Si Dieu n'avait pas créé Poutine, il faudrait l'inventer ! Ce responsable politique m'a toujours fait craindre le pire. J'espère que les Soviétiques réussiront à l'écarter du pouvoir mais j'en doute ! L-A En Russie, la mortalité précoce pèse sur la population
Avec une mortalité exceptionnellement élevée conjuguée à une faible natalité, la population russe diminue.
L’immigration ne suffit pas à pallier cette chute.
Un bébé en poussette dans les rues de Moscou, cela se remarque, la scène n’est pas si habituelle. Vladimir Poutine a consacré l’un de ses longs articles hebdomadaire de la campagne présidentielle à cette question récurrente bien connue mais peu débattue : la diminution de la population russe. Faute d’enrayer ce déclin en cours depuis les années 1990, le nombre de Russes, actuellement de 143 millions, pourrait chuter à 107 millions d’ici à 2050. Le favori de la présidentielle du 4 mars ambitionne au contraire d’atteindre, à ce même horizon, une population de 154 millions d’habitants.
« Ce n’est pas réaliste, réagit le démographe Anatoli Grigorevitch Vichnevski.
Même si l’indice de fécondité, qui se situe entre 1,5 et 1,6 enfant par femme, est meilleur qu’avant, les femmes en âge de procréer sont trop peu nombreuses pour que le nombre de naissances dans l’absolu suffise. » Alcoolisme et accidents de la routeBien sûr, augmenter le nombre de crèches et les places en école maternelle – qui manquaient déjà en Union soviétique – ne pourra qu’encourager la fécondité, mais tant d’autres facteurs jouent.
« Un ménage de trois enfants ne sera pas la famille type. La qualité des écoles aussi importe, tout comme celle des infrastructures de santé publique, les problèmes de logement et plus généralement le climat économique et social, et encore, les effets de tout cela sur la natalité sont toujours aléatoires », poursuit le démographe, signalant que la faiblesse de la natalité russe ne se distingue guère de celles d’autres pays pourtant mieux lotis comme l’Allemagne ou le Japon.
« Ce qui est exceptionnel en Russie et à quoi il faut s’attaquer, c’est le taux de mortalité si élevé »,estime-t-il.
Si l’espérance de vie a tout juste franchi en moyenne le seuil des 70 ans, elle reste très éloignée des standards européens (82 ans en France). En particulier pour les hommes, où elle se limite à 62 ans (contre 74 ans pour les femmes). Malgré de légères améliorations selon les années, cette mortalité masculine précoce demeure. Avec pour causes, l’alcoolisme qui reste un fléau mais aussi les accidents de la route, les maladies cardiovasculaires, la sévérité du climat, la violence dans les rapports sociaux et les suicides.
Un taux de suicide très élevéBien qu’en nette baisse aujourd’hui par rapport à 1995, le taux de suicide en Russie (23,5 pour 100 000 habitants) reste au-dessus du niveau défini comme critique par l’Organisation mondiale de la santé. Le délégué du Kremlin pour les droits de l’enfant, Pavel Astakhov, a alerté ce mois-ci que la Russie avait le premier taux de suicide d’adolescents (15-19 ans) en Europe. Un phénomène préoccupant qui, pour Anatoli Vichnevski, exige ici aussi à s’attaquer en amont au
« climat social »régnant dans le pays.
Dans l’immédiat, Vladimir Poutine propose de pallier le déclin démographique en recourant à l’immigration. Il souhaiterait accueillir pas moins de 300 000 personnes par an dans le pays, en attirant
« les compatriotes établis hors du pays »et
« des étrangers qualifiés ». Pour Anatoli Vichnevski, cette notion de
« compatriotes »reste floue et rien n’indique que les Russes expatriés veuillent rentrer au pays.
Pour le reste, bien que la Constitution définisse les Russes comme
« un peuple multinational »,l’opinion publique est rétive à accueillir trop d’étrangers. En témoigne, le sort réservé aux travailleurs migrants le plus souvent Ouzbeks, Tadjiks ou Kirghiz, mal logés et mal payés qui, sur les chantiers et les cours d’immeuble de la capitale, comme ailleurs, accomplissent les tâches dénigrées par les Russes.
SÉBASTIEN MAILLARD, à Moscou http://www.la-croix.com/Actualite/