2011-03-25 Métro Montréal/PC
Québec : conclusion des travaux de la commission parlementaire spéciale sur la mort dans la dignité
La commission parlementaire spéciale sur la mort dans la dignité, qui a conclu ses travaux cette semaine, remettra son rapport à l'automne et la question des poursuites intentées contre les médecins fera partie des enjeux abordés.
Un des scénarios envisagés consisterait donc à recommander au gouvernement de suivre l'exemple de la Colombie-Britannique où on ne peut pas poursuivre en justice un médecin qui, dans certaines circonstances précises, a abrégé les souffrances d'un malade.
Lorsqu'il y a «meurtre par compassion, en Colombie-Britanique, il n'y a pas de poursuite devant les tribunaux, et c'est ce que certains Québécois souhaitent», a reconnu la présidente de la commission, la députée de Hull, Maryse Gaudreault, en point de presse. Elle s'est toutefois empressée d'ajouter que sa position personnelle sur le sujet n'était pas encore arrêtée.
Si la commission va dans ce sens, elle se rangerait derrière le Barreau du Québec, qui, comme d'autres intervenants, était venu soutenir, en septembre, que toute personne majeure devrait pouvoir choisir le moment de la fin de sa vie «avec une assistance médicale, sans que le médecin qui lui prête assistance n’ait à craindre de poursuite criminelle».
Chose certaine, au cours des prochains mois, la commission devra trancher, après avoir épluché les 300 mémoires reçus au terme de 29 jours d'audition aux quatre coins du Québec, en formulant une série de recommandations au gouvernement sur la délicate et controversée question de l'euthanasie, du suicide assisté et des soins palliatifs.
En point de presse, la présidente et la vice-présidente de la commission ont dit que leur idée n'était pas encore faite quant à l'orientation à donner au rapport et qu'elles devaient prendre le temps d'assimiler les témoignages et points de vue entendus, souvent très polarisés. On était soit dans le camp de la compassion sans réserve, soit dans celui du respect de la vie à tout prix.
«On ne peut pas rester insensible à tout ce qu'on a entendu», a résumé Mme Gaudreault.
Contrairement à ce qui se produit habituellement lors de la tenue de commissions parlementaires, la grande majorité des intervenants entendus n'étaient pas des porte-parole d'organismes, mais bien de simples citoyens venus à titre personnel livrer des témoignages souvent touchants, voire difficiles à entendre.
La vice-présidente de la commission et députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, a dit de son côté que les députés ne se défileraient pas et prendraient position sur les questions, même les plus controversées, dans leur rapport.
La commission compte donc «aller au bout des questionnements et arriver avec de véritables recommandations qui vont aller au fond des choses», promet Mme Hivon, en s'engageant à ne pas se contenter de «demi-mesures».
Il faut aussi s'attendre à ce que la commission recommande au gouvernement d'investir davantage dans l'offre de soins palliatifs.
La commission pourrait bien aussi recommander la création d'un «observatoire de fin de vie».
Un principe qui a fait son chemin durant les travaux de la commission est celui «d'autonomie de la personne», dans le sens de respecter la décision d'un malade de mettre fin à un traitement ou de refuser un traitement. Cette notion ne plaît cependant pas aux défenseurs du caractère «sacré» de la vie, qui ne doit être interrompue sous aucun prétexte.
Les députés pourraient également demander au gouvernement de se tourner vers Ottawa dans le but de décriminaliser l'euthanasie et l'aide au suicide, le Code criminel étant de compétence fédérale.
Cette commission a suscité dans la population un intérêt rarement atteint avec ce genre d'exercice de consultation. En plus des 300 mémoires reçus, 6800 personnes ont répondu au questionnaire qui avait été mis en ligne. Vu la forte demande, des jours de consultation ont dû être ajoutés en cours de route.
http://radiovm.com/Nouvelles/Details.aspx?n=25855