Université Laval : importante recherche sur la rouille du soja

2011-04-17 Le Soleil
Université Laval : importante recherche sur la rouille du soja

C'est présentement la maladie végétale la plus dommageable de la planète sur le plan économique. Elle n'a pas encore atteint les champs canadiens, mais les producteurs la craignent comme la peste, sachant qu'il est fort possible qu'elle y parvienne un jour. Pour l'instant, elle est l'invitée privilégiée de chercheurs de l'Université Laval, dans une serre aussi protégée qu'une prison à sécurité maximale.

La rouille du soja, une maladie causée par un champignon, est originaire de l'Asie. Comme c'est souvent le cas, elle a pris la clé des champs il y a quelques années à la faveur d'échanges internationaux, pour aboutir au Brésil, deuxième producteur au monde de cette céréale. En 2003 seulement, elle a occasionné dans ce seul pays des pertes de 2 milliards $US.

En 2004, prise d'une nouvelle frénésie de voyage, la rouille a cette fois emprunté l'ouragan Yvan, qui l'a déposée dans le sud des États-Unis. Incidemment, il s'agit du premier producteur de soja dans le monde...

Bien qu'elle se soit développée dans un climat tropical et subtropical, la maladie pourrait s'adapter à des températures plus fraîches et profiter de nouveaux courants d'air pour s'établir plus au nord, croit Richard Bélanger, professeur au département de phytologie de la faculté des sciences de l'agriculture à l'Université Laval.

La serre de confinement de l'université est pour l'instant la seule habilitée au Canada pour recevoir un invité aussi encombrant afin de faire des recherches sur les façons de le combattre.

De l'autre côté du mur vitré, où l'on ne peut pénétrer que recouvert des pieds à la tête d'un vêtement de protection qui sera par la suite jeté, le professeur désigne les plants en apparence inoffensifs avec leur beau feuillage vert. Il parle des recherches génétiques et culturales qu'il mène. Il éprouve une fierté certaine à ce que son université devienne un centre d'expertise pour ce problème, avant même qu'il ne fasse son entrée au pays.

Ça n'a pas été une mince affaire que d'amener le champignon jusqu'à la serre du boulevard Hochelaga, raconte-t-il. En fait, devant les difficultés bureaucratiques, il est allé le recueillir lui-même dans les champs infestés, avec tous les permis nécessaires, bien sûr. La «bête» a été soigneusement confinée dans un coffre-fort pour le voyage.

Sa vie au Canada achève toutefois. Au 31 mars, réglementation oblige, tous les plants ont été détruits. La recherche n'est en effet autorisée que durant l'hiver, période où le froid entraînerait la destruction des spores en cas d'une évasion accidentelle.http://www.radiovm.com/Nouvelles/Details.aspx?n=26272