LA COMMUNION DES SAINTS
DEMANDE : Tous les membres qui composent l’Église ne participent-ils pas en commun à tous ses biens spirituels ?
RÉPONSE : Oui, tous les membres qui composent l’Église participent en commun à tous ses biens spirituels, et c’est ce qu’on appelle la Communion des saints.
Les fidèles qui composent l’Église ne forment tous ensemble qu’un même corps, dont Jésus-Christ est le chef. L’union étroite de tous les membres de ce corps établit entre eux une communauté de biens spirituels, c’est-à-dire qu’ils possèdent ces biens en commun, et que chacun a le droit d’en user et de les faire contribuer à son bien être et à son bonheur. C’est ce qu’on appelle la communion des saints.
D : Qu’est-ce que la Communion des saints ?
R : La Communion des saints est la participation mutuelle, entre tous les membres de l’Église, à ses biens spirituels.
Communion signifie
union commune, union de tous, en vertu de cette union intime qui règne entre eux, tous les membres de l’Église participent à ses biens spirituels : « comme on voit, dit un pieux auteur, les enfants d’une même maison et les membres d’une même société partager les biens qui leur sont communs ».
D : Quels sont ces biens spirituels ?
R : Ces biens spirituels, qui reçoivent leur valeur des mérites de Jésus-Christ, sont les sacrements, le saint sacrifice de la messe, les bonnes œuvres des fidèles, leurs prières et celles des saints qui sont dans le ciel.
Les biens spirituels qui sont communs entre tous les membres de l’Église sont :
1°) les sacrements : chacun a le droit d’y participer et d’aller y puiser la sainteté et la justice ;
2°) le saint sacrifice de la messe, qui chaque jour est offert pour tous et fait descendre sur chacun des grâces de vie et de salut ;
3°) les bonnes œuvres des fidèles ; fécondées, vivifiées par le sang de Jésus-Christ : elles profitent et à ceux qui les opèrent, et à tous ceux qui leur sont unis par les liens de la charité ;
4°) leurs prières : le moi est banni de la société des fidèles, et quiconque prie ne prie pas seulement pour lui, mais pour tous ; en s’adressant à Dieu, il ne dit pas : « Mon père », mais « Notre père » ;
5°) les prières des saints qui sont dans le ciel et qui ne cessent de s’intéresser en notre faveur auprès de celui qu’ils ont le bonheur de voir face à face. De tous ces biens spirituels il se forme un trésor immense, inépuisable, infini, qui appartient en commun à tous les fidèles. Ces biens spirituels reçoivent leur valeur des mérites de Jésus-Christ : c’est par le moyen des sacrements et du saint sacrifice de la messe que ce divin Sauveur transfère, communique, applique aux membres de son l’Église ce qu’il a mérité par sa Passion et sa mort. Les bonnes œuvres et les prières des fidèles ont la grâce pour principe ; c’est la grâce qui les inspire, et la grâce est le fruit des travaux et des souffrances de l’Homme-Dieu. Quant aux saints qui sont dans le ciel, s’ils sont heureux et peuvent, par leurs prières et leur crédit, nous aider à parvenir au bonheur dont ils jouissent, c’est que, pendant qu’ils étaient sur la terre, ils ont bien usé de la grâce ; et cette grâce, c’est Jésus-Christ qui la leur a méritée par l’effusion de son Sang. Ainsi tout remonte à Jésus-Christ, tout est fondé, appuyé, basé sur les mérites de ce divin Sauveur
D : La Communion des saints n’existe donc pas seulement entre les fidèles qui sont sur la terre ?
R : Non, elle existe encore entre l’Église triomphante et l’Église souffrante et l’Église militante.
On distingue dans l’Église, considérée en général et en tant qu’elle est la société de tous les fidèles qui ont Jésus-Christ pour chef, trois faces différentes, selon les divers états où se trouvent ses membres, à savoir : l’Église triomphante, l’Église souffrante, et l’Église militante. La Communion des saints existe entre ces trois Église, c’est-à-dire qu’il y a entre elles des rapports intimes, une communauté de biens, ainsi que nous allons l’expliquer.
D : Qu’est-ce que l’Église triomphante ?
R : L’Église triomphante est la société des saints qui règnent avec Jésus-Christ dans le ciel.
Triompher signifie recevoir des honneurs extraordinaires, pour récompense d’une victoire signalée qu’on a remportée. On donne à la société des saints qui règnent dans le ciel le nom d’Église triomphante, parce que, après avoir vaillamment combattu sur la terre et terrassé le démon, ils sont maintenant au comble des honneurs et de la gloire, par la participation à la vie même de Dieu.
D : Qu’est-ce que l’Église souffrantes ?
R : L’Église souffrante est la réunion des âmes justes qui souffrent dans le purgatoire.
Les âmes du purgatoire composent l’Église souffrante, c’est-à-dire l’Église qui souffre, gémit, et ne cesse de soupirer après l’heureux moment où elle sera réunie pour toujours à l’Église triomphante.
D : Qu’est-ce que l’Église militante ?
R : L’Église militante est la réunion des fidèles qui combattent, sur la terre, contre les ennemis du salut.
La réunion des fidèles sur la terre s’appelle Église militante ou combattante, parce qu’ils ont sans cesse à combattre les ennemis de leur salut, qui sont le démon, le monde et leurs passions.
D : Sont-elles trois Église ?
R : Non ; l’Église triomphante, l’Église souffrante et l’Église militante ne font qu’une seule Église, dont tous les membres, soumis au même chef, qui est Jésus-Christ, sont animés du même esprit et destinés du même bonheur.
Les chrétiens fidèles, en sortant de cette vie pour aller à Dieu, ne cessent pas d’appartenir à l’Église Catholique ; cette Église n’est pas seulement composée des saints sur la terre, mais encore des saints du ciel et des saints du purgatoire. Les uns et les autres ne forment tous ensemble qu’une seule et même société, un seul et même peuple, une seule et même Église ; et tous les membres de cette Église, soit qu’ils combattent encore sur la terre, soit qu’ils règnent avec Jésus-Christ dans le ciel, soit qu’ils souffrent dans le purgatoire, sont unis les uns aux autres par des rapports mutuels et des liens indissolubles ; ils obéissent tous au même chef, qui est Jésus-Christ ; ils sont tous animés de même esprit, qui est l’Esprit de Jésus-Christ, et sont destinés au même bonheur, qui est le bonheur de voir Dieu et de le posséder à jamais.
D : En quoi consiste la communion entre les fidèles qui sont sur la terre et les saints qui sont dans le ciel ?
R : Elle consiste principalement en ce que les fidèles prient les saints, dont les mérites leur sont appliqués, et que les saints prient pour les fidèles.
Les habitants du ciel s’intéressent vivement à tout ce qui nous touche ; ils prient pour nous, et par le crédit dont ils jouissent auprès de Jésus-Christ, ils sont amis, ils obtiennent de Lui pour nous les grâces dont nous avons besoin. Leurs mérites nous sont appliqués, c’est-à-dire que, toutes les bonnes œuvres qu’ils ont faites pendant leur vie étant réunies au trésor de l’Église, ce qu’ils ont mérité par ces bonnes œuvres nous est transféré, devient
nôtre, et nous pouvons nous en servir pour obtenir plus facilement la rémission de nos péchés et la grâce d’opérer notre salut. Voilà ce que font pour nous les saints du ciel. Nous, de notre côté, nous nous rappelons leurs vertus, nous nous les proposons pour modèles, nous nous efforçons de les imiter, nous les honorons comme les élus, les bénits de Dieu le Père, les cohéritiers de Jésus-Christ, les temples du Saint-Esprit. Enfin, nous les regardons comme des protecteurs puissants qu’on n’invoque jamais en vain, et des défenseurs zélés contre les assauts de toutes sortes d’ennemis.
D : En quoi consiste la communion qui existe entre les fidèles et les âmes du purgatoire ?
R : Elle consiste principalement en ce que nous offrons nos prières, nos bonnes œuvres, et surtout le saint sacrifice de la messe, pour les âmes du purgatoire.
Pendant que nous sommes secourus par les saints du ciel, nous aidons à notre tour et nous secourons les saints du purgatoire qui ne peuvent plus rien par eux-mêmes, qui sont désormais incapables d’acquérir aucun nouveau mérite, et nous offrons à Dieu pour ces saints de l’Église souffrante des prières, des aumônes, et surtout le saint sacrifice de la messe, avec une ferme foi qu’ils peuvent être aidés et soulagés par ces moyens.
D : En quoi consiste la communion des fidèles entre eux ?
R : En ce que les grâces que chaque fidèle reçoit, et les bonnes œuvres qu’il fait, profitent à tous les autres.
Chaque fidèle, dans l’Église militante, a part à toutes les prières qui s’y font, à toutes les vertus qui s’y pratiquent, à toutes les grâces qu’on y reçoit, à tous les mérites qu’on y acquiert, à tous les talents, à toutes les saintes qualités, à toutes les belles actions qui s’y font admirer, à toutes les victoires qui s’y remportent, à toutes les merveilles qui s’y opèrent. Tous ces biens y sont en commun, parce que, comme le dit saint Paul : « c’est le même Dieu qui opère tout en tous ».
D : Pourquoi les fidèles sont-ils appelés saints ?
R : Parce qu’ils ont reçu le baptême, et qu’ils sont appelés à la sainteté.
Quoiqu’il y ait, dans l’Église, un grand nombre de pécheurs, on donne néanmoins le nom de saints aux fidèles dont elle est composée, parce qu’ils ont tous été sanctifiés par le baptême, et qu’ils doivent, pour répondre aux desseins de Dieu, marcher dans la voie voie de la pureté, de la perfection, de la sainteté, afin de partager un jour la gloire et le bonheur des saints.
D : Qui sont ceux qui, sur la terre, n’ont aucune part à la communion des saints ?
R : Ce sont tous ceux qui sont hors de l’Église.
Pour qu’une branche reçoive la sève que la racine distribue à l’arbre, il faut qu’elle ne soit pas séparée du tronc : ainsi, pour participer au bienfait de la communion des saints, il ne faut pas être séparé de l’Église ; or les infidèles, les juifs, les hérétiques, les schismatiques et les excommuniés, sont séparés de l’Église : les uns, parce qu’ils ne lui ont jamais appartenu ; les autres, parce qu’ils se sont éloignés d’elle ; enfin les derniers, parce qu’elle les a retranchés de son sein : ils n’ont donc aucune part à la communion des saints.
D : Les pécheurs qui ne sont pas hors de l’Église ont donc droit à ses biens spirituels ?
R : Oui ; car les pécheurs peuvent recouvrer la vie de le grâce, en usant des moyens établis à cet effet par Jésus-Christ, dans son Église.
Les pécheurs que l’Église n’a point retranchés de son sein par l’excommunication ne sont point exclus de la communion des saints : ils sont, il est vrai, dans le corps de l’Église, des membres morts et corrompus ; mais, tout morts et corrompus qu’ils sont, ils tiennent néanmoins à ce corps. Ce sont des enfants ingrats et dénaturés de la plus tendre des mères ; mais l’Église, malgré leur ingratitude et leurs excès, conserve pour eux toute sa tendresse maternelle ; et si leurs péchés les privent de tous les dons spirituels qu’on ne peut posséder sans être juste, ils ont moins part à ces gémissements ineffables dont parle saint Paul, et qui sont continuellement poussés vers le ciel, non-seulement pour les justes, afin qu’ils persévèrent, mais aussi pour les pécheurs, afin qu’ils se convertissent et qu’ils vivent ; et il ne tient qu’à eux de recouvrer la vie de la grâce qu’ils ont perdue, en recourant aux moyens que Jésus-Christ a établis et confiés à son Église pour opérer la rémission des péchés.
TRAITS HISTORIQUES
Saint Fructueux, évêque dans le troisième siècle, ayant été condamné à être brûlé vif pour la foi, un chrétien lui prit la main, et lui dit : « Je vous supplie de vous souvenir de moi devant Dieu ». Le saint martyr lui répondit : « Je dois avoir dans l’esprit toute l’Église Catholique, étendue depuis l’Orient jusqu’à l’Occident ». Saint Polycarpe priait jour et nuit pour l’Église catholique, répandue sur toute la terre.
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