Je trouve qu'en ce moment de plus en plus de prêtres montent au créneau pour dénoncer l'origine du mal. J'accueille cette initiative avec beaucoup de joie mais aussi de tristesse pour ce que l'article révèle !L-APopulaire et écouté, le P. Gaston Piétri dénonce le trafic de drogue et les investissements immobiliers touristiques, qui alimentent selon lui les violences actuelles. Dimanche 21 octobre, cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, à Ajaccio. C’est le P. Gaston Piétri qui dit la messe. À 83 ans, le prêtre assume encore de nombreuses responsabilités à l’évêché. Auteur de nombreux livres, ayant eu d’importantes responsabilités ecclésiastiques à Paris, Lyon puis Ajaccio, l’homme est unanimement respecté pour son charisme et sa liberté de pensée.
Un message éloquentCe dimanche donc, il a choisi de commenter le dixième chapitre de l’Évangile selon Marc :
« Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des Nations les tyrannisent, et que les grands les dominent…» Un message qui, dans le climat actuel d’hyper-violence sur l’île, parle à tous les esprits.
Pour Gaston Piétri, comme pour beaucoup d’autres observateurs
, l’implication massive de la jeunesse dans la
délinquance, voire dans la pire des criminalités, est indéniable et tragique :
« Des enseignants me disent : “C’est fou le nombre de nos anciens élèves qui sont en prison !” En fait, cela a commencé lors des actions violentes des nationalistes, il y a trente ans, lorsque les plasticages étaient commandités à des jeunes désœuvrés. Ceux-ci ont développé leurs mauvais talents, ils ont pris goût à l’action violente, au crime, et sont devenus des tueurs. Maintenant, ils sont au service du crime organisé. » « Les mamelles du crime »Le prêtre dénonce tout particulièrement deux activités qui sont selon lui les
« mamelles du crime » : le trafic de drogue, et principalement de la cocaïne, qui aurait
« explosé » ces dernières années ; et le blanchiment de l’
« argent sale » dans l’immobilier, notamment dans les
« localités de grande activité touristique saisonnière » où, selon Gaston Piétri, la police, trop concentrée à Bastia et à Ajaccio, n’est pas assez présente.
« Comment ne pas relever ce paradoxe : la Corse est la région la moins riche de France mais se trouve sur la troisième place du podium des plus hauts prix de l’immobilier. Plus de la moitié (60 %)
des nouvelles constructions sur l’île est faite au bénéfice de riches clients non insulaires et la plupart (60 %)
des transactions immobilières sont signées hors de Corse. » Une économie trop tournée vers le tourismeGaston Piétri souligne aussi à quel point la faiblesse économique de la région et sa précarité sociale record alimentent la délinquance.
Dans un texte remis en novembre 2011 à la toute nouvelle « commission violence » de l’Assemblée territoriale, signé par le groupe de réflexion
Corte 96 dont le prêtre ajaccien est un des animateurs influents, cette
« pauvreté » est mise en regard d’une économie trop tournée vers un tourisme saisonnier peu harmonieux, support idéal du blanchiment de l’argent du crime, entre autres.
À l’Assemblée de Corse, le message a été entendu. Portera-t-il jusqu’à Paris ?
ANTOINE PEILLON (à Ajaccio) http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Un-pretre-denonce-les-causes-de-la-derive-criminelle-de-la-Corse-_EP_-2012-10-22-867424