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 Le discours naturaliste du Cardinal André Vingt trois

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AuteurMessage
violaine

violaine


Date d'inscription : 06/09/2010
Localisation : FRANCE

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MessageSujet: Le discours naturaliste du Cardinal André Vingt trois   Le discours naturaliste du Cardinal André Vingt trois Icon_minitimeMer Nov 30 2011, 16:22

Le discours naturaliste du cardinal André Vingt-Trois

30 novembre 2011 |

Louis-Marie Lamotte, blogueur sur Contre-Débat, a eu le courage et la patience de décortiquer le discours d’introduction du cardinal Vingt-Trois lors de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France. Le blogueur cite les propos du Cardinal sur les JMJ :

Enfin, il me semble que, à travers cette forte expérience spirituelle des jeunes, notre Église en France peut se féliciter du signe qui est ainsi donné à nos concitoyens. Dans un climat d’incertitude sur l’avenir, la mobilisation forte de cinquante mille jeunes constitue une espérance pour notre Église, et, plus largement, elle dit quelque chose sur la jeunesse de notre pays. Elle manifeste que cette jeunesse n’est pas sans ressource ni sans capacité d’engagement. Dans une société vieillissante, nous voyons qu’il y a de nouvelles forces pour construire la société de demain.
Le blogueur commente :

Ces quelques lignes méritent qu’on s’y intéresse : elles expriment les raisons pour lesquelles le cardinal Vingt-Trois voit dans les JMJ de Madrid « une espérance pour notre Eglise » et un « signe » donné à ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ. Que nous disent donc ces JMJ sur « la jeunesse de notre pays » ? Qu’elle est encore capable d’une « forte mobilisation », qu’elle n’est pas « sans ressource ni sans capacité d’engagement » et représente donc dans notre « société vieillissante » de « nouvelles forces » en mesure de « construire la société de demain ». Ce qui n’est peut-être pas faux, mais semble assez curieux. Quiconque remplacerait la « forte expérience spirituelle » des JMJ madrilènes par une manifestation étudiante pourrait reproduire ces lignes, sans rien y changer ou presque.

Tandis que le Souverain Pontife consacrait la jeunesse du monde entier au Sacré-Cœur, tandis qu’il l’exhortait à une foi toujours plus affermie en la personne du divin Rédempteur, le cardinal Vingt-Trois, s’adressant à ses frères dans l’épiscopat, c’est-à-dire aux successeurs des apôtres, ne regardait pas le témoignage de la foi comme le principal « signe » envoyé à notre « société vieillissante ». Le message adressé par la jeunesse catholique à la société française est donc avant tout temporel – « construire la société de demain ». On pourrait objecter qu’il s’agit ici, selon les mots de saint Paul dont saint Pie X avait fait sa devise, de « tout restaurer dans le Christ » (Ep I, 10), de faire régner le Christ dans la société par l’assiduité à l’accomplissement des devoirs d’état, l’esprit de service, de sacrifice et de charité : mais le moins qu’on puisse dire est que la lettre du texte ne penche guère en faveur d’une telle interprétation. A vrai dire, même l’« espérance » ne semble pas désigner ici la deuxième vertu théologale, quoique le Cardinal l’associe à l’Eglise. Si la nouvelle jeunesse catholique est pour l’Eglise un motif d’espérance, ce n’est pas parce que le Cardinal espère voir jaillir d’elle une multitude de saints par lesquels l’Esprit-Saint renouvellerait la face de la terre : « Nous voyons qu’il y a de nouvelles forces pour construire la société de demain. » [...]
Là où l’on aurait pu voir la foi, la réponse à l’invitation que nous fait Jésus-Christ (Lc XIV, 16), on a vu la mobilisation ; là où l’on aurait pu voir l’espoir de voir se lever une jeunesse désireuse d’aimer Dieu et de faire sa volonté, on a vu de nouvelles forces pour construire la société de demain. Les mots ont un sens.
Il y aurait beaucoup à dire sur le reste du discours du cardinal Vingt-Trois, qui aborde, on l’a vu, les sujets les plus divers. Il suffit ici de relever ce seul fait : toute considération surnaturelle, ou même simplement spirituelle en est strictement absente. Comme le relevait Maximilien Bernard, la religion n’apparaît guère qu’au pluriel. C’est en vain qu’on cherchera dans ce long discours une citation de la sainte Ecriture ou du Magistère ecclésiastique, ou la plus infime prière à la Très Sainte Vierge, Mère de l’Eglise et Patronne de la France : tout se passe ici comme si ce n’était tout simplement pas le lieu.
En lisant, en relisant les paroles du cardinal Vingt-Trois, on est frappé d’une telle sécheresse, d’un refus si obstiné d’évoquer les mystères de notre foi, d’un tel acharnement à regarder l’Eglise avec les yeux de ce que l’on se figure être le monde, à tort ou à raison. Praestet fides supplementum sensuum defectui, écrivait saint Thomas d’Aquin dans le Tantum Ergo. Mais ici la foi ne nous fait pas voir ce qui manque aux sens. L’Eglise n’est plus l’Arche du Salut, le Corps mystique de Jésus-Christ, qui l’a divinement instituée : c’est un acteur parmi d’autres dans notre société gouvernée par le « pacte républicain ». Du salut des âmes et du service de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il n’est donc pas question. Certes, le Cardinal ne les nie pas, non plus qu’il ne les réprouve : il se contente de n’en parler pas, obstinément.
Il existe un système philosophique qui ne veut rien connaître de surnaturel, et qui considère que rien n’existe hors de la nature : ce système s’appelle le naturalisme. On doit convenir, en lisant le discours du Cardinal, que ce discours, dans la logique qui le gouverne, dans ses profonds ressorts, est résolument naturaliste. Non que le cardinal Vingt-Trois soit naturaliste : mais son discours, qui évacue si soigneusement les mystères que la foi nous révèle, et jusqu’à Dieu lui-même, son discours est naturaliste, inconsciemment peut-être mais profondément, opiniâtrement naturaliste. [...]
La fin du texte se fait lapidaire :

Tout ce qui n’évangélise pas est superflu, aurait déclaré le cardinal Vingt-Trois, condamnant les catholiques soucieux de réparer par une prière publique l’outrage constitué par la pièce de Romeo Castellucci. Il omettait cependant de poser la question de la capacité à évangéliser d’une Eglise où la parole pour ainsi dire mandatée, reniant le fides ex auditu de saint Paul (Rm X, 17), a si évidemment occulté sur ce qui devrait constituer l’âme de tout apostolat.
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