Si maintenant vous me demandez si les indulgences que nous gagnons pour les âmes du purgatoire leur procurent le même degré de grâce qu'à nous, qui, en gagnant une indulgence plénière, nous acquittons entièrement envers la justice divine, de sorte qu'après avoir gagné une indulgence dans toute son étendue nous sommes sûrs de ne pas même passer par les flammes
[8], voici la croyance de l'Église : que ces indulgences les soulagent grandement ; mais pour savoir jusqu'à quel point elles hâtent leur délivrance, Dieu seul le sait. Oui, M.F., si nous vivions bien chrétiennement, nous pourrions gagner plusieurs indulgences chaque dimanche et dans le courant de la semaine, en nous confessant tous les huit jours. Quand nous disons les trois actes, nous avons à notre disposition de gagner une indulgence plénière une fois chaque mois, à notre choix. Nous pouvons prendre pour cette intention le deuxième dimanche du mois ; le premier pour le Saint Rosaire, le troisième pour le Saint-Sacrement
[9] et le quatrième... – Nous gagnons des indulgences en disant
l'Angelus au son de la cloche. – Il y a aussi une indulgence le cinquième dimanche du mois pour tous ceux qui sont de la confrérie du saint Scapulaire, et encore un jour de la semaine si l'on fait ses dévotions. – En disant : « Saint, saint, saint, le grand Dieu des armées, le ciel et la terre sont remplis de sa gloire. Gloire soit au Père, etc. » ; il y aussi une indulgence plénière
[10]. En écoutant avec attention les instructions qui se font le jour de Noël, des Rois, de Pâques, de la Pentecôte, de Saint-Pierre et de saint Paul. – Pour ceux qui sont de la confrérie du Saint Scapulaire
[11] ; il y a indulgence pour le jour de saint Joseph, des saints Anges Gardiens, de saint Simon Stock et de sainte Thérèse.
Il y a une indulgence plénière pour ceux qui, le vendredi, méditent un moment sur la mort et passion de Jésus-Christ
[12] ; ainsi que tous les deuxièmes vendredis du mois, en méditant depuis midi jusqu'à trois heures, et cela à son choix, le jour que l'on voudra se confesser et communier. Il y a une indulgence plénière, en faisant avec respect la génuflexion ou la révérence devant le Saint-Sacrement, le jour de la fête patronale
[13]. Il y a une indulgence plénière quand on assiste à la procession qui se fait le premier dimanche du mois en l'honneur du Saint Rosaire ; et ceux qui ne peuvent pas y aller, en disant leur chapelet chez eux, le gagnent pareillement. Il y a une indulgence plénière à l'heure de la mort, en prononçant les noms de Jésus et de Marie, de bouche ou du fond du cœur, si l'on ne peut pas de bouche. Vous voyez, M.F., combien il est facile de gagner les indulgences plénières, et même plusieurs dans un jour.
Maintenant, voyons quelles sont les indulgences que nous appelons partielles, c'est-à-dire de 30 jours, de 100 jours, de 7 ans et de 7 quarantaines. Voilà ce que l'on peut vous dire : les indulgences correspondent aux pénitences que nous aurions été obligés de faire après nous être confessés, si l'on nous avait imposé une pénitence proportionnée à nos péchés. Les quarantaines sont les 40 jours du Carême, qui sont encore plus méritoires que les autres temps. Quand on nous dit qu'il y a la remise de la troisième partie de nos péchés, c'est la remise de la troisième partie des pénitences que nous aurions été obligés de faire et que méritaient nos péchés. Ces indulgences sont d'autant plus précieuses que nous pouvons les gagner à tout moment. Cependant il faut bien remarquer : les indulgences ne remettent pas les péchés ni mortels ni véniels, elles abrègent seulement la peine qui leur est due, après en avoir reçu le pardon ; un grand nombre ne font pas attention, par défaut de réflexion, à gagner les indulgences pour leurs péchés véniels.
Mais que faut-il faire, me direz-vous, pour en recevoir le pardon et en gagner les indulgences ? – Le voici : il faut faire quelques prières ou quelques bonnes actions auxquelles la rémission des péchés est attachée : comme en disant son
Confesse à Dieu, un acte contrition, un acte d'amour de Dieu sur les perfections infinies de Jésus-Christ ; prendre de l'eau bénite avec dévotion ; faire un jeûne, faire une aumône, dire le
Notre Père ; en mangeant du pain bénit. Ensuite, les indulgences, que nous gagnons achèvent de nous acquitter envers la justice de Dieu.
Voici les indulgences partielles que vous êtes plus à portée de gagner : il y a cent jours d'indulgences en disant : « Bénie soit la très sainte et très immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie
[14]. » On gagne sept ans et sept quarantaines d'indulgences toutes les fois que les dimanches et les fêtes on entend avec respect les instructions qui se font à la sainte Messe. -Il y a deux ans d'indulgences toutes les fois que l'on baise avec respect une croix bénite. – Il y a 25 jours en prononçant les noms de Jésus et de Marie. – II y a aussi des indulgences toutes les fois que l'on assiste à la sainte Messe les jours de la semaine. – II y a 300 jours d'indulgences en disant les litanies du Saint Nom de Jésus ; autant pour celles de la Sainte Vierge. Pour les chapelets Brigittains, il y a 100 jours à chaque grain : mais il faut le doigt sur le grain. On peut se le donner comme un héritage à la mort. Celui qui le reçoit doit dire les trois chapelets. Il gagne les mêmes indulgences que s'il avait été bénit pour lui
[15]. Ceux qui sont du Saint Rosaire gagnent aussi 100 jours chaque grain. Toutes les fois que nous disons trois
Pater et trois
Ave en l'honneur de la mort et passion de Jésus-Christ et des douleurs de la Très Sainte Vierge, il y a mille ans
[16]. Il y a 100 jours en disant le
Salve Regina. – Il y a 60 jours d'indulgences toutes les fois que nous disons le
Salut Marie. – Il y a sept ans et sept quarantaines, en accompagnant le Saint-Sacrement que l'on porte aux malades, avec un cierge à la main. – Il y a 100 jours d’indulgences toutes les fois que nous disons le
Veni Creator, – Il y a 900 jours d'indulgences toutes les fois que l'on dit le
Pange lingua[17]. Il y a 100 jours toutes les fois que l'on dit cette petite prière : « Ange de Dieu qui êtes mon gardien... » Si on la dit tous les jours, il y a une indulgence plénière chaque mois. – Il y a une indulgence plénière pour une âme du purgatoire, en disant cette prière devant un crucifix
[18] : « O bon et très doux Jésus... » « Les cendres effacent aussi nos péchés, en les recevant en esprit de pénitence. C'est pour cela que l'on dit le
Confiteor avant la sainte Communion, afin d'effacer tous les péchés véniels dont on peut être coupable. – Sous le nom de l'aumône, qui efface les péchés véniels, sont comprises toutes sortes de bonnes œuvres spirituelles ou corporelles.
La bénédiction du Saint-Sacrement, la bénédiction du prêtre à la sainte Messe, le signe de la croix. – Pour les trois actes, sept ans et sept quarantaines chaque fois ; et indulgence plénière une fois par mois, en les disant tous les jours. Les pères et mères, maîtres et maîtresses qui mènent les enfants entendre le catéchisme à l'église. – 100 jours d'indulgences, en disant : « Loué et béni soit à tout moment le Très Saint-Sacrement. » – Deux ans d'indulgences
[19], quand on se met à genoux lorsqu'on entend sonner l'élévation de la Messe, et qu'on fait quelques petites prières. -20 jours toutes les fois que l'on incline la tête en prononçant le Saint Nom de Jésus.
Si vous me demandez quelle différence il y a entre les indulgences et l'absolution, je vous dirai qu'il n'y en a point. Comme nous savons que l'absolution nous exempte de l'enfer, de même les indulgences nous exemptent du purgatoire si nous les gagnons dans leur entier
[20].
FIN
[1] Nous terminons l’ouvrage par ce sermon incomplet. Le lecteur pourra comparer ce sermon avec les sermons
Sur la Satisfaction, t. Ier, et
Sur les Indulgences, ibid.
[2] Il y a cette différence entre les pécheurs et les âmes du purgatoire que les premiers sont les ennemis de Dieu, tandis que les secondes sont dans l'état de grâce : on conçoit donc que les pécheurs ne puissent mériter ni pour eux-mêmes, ni pour les autres ; mais on comprend bien, au contraire, que ces saintes âmes, bien qu'elles expient pour leurs propres fautes, sans nouveaux mérites pour le ciel, puissent obtenir des grâces pour les autres fidèles.
[3] Suivant le nombre de confréries dont vous êtes membre.
[4] Voir le
Traité des Indulgences de M. l’Abbé Collomb.
[5] C’est-à-dire changer de place.
[6] M. Collomb dit que l’interruption ne doit pas être notable.
[7] Pour plus de détails, voir M. Collomb.
[8] Nous ne pouvons être assurés que par une révélation particulière, d’avoir
pleinement gagné une indulgence plénière.
[9] Pour les confrères du Saint-Sacrement.
[10] Une fois le mois.
[11] Il s’agit ici du Scapulaire du Mont-Carmel.
[12] Il y a 200 jours chaque fois, et indulgence plénière une fois le mois.
[13] Nous ne savons pas qu’une telle indulgence ait jamais été concédée.
[14] « Léon XIII a quelque peu changé la formule de cette invocation, et y a attaché une indulgence de 300 jours. Elle n’était auparavant que de 100 jours. » M. Collomb.
[15] Cela est contraire à la doctrine généralement reçue sur la transmission des objets indulgenciés.
[16] Nous ne savons point si cette indulgence est authentique.
[17] On gagne 300 jours, si l’on y ajoute le verset et l’oraison du Saint-Sacrement. M. Collomb.
[18] Après la communion.
[19] Un an chaque fois, et deux ans si l’on entre dans l’église. M. Collomb.
[20] Il y a cette différence entre les indulgences et l'absolution, qu’elle remet la
coulpe des péchés commis, au lieu que « les indulgences ne remettent pas les péchés ni mortels ni véniels ; elles abrègent seulement la peine qui leur est due, après en avoir reçu le pardon ; » comme le Saint l'a dit lui-même plus haut.
Nous avons fait sur ce sermon un certain nombre d'observations et même des rectifications : nous ne prétendons pas néanmoins, présenter au lecteur comme absolument exactes toutes les autres indulgences mentionnées par le Saint. Tout le monde sait, en effet que les derniers Souverains Pontifes ont supprimé ou augmenté plusieurs indulgences anciennes.