Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: Les grands-parents du pape François ont failli faire naufrage en quittant l’Italie pour l’Argentine Mar Fév 28 2017, 23:03 | |
| - Citation :
Les grands-parents du pape François ont failli faire naufrage en quittant l’Italie pour l’Argentine
Petit-déjeuner avec des sans-abri pour l'anniversaire du pape
Le pape François est petit-fils d’émigrés italiens, originaire du Piémont, en a-t-il souffert en Argentine? Comment ses grands-parents ont-il failli faire naufrage au moment de vouloir quitter l’Italie? Qu’est-ce qui manque le plus au pape Bergoglio, de Buenos Aires, depuis qu’il est à Rome? Que dit-il d’abord à un sans-abri lorsqu’il en rencontre? Autant de questions et de réponses du pape François dans cet entretien accordé au mensuel « de la rue » « Chaussures de Tennis » (« Scarp de’ tenis »): projet éditorial et social soutenu par « Caritas Ambrosiana » de Milan et la Caritas italienne.
L’interview a été réalisée en préparation de la visite du pape dans le diocèse de Milan, prévue pour le 25 mars 2017: la capitale économique de la péninsule, aussi considérée comme le plus grand diocèse du monde. L’interview est publiée ce 28 février 2017 par la salle de presse du Saint-Siège et voici notre traduction intégrale, de l’italien.
Sainteté, quand vous rencontrez un sans-abri, quelle est la première chose que vous lui dites ?
« Bonjour ». « Comment vas-tu ? » Parfois, on échange quelques mots, d’autres fois en revanche on entre en relation et on écoute des histoires intéressantes : « J’ai étudié dans un collège, il y avait un bon prêtre… ». On pourrait dire, mais en quoi cela me regarde-t-il ? Les personnes qui vivent dans la rue comprennent tout de suite quand il y a un véritable intérêt de la part de l’autre personne ou quand il y a, je ne veux pas dire ce sentiment de compassion, mais certainement de peine. On peut voir un sans-abri et le regarder comme une personne, ou bien comme si c’était un chien. (...)
Beaucoup se demandent s’il est juste de faire l’aumône aux personnes qui demandent de l’aide dans la rue. Que répondez-vous ?
Il y a tellement d’arguments pour se justifier quand on ne fait pas l’aumône. « Mais comment, je donne de l’argent et ensuite il le dépense pour boire un verre de vin ? ». Un verre de vin est l’unique bonheur qu’il a dans la vie, c’est bien comme cela. Demande-toi plutôt ce que tu fais, toi, en cachette. Quel « bonheur » cherches-tu en cachette ?
Ou, contrairement à lui, tu as plus de chance, avec une maison, une femme, des enfants, qu’est-ce qui te fait dire : « Occupez-vous vous-mêmes de lui ! » ?
Une aide est toujours juste. Certes, ce n’est pas bon de ne lancer au pauvre que des miettes. Le geste est important, aider celui qui demande en le regardant dans les yeux et en lui touchant la main. Jeter l’argent et ne pas regarder dans les yeux n’est pas un geste de chrétien. Comment peut-on éduquer à l’aumône ? (...)
À diverses reprises, le pape s’est rallié à la défense des migrants en invitant à l’accueil et à la charité. En ce sens, Milan est une capitale de l’accueil. Mais beaucoup se demandent s’il faut vraiment accueillir tout le monde, sans distinction, ou bien s’il n’est pas nécessaire de mettre des limites.
Ceux qui arrivent en Europe fuient la guerre ou la faim. Et nous sommes d’une certaine façon coupables parce que nous exploitons leurs terres, mais nous ne faisons aucun type d’investissement pour qu’ils puissent en tirer un bénéfice. Ils ont le droit d’émigrer et ils ont le droit d’être accueillis et aidés. Mais cela doit se faire avec cette vertu chrétienne qui est la vertu qui devrait être le propre des gouvernants, à savoir la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie accueillir tous ceux que l’on « peut » accueillir. (...)
Dans l’histoire de votre famille, il y a la traversée de l’océan par votre grand-père et votre grand-mère, avec votre père. Comment grandit-on en enfant d’émigrés ? Vous est-il jamais arrivé de vous sentir un peu déraciné ?
Je ne me suis jamais senti déraciné. En Argentine, nous sommes tous des migrants. C’est pourquoi là-bas le dialogue interreligieux est la norme. À l’école, il y avait des juifs qui arrivaient en majeure partie de Russie et des musulmans syriens et libanais, ou des Turcs avec le passeport de l’empire ottoman. Il y avait beaucoup de fraternité. Dans le pays, il y a un nombre limité d’indigènes, la majeure partie de la population est d’origine italienne, espagnole, polonaise, moyen-orientale, russe, allemande, croate, slovène. Dans les années à cheval sur les deux siècles précédents, le phénomène migratoire a eu une immense portée. Mon papa avait vingt ans quand il est arrivé en Argentine et il travaillait à la Banque d’Italie, il s’est marié là-bas.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de Buenos Aires ? Les amis, les visites aux « villa miseria », le football ?
Il y a une seule chose qui me manque beaucoup : la possibilité de sortir et de marcher dans les rues. J’aime aller rendre visite aux paroisses et rencontrer les gens. Je n’ai pas particulièrement de nostalgie. Mais je vais vous raconter une autre anecdote : mes grands-parents et mon papa auraient dû partir à la fin de 1928, ils avaient leur billet pour le bateau « Principessa Mafalda », un bateau qui a coulé au large des côtes du Brésil. Mais ils n’ont pas réussi à vendre à temps ce qu’ils possédaient et c’est ainsi qu’ils ont changé leur billet et se sont embarqués sur le « Jules César » le 1er février 1929. C’est pour cela que je suis ici. (...)
Vous répétez souvent que les pauvres peuvent changer le monde. Mais c’est difficile d’avoir une solidarité là où existent la pauvreté et la misère, comme dans les périphéries des villes. Qu’en pensez-vous ?
Là aussi, je rapporte mon expérience de Buenos Aires. Dans les bidonvilles, il y a plus de solidarité que dans les quartiers du centre. Dans les « villa miseria », il y a beaucoup de problèmes, mais souvent les pauvres sont plus solidaires entre eux parce qu’ils sentent qu’ils ont besoin les uns des autres. J’ai trouvé plus d’égoïsme dans d’autres quartiers, je ne veux pas dire aisés parce que ce serait qualifier en disqualifiant mais la solidarité que l’on voit dans les quartiers pauvres et dans les bidonvilles ne se voit pas ailleurs, même si la vie y est plus compliquée et difficile. Dans les bidonvilles, par exemple, la drogue se voit plus, mais seulement parce que, dans les autres quartiers, elle est plus « couverte » et on l’utilise avec des gants blancs. (...)
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Source : https://fr.zenit.org/articles/les-grands-parents-du-pape-francois-ont-failli-faire-naufrage-en-quittant-litalie-pour-largentine/
Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
| |
|