Synode sur la famille : le Pape n’a peur de rien.

Le Pape François n'a pas peur des débats. En publiant la Relatio Synodi, malgré ses imperfections, il confirme sa ligne, fondée sur le dialogue et la confiance.

Jusqu’au dernier moment, on s’est demandé si les 253 membres de l’assemblée extraordinaire du synode sur la famille allaient arriver à se retrouver sur un texte final commun, si ce texte serait adopté et si oui et quand il serait publié. Eh bien, c’est chose faite : ce texte a été publié samedi 18 octobre, dernier jour du synode, sur décision du Saint-Père, après avoir été lu en assemblée plénière par le cardinal Erdö, soumis au vote des Pères synodaux, et adopté. Adopté ? En fait, pas totalement.

Un vote numéro par numéro
Contrairement à ce qui avait été un temps annoncé, ce n’est pas le texte dans sa globalité qui a été soumis au vote des Pères synodaux, mais chacun de ses 62 points, l’un après l’autre. Sachant que chaque point devait recueillir, non pas la majorité absolue, mais la majorité qualifiée, c’est à dire celle des deux tiers. Et c’est là que le bât blesse, comme l’indique l’annexe de la Relation synodi elle même, qui donne le résultat du vote, numéro par numéro.

Trois points qui posent problème
Un rapide coup d’oeil permet de vérifier rapidement que quelques points – qui se comptent sur les doigts d’une main – n’ont pas obtenu la majorité requise : Le n° 52 (104 oui contre 74 non) sur la communion au divorcés remariés, le n° 53 (112 contre 64) sur la communion spirituelle et le n° 55 (118 contre 62) sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles. Bref, il s’agit encore et toujours de ces questions « sensibles » qui cristallisent les passions comme l'intérêt des médias, et auxquelles l’Eglise ne peut apporter une réponse simple et encore moins rapide. En tout cas, la semaine qui a séparé la relatio post disceptationem de cette relatio synodi, et les 470 « modis » (amendements) apportés par les groupes de travail, n’y ont manifestement pas suffi.

L’important, c’est que la réflexion se poursuive
Pourquoi le Pape a-t-il alors décidé de publier ce texte qui ne fait pas (tout-à-fait) l’unanimité parmi les Pères synodaux ? Parce que, comme l’Eglise l’a répété à de nombreuses reprises (mais cela semble échapper à une bonne partie de la presse, et par là même à l’opinion publique, hélas) les textes qui jalonnent  ce parcours synodal, qui dure plusieurs années, ne sont que des outils au service de la réflexion. L’important, c’est que celle-ci se poursuive, et non que ces textes de travail soient parfaits. Et la réflexion va se poursuivre, à tous les niveaux de l’Eglise, jusqu’à la prochaine grande étape : le synode ordinaire de l’an prochain.

Le Pape fait confiance
Le Pape montre aussi qu’il n’a pas peur : pas peur du débat,  pas peur des divergences au sein de l’Eglise (parce que si tout le monde est d’accord d’emblée, ce n’est même pas le peine de se réunir), pas peur de la transparence (jusqu’à donner le détail du vote), pas peur des médias et de l’opinion publique, souvent prêts pourtant, par ignorance comme par a prioris, à transformer voire caricaturer la pensée de l’Eglise. On l’a vu à l’occasion de la publication de la Relatio post disceptationem, texte sans doute incomplet et imprécis, mais auquel on a fait dire ce qu’il ne disait pas. Pourquoi le Pape n’a-t-il pas peur ? Parce que le successeur de Pierre fait confiance : à ses collaborateurs et à l’Esprit Saint. C’est avec son aide de que l’Eglise avance, depuis 2000 ans.