle m’a demandé de prier, elle m’a expliqué ce qui se passait et elle m’a encouragé à changer ma vie.
Ce qui se passait?
Le sens de la venue de Satan… Elle m’a dit que mon âme était en péril et que je devais changer et mener une vie catholique avec une vie de prière, la pratique les sacrements, suivre les Ecritures et obéir à l’Eglise Catholique. Elle m’a aidé à comprendre davantage les sacrements et l’Eglise, comment l’Eglise est pour chaque personne, une couverture protectrice face au démon. Elle m’a montré que l’Eglise mène chaque personne plus proche du Cœur de Jésus.
Finalement, qu’est-ce qui a déterminé votre conversion?
Plusieurs choses sont arrivées. Tout ce qu’on me racontait était bien: aimer Dieu, aimer mon prochain, ne pas faire de choses mauvaises mais des bonnes. Si je faisais cela, il y aurait la joie et la paix dans mon cœur et dans ma vie de famille mais si je continuais mon mode de vie, j’étais parti pour souffrir éternellement. Et c’est parce que je n’avais pas bien agi jusqu’à présent, que le mal m'avait causé beaucoup de problèmes. En y réfléchissant, j’ai commencé à prier comme ils me l’avaient dit et j’éprouvais cette extase. Et dans ces moments, j’éprouvais l’amour de Dieu si merveilleux et j’en voulais davantage. Alors j’ai compris que je ne pouvais plus jamais revenir en arrière.
C’était difficile, parce que Satan est venu m’attaquer bien des fois. Mais les saints étaient toujours là pour m’aider à traverser ces épreuves.
Les saints venaient-ils vous soutenir en même temps que Satan vous attaquait?
Oui, tout cela était très confus dans mon esprit au début, mais s’est clarifié plus tard, quand Jésus a commencé à me parler. Je ne savais pas que Satan pouvait imiter Jésus ou les saints. Parfois j’avais des visions de saints, de la Vierge ou de Dieu, mais ce n’était pas tout à fait identique; la joie des saints n’était pas présente. Quand j’écoutais ce qu’il me disait, le message avait l’air bon. Il y avait juste une petite chose qui n’allait pas. J’étais très déconcerté. Et Jésus m’a dit que Satan me jouait un tour, que chaque fois que j’avais une vision ou une locution intérieure, je devais me concentrer sur l’Eucharistie, ou sur Jésus mourant sur la croix. Et si ces images ne pouvaient pas rester dans mon esprit, cela ne venait pas de Dieu. Si elles y restaient, cela devait être de Dieu.
Tout ce que je reçois doit être vérifié par l’Eglise, parce que je peux faire des erreurs moi aussi, et on peut me jouer des tours. L’assurance, c’est l’Eglise. Elle vérifie tous mes écrits et rien de mes écrits n’est publié sans son approbation. Par la grâce de Dieu, je crois que Satan ne m’a piégé qu’une seule fois, il y a onze ans. Je prie pour pouvoir avoir toujours le discernement de l’Eglise.