La vraie porte : Jésus !

Nous voici au seuil de la Semaine Sainte. Il nous faut y entrer, en passant par la vraie Porte. Cette Porte, nous le savons, c’est Jésus Lui-même. Ainsi, entrer en Semaine Sainte c’est entrer dans la Passion de Jésus. Cela ne signifie pas seulement regarder les évènements, mais les vivre avec la même passion que Lui, avec le même amour compréhensif pour le Projet de Dieu sur l’homme. Et comprendre, ‘prendre-avec-nous’ la Passion de Jésus, c’est, en un mot, « avoir les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus » comme le chante l’hymne aux Philippiens.



1. Entrer ainsi en compassion avec le Christ m’oblige, dans la grâce, à vivre ces évènements avec la même liberté parfaite, afin d’atteindre au même don total de moi au Père et aux hommes. Si je partage, dans la grâce baptismale, la liberté du Christ, alors effectivement, chacun des actes de ma vie sera porteur d’un amour sans limite pour le Père et mes frères : « Le Père m’aime car je donne ma vie ; nul ne me la prend, mais je la donne de moi-même ». Car ce qui fait la Beauté de la Croix, c’est la grâce de liberté avec laquelle le Christ, Verbe incarné, se re-tourne vers le Père en une parfaite action de grâce filiale : « Sachant que l’heure était venue de passer de ce monde à son Père, Jésus aima les siens jusqu’au bout. » Ce passage, cette Pâque réjouit le Christ car le Père est plus grand que Lui. Et Sa Joie est si grande qu’Il va la proposer aux apôtres. Il va même leur promettre que désormais cette même Joie du don au Père pourra remplir leur vie, donner sens à leur vie : « Je vous ai dit cela pour que Ma Joie soit en vous et que vous soyez comblés de Joie. »

2. Si Jésus me comble de Sa Joie, c’est qu’Il me donne Son Esprit. Car « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la paix, la joie. » Un seul fruit, précise Paul, qui se déploie dans trois directions signalées par Jésus avant de passer au Père. L’amour qu’Il nous donne pour que nous nous aimions : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». La Paix, qu’Il donne également à ses apôtres, afin que leurs cœurs, au-delà de la crainte du martyr, restent toujours tournés vers le Père qui est le plus grand de tous : « C’est ma paix que je vous donne…[…]… Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père et que le Père est plus grand que moi. » Et enfin la Joie qui, nous le voyons, est indissociable du don d’amour paisible, confiant, total… Tout ceci est fruit de l’Esprit.

3. Nous avons pu contempler le même travail de Consolation de l’Esprit ces jours derniers chez Marie en célébrant l’Annonciation. Dès que l’Esprit ensemence le sein de la Vierge, celle-ci, couverte de l’Ombre divine, passera chez sa cousine pour y chanter son Magnificat, exultation d’un cœur comblé de grâce, comblé même de LA Grâce et de LA Vérité pour reprendre le Prologue de Jean. Nous comprenons ainsi pourquoi Marie est la Reine des martyrs, celle qui a le mieux compati à la Passion du Fils, celle qui a eu son cœur véritablement, quoique mystiquement, traversé par le glaive des douleurs, selon la prophétie de Syméon. Entre le Christ et Marie, un point commun, la pauvreté. Marie, la créature, reçoit son Créateur en elle car elle est humble. C’est sa petitesse respectée chante-t-elle dans le Magnificat. Respectée car quand l’Esprit envahit une âme pauvre, Il la laisse pauvre tout en l’enrichissant de Ses dons : « Viens en nous Père des pauvres, viens dispensateurs des dons ! » Ainsi en est-il du Christ.

4. Jésus, atteint dans son humanité une pauvreté unique car Il abandonne le droit de Se réaliser dans une personnalité humaine pour S’abandonner totalement à la Personne du Verbe. Il accepte de n’être rien, de n’avoir pas de Je humain, quoique venant chez les hommes. Il est encore moins que l’esclave. Il ne serait digne de rien, à vue humaine. A proprement parler, Il n’existe pas ! Et pourtant Il est Personne du Verbe ! Et celle-ci, à son tour, est toute pauvreté puisqu’elle est totalement tournée vers le Père comme l’écrit Jean : « Au commencement était le Verbe. Et le Verbe était Dieu, et le Verbe était tourné vers Dieu. » Il n’y a donc pas plus pauvre dans l’Histoire de l’humanité que Jésus qui n’est que le Fils se nourrissant de son Père ! C’est dans cette Pauvreté-là, dans cet abaissement glorieux, que Jésus veut nous faire entrer à chaque Semaine Sainte un peu plus profondément. C’est le sens de la Collecte des Rameaux qui ouvre cette Grande Semaine : « Pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, Tu as voulu que notre Sauveur, dans un Corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix ; accorde-nous de retenir les enseignements de Sa Passion et d’avoir part à Sa résurrection. »

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