HORS DE L'ÉGLISE POINT DE SALUT
DEMANDE : Peut-on être sauvé hors de l'Église Catholique ?
RÉPONSE : Non hors de l'Église catholique, il n'y point de salut.
Pour être sauvé, il faut, croire tout ce que Jésus-Christ a enseigné, et faire tout ce qu'il a commandé ; or, ce n'est que dans l'Église catholique que l'on croit tout ce que Jésus-Christ a enseigné, et que l'on fait tout ce qu'il a commandé ; donc, point de salut hors de l'Église catholique.
« N'espérez pas avoir Dieu pour père, si vous n'avez l'Église pour mère », dit saint Cyprien. Pour exprimer la môme vérité, les Pères de l'Église se servent de cette comparaison :
« De même que tous ceux qui n'étaient pas dans l'arche de Noé ont péri dans les eaux du déluge, ainsi, se perdent aussi tous ceux qui ne sont pas dans la vraie Église ». —
« Dans les mains de Pierre, dit saint Jean Chrysostôme,
sont les clefs du royaume des cieux, ces clefs qui lui furent données en récompense de sa profession de foi. Ceux, qui sont de la même foi que lui, voilà ceux à qui il ouvre les portes du royaume céleste ; il en repousse ceux qui ne la partagent pas avec lui ».
Écoutons maintenant le Pape Grégoire XVI dans son encyclique du 15 août 1832 :
« Quand l'apôtre nous déclare qu'il n'y a qu'un Dieu, qu'une foi, qu'un baptême, ceux-là doivent trembler qui osent soutenir que toute religion peut ouvrir la porte de la béatitude éternelle. Qu'ils sachent bien que, au témoignage du Sauveur lui-même, on est contre Jésus-Christ par cela seul que l'on est pas avec Jésus-Christ (Luc, XI-23) ; que l'on disperse malheureusement tout, quand on ne recueille pas avec lui ; et que sans aucun doute, ils périront éternellement, ceux qui ne s'attachent pas à la foi catholique ou ne la conservent pas entière et pure ». Le souverain pontife pouvait-il condamner d'une manière plus formelle l'indifférentisme, c'est-à-dire « ce système dépravé qui, par la ruse des méchants, cherche à pénétrer partout, qui montre le salut éternel comme pouvant être acquis dans toutes les croyances religieuses, pourvu que les mœurs soient bonnes et la conduite honnête ».
D : Quels sont ceux qui sont hors de l'Église ?
R : Ce sont les infidèles, les juifs, les hérétiques, les schismatiques, les apostats et les excommuniés.
D : Qu'entendez-vous par les infidèles ?
R : Les infidèles sont ceux qui n'ont pas été baptisés et qui ne croient pas en Jésus-Christ.
Hors de l'Église, point de salut : ainsi, pour être sauvé, il faut appartenir à l'Église. Or, quels sont ceux qui ne lui appartiennent pas ? quels sont ceux qui sont hors de l'Église ? Ce sont :
1°) les infidèles, c'est-à-dire ceux qui ne croient pas en Dieu ou en Jésus-Christ ;
2°) les juifs, c'est-à-dire ceux qui ne veulent point reconnaître Jésus-Christ pour le Messie ;
3°) les hérétiques, c'est-à-dire ceux qui soutiennent avec opiniâtreté quelque opinion contraire à la croyance de l'Église catholique, ou qui refusent de croire quelqu'une des Vérités que l'Église catholique enseigne ;
4°) les schismatiques, c'est-à-dire ceux qui sont détachés de la communion de l'Église catholique ;
5°) les apostats, c'est-à-dire ceux qui ont renoncé à la foi catholique ;
6°) les excommuniés, c'est-à-dire ceux que l'Église a retranchés de son sein.
D : Qu'entendez-vous par les infidèles ?
R : Les infidèles sont ceux qui n'ont pas été baptisés et qui ne croient pas en Dieu et en Jésus-Christ.
Infidèle veut dire qui n'a pas la foi. Ainsi les incrédules, les hérétiques et tous ceux qui rejettent quelque point de la doctrine catholique, sont, dans un sens, des infidèles ; mais on entend plus spécialement par ce mot ceux qui n'ont pas été baptisés et qui ne croient pas en Dieu ou en Jésus-Christ. Tels sont les enfants qui n'ont pas reçu le baptême ; les idolâtres, les païens, qui n'adorent pas le vrai Dieu, mais rendent les honneurs divins à de vaines idoles. Il en est de même des musulmans, qui, à la vérité, croient en Dieu, mais qui ne croient pas en Jésus-Christ ; ils honorent un faux prophète nommé Mahomet, d'où leur vient le nom de mahométans.
D : Quel est le sort des infidèles après cette vie ?
R : Cela dépend du degré de lumières qu'ils ont eu, et de la malice plus ou moins grande avec laquelle ils ont péché.
Les enfants qui meurent avant l'âge de raison sont dans le cas des enfants morts sans baptême. Or, en parlant du péché originel, nous avons montré quel était le sort de ceux-ci :
« Ceux qui ont été privés du baptême sans leur faute, dit saint Grégoire de Nazianze,
quoique privés de la gloire céleste, ne subissent aucune peine ». —
« La mort prématurée de ces enfants, dit saint Grégoire de Nysse,
démontre qu'ils ne seront ni dans la douleur, ni dans la tristesse ». Ces créatures ne souffriront pas de peines sensibles : ainsi l'enseignent tous les théologiens.
Quant aux infidèles adultes, s'ils n'ont pas pu connaître l'Évangile, ils ne seront jugés que d'après la loi de la conscience ; ils ne seront punis que des fautes qu'ils pouvaient éviter, et non de n'avoir pas eu la foi, et Dieu mesurera sa sentence sur le degré de leur connaissance et de leur malice. Dans le jugement de Dieu, il y aura une différence infinie entre un païen qui n'aura pas connu la loi chrétienne et un chrétien qui, l'ayant connue, y aura intérieurement renoncé ; et Dieu, suivant les ordres mêmes de sa Justice, traitera bien autrement l'un que l'autre. On sait assez qu'un païen, à qui la loi de Jésus-Christ n'aura point été annoncée, ne sera pas jugé par cette loi, et que Dieu gardera avec lui cette équité, de ne pas le condamner pour une loi qu'il ne lui aura pas fait connaître ; c'est ce que saint Paul aux Romains (II, 12) enseigne en termes formels :
« Ceux qui ont péché sans loi, périront sans loi ».
La révélation chrétienne est une loi positive, et il est de la nature d'une loi positive de n'être obligatoire que lorsqu'elle est publiée et connue. Donc, si l'infidèle se trouve condamné au tribunal du Souverain juge, ce ne sera que pour avoir violé ce qu'il pouvait et devait connaître de cette loi intérieure qui se manifeste par la conscience. Le cardinal Gousset résumait ainsi la doctrine catholique sur le salut des infidèles :
« L'Église ne condamne point l'infidélité négative ; comme elle est l'effet d'une ignorance involontaire, elle ne saurait être criminelle. "Si je n'étais point venu, dit Notre Seigneur, et que je ne leur eusse point parlé, ils ne seraient point coupables." (Jean XV,22)
». Aussi, les infidèles qui n'ont point connaissance de l'Évangile sont dans l'état où se trouvaient les gentils avant la venue du Messie ; ils n'ont pas d'autres devoirs à remplir, tant en matière de religion qu'en morale, que ceux qu'ils connaissent par la loi naturelle et par l'éducation que leur a transmis, quoique altérées, les traditions primitives. L'infidèle qui croit comme venant de Dieu tout ce qu'il sait de la vraie religion, désirant sincèrement connaître en tout la volonté divine, croit par là même implicitement ce que nous croyons, et sa foi étant l'effet de la grâce, qui ne manque à personne, quelque imparfaite qu'elle soit, peut absolument suffire au salut. Si donc il observe la loi de Dieu telle qu'il la connaît, il se sauvera ; mais il se sauvera dans l'Église à laquelle il appartient, quant à l'âme, par les dons intérieurs de la grâce. Il est vrai qu'on ne peut entrer dans le royaume de Dieu que par le baptême. Mais les théologiens distinguent, d'après l'esprit de l'Évangile et l'enseignement des saints Pères, trois sortes de baptême : le baptême d'eau, le baptême de désir, et le baptême de sang, ou le martyre. Or le baptême de désir, ou le désir du baptême, dans celui qui aime Dieu pour lui-même par-dessus toutes choses, supplée le sacrement.
D : Qu'entendez-vous par les juifs ?
R : Les juifs sont ceux qui suivent la loi de Moïse et ne croient pas en Jésus-Christ.
Le mot
juif vient de Juda, un des fils d'Israël. Les juifs sont les restes du peuple que Dieu s'était choisi, les descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Ils refusent de croire en Jésus-Christ et ne veulent point le reconnaître pour le Messie. Leurs ancêtres l'ont mis à mort, se rendant coupables d'un horrible déicide :
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu XXVII-25).
Les Juifs suivent la loi de Moïse, loi donnée autrefois par Dieu Lui-même, mais qui ne devait subsister que jusqu'à la venue du Sauveur, pour faire place à la loi évangélique. « La loi de Moïse, dit Tertullien, n'avait été donnée que pour un temps, et elle devait finir à la venue de Jésus-Christ... Le Messie attendu par les Juifs et prédit par les prophètes est venu, et c'est Jésus-Christ ; l'accomplissement des prophéties en sa Personne le prouve évidemment. Ce qui l'a fait méconnaître par les juifs, c'est qu'ils ont confondu son dernier avènement, dans lequel il paraîtra puissant et glorieux, avec le premier, dans lequel il a voulu s'abaisser et s'humilier.
Les juifs, après cette vie, tombent entre les mains d'un Dieu juste, qui ne les punit que des péchés qu'ils pouvaient éviter, et mesure la peine qu'il leur inflige sur le degré de connaissance et de malice qu'ils ont pu avoir. Il paraît en effet difficile d'admettre une bonne foi pleine et entière dans la plupart des juifs tant soit peu instruits et qui veulent se donner la peine de réfléchir. Mais parmi eux il y a des ignorants et des simples à qui l'on peut appliquer, du moins en partie, ce que nous venons de dire des infidèles.
D : Qu'est-ce que l'hérésie ?
R : L'hérésie est une erreur volontaire et opiniâtre dans un chrétien, touchant une ou plusieurs vérités révélées de Dieu et proposées comme telles par l'Église.
D : Qu'est-ce qu'un hérétique ?
R : Un hérétique est celui qui, étant baptisé, ne veut pas croire toutes les vérités qu'enseigne l'Église catholique.
Le mot
hérésie signifie "je choisis", "je m'attache à une chose", "je me sépare". Dans la langue ecclésiastique, on entend par hérésie une erreur fondamentale, en fait de religion, à laquelle on s'attache avec opiniâtreté. L'hérésie se divise en hérésie formelle et en hérésie matérielle.
L'hérésie formelle est une erreur volontaire et opiniâtre dans un chrétien, touchant quelque point de la foi catholique ; elle est ou mentale ou extérieure : elle est mentale lorsqu'elle ne paraît point au dehors ; elle est extérieure lorsqu'elle se manifeste par la parole ou par quelque autre signe.
L'hérésie matérielle a pour objet une chose contraire à la foi, qu'on ne sait pas être telle.
Hérétique signifie un homme qui, en faisant profession du christianisme, soutient avec opiniâtreté quelque erreur opposée à la foi et condamnée par l'Église, soit que cette erreur regarde le dogme, la morale ou le culte. II faut donc trois conditions pour faire un hérétique : La première est son appartenance au christianisme. La seconde est qu'il refuse de croire une Vérité révélée de Dieu et proposée comme telle par l'Église ; car il ne suffit pas, pour qu'une Vérité soit article de foi, qu'elle soit révélée et contenue dans la parole de Dieu, il faut encore que l'Église ait déclaré qu'elle y est contenue et l'ait proposée comme article de foi. La troisième condition, c'est l'opiniâtreté. Toutefois, la bonne foi, la simplicité, l'ignorance, la volonté de déposer l'erreur, si on la connaissait, empêchent l'hérésie.
D : Qu'est-ce que le schisme ?
R : Le schisme est une action par laquelle un chrétien se sépare volontairement de l'unité de l'Église.
D : Que faut-il entendre par schismatiques ?
R : Les schismatiques sont ceux qui, même en croyant tous les dogmes catholiques, se séparent néanmoins de l'Église, en refusant de reconnaître l'autorité de ses pasteurs légitimes.
Schisme signifie "diviser", "séparation", "rupture" ; et l'on appelle ainsi l'acte de ceux qui étant membres de l'Église catholique s'en séparent, sous prétexte qu'elle est dans l'erreur, qu'elle autorise des abus, etc. Ces personnes ainsi séparées sont des schismatiques, et quand même elles continueraient de croire toutes les vérités qu'enseigne l'Église catholique, elles cessent d'en être membres ; elles ne sont plus qu'une secte particulière, du moment qu'ils refusent de reconnaître l'autorité des pasteurs légitimes. On peut devenir schismatique soit en se séparant du Pape, soit en rompant avec son évêque : dans l'un et l'autre cas, on brise les liens de l'unité et l'on cesse d'appartenir à l'Église de Jésus-Christ, à l'Église de Celui qui a dit :
« Je donne ma vie pour mes brebis ; j'en ai d'autres qui ne sont pas encore dans le bercail ; il faut que je les y amène, et j'en ferai un seul troupeau sous un seul pasteur » (Jean X, 15-16). Le divin Sauveur pouvait-il mieux exprimer sa volonté d'établir l'union entre tous les membres de son Église ? Pouvait-il condamner d'une manière plus formelle ceux qui sortent du bercail pour former un troupeau à part ?.
Quel est, après cette vie, le sort des hérétiques et des schismatiques ? Il y a une bonne foi qui excuse devant Dieu ; ainsi on ne peut pas dire que tous les hérétiques et tous les schismatiques soient damnés ; il y une distinction à faire entre le corps et l'âme de l'Église. Par le corps de l'Église il faut entendre ce qu'il y a d'extérieur et de visible dans l'Église : la profession extérieure des Vérités qu'elle enseigne, la participation extérieure à ses prières et à ses sacrements, la soumission extérieure aux pasteurs légitimes. Par l'âme de l'Église, il faut entendre ce qu'il y a d'intérieur et d'invisible dans l'Église, c'est-à-dire les dons du Saint-Esprit, la foi, l'espérance, la charité et les autres vertus. On peut appartenir au corps de l'Église sans appartenir à son âme ; tels sont les mauvais chrétiens en qui il ne reste plus aucun sentiment d'amour de Dieu ; ils sont dans l'Église comme des membres morts et paralysés qui ne participent point à sa vie. De même on peut appartenir à l'âme de l'Église sans appartenir à son corps ; et si c'est par une ignorance invincible qu'on n'appartient pas au corps de l'Église, cette ignorance invincible excuse devant Dieu.
A cette âme de l'Église appartient non-seulement les petits enfants, validement baptisés par les sectes séparées, mais encore les adultes qui se trompent, mais de bonne foi, sur certains articles, mais qui sont fidèles, d'ailleurs, à la loi évangélique. On ne peut pas dire, par conséquent, qu'ils soient hors de la voie de salut. Tel est l'enseignement général des théologiens, enseignement conforme à ce que dit saint Augustin dans sa lettre quarante-troisième, adressée à Glorius :
« Il ne faut pas mettre au rang des hérétiques ceux mêmes dont les erreurs sont les plus pernicieuses, pourvu qu'ils ne les défendent pas opiniâtrement ; et l'on doit particulièrement faire cette justice à ceux dont les erreurs ne sont point le fruit de leur présomption et de leur témérité, et qui, ne s'y trouvant engagés que par le malheur qu'ont eu leurs pères de s'y laisser séduire, se mettant en peine de chercher la Vérité, prêts à revenir de leur égarement dès qu'elle leur apparaîtra ».
D : Qu'entendez-vous par les apostats ?
R : Les apostats sont ceux qui abjurent extérieurement la foi catholique dont ils ont fait profession.
L'apostasie est celui qui, ayant professé la vraie religion, l'abandonne publiquement pour embrasser quelque autre religion que ce soit. Les athées, les déistes, les rationalistes, et eu général tous les incrédules et les impies, qui, après avoir fait profession de la foi catholique, se déclarent ouvertement contre la religion, sont des apostats. On donne aussi le nom d'apostats à celles et ceux qui, sans dispense légitime, et pour rentrer de nouveau dans le monde, quittent l'état ecclésiastique dans lequel ils se sont engagés par des vœux solennels. Ceux qui, après être rentrés dans la vraie religion, qu'ils avaient abandonnée, y renoncent une seconde fois, s'appellent
renégats.
D : Qu'entendez-vous par les excommuniés ?
R : Les excommuniés sont ceux qui, par autorité ecclésiastique, ont été retranchés du corps de l'Église.
L'excommunication est une peine spirituelle par laquelle un chrétien, pour quelque péché grave, est retranché du nombre des membres de l'Église. Les principaux effets de l'excommunication sont de priver ceux qui en sont frappés du droit de recevoir les sacrements, et de participer aux bonnes œuvres et aux mérites des justes ; ils sont privés du secours des prières publiques, mais il est permis de prier pour eux en particulier, c'est même le désir de l'Église que les fidèles demandent à Dieu leur conversion. Il y a cependant un jour dans l'année où l'Église prie pour les excommuniés, c'est le Vendredi-Saint.
TRAITS HISTORIQUES
Autrefois, lorsque les souverains pontifes excommuniaient, pour quelque péché, un prince ou une nation, voici comment on procédait : au milieu de l'office, les évêques et les archevêques dénonçaient publiquement les excommuniés, au son de toutes les cloches. Puis, le son des cloches cessant, tous les flambeaux étaient éteints et posés par terre. On mettait de nouveau les cloches en branle, pour expulser des membres des fidèles les excommuniés, assimilés aux démons, que le son des cloches met en fuite. Les flambeaux éteints et posés par terre signifiaient que les excommuniés étaient privés de la lumière et de la grâce et exclus de la communion des saints.
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