Jacinthe, 100 ans déjà!

Par Bernard Balayn de l’Apostolat Mondial de Fatima





Un enracinement chrétien et familial marqué

Des 3 voyants de N.-D. du Rosaire à Fatima, en 1917, la plus célèbre et la plus populaire est incontestablement Jacinta Marto. Née au hameau d’Aljustrel le 11 mars 1910, elle est la benjamine d’une nombreuse famille et du trio qui a vu Marie, avec son frère Francisco et leur cousine Lucia. Baptisée presque aussitôt, elle grandit dans une famille très chrétienne et s’intéresse vite aux choses de la foi, à la faveur du catéchisme de Maria-Rosa, maman de Lucie, et de la compagnie édifiante de celle-ci. En effet, Lucie exerce sur elle et ses amies un ascendant extraordinaire, en attirant les sympathies, en animant les jeux ou racontant des histoires. Aussi, avec François, la plus grande joie de Jacinthe est d’obtenir d’aller garder les brebis avec elle.

Un tempérament débordant

On connaît bien Jacinthe grâce aux Mémoires futurs de Sœur Lucie.
Elle la dépeint avec vérité, durant cette dense période (1915-20), avec ses qualités dominantes, et ses menus défauts. Le chemin à parcourir pour les dominer sera celui de la sainteté. Ce qui, humainement, la caractérise le plus est la vivacité et la sensibilité: expansive, enjouée, décidée, apte aux chansons, aux jeux et aux danses enfantines. Moralement, elle est d’une pureté rare, lucide, avec un cœur débordant d’amour, docile à ses parents. Attirée par le surnaturel, elle aspire très tôt à connaître et recevoir Jésus et s’intéresse au Mystère, qu’elle voudrait pénétrer. Le ciel va lui répondre et la combler… Mais, bien qu’impulsive, entière, possessive, boudeuse, l’influence bénéfique de Lucie finit par lui redonner sa transparence merveilleuse: alors, elle jubile et se fond dans la nature ensoleillée.

Entre terre et ciel

Au vu de l’Ange de lumière, puis de Marie auréolée de soleil, Jacinthe est comme en extase. Elle n’aura de cesse de la revoir au ciel. Elle est prête à tout pour lui faire plaisir. Chacun des 3 ayant leurs charismes, Jacinthe se distingue par son amour du Seigneur: «Jésus caché» (dans l’hostie), sa volonté d’épargner l’enfer aux âmes, de leur inculquer l’horreur du péché, son affection et sa pitié insatiables pour le chef de l’Eglise qu’elle a vu si souffrant (le futur Jean Paul II), sa tendresse pour Marie qui s’est montrée avec son Cœur encerclé d’épines, symbole du mal fait par les hommes. Elle a reçu le charisme de faire connaître la première l’amour de son Cœur immaculé maternel, capable de sauver l’Eglise et le monde si l’on se consacre à lui et si l’on adopte pour ce faire la dévotion que la Vierge enseignera à Lucie.
En attendant, avec une candeur et une disponibilité incroyables, elle s’abîme en sacrifices dignes du Curé d’Ars en rançon des péchés et réparation envers Dieu «si offensé», prie beaucoup, ardemment, les prières d’adoration de l’Ange, à l’église ou dans la campagne, récite inlassablement le chapelet, exerce une charité éprouvante face aux demandes des pèlerins qu’ils écoutent et pour qui ils prient.

Le ciel

Comme Marie le lui avait annoncé, elle sent son départ imminent. Victime elle aussi, après son frère, d’une grippe foudroyante, compliquée de pleurésie, elle est opérée sans succès à Lisbonne, reçoit plusieurs fois la visite de Marie, accepte un surcroît de souffrances «pour sauver plus d’âmes», fait ses dernières recommandations: bien aimer le Cœur immaculé de la Vierge et faire ce qu’elle demande, «beaucoup consoler le Saint-Père», et s’éteint au soir du 20 février 1920.

Béatifiée et remerciée par Jean Paul II le 13 mai 2000, à Fatima même, le peuple chrétien attend sa prochaine canonisation. Prions dans cette intention et implorons-la avec confiance dans nos épreuves, et surtout pour les jeunes dont elle est un modèle, afin qu’ils trouvent leur bonheur en Dieu.