Guérison intérieure : Je ne me découragerai jamais

Yves Boulvin
est formateur en relations humaines, psychologue et consultant. Il organise depuis de nombreuses années des stages en entreprise,parallèlement à son activité de thérapeute. Il anime depuis plus de dix ans les émissions Foi et psychologie retransmises sur différentes radios francophones




Je ne me découragerai jamais !

Voici une phrase de Thérèse de l’Enfant-Jésus que nous pourrions tous approfondir. Lors d’une session à Lisieux, la discussion portait sur le fait de savoir si Thérèse avait dit : Je ne me découragerai pas ou Je ne me découragerai jamais. Pourquoi cette subtilité ? Sans doute pour signifier que Thérèse elle-même a connu des moments de découragement (et Dieu sait si elle a connu aussi bien la souffrance physique et la souffrance psychologique que la souffrance spirituelle ; c’est pourquoi, d’ailleurs, elle peut nous aider sur ces trois plans), mais elle avait pris la décision intérieure de vivre tous ces moments avec Dieu, en Lui et pour Lui, avec le désir profond de passer son Ciel à faire du bien sur la terre. Si les saints sont nos amis, c’est parce qu’ils ont traversé eux-mêmes ce que nous vivons présentement : ils sont d’autant plus proches de nous qu’ils ont connu le même type de traversée.

Des modèles de courage

Je ne me découragerai jamais : c’est une décision à prendre à un moment donné de ma vie, en pleine conscience, car je sais qu’à d’autres moments beaucoup plus difficiles, j’aurai du mal à la prendre. Je vais donc bien l’ancrer en moi, pour pouvoir m’en rappeler. Je ne me découragerai jamais. Un psychologue, un prêtre, un médecin auraient bien des raisons de se décourager s’ils souhaitaient un résultat rapide, alors qu’ils ont souvent devant eux des personnes qui vont retourner dans les mêmes ornières, les mêmes habitudes de penser, et freiner, voire empêcher l’action guérissante et sanctifiante de Dieu. Ce même découragement pourrait guetter une mère de famille, un professeur, s’ils ne savaient s’adapter au rythme de compréhension et de croissance des enfants dont ils ont la charge. Je ne me découragerai jamais. Quand on regarde le sport à la télévision, qu’observe-t-on ? Des cyclistes qui vont jusqu’au bout de leurs forces et qui repartent le lendemain. Des footballeurs qui peuvent perdre une rencontre à la dernière minute ou lors des tirs au but. Des athlètes qui ont tout misé sur une compétition qui n’a lieu que tous les quatre ans et qui, au dernier moment, vont avoir une crampe, une blessure ou vont être battus “sur le fil”. Tous auront à rebondir1. Combien d’échecs, de chutes, de blessures avant de réussir enfin ? Combien de dizaines d’années il aura fallu à l’équipe de France de football avant de devenir “championne du monde” ? Quels modèles nous montrent tous ces athlètes ? Que d’années de travail, de foi et de persévérance! Et que dire de Mère Teresa, l’Abbé Pierre, Jean-Paul II, oeuvrant avec détermination devant tant d’obstacles, tant de misères, tant de tâches à accomplir…

Je le peux, moi aussi

En serai-je capable ? Sûrement pas ! C’est ce que déclare, un peu rapidement, une partie de moi. Et pourtant ! Nous avons tous réalisé, à un moment donné de notre vie, quelque chose qui nous paraissait impossible ou incroyable, parce que les circonstances nous y ont amenés, parce que nous n’avons pas pu faire autrement ou que nous l’avons choisi consciemment. Souvenons-nous ! Quelle persévérance il nous a fallu à l’école ou pour apprendre à jouer d’un instrument de musique, et aujourd’hui, quelle persévérance il nous faut pour accomplir notre rôle de parent. Comme disent certains : mettre au monde un enfant, c’est en prendre pour toute la vie, et nous ne nous attendions sans doute pas à de telles difficultés dans l’enfance, l’adolescence ou l’âge adulte… Beaucoup aujourd’hui sont déstabilisés devant le mal-être de tel ou tel enfant, le divorce de tel autre, les compensations, ou la drogue que prend régulièrement un troisième.

Je crois en toi

Devant tout cela, quelle attitude vais-je adopter ? Me décourager et, du même coup, décourager mes proches ? Ou au contraire, prendre conscience que ce qui va réellement aider mes enfants à travers leurs errances et leurs difficultés, c’est que je croie en eux et que j’aie une totale confiance dans un retournement de situation qui interviendra tôt ou tard. Le fait de pouvoir dire : Je crois en toi, tu as tout ce qu’il faut pour réussir et Dieu t’y aidera, quelles que soient les circonstances ; le fait de témoigner que Dieu ne s’est jamais découragé avec moi, et ne se découragera jamais, va permettre à ceux à qui je m’adresse de garder toujours un espoir, une petite lumière. Je vais garder ma lampe allumée et veillerai à ne jamais en éteindre d’autres. La lumière est comme le feu, elle se communique tout en se gardant intacte, elle se répand quelle que soit ma condition de vie : seul, marié, malade, handicapé, soignant, religieux… Et si, simplement, je décidais chaque jour de ne jamais me décourager pour ne pas décourager les autres autour de moi ?

Une espérance contagieuse !

Quand on côtoie des personnes ayant un handicap physique, on peut constater combien certains handicapés légers ont un comportement agressif ou revendicatif, alors que d’autres, au handicap très lourd, pouvant à peine remuer certains traits du visage, rayonnent une sérénité profonde à laquelle des personnes “bien portantes” viennent s’abreuver. Toi qui te demandes aujourd’hui quel est le sens de ta vie, peux-tu décider maintenant de tout vivre avec Dieu et de recevoir de lui la grâce de ne jamais te décourager ? C’est ce que désire ton coeur tout brûlant d’amour, car tu as compris que, s’il y a des maladies contagieuses, il y a aussi des vertus contagieuses, comme la foi, l’espérance et la charité. Réussir ta vie, n’est-ce pas justement te plonger quotidiennement dans ton coeur profond, là où Dieu t’habite et t’aime, pour te nourrir sur tous les plans d’une foi inébranlable ? Et si simplement aujourd’hui, tu répandais un peu d’espoir autour de toi ?

Des bains de lumière

Combien de fois avons-nous entendu des gens nous poser la question : Êtes-vous heureux ? En rajoutant : Parce que j’ai besoin de voir que c’est possible… Combien de fois avons-nous entendu des jeunes exprimer : Connaissez-vous des couples qui s’aiment vraiment et rayonnent ? C’est bien de nous dire de nous marier, mais les exemples que nous avons devant les yeux, même si ces couples sont restés ensemble par devoir ou “ pour nous”, les enfants, ne nous incitent pas à prendre de tels risques, et c’est pourquoi nous préférons cohabiter. Alors, de quoi allons-nous témoigner aujourd’hui ? De bonnes paroles ? De voeux pieux que notre vie contredit ? Ou prendrons-nous quotidiennement des bains d’amour en Dieu, des bains de force intérieure, des bains de lumière, pour pouvoir simplement les répandre autour de nous ? Certains pays nordiques, qui sont dans la nuit pendant une partie de l’année, ont mis en place, dans des cafés, des plaques lumineuses imitant la lumière du jour. Tous ceux qui le désirent peuvent y venir, une heure ou deux, y refaire le plein de lumière, car les médecins en ont constaté le bienfait sur lemoral et l’état physique. Cette lumière, au niveau psychologique, c’est le développement d’une vision positive de la vie. Sur le plan spirituel, c’est de ne jamais oublier que Dieu est la Lumière. Encore une fois, être croyant, c’est être un petit vitrail ; un vitrail n’est pas toujours propre, mais il est beau et il joue bien son rôle quand il se laisse traverser par la lumière.

Je choisis de renaître

Non, je ne me découragerai jamais. Je ne suis pas propriétaire de ma vie. LaVie jaillit à travers moi, je ne l’arrêterai pas et je m’exercerai chaque jour à développer des pensées et des paroles lumineuses. Certains d’entre nous, au moment de leur renaissance, ont modifié leur vocabulaire et ont choisi de ne plus utiliser certains mots comme : découragement, honte, dégoût, néant… et les ont remplacés par d’autres comme gratitude, émerveillement, contentement, reconnaissance…Non, je ne me découragerai jamais. C’estma responsabilité. Je ne veux pas être celui qui va faire tomber la cordée. Je m’encourage pour encourager les autres, je change ma vision pour ne plus obscurcir celle d’autrui et, comme il est dit dans la Genèse, « Que la lumière soit ! » (Gn, 1,3).

(1). Yves Boulvin, Rebondir après l’échec, Éd. St Augustin 2006

Source : www.feuetlumiere.org

Merci Mary-Ray pour ce très beau texte médité sur cette simple parole : je ne me découragerai jamais mais qui est loin d’être évident. La formule est séduisante mais la pratique très hésitante.

Jésus aurait-il déculpabilisé le sentiment du découragement à Gethsémani ? Je pense que oui. (Ceci n’est pas une vérité mais une réflexion personnelle.)

Sainte Thérèse disait que l’homme réagit en deux temps. La première d’une manière humaine donc très imparfaite. La seconde avec le secours de la grâce et ainsi arrive à se dépasser. (Ce ne sont pas ses mots exacts mais sa pensée)

L’Ange de la consolation ne serait-il pas cette grâce que Dieu nous envoie lors de nos moments insurmontables ?

Contempler notre misère humaine, c’est contempler la grandeur de Dieu comme le négatif d’un positif de la photo.
Observons celle de Jésus développée par la Nasa, la souffrance se lit sur le négatif et sa résurrection sur le positif.

Revenons au départ : dire jamais est pour moi l’expression de l’orgueil ou de l'inconscience (pardon ma petite Ste Thérèse que j’aime tant qui l'a certainement associé à son immense foi).

Comment pourrais-je dire jamais puisque j’ai connu le fond du puits ? Je ne pourrais jamais faire ceci ou faire cela…comment saurais-je mon avenir quand je regarde mon passé ? Quel challenge ce jamais !

Il est pour moi un signe d’espérance. Il m’emmène vers le chemin du Ciel. Si Dieu voit ma faiblesse, jamais il ne m’abandonnera et de cela j’en suis sûre ! Pour le reste, je préfère méditer et me laisser glisser au fil de l’Esprit.

Lily-Anne

Bonjour Claude M,

C’est justement à la relecture de ces épreuves que je ne peux pas dire : je ne me découragerai jamais.
Même si le Seigneur m’a permis de surmonter ces évènements pénibles qui pour la plupart sont la conséquence de mauvais choix de vie, la prudence m’encourage à rester dans l’humilité face à un avenir incertain.

Jamais est un mot que je ne peux plus prononcer sans la grâce de Dieu.

C’est un des points de la conversion qui n’est absolument pas antinomique avec l’espérance chrétienne.

Claude, quand vous allez vous confesser, pouvez-vous promettre à Dieu que vous ne commettrez plus jamais tel ou tel péché ? Si oui, je vous en félicite surtout si vous y arrivez.

Pour ma part, je préfère dire au Seigneur : «Avec Toi, je peux y arriver ; sans toi, c’est impossible».

Ce jamais, je le place dans le Cœur de Dieu pour qu’il soit à l’abri de mon humanité pécheresse.
Merci Claude pour votre réponse optimiste qui m’encourage à poursuivre la lutte.
Bonne fête de Pentecôte et que l’Esprit Saint vous bénisse.
Lily-Anne

Citation :

Hello Lily-Anne. Je pense vous comprendre assez bien. Je suis désolé si j'ai pu vous froisser. Pardonnez moi.

Claude, je n’ai pas à vous pardonner car je ne suis nullement froissée bien au contraire. En vous répondant, je parlais à Dieu et mes propos étaient une prière que je déposais dans son cœur grâce à vous.

Merci pour votre très belle bénédiction que j’accueille de tout mon être. C’est la Vierge Marie qui est venue me rechercher après de «longues vacances» pour me ramener à son Fils. Je lui (leur) dois beaucoup.
Je ne peux pas résister à la douceur de Marie. Mes armes de défense se transforment en caoutchouc !

Merci Claude pour ce très bel échange plein d’amour fraternel. Quand nos cœurs seront tous à l’unisson, vous imaginez la joie indescriptible qui sera nôtre...
Au plaisir de vous lire.

Lily-Anne

Merci a vous !

J'ai eu dans ma vie des périodes de découragements,j'ai comme on dit, (toucher le fond )même si a ces moments là je ne croyais pas en Dieu...je sais aujourd'hui que sans Lui ,je ne serai plus de ce monde...

Jésus et Marie ne m'ont JAMAIS laissés tombé,même si je leurs tournait le dos...

JAMAIS ,notre Seigneur nous laissera tombé,c'est la seule certidude que j'ai !

Merci à Mary-ray,Lily-anne et Claude pour cette échange chaleureuse.

Céline

Oui,je le veut !

Union Mary-ray