Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: « Chacun voit midi à sa porte » Sam 15 Mar - 15:18 | |
| - Citation :
« Chacun voit midi à sa porte »Vous connaissez l’expression : « chacun voit midi à sa porte ». C’est cette tendance qui nous porte à nous laisser envahir par nos seules préoccupations et notre propre compréhension de ce qui est important. Et nous ne lisons plus les événements qu’à l’aune de celles-ci. Et je pense que c'est inévitable. Un an après l’élection du pape François, j’ai parfois l’impression que cette attitude caractérise le large public qui semble s’être étonnamment intéressé à lui.
Chacun trouve ce qui lui plaît, ce qui le touche, ce qui lui semble décisif dans la pensée du Saint Père. Chacun fait sa lecture. Untel reconnaîtra chez lui un souci prioritaire pour les questions sociales. Tel autre repère la priorité de l’évangélisation. Certains soulignent qu’il y a vraiment continuité dans la fonction pontificale et la foi de l’Eglise. D’autres déclarent avec force qu’il y a rupture dans la manière d’être pape. Les deux avis, d’ailleurs, ne se contredisent pas. Ils sont simplement parfois un peu trop appuyés comme s’il fallait mettre en avant des oppositions, en prétendant que c’était mieux avant, ou, au contraire, que c’est mieux maintenant. Certains s’exaltent comme si l’Eglise commençait maintenant. D’autres s’assombrissent craignant que les réformes en perspective ne fassent rien d’autres que de l’ébranler. Le mot « révolution » revient dans beaucoup de journaux français. Je ne sais pas s’il en est de même dans d’autres pays, mais en France, nous avons tendance à ne comprendre les évolutions que comme le fruit de révolutions. C’est un schéma de pensée.Pour ma part, en cette année où j’aime à rappeler les 65 ans de l’émission « le Jour du Seigneur », une phrase m’est revenue à l’esprit, prononcée par le Cardinal Suhard dans son homélie lors de la première messe télévisée au monde : « On peut dire sans excès que cette découverte géniale vient à son heure dans le plan du Salut du monde. » C’est-à-dire qu’il interprétait cette possibilité nouvelle que l’Evangile passe par la télévision comme une œuvre de l’Esprit Saint, celui-ci agissant pour notre bonheur comme il faut quand il faut. Et comme, grâce à Dieu, je crois à l’Esprit Saint, je me dis que le pape François est celui qu’Il nous a donné, comme il fallait, quand il fallait, ce que je disais déjà du pape Benoît XVI quand il était lui-même sur la chaire de saint Pierre.Dans ses « Méditations sur la Doctrine chrétienne », œuvre contemplative de la fin de sa vie, le bienheureux John Henry Newman nous entraînait dans l’expérience d’une relecture qui me semble s’accorder avec cette vision que nos histoires personnelles et notre Histoire humaine doivent se regarder à la lumière de ce que Dieu vient faire en rencontrant notre liberté et notre foi. Il écrivait : « Dieu m'a créé pour un service précis. Il m'a confié un travail qu'il n'a confié à personne d'autre » [1]. Cela s’applique à chacun de nous et a fortiori à chaque évêque de Rome en particulier, à chacun de nos souverains pontifes. Et la manière dont nous considérons l’œuvre de ces différents papes qui assurent ce service pour notre Eglise, c’est-à-dire tantôt avec enthousiasme et tantôt avec circonspection, appelle en chacun de nous une sorte de correctif intérieur : la confiance. La foi en Dieu, pour être plus clair.Le cardinal Newman écrivait aussi : « Dieu a créé toutes choses pour le bien; toutes choses pour leur plus grand bien; chaque chose pour son propre bien. Ce qui est le bien de l’une n’est pas celui de l’autre : ce qui rend un homme heureux en rendrait un autre malheureux […] Dieu sait quel est mon plus grand bonheur, mais moi je l’ignore ». A une époque où nous avons pour souci constant de maîtriser notre existence et que rien ne se décide hors de nous, cette approche est difficile à tenir. Pourtant, nous savons que les événements nous touchent et nous bousculent, et que notre vie devra apprendre à articuler ces deux réponses : consentir et agir.Ainsi donc, un an après l’élection du pape François, chacun de nous relit cette période de notre Eglise dans le filtre de ses attentes et de ses opinions. Chacun relit cette année en voyant midi à sa porte. Si je fais la même chose, voici quelques paroles du pape François qui m’ont stimulé, cette année : - « Allez à contre-courant et ayez cette fierté d’aller précisément à contre-courant. »
- « Sommes-nous prêts à nous engager en chrétiens cohérents, 24 heures sur 24, pour rendre témoignage par notre parole et par notre exemple ? »
- « La jeunesse est la fenêtre à travers laquelle l’avenir entre dans le monde »
- « Nous sommes tous des disciples missionnaires »
- « Il est bon de suivre Jésus ; […] il est bon de sortir de soi-même vers les périphéries du monde et de l’existence pour apporter Jésus »
J’en aurais d’autres à citer, mais il est bon de savoir choisir.
Et vous, comment voyez-vous midi à votre porte ? Quelles paroles choisiriez-vous quand vous relisez cette première année de notre Eglise avec le pape François ?
[1] John Henry Newman, Méditations sur la Doctrine Chrétienne, Ad Solem 2000, p. 27-31. Source : http://www.lejourduseigneur.com/Web-TV/Blog/Point-de-vue/Midi-a-sa-porte Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
| |
|