Lumen Spei
Date d'inscription : 01/09/2021 Localisation : France
| Sujet: Prostitutions et pornographie : des formes de traite d'êtres humains ? Dim Oct 24 2021, 14:38 | |
| Samedi 16 octobre 2021, des « Marches pour la liberté » ont eu lieu dans le monde entier, contre la traite des êtres humains. En France, elles ont été organisées par A21 et le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH). C’est aussi, le 18 octobre, la Journée européenne contre la traite des êtres humains.
Nicolas Bauer, chercheur associé au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), est intervenu à l’issue de la Marche pour la liberté de Strasbourg, devant les institutions européennes. Il répond aux questions d’Aleteia. * Quand on entend le mot « traite », on pense spontanément à l’esclavage. Qu’est-ce que la traite des êtres humains, d’un point de vue juridique ?La traite ne se réduit pas à la « traite négrière » et au commerce triangulaire du XVIIIe siècle. Le phénomène est beaucoup plus large et toujours actuel. En droit international, la traite des êtres humains a été définie en 2000, dans le Protocole dit « de Palerme », élaboré sous l’égide des Nations unies. La traite est aussi une infraction pénale en droit français, depuis 2003.
Pour simplifier les longues définitions juridiques, on pourrait dire que la traite consiste à recruter une personne, par la force ou par la tromperie, en vue de l’exploiter. Le Protocole de Palerme donne quelques exemples d’exploitation, dont l’esclavage, le travail forcé ou encore l’exploitation de la prostitution d’autrui (proxénétisme).
Avant 2000, le droit international obligeait déjà les États à réprimer ces pratiques. L’avantage du Protocole de Palerme est d’appréhender ensemble de nombreuses formes d’exploitation. Il ne vise pas à réprimer directement les pratiques d’exploitation, mais le trafic qui les rend possibles. La lutte contre la traite s’intéresse donc aux causes de l’exploitation des personnes.* Pouvez-vous donner des exemples de traite des êtres humains, en particulier dans le monde occidental ?Le cas de traite le plus répandu dans le monde occidental est le trafic sexuel. La lutte contre la traite se focalise en général sur le proxénétisme, car c’est la forme d’exploitation sexuelle la plus « classique ». En France, le proxénétisme est réprimé dans le Code pénal en tant qu’« atteinte à la dignité de la personne ». Il est en revanche légal dans d’autres États européens, comme l’Allemagne et les Pays-Bas.
L’Allemagne prétend que le proxénétisme peut se pratiquer sans qu’il y ait nécessairement traite d’êtres humains. C’est illusoire. Sur les 400 000 prostitués en Allemagne, presque tous sont des femmes et 95 % viennent de l’étranger. Cela n’est le cas dans aucun autre métier. La surreprésentation de certaines régions pauvres d’Europe de l’Est ou d’Afrique montre qu’il existe des filières de traite.
La traite alimente également la pornographie. Les deux leaders du marché pornographique français, Dorcel et « Jacquie et Michel », sont visés par des enquêtes pénales pour viol, proxénétisme aggravé et traite d’êtres humains aggravée. Les témoignages d’actrices relayés par des associations montrent que la traite est systématique. La pornographie doit cesser d’être perçue comme un genre cinématographique, avec des acteurs : c’est une industrie esclavagiste, avec des victimes.* Certaines personnes consentent à ces pratiques (prostitution, pornographie…). Il y a également des initiatives, comme la « Charte déontologique de la production X », visant à garantir ce consentement. De telles initiatives pourraient-elles un jour permettre d’éviter la pratique de la traite ?La nouvelle « déontologie » de la production X ne concerne qu’une toute petite partie de la pornographie et est peu respectée. Quoiqu’il en soit, le Protocole de Palerme précise explicitement que le consentement d’une personne à sa propre exploitation n’a aucune valeur. Les moyens de la traite, comme l’abus d’une situation de vulnérabilité ou l’offre de paiements, visent justement à obtenir un tel consentement. Consentir à être l’objet de la traite ne supprime donc pas la traite elle-même.
Cette réflexion juridique est cohérente avec la philosophie, qui différencie consentement et liberté. Comme l’explique la philosophe Muriel Fabre-Magnan, « On voit aujourd’hui le consentement surtout utilisé pour faire renoncer les personnes à leurs droits et libertés fondamentales. […] [Il] va permettre, techniquement, que certaines personnes (celles qui « consentent ») se mettent à la disposition des autres. Mais ceux qui consentent ne sont pas les forts » (Figaro Vox, 09/11/18).
Pour être valable, le consentement, par nature personnel et subjectif, doit rester ordonné à la dignité, qui est objective, intrinsèque, inhérente à la personne humaine.Pour signer la pétition cliquer sur le Logo ci-dessous, Merci : _________________ Je T'aime Dieu ma Force, mon Bonheur et mon Unique Espérance !
Sub tuam misericordiam confugimus, Dei Genitrix !
Jésus te dit : Moi Je t'aime, et toi tu m'aimes ?
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