Forum Catholique Romain sous la protection de Saint Michel Archange !
La reproduction du contenu de ce site est permise, à la condition d'en citer la provenance, y incluant l'adresse de notre site, https://nouvellejerusalem.forumactif.com/
Merci !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM
Bienvenue !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM
Forum Catholique Romain sous la protection de Saint Michel Archange !
La reproduction du contenu de ce site est permise, à la condition d'en citer la provenance, y incluant l'adresse de notre site, https://nouvellejerusalem.forumactif.com/
Merci !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM
Forum Catholique sous la protection de Saint-Michel
CINÉMA : La "JEANNE" (d'Arc) intemporelle de Bruno Dumont (Vidéo 3 min)
Auteur
Message
Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
Sujet: CINÉMA : La "JEANNE" (d'Arc) intemporelle de Bruno Dumont (Vidéo 3 min) Mar Sep 10 2019, 13:26
Citation :
La "JEANNE" (d'Arc) intemporelle de Bruno Dumont
Deux ans après, "Jeannette", l’enfance de Jeanne d’Arc, tirée de "Domrémy", la première partie de Jeanne d’Arc, la pièce de Péguy, Bruno Dumont adapte les deux autres parties, "Les Batailles" et "Rouen" et livre avec ce "Jeanne" un film enthousiasmant, passionnant et singulier.
Dès le début, on sait que le pari est gagné. En tous les cas, que cette nouvelle adaptation de la vie de Jeanne d’Arc au cinéma, malgré les ombres tutélaires de Dreyer ou Bresson qui dominent la filmographie, ne pourra être à côté de la plaque. On le sait, dès le premier regard de Lise Leplat-Prudhomme vers la caméra. Regard noir d’une intensité, d’une profondeur et d’une force inouïes, qui semble protéger un secret, celui d’une intériorité qui restera à jamais inviolée. Choisir une gamine de dix ans pour jouer le rôle de Jeanne à la fin de sa vie est un pari payant, car au fond, qu’est-ce qui peut le plus faire penser à la fronde de Jeanne face à ses juges que le regard qui ne baisse pas les yeux d’une pré-adolescente, encore dans l’innocence de l’enfance, mais déjà projetée vers la femme qu’elle sera en plénitude ?
Dans la lignée de Péguy
Que dit ce film sur Jeanne, dans la lignée du texte de Péguy ? Que Jeanne lutte contre une Église qui se constitue à cet instant comme un système de pouvoir, vendu au temporel (anglais en l’espèce), utilisant toutes les forces de l’université pour écraser une faible jeune fille. L’alternance de saisissants gros plans (qui font penser à Dreyer avec une force comique en plus) vers les acteurs (dont beaucoup sont des professeurs d’université, rompus aux joutes oratoires) et de plans d’ensemble en contre-plongée, réduisant les protagonistes du procès à des pions otages d’un système dévorant, cette alternance met en lueur les passions de l’âme (Dumont ne condamne pas les juges dont on perçoit les failles dans les regards) et la mécanique implacable d’un outil de pouvoir qui a perdu le sens de sa mission. La religion prise au sérieux
La Jeanne de Péguy fut écrite par un écrivain socialiste n’ayant pas encore vraiment réalisé son rapprochement avec le christianisme. Dumont la prend au sérieux, comme il prend au sérieux tant la religion dans ses folies humaines que la foi dans sa transcendance lumineuse. Rien de tel qu’un réalisateur athée pour filmer la foi et ce n’est pas un hasard si le dernier plan du film fait écho à la manière dont Pasolini filma la mort de Jésus sur la croix dans son Évangile selon saint Matthieu. Cette distance est peut-être celle de l’incroyant face à la foi, mais plus encore celle du cinéaste ouvert à ce qui réside au plus profond de l’âme et qui sait que l’on ne s’approche du sacré qu’avec une infinie délicatesse.