Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: Le livre "Je vous pardonne tous vos péchés", de Vincent Mongaillard, n'écorne-t-il pas le secret de confession ? (Vidéo - 8 min) Ven Mar 12 2021, 15:09 | |
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Le livre "Je vous pardonne tous vos péchés", de Vincent Mongaillard, n'écorne-t-il pas le secret de confession ?
Un livre (1) dans lequel quarante prêtres racontent anonymement le contenu des confessions qui leur sont faites, fait beaucoup réagir. Cela rompt la confiance entre le pénitent et le confesseur et risque d’instaurer une méfiance envers l’ensemble des prêtres.
Au téléphone, le père Thomas Michelet ne manque pas d’adjectifs pour décrire le livre Je vous pardonne tous vos péchés du journaliste Vincent Mongaillard, paru le 11 mars (1) : « Scandaleux, écœurant, indigne, racoleur. » Et autour de lui, les réactions de ses confrères sont à peu près semblables : « C’est une trahison de prêtres. J’espère que des sanctions seront prises. »
Paru aux Éditions de l’Opportun, cet ouvrage regroupe les anecdotes de confession de quarante prêtres anonymes, interviewés par Vincent Mongaillard, grand reporter au quotidien Le Parisien, spécialiste des questions religieuses. Adultère, meurtre, double vie, consultations de films ou de sites pornographiques, en entreprise ou à la maison, péchés d’enfants et de vieillards, rien n’est épargné au lecteur.
Ces brèves de confessionnaux sont ponctuées de petits chapitres pédagogiques, « le B.A.BA de la confession », tout ce que vous voudriez savoir sur le sacrement de réconciliation. « Journalistiquement, Vincent Mongaillard n’a rien à se reprocher, il a bien fait son travail, tout est exact, » commente le père Thomas Michelet.
Violation indirecte du secret de confession
Sauf que pour beaucoup de prêtres en France, cet ouvrage pose le problème du secret de la confession. Conscient des reproches qui pourraient lui être adressés, Vincent Mongaillard avait prévenu, dès l’introduction de son livre, humour acide à l’appui : « Même si ces confidences sont parfois précises, nous avons veillé à ce qu’aucune d’entre elles ne trahisse le sacro-saint secret de la confession. On ne voudrait pas que ces bienfaiteurs de l’information soient défroqués à cause de notre opus profane ! » Toutefois, Vincent Mongaillard explique avoir eu beaucoup de difficulté à trouver des prêtres partants pour évoquer le contenu des confessions qui leur sont faites.
Ce livre brise-t-il vraiment le secret de confession ? « De manière indirecte, oui, » d’après le père Thomas Michelet, également théologien à l’Université pontificale Saint Thomas d’Aquin à Rome. « Code de droit canonique, canon n° 1388, paragraphe 1, » assure-t-il avec précision, avant de citer : « Le confesseur qui viole directement le secret sacramentel encourt l’excommunication “latae sententiae” réservée au Siège Apostolique ; celui qui le viole d’une manière seulement indirecte sera puni selon la gravité du délit. » Même anonymes, ces témoignages sont « extrêmement graves, » explique le père Michelet : « On ne doit jamais révéler à personne ni se servir de ce qu’on a entendu en confession. »
Rupture du contrat de confiance
D’autant que certaines anecdotes ne sont pas si anonymes que ça : situations cocasses, noms de villes, de lieux, qui pourraient aider à reconnaître certains… Un prêtre évoque notamment une confession lors d’un rassemblement de guides à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) : « les guides n’iront pas se confesser à Paray-le-Monial la prochaine fois ! » s’énerve le père Michelet.
Car c’est bien là le problème : la confiance faite par les pénitents à leur confesseur. « Ces anecdotes peuvent créer une forme de suspicion contre les prêtres, » explique le père Thomas Poussier, qui vient lui- même de sortir un livre sur le secret de la confession aux Éditions Salvator (2). Impossible de savoir quel prêtre a témoigné, ce qui jette la méfiance sur tous. « Les prêtres interrogés réduisent les fidèles à leur péché, et véhiculent l’idée selon laquelle tous ces secrets leur appartiennent, résume le père Thomas Poussier. Or ils appartiennent à Dieu. »
Classées en chapitre selon la nature du péché, les confessions sont évoquées de manière légère, presque avec dérision : des histoires d’adultère cocasses à la Feydeau, des mensonges, de faux aveux, ou encore les différences entre les hommes et les femmes au confessionnal.
« Quand on se confesse, on se met à nu, on s’expose de la manière la plus vulnérable, la plus intime qui soit, explique le père Thomas Poussier. On révèle des choses au prêtre qu’on n’a jamais dit à qui que ce soit. » Ces parts d’intimité sont ici révélées de manière risible. « C’est humiliant, » résume le prêtre. Et le père Vincent Bedon, curé de la Trinité à Paris, d’ajouter : « C’est délicat pour un pénitent de se confesser. Alors si les fidèles découvrent qu’on en parle, qu’on en rigole, la confiance est rompue. »
Pour certains, comme le père Jean-Eudes Fresneau, curé de Sarzeau (Morbihan), la publication de cet ouvrage pourrait être l’occasion de réinterroger la pertinence du secret de confession à la lumière des affaires de pédocriminalité dans l’Église (3). Et le père Thomas Poussier de répondre : « Le caractère absolu du secret de confession est à l’image de la miséricorde de Dieu. Y mettre des exceptions, c’est poser des limites à la miséricorde.
(1) " Éditions de l’Opportun, 480 p., 14,90 €. (2) Le Secret de confession de Thomas Poussier, Éditions Salvator, 200 p., 19 € (3) Toutefois, un prêtre qui entend un pénitent confesser un crime grave doit inciter la personne à aller se dénoncer.
Source : https://www.facebook.com/FRTMOP
En cette période trouble que nous vivons, des révélations indirectes sur des confessions que 40 prêtres ont reçues, n'est pas sans provoquer un petit malaise. Mais je ne doute pas que la majorité des prêtres respectent le secret de la confession. Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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