Ce 4ème dimanche est une invitation à la joie. Pour me permettre de faire étape sur la route vers Pâques, l’Église me propose d’anticiper l’arrivée de cette marche et d’habiller mon cœur des sentiments qui seront les miens lors de la communion à la victoire pascale de Jésus. Voilà qui explique le retour fugace de la musique qui accompagnera la cantilène du Lætare. « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez vous qui l’aimez !… » L’Église, dont je suis et le membre et le sanctuaire, m’invite donc à me réjouir avec elle, elle qui est en même temps l’objet de mon amour. L’Église m’incite surtout à me réjouir de la paix promise par le Seigneur miséricordieux pour son peuple donc pour moi-même que je dois aimer d’un amour pur. La joie de ce dimanche sera à la mesure de l’amour vrai que je me porte et donc de l’intérêt que je porte au pardon et à la vie qui sont offerts à l’endeuillé que je suis. D’où deux questions : est-ce que je m’aime avec la même attention que le Père me porte ? Puis : ai-je foi en ce que Dieu m’offre : pardon et vie ?1. Si nous nous aimions vraiment, que ne ferions-nous pas ! Au moins pour sauvegarder notre
avenir d’éternité… Quel enjeu Dieu laisse-t-Il entre mes mains ! C’est l’enjeu de la foi, comme le rappelle l’évangile. Si tu veux, tu peux croire en mon Fils, alors tu recevras la Vie. Cette promesse, le Père la répète pas moins de trois fois en quelques lignes :
Si tu crois tu obtiendras la Vie éternelle ! Faut-il donc que je m’aime peu pour ne pas répondre immédiatement à cet appel en disant : Seigneur je crois, mais augmente ma foi afin d’entrer dans la vraie vie qui est Ta Vie !
Est-ce donc que je m’aime si peu pour être ainsi désintéressé de mon avenir éternel ? N’est-ce pas plutôt que je m’aime mal, désirant pour moi des réalités passagères et sans valeur ? Comme le dira Jésus : ne suis-je pas plutôt en attente de la gloire des hommes, de leur
satisfecit, oubliant que ce que je recevrais de cette gloire terrestre diminuera d’autant celle du Ciel ?
2. « Augmente la foi du peuple chrétien afin qu’il se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales… » C’est pour stimuler ce réflexe qui m’est si peu naturel que l’Église me propose cette Collecte. Car si je vais naturellement fulminer contre le peu de foi de mes proches, de mes enfants peut-être ou de mes compagnons de travail, de mes compatriotes certainement, des gouvernants surtout et même de la planète entière, il n’est pas sûr que je me pose en vérité
la question de ma foi face au mystère pascal. Il m’est plus facile de projeter sur les autres le message de la 1ère lecture : le monde va mal, que de me l’appliquer à moi-même : je vais mal,
je vais Mal . Voilà la seule chose importante sur laquelle je puisse agir. Comme disait CHESTERTON répondant à la question d’un journaliste : « Qu’est-ce qui va mal aujourd’hui dans le monde ? Moi. »
3. Qu’est-ce qui va Mal en moi ? L’aveuglement sur mon état justement ! Comme l’avait écrit FROSSARD, la meilleure tactique du Diable est de faire croire à son inexistence. Appliqué à mon âme, je ne vois plus ou n’accepte plus ma pauvreté intrinsèque.
Je perds le sens du péché. Je me juge autosuffisant, bardé de diplômes qui me donnent la puissance, rempli de richesses et de certitudes. Si ce n’est pas le cas, je cours, poussé plus souvent par les trois tentations, vers le pouvoir, l’avoir et le savoir, qu’
après Dieu qui m’encombre, il est vrai, par sa
prétention qu’Il a de vouloir à tout prix me sauver ! Saint Paul ne manque pas, dans la 2ème lecture, de me rappeler ma dépendance de Dieu, même pour aller vers Lui et grappiller un peu de ciel… Il est « si riche en miséricorde » que j’ai presque le désir de la fuir pour montrer mon indépendance, à l’instar du fils prodigue.
4. Regarder en face le mal qui me ronge en me mettant dans la lumière du pardon offert, c’est cela avoir la foi. Les Hébreux au désert furent invités à regarder le serpent de bronze, figure des brûlants qui les mordaient. Jésus m’offre à regarder deux réalités qu’Il lia à jamais dans le mystère pascal : le Mal qui blesse mortellement l’homme ancien, et l’Homme Nouveau qui, élevé, prend la place du vieil Adam pour l’ôter à la mort et le rendre à la vie.
Avoir la foi, c’est croire que je suis un pécheur, mais un pécheur déjà sauvé. Avoir la foi, c’est croire que je suis un mort en instance de résurrection. Avoir la foi, c’est marcher dans cette vérité du pardon et de la vie offerts et présenter ainsi ses œuvres à Dieu qui les reconnaîtra comme Siennes ! A l’exemple de JESUS qui pouvait dire qu’en Lui le Père œuvrait…
Avoir la foi, c’est vivre ma vie devant Dieu seul à tel point que cela soit Lui qui l’oriente, la guide et la couronne par Amour.http://www.montligeon.org/LA-JOIE-DE-LA-FOI.html