Liban : le Provincial des Carmes livre un témoignage de foi

2011-04-06 AED international
Liban : le Provincial des Carmes livre un témoignage de foi

Récemment en visite au secrétariat général de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), le Père Raymond Abdo, Provincial des Carmes au Liban, exprimait l’importance d’aider les chrétiens du Proche-Orient à ne pas émigrer. En rappelant que tout comme les premiers missionnaires ont annoncé l’évangile, la population d’origine proche-orientale devrait « témoigner de sa foi au Proche-Orient ».

«C’est là, dit-il, l’essence même du christianisme que d’annoncer l’Évangile par sa propre vie». Conscient que certains pays occidentaux qui bénéficient d’une main-d’œuvre à bon marché se réjouissent de voir des gens quitter leur patrie, il précise tout de même que cela est nuisible pour l’Évangile.

Tout en compatissant avec eux qui ne voient actuellement aucune perspective d’avenir dans un climat de menace persistant, il souhaite leur témoigner la possibilité de rester en demeurant lui-même sur place.

Bien que les chrétiens libanais soient tentés par l’argent offert en provenance d’Iran et des États du Golfe pour l’achat de leurs terrains, l’évêque insiste sur l’importance de ne pas vendre. Pour arriver à les convaincre de rester, l’ordre des Carmes s’efforce de son mieux à leur procurer des perspectives d’avenir en matière d’emploi, à eux qui sont souvent discriminés dans leur recherche d’emploi.

À titre d’exemple, il cite le cas d’un chrétien libanais qui a fondé une entreprise internationale de logiciels et pour qui le monastère des Carmes de Kobayat a mis des locaux à sa disposition. Cette initiative a permis de créer 45 postes ou emplois dans ce village situé à proximité de la frontière syrienne. L’entreprise, qui a commencé son activité il y a un an, pourra déjà générer plus d’une centaine d’emplois aux hommes et aux femmes l’année prochaine.

Refusant de se laisser décourager par une analyse superficielle suggérant qu’il y a beaucoup de problèmes, l’Évêque se dit optimiste parce qu’ « on peut souffrir, on peut avoir des difficultés, mais quand on est lié au Christ, on témoigne du Christ et on donne de l’espérance aux gens. Nous donnons aussi de l’espérance aux musulmans et aux autres communautés, parce que sans nous, ils n’auraient pas la chance d’apprendre à connaître le Christ ».

En outre, reconnaît-il, de nombreux signes qui sont porteurs d’espérance. Dans la société est modérée qu’est celle du Liban, il y a un bon dialogue avec les musulmans quant à l’éducation. Il y a d’ailleurs autant de musulmans que de chrétiens qui fréquentent tant les écoles catholiques que les universités catholiques. C’est donc dire que chaque jour, de nombreuses occasions de rencontres sont possibles entre chrétiens et musulmans. Il y a même des cours dispensés à des enfants musulmans par des professeurs chrétiens. Même dans la politique, un « bon dialogue » existe même si celui-ci « ne repose pas toujours sur des principes justes. »

Puis il continue en disant qu’au Liban, l’ordre des Carmes dispose de six monastères et 31 moines, dont plus de la moitié a moins de 35 ans. La province de l’ordre, qui a été érigée il y 40 ans, grandit. Les Carmes sont déjà présents depuis 1643 au Liban.

Considérant toutefois le climat peu favorable aux vocations, il analyse le problème. D’abord, ce ne sont que les familles chrétiennes qui accordent une très grande importance à la formation et qui sont prêtes à faire de grands sacrifices financiers, surtout pour envoyer leurs fils dans des universités privées. De plus, la jeunesse est connectée au monde par Internet. Il croit cependant qu’elle se rendra compte de l’existence « des mêmes problèmes partout à l’époque actuelle ». Finalement, pensant aux jeunes hommes qui se posent toujours la question de la vocation, il dit : « Quand Jésus-Christ rentre dans le cœur d’un homme, il ne demande pas la permission à son intellect ou à sa culture, mais il lui dit simplement viens ! »

C’est très récemment que les Pères Carmes ont pu se réjouir de voir moine faire ses vœux perpétuels et qu’il y ait eu, l’année dernière, trois ordinations sacerdotales. De plus, beaucoup de prêtres libanais travaillent comme missionnaires dans d’autres parties du monde.

Pour terminer, il parle de l’importance, tant pour les Carmes du pays que pour les fidèles, que revêt le sanctuaire de l’Enfant Jésus de Prague, au monastère Saint-Élie, à Maaysrah Kesrwan. C’est là qu’on y vénère depuis 2006 une reproduction de la statue de l’Enfant Jésus de Prague que les Pères ont reçue de leurs confrères de République tchèque. L’Enfant Jésus de Prague est très vénéré au Liban. D’ailleurs, de plus en plus de fidèles viennent au sanctuaire où ils reçoivent souvent de grandes grâces et l’exaucement de leurs prières.

Pour conclure, le Père Raymond insiste : « Le plus important est que cela nous rapproche de Dieu et que grâce à cela nous nous sentions aimés de Lui. Nous ressentons aussi qu’il n’est pas si difficile de l’aimer et de le toucher ; car c’est un enfant ! »

Il y a 40 ans, le Liban était le seul pays du Proche-Orient dont la majorité chrétienne pouvait représenter jusqu’à 70 % de la population. Aujourd’hui, les musulmans sont majoritaires et les chrétiens ne sont plus qu’à peine 45 %. L’AED fournit aux Pères Carmes une aide continue pour la formation des jeunes religieux ainsi que pour la rénovation de leurs monastères. Elle soutient également les religieux au moyen d’honoraires de messe.