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soeur Marguerite Tandonnet Sœur Marguerite Tandonnet est une ancienne médecin, elle est maintenant moniale contemplative au monastère des dominicaines d'Orbey, dans les Vosges.
Abraham a été choisi par Dieu pour être le père des croyants et c'est ainsi que juifs, chrétiens et musulmans le considèrent. Comment Dieu a-t-il fait ce choix ? Et pourquoi n’a-t-il pas choisi tout le monde ?
Dans cette vidéo, sœur Marguerite Tandonnet nous met à l'écoute de la Bible et des Midrash, ces antiques commentaires juifs de la Genèse.
La vie d’Abraham est toute remplie de sa relation d’écoute avec le Dieu unique. Dieu l’appelle personnellement pour révéler à travers lui son amour universel. En reconnaissant Abraham comme notre père dans la foi, nous croyons que nous sommes les héritiers de sa bénédiction.
Abraham a été choisi par Dieu pour être le père des croyants : « Ceux qui se réclament de la foi, ce sont eux les fils d’Abraham » (Galates 3, 7). Et ça a marché puisque juifs, chrétiens et musulmans le considèrent comme leur père dans la foi. Mais… comment Dieu a-t-il fait son choix ? Et pourquoi n’a-t-il pas choisi tout le monde ?
La « préhistoire » d’Abraham
Térah, le père d’Abraham, était un nomade polythéiste, c’est-à-dire qu’il adorait plusieurs dieux. Cette affirmation apparaît dans le livre de Josué.
« Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël : Au-delà du Fleuve habitaient jadis vos pères, Térah, père d’Abraham et de Nahor, et ils servaient d’autres dieux. » (Josué 24, 2)) A ce propos, un midrash raconte…
VOIX OFF : Pause définition. Un midrash est une histoire de la tradition orale juive, qui s’appuie sur la Bible et en explicite un point ou donne un enseignement moral. Il peut prendre la forme d’un récit, d’une légende.
Donc un midrash raconte que Térah, le père d’Abraham, possédait une boutique où il vendait des idoles. Abraham ruait dans les brancards… Il faisait les quatre cents coups quand il gardait la boutique, jusqu’au jour où il prit un bâton et détruisit toutes les idoles sauf la plus grande, dans la main de laquelle il mit le bâton. Lorsque Térah découvrit le pot aux roses, Abraham lui raconta que les idoles s’étaient battues... Térah répliqua que les idoles étaient absolument inertes… Il était pris au piège… Oui ! Si elles ne sont pas vivantes, pourquoi les vénère-t-il comme des dieux, qui sont censés avoir des pouvoirs ? (Genesis Rabbah 38, 13).
On trouve dans le Coran une allusion à ce midrash (sourate 6, verset 74).
L’appel du vrai Dieu
La Bible raconte les choses un peu autrement. Si Abraham devient monothéiste, c’est parce que le Dieu unique lui parle. Dans la relation d’Abraham avec son Seigneur, ce n’est jamais Abraham qui fait le premier pas, le Seigneur a toujours l’initiative.
Prenons le tout début du cycle d’Abraham dans la Genèse, la traduction de la Bible de Jérusalem. La parole que le Seigneur lui adresse va bouleverser sa vie.
« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre. » (Gn 12, 1b-3)
Quand on regarde ce que dit le texte hébreu, les premiers mots de cet appel sont lach-lecha, c’est-à-dire « va vers toi » ! C’est extraordinaire, non ? Ce n’est pas « va-t-en », mais « va vers toi » ! Cela nous dit que, quand on quitte quelque chose pour Dieu, on ne se quitte pas soi-même mais on va vers un épanouissement de tout son être.
C’est pourquoi Dieu, après cette demande, ajoute des promesses dont la réalisation dépend de l’écoute d’Abraham et de ce qu’il fera. Et Abraham obéit illico (Genèse 12, 4) Ce départ est symbolique, il marque le début de la vie de croyant d’Abraham.
Comme tous les convertis le disent, après avoir rencontré le Seigneur, quelque chose change. Abraham reste nomade, mais il est porté par l’espérance de ce pays promis par Dieu.
Pourquoi Abraham et pas un autre ?
Cette question touche la relation que nous avons, chacun, avec Dieu. Parce que l’élection d’un seul, soyons honnêtes, ça nous dérange… Paul Beauchamp, un spécialiste de la Bible, a mis des mots très justes sur notre problème. Eh bien oui, pourquoi pas tous ? Pourquoi pas moi ?
VOIX OFF : jalouse ! Et si Dieu avait fait autrement ? Avec Paul Beauchamp, faisons un peu de théologie fiction : On pourrait imaginer d’autres scénarios :
Scénario mass-media : Dieu dirait à tous les hommes : « J’aime tous les hommes ! » Mais ce serait trop impersonnel. Personne n’aurait entendu. Dieu ne passe pas par les réseaux sociaux pour nous parler ! Scénario porte-voix : Dieu dirait à quelqu’un : « J’aime tous les hommes, dis-le-leur ! » Mais ce serait comme si nous devions apprendre une leçon. Dans ce scénario, il n’y a pas vraiment de relation, ni avec Dieu, ni même avec le porte-voix.
Scénario personnel (c’est le vrai scénario). En réalité, Dieu dit à un individu : « Je t’aime, je te prends en charge, je veux que tous les hommes le sachent, et je veux que, le sachant, ils te bénissent ! » (Genèse 12, 3)
Ici, un homme qui est tellement aimé par Dieu va parler, et tous pourront entrer dans cet amour. Finalement, la manière de faire de Dieu (son choix d’un seul) est, de loin, la plus belle pour chacun de nous, puisque la promesse faite à Abraham est aussi pour nous.
L’élection de tout un peuple
La promesse de devenir un grand peuple mettra du temps à se réaliser. En effet, la femme d’Abraham, Sarah est stérile, et Abraham lui-même est très âgé. Comme les choses, visiblement, ne bougent pas trop, Sarah prend l’initiative de donner sa servante à Abraham, pour qu’il ait enfin une descendance. De cette union naît Ismaël, mais celui-ci n’est pas le fils de la promesse de Dieu, il est le fils de la volonté de Sarah. Mais Dieu a vraiment le projet d’accorder à Abraham une descendance légitime, et il se réserve l’initiative du moment favorable.
Quelque temps plus tard, Abraham est assis à l'entrée de sa tente, et le Seigneur lui apparaît sous la forme de trois hommes, qui lui annoncent la naissance d’un fils. Trois personnes qui sont en réalité un seul Dieu. C’est la première annonciation de toute la Bible. Abraham approche des 100 ans, et Sarah en a 90… Ces âges pour le moins avancés expriment la gratuité du don de Dieu : tout dépend de sa bonté.
Ainsi, 14 ans après la naissance d’Ismaël, Sarah met au monde Isaac, le fils de la promesse, celui à qui se transmet la bénédiction divine. La lettre aux hébreux dit que c’est par la foi que l’élection d’un homme devient celle d’une famille, puis d’un peuple tout entier. « Par la foi, Abraham obéit à l’appel (…). Par la foi, il vint séjourner dans la Terre promise (…) ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. » (Hébreux 11, 9)
Pour conclure, nous pouvons dire que la vie d’Abraham est toute remplie de sa relation d’écoute avec le Dieu unique. Dieu l’appelle personnellement pour, par lui, révéler son amour à tous les hommes, à tous sans exception. En reconnaissant Abraham comme notre père dans la foi, nous croyons que nous sommes véritablement héritiers de son élection et de la bénédiction qu’il a reçue et transmise.
Pour aller plus loin : - Ambroise de Milan, Abraham, Collection : Les pères dans la foi n°74, Migne, 1999. - Paul Beauchamp, Cinquante Portraits bibliques, Seuil, 2000. - Walter Vogels, Abraham et sa légende, Lire la Bible 110, Cerf, 1996. - André Wénin, Abraham (Genèse 11,27 – 25,10), un guide de lecture, Cahier Evangile n° 179, mars 2017. - Vocabulaire de Théologie biblique, art. « Abraham », Cerf, 2009.
_________________ Je T'aime Dieu ma Force, mon Bonheur et mon Unique Espérance !
Sub tuam misericordiam confugimus, Dei Genitrix !
Jésus te dit : Moi Je t'aime, et toi tu m'aimes ?
Lumen Spei
Date d'inscription : 01/09/2021 Localisation : France
Sujet: Re: Théodom : GENESE 3 : *Abraham, Dieu l'a choisi* et *Le sacrifice d'Abraham, insupportable !* Mar Oct 26 2021, 08:52
APPROFONDIR
frère Olivier Catel Frère Olivier Catel vit, prie et étudie au couvent dominicain de Jérusalem. Il travaille sur les textes hébreux du début de l'ère chrétienne.
Abraham a longtemps attendu Isaac, le fils promis par Dieu. Plus tard, Abraham, à la demande de Dieu, emmène son fils bien-aimé pour le sacrifier. Mais enfin, pourquoi Dieu lui promet-il un fils, pour le lui enlever ?
Dans cette vidéo, sœur Marguerite Tandonnet et frère Olivier Catel examinent ce texte et nous présentent les différentes interprétations que la tradition chrétienne a proposées. C'est un extrait de la Génèse à lire juqu'au bout car c'est là que se situe la clé du récit !...
Le sacrifice d'Abraham, insupportable !
Abraham a longtemps attendu Isaac, le fils promis par Dieu, mais voilà que Dieu dit à Abraham de prendre son fils bien-aimé et de le sacrifier. Pourquoi Dieu lui promettrait-il un fils, puis le lui enlèverait-il ? Au mieux, cela ressemble à une étrange incohérence. Au pire, c’est un mauvais tour.
Le problème
Dieu a-t-il vraiment demandé à Abraham d’offrir son fils en holocauste ? Abraham comprend-il mal ? Le texte en hébreu dit :
Dieu dit : « Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t'en au pays de Morija et là emmène-le pour l’holocauste sur l'une des montagnes que je t'indiquerai. » (Genèse 22, 2)
Le texte ne dit pas explicitement que Dieu demande le sacrifice d’Isaac… Dieu demande un holocauste… mais on a l’impression qu’Abraham comprend que c’est son fils qui doit être la victime…En fait on ne sait pas ce qu’Abraham a compris. Autour de lui, dans le monde ancien, il y a des sacrifices humains … partout ! On offre des enfants à des divinités.
Presque tous les commentateurs de la Bible, juifs ou chrétiens, ont compris que Dieu demandait à Abraham d’immoler Isaac. C’est horrible, inaudible, inacceptable ! Que faire ?
Entrer dans l’interprétation
Ce texte insupportable doit être interprété. Sans interprétation, ce texte est ouvert à toutes les folies religieuses. Il faut le lire et le relire, le réinterpréter à chaque génération.
Quand nous lisons Genèse 22, nous pouvons penser : "Comment Dieu aurait-il pu exiger cela ? Mais quand nous regardons l'histoire avec un regard croyant, nous pouvons nous demander : "Qu'est-ce que Dieu a voulu que nous apprenions à travers cela ?"
Dans tout texte biblique, il y a plusieurs voix qui s’expriment, il existe plusieurs voies d’interprétation. On ne cherche pas à donner un principe de récapitulation. Le texte est ouvert à de multiples interprétations, il est tout sauf fermé. Et si on vous proposait un parcours d’interprétation : plusieurs voies, plusieurs sens ?
Interprétation morale
Si on adopte cette voie d’interprétation, Abraham serait un exemple à suivre. Est-ce qu’on est prêt à tout faire pour Dieu ? Ici, le modèle proposé, c’est celui de l’obéissance d’Abraham : il est prêt à faire ce que Dieu lui demande, à sacrifier son fils, mais surtout il obéit à l’ange qui lui demande d’épargner l’enfant. Dans tous les cas, Abraham n’écoute pas sa propre volonté mais celle de Dieu, du début à la fin. Cette obéissance sera récompensée : Dieu lui donne un peuple et son mérite rejaillit sur tout Israël.
Interprétation psychologique
Le sacrifice d’Abraham est aussi appelé la “ligature d’Isaac” dans le judaïsme. A la fin, Abraham, obéissant à l’ange, doit délier son fils, il y a une forme de « décrochage », quelque chose qui se délie.
Marie Balmary (Le sacrifice interdit, Paris, Grasset), en 1986, lit le passage en fonction de son expérience psychanalytique clinique : Abraham ne comprend pas la demande divine. Ce n’est pas son fils Isaac qu’il doit lier et sacrifier en le tuant, c’est sa paternité mal comprise qui doit être sacrifiée, déliée pour qu’Isaac devienne un homme adulte et libre.
Interprétation spirituelle
Ce texte donne par excellence le sens du test et de l’épreuve. Le texte dit “Dieu mit Abraham à l’épreuve” (Genèse 22, 1). En apparence, c’est une expérience de mort, insupportable, mais en fait Dieu nous demande, avec sa grâce, de choisir la vie. Chacun passe par des moments difficiles, parfois insurmontables, mais pourtant Dieu est là, prêt à nous appeler à la vie, à nous faire dépasser nos peines et nos incompréhensions.
Interprétation théologale
Ce qui est “théologal” est ce qui vient de Dieu et qui a Dieu pour objet. Ce passage inaugure une nouvelle relation entre Dieu et Abraham.
Abraham persévère dans la foi, en toutes circonstances, et s’ajuste à Dieu. S’il s’était rebellé, peut-être n’aurait-il pas été disponible pour entendre le « ne lui fais pas de mal » de Dieu, et il serait sans doute resté dans l’erreur. Il aurait continué à croire en un dieu cruel qui n’est pas le vrai Dieu. Ce texte nous dit la possibilité d’un changement, d’une conversion : Abraham abandonne ses idoles, ses fausses conceptions, pour découvrir de mieux en mieux le vrai Dieu.
Interprétation typologique
Ce qui est “typologique”, c’est ce qui, dans l’Ancien testament, annonce le Christ. Un “type” est une “figure”, un événement ou encore un personnage. Avec cette forme d’interprétation, on rapproche l’Ancien du Nouveau Testament, on les compare.
Traditionnellement, Isaac lié représente le Christ crucifié. Isaac porte le bois et le Christ porte sa croix. Isaac ne sera pas consumé par le feu de l’holocauste, sera délié et deviendra signe de salut. Jésus connaîtra la mort de la croix mais les liens de la mort seront brisés par la Résurrection. Tous deux, par leur obéissance, gardent foi en Dieu.
On ne saura jamais ce qu’Abraham a vraiment compris, le début de ce texte est insupportable. L’issue heureuse, enrichie de multiples interprétations, change tout : tout vient de l’ange. Abraham a besoin de l’aide divine pour se découvrir et découvrir qui est le Dieu qui l’appelle.