Le Christ ressuscite en nous pour partager avec nous notre vie quotidienne… Nous le savons, par le baptême, dont nous avons renouvelé les promesses lors de la Vigile pascale, Jésus ressuscite aussi dans notre cœur pour y résider :
« Je reviendrai vers vous et je vous prendrai près de moi » dit-Il aux apôtres. Et c’est à la vie d’ici-bas qu’Il pense, puisqu’Il parle des œuvres que nous pourrons faire et de la demeure que nous pourrons être pour Son Père ! Notre résurrection semblable à la Sienne, c’est la vie nouvelle qui nous est demandée et offerte dès maintenant par cette résidence de Jésus dans notre cœur. Pour y accéder, il nous suffit de suivre les consignes que Jésus donna aux siens à sa résurrection.
1. Il faut d’abord Le voir venir à ma rencontre, accepter donc qu’Il vienne me donner rendez-vous dans cette vie qui est la mienne. Ainsi, il ne faut pas rêver d’une autre vie, au risque de ne jamais Le voir dans mon quotidien. Ensuite, il me faut reconnaître que cette vie-là, dans laquelle Il me propose la rencontre, Il l’a Lui-même vécue :
Il nous précède dans la Galilée de nos existences concrètes. Et c’est parce qu’Il l’a parfaitement assumée, cette vie humaine, de la naissance à la mort, qu’Il peut nous demander de venir L’y rejoindre, comme Il le dit à ses apôtres. Et
je L’y rejoins lorsque je vis avec son Esprit les moments joyeux et douloureux de cette vie qui est la mienne comme elle fut la Sienne. Alors, je suis vraiment «
vivant pour Dieu en Jésus-Christ » comme le dit Saint Paul dans la Liturgie pascale.
2. Dire avec Paul que notre résurrection est semblable à la Sienne, c’est reconnaître qu’elle n’est ni tout à fait étrangère ni tout à fait la même. Elle n’est pas étrangère puisque c’est la Résurrection du Christ qui Lui permet de se
domicilier en moi. Elle n’est pas identique, car le Christ ressuscite pour ne plus être dans l’histoire mais dans le
temps et l’espace du Père. Il est «
assis à sa droite ». Alors que ma résurrection, c’est à dire ma vie en communion avec Lui se déroule bien encore ici-bas( ;), cette «
vie reste cachée en Lui ». Je ne ressuscite pas le matin de Pâques, comme le Christ, d’un seul coup, comme cela sera au jugement dernier, au son de la trompette. Je prends jour après jour, à compter de mon baptême, le chemin de la résurrection.
Je me relève chaque jour un peu, comme les blés après la risée, et je renais à la vie comme la nature s’éveille doucement au long des heures printanières. Le Christ ressuscité est en moi ce Grain jeté en terre pour donner du fruit avec le temps.
3. Cet appel à la résurrection progressive, les lectures de la messe pascale nous l’ont lancé toutes les trois. Le
passage du Christ qui guérissait, la
tension du chrétien vers les réalités d’en haut, la course enfin que l’on imagine facilement un peu folle entre les deux apôtres pour se rendre au tombeau. En particulier, nous nous retrouvons bien dans cette course qui image notre vie au temps t, lorsqu’à la fois nous touchons au but grâce à notre foi vierge de tout appui, comme Jean ; et qu’en même temps nous marchons, alourdis par le poids de notre passé de pécheurs, à l’instar de Pierre encombré encore dans le souvenir de son reniement…
La résurrection n’efface pas nos péchés, elle les transforme en tremplin de vie ! Son triple reniement, Pierre n’aura jamais l’occasion de faire comme s’il n’avait pas existé. Ce qui est fait et fait. Par contre, le Christ a pris sur Lui d’assumer en pleine liberté cette faiblesse en suppliant, également par trois fois, le Père d’éloigner le calice de la Passion.
Le Christ prend, avec notre humanité limitée, la vulnérabilité d’entrer difficilement en passion ! Ce faisant Il permet à Pierre comme à chacun des
renieurs que nous sommes, de traverser la trahison pour affirmer de tout notre cœur notre amour fidèle, par trois fois là encore : «
Seigneur, tu sais bien que je t’aime »…
4. Ne pas attendre une transformation soudaine et comme magique de ma vie : voilà ce que je me propose de retenir pour vivre cette Résurrection du Seigneur. Car le Christ m’appelle seulement, mais c’est tout !, à
traverser ma vie avec les faiblesses qui sont les miennes, mais en sachant qu’Il les a assumées, leur donnant ainsi, tout en restant chemin de croix, de
devenir chemin de vie et de liberté vers l’Éternité. La Résurrection n’est pas là pour gommer les chutes qui injurient plus mon perfectionnisme que la Miséricorde divine.
La Résurrection est là pour me donner la force de me relever, car je sais que le Christ vivant a vaincu la mort et qu’avec Lui, «
la mort n’a plus aucun pouvoir » sur moi.
Il faut se donner longtemps dans la faiblesse pour accueillir peu à peu la Force dans laquelle on se donnera davantage et passer ainsi du «
ils n’avaient pas encore vu… » des apôtres au «
il vit et il crut » du matin de Pâques. Cette école de vie, le Temps pascal nous la propose, avec la même humilité qui présida à notre Carême, mais avec une joie certaine que nous recevons de Jésus et que
nul ne peut nous( ) ravir…http://www.montligeon.org/Le-Christ-ressuscite-en-nous-pour.html