la retraite de Pentecôte 2012 avec la lettre de saint Paul aux Romains «Vivre en fils selon l’Esprit», va bientôt commencer

Prier dans l’Esprit


Écouter • Romains 8,22-27


Nous le savons, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps. Car notre salut est objet d’espérance ; et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer : ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance. Pareillement l’Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables, et Celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l’Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu.

Méditer


Réintégrés dans notre condition de fils, il nous reste à renouer le dialogue avec Dieu, brisé depuis la première désobéissance dans le jardin, lorsqu’Adam s’était caché à l’appel de Dieu : «Où es-tu ?» (Genèse 3,9). Il nous reste à apprendre à parler le langage de Dieu. Pour l’heure, nous balbutions comme des enfants, nous hésitons comme des débutants, et notre prière, le plus souvent, nous semble bien pauvre et maladroite. Et si sa pauvreté précisément faisait notre richesse ? Non seulement la difficulté de notre prière nous fait mesurer l’abîme qui sépare la créature de son Créateur, mais elle nous unit – douloureusement certes, mais réellement – à ce que Paul appelle le «gémissement». Au gémissement de l’homme aspirant de tout son être à vivre enfin de la vie pleinement ressuscitée que lui a ouverte le Christ, se joint le gémissement de la création, solidaire de l’homme et de son action, pour le bien comme pour le mal, dans la destruction comme dans l’accomplissement. Mais, plus surprenant, plus bouleversant, s’y ajoute encore le gémissement de l’Esprit qui joue pleinement là son rôle de Paraclet, de Défenseur. Car c’est lui qui vient en nous prier pour nous : à notre place tout autant qu’en notre faveur. C’est lui qui est prière en nous, en sorte qu’il ne s’agit plus pour prier de se répandre en beaucoup de mots, mais au contraire d’apprendre à descendre en son cœur profond pour y écouter Celui qui l’habite et déjà y parle la langue de Dieu.

Prier


Esprit de Dieu, Esprit de louange et d’adoration, tu vis en nous, cœur battant de notre cœur, et tu nous souffles les mots de gratitude et d’émerveillement, les mots de confiance et de tendresse que nous osons murmurer à notre Père. Fais de notre vie, habitée par ta prière, un chant d’action de grâce pour la création dont nous sommes et qui nous a été confiée. Donne-nous un cœur de compassion et d’intercession qui embrasse de sa prière le monde assoiffé de toi. Viens, Esprit de Dieu !

Pour aller plus loin...


En parcourant l’Écriture


Joël 2,27-29
Vous saurez que je suis au milieu d’Israël, moi, que je suis Le Seigneur, votre Dieu, et sans égal ! Mon peuple ne connaîtra plus la honte, jamais ! Après cela je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens, des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit.

Luc 10,21-22
À cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : «Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne sait qui est le Fils si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.»

À l’écoute


L’Esprit, souffle vital de la prière
La manière la plus simple et la plus commune dont l’Esprit Saint, le souffle de la vie divine, s’exprime et entre dans l’expérience, c’est la prière. Il est beau et salutaire de penser que, partout où l’on prie dans le monde, l’Esprit Saint, souffle vital de la prière, est présent. Il est beau et salutaire de reconnaître que, si la prière est répandue dans tout l’univers, hier, aujourd’hui et demain, la présence et l’action de l’Esprit Saint sont tout autant répandues, car l’Esprit «inspire» la prière au cœur de l’homme, dans la diversité illimitée des situations et des conditions favorables ou contraires à la vie spirituelle et religieuse. Maintes fois, sous l’action de l’Esprit Saint, la prière monte du cœur de l’homme malgré les interdictions et les persécutions, et même malgré les proclamations officielles affirmant le caractère areligieux ou franchement athée de la vie publique. La prière demeure toujours la voix de tous ceux qui apparemment n’ont pas de voix, et dans cette voix résonne toujours la «violente clameur» attribuée au Christ (Hébreux 5,7). La prière est aussi la révélation de cet abîme qu’est le cœur de l’homme, une profondeur qui vient de Dieu et que Dieu seul peut combler, précisément par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est le Don qui vient dans le cœur de l’homme en même temps que la prière. Dans la prière, il se manifeste avant tout et par-dessus tout comme le Don qui «vient au secours de notre faiblesse». Non seulement l’Esprit Saint nous amène à prier, mais il nous guide «de l’intérieur» dans la prière, compensant notre insuffisance, remédiant à notre incapacité de prier ; il est présent dans notre prière et il lui donne une dimension divine. La prière, grâce à l’Esprit Saint, devient l’expression toujours plus mûre de l’homme nouveau qui, par elle, participe à la vie divine.



Le mot pour comprendre


Intercession
Intercéder revient à intervenir comme un lien entre deux parties, pour porter ou favoriser la demande adressée par l’une à l’autre. Ainsi en est-il des porteurs qui amènent le paralytique aux pieds de Jésus. Tout croyant peut ainsi, dans sa prière, intercéder pour une personne : non point tant en relayant sa demande précise – car Dieu seul sait ce qui est vraiment le meilleur pour elle – qu’en la présentant simplement à Dieu et en implorant sa miséricorde. Mais, selon Paul, cette prière d’intercession existe au sein même de la Trinité puisque l’Esprit prend en quelque sorte notre défense devant Dieu. Non pour excuser la maladresse de notre prière, mais comme s’il expliquait qu’elle vient de ce que nous mesurons la réalité de notre état de créature face à la grandeur de Dieu, tel le publicain se tenant au fond du Temple. L’Esprit fait plus encore : en s’unissant à notre esprit, il vient lui-même être prière en nous.

À Sainte-Praxède



Nous allons maintenant reprendre les petites rues pour nous rendre à Sainte-Praxède : dès le début, cette église se cara­ctérisa par une forme d’intégration particulière au sein du tissu urbain. Cela empêche d’ailleurs d’en apercevoir la façade depuis les rues alentour. La découverte de deux insulae le long du clivus Suburaus, confirme l’importance de ce lieu aussi bien à l’époque républicaine qu’à l’époque impériale et plus encore par la suite avec la construction de Sainte-Marie-Majeure. Un épitaphe de 491 montre qu’une petite église existait déjà sur l’antique demeure de Pudens, père de Praxède et de Pudentienne. C’est le pape Pascal Ier (817-824) qui reconstruit l’église actuelle sur l’ancienne, trop délabrée. La forme générale est empruntée aux basiliques paléochrétiennes et prend comme modèle de référence l’antique Saint-Pierre. Son abside, orientée vers l’ouest comme à Saint-Pierre, accueille à plein la lumière du Christ Soleil levant. Dans la nef droite a été édifiée la chapelle Saint-Zénon, très basse de plafond, qui nous permet de contempler les mosaïques du IXe siècle de très près. Alors que nous découvrons un volet important du patrimoine spirituel commun à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident, notons que le monastère, construit au IXe siècle en même temps que l’église, fut confié à des moines grecs. La présence monastique s’y poursuit puisque, actuellement, c’est une communauté de moines bénédictins qui y prie.

Des pierres qui parlent


Un mètre carré de mosaïque peut compter en moyenne environ 10.000 tesselles placées à la main, une à une. Et chacune l’est en fonction de divers critères dont un essentiel : la source de la lumière. Car les petites pierres des mosaïques anciennes sont enfoncées de façon à former une surface non pas plane mais marquée d’aspérités sur lesquelles vient ricocher la lumière. Les pierres recouvertes d’une feuille de métal d’or ont ici un rôle essentiel : ce sont elles qui captent la lumière de la fenêtre la plus proche pour la réfléchir, comme autant de petits miroirs, vers le bas et vers les pierres plus éloignées. Dans la chapelle Saint-Zénon, les mosaïques situées à hauteur d’homme peuvent être contemplées de près. Chaque pierre contribue à la beauté de l’ensemble grâce à la lumière qu’elle reçoit directement ou par l’intermédiaire d’autres pierres miroirs. C’est un peu à l’image de tous ces visages si divers et variés de la grande mosaïque absidale, tous tendus d’un seul cœur vers la source de la Lumière. Combien sont-ils autour du Christ ? En plus des saintes Praxède, Pudentienne et de la Vierge Marie, nous voyons les 24 vieillards de l’Apocalypse divisés en deux groupes de 12 ; en dehors des murailles de Jérusalem est rassemblée la foule des élus qui veulent être admis dans la ville céleste : dans le groupe de gauche, nous trouvons des hommes et des femmes d’aspect et d’âge différents qui portent la couronne du martyre ; on reconnaît des évêques avec la chasuble et le pallium, des officiers avec la chlamyde jaune ou verte et des femmes richement vêtues. Le groupe de droite, un peu moins distinct, est précédé par les apôtres Pierre et Paul. Dans le registre inférieur du grand arc est représentée une multitude de personnages debout, c’est-à-dire vivants, chantant le cantique de l’Agneau, vêtus de blanc, participant déjà à la résurrection du Christ : peut-être les 2300 confesseurs de la foi et martyrs dont les corps ont été transportés par Pascal Ier dans cette basilique ? Prier un moment à Sainte-Praxède aide à réaliser combien nos vies chrétiennes participent de la grande communion de ces foules immenses de témoins ! Et, pour ceux qui n’auraient pas encore appris à prier ou à tourner leur visage vers la Lumière du Christ, Lui-même vient, comme grand intercesseur, tirer à lui Adam et Ève et offrir la puissance de son Esprit d’Amour.


http://retraites-avec-jerusalem.cef.fr/pentecote-2012