Vaccin anti-Covid ?
La liberté individuelle
ne s'arrête-t-elle pas là
où commence l'intérêt collectif ?
« Depuis hier soir, on lit un peu partout, sous les doigts de gens très
soucieux des libertés individuelles et convaincus de vivre désormais
en dictature, que c’est la première fois qu’un vaccin est imposé
à qui que ce soit en France.
Rappelons que les maladies infantiles, qui tuaient les enfants par milliers
après-guerre et en laissaient de milliers d'autres estropiés, ont été
éradiquées grâce à la vaccination obligatoire – même si ces maladies refont
surface, par le fait d'illuminés qui pensent qu’une bonne décoction de
prêle, des exercices de respiration ou une médaille de Ste Rita est
aussi efficace contre la variole qu’un vaccin. Pour inscrire un enfant
à l'école, au club de sport ou en colonie de vacances, il faut depuis
des décennies présenter un carnet de vaccination à jour.
Rappelons aussi aux gens qui comparent le sort des soignants obligés
de se vacciner contre le Covid à celui des juifs en France en 1942,
que les soignants sont depuis longtemps tenus de bénéficier d’un
certain nombre de vaccins (DTP, hépatite B, tuberculose), et d’autres
parfois selon leurs fonctions, pour assurer leur propre sécurité
et celle de leurs patients.
Un personnel soignant qui refuse de se faire vacciner contre le Covid
au nom de sa liberté individuelle tient un discours aussi inacceptable
qu’un chauffeur de bus scolaire qui voudrait carburer au Ricard dès le
petit déjeuner, un dentiste qui refuserait de se laver les mains entre
deux patients ou un prof qui contesterait les règles de l’accord du participé
passé, au nom de sa liberté individuelle.
Dans les démocraties contemporaines, la liberté individuelle s’arrête là où
commence celle des autres, mais également là où commence l’intérêt
collectif. Donc, non, et c’est peut-être regrettable, on n’a pas le droit de
tirer sur ses voisins, même s’ils sont bruyants ; ni de rouler à 200 sur
l’autoroute, même si on pense très bien conduire ; ni de piquer le sandwich
de son collègue de bureau, même si on a très faim.
Et cette restriction de la liberté individuelle s’applique aussi à des
activités de la sphère privée, puisqu’on n’a pas le droit non plus de
consommer de la cocaïne, bien au chaud chez soi sans embêter personne,
ou de taper ses enfants mineurs, même dans l’intimité du domicile
et à des fins éducatives.
C’est ainsi que les sociétés fonctionnent. Il n’y a donc rien d’extraordinaire
à prendre des décisions un tant soit peu contraignantes pour essayer
de venir à bout d’une pandémie qui a déjà fait 4 millions de morts et mis
l'économie mondiale à genou, et dont on ne se débarrassera qu'avec
une couverture vaccinale de 90%. »
Olivier Costa