Marie, mère de Dieu pour tout recevoir,
mère des hommes pour tout accorder.
Abbaye Notre Dame d’Orval.
Homélie prononcée par le Père Alain Naomi , Moine d' Orval le Dimanche 6 Février 2011 à l'Abbaye " La Joie Notre Dame de Campénéac "
****
Frères et sœurs,
Notre participation à la vie même de Dieu dans le Christ s’inscrit dans l’histoire sainte d’un peuple au sein duquel Dieu s’est personnellement engagé à un certain moment du temps pour permettre à ce peuple, désormais universel, d’entrer un jour, en possession de la vie éternelle.
Or, au nœud de cette intervention divine se dresse la douce figure de la Vierge Marie : Dieu se l’est choisie, de toute éternité pour mère, l’associant ainsi à l’œuvre rédemptrice qu’il venait accomplir ici-bas.
Ce mystère de la maternité divine, s’il dépasse les possibilités de notre intelligence discursive et se situe hors de nos prises, nous atteint pourtant chacun en particulier dans cette perle précieuse reçue au baptême : Elle contient en germe notre bienheureuse éternité.
Ce mystère est beaucoup plus qu’une ‘vérité de foi’, un évènement sublime du passé, ce mystère est une Réalité divine, toujours vivante et actuelle puisque le Christ ressuscité, né de la Vierge Marie, contient en Lui tout son passé devenu un Éternel présent.
A nous d’être maintenant en désir de recevoir la lumière et la grâce de Celui qui, toujours en état de don, ne la refuse à quiconque la demande de tout son cœur.
Grandeur d’une maternité humaine.
Si le Verbe, éternellement engendré du Père, s’est fait l’un de nous en suivant toutes les phases du devenir humain, nous devons d’abord considérer la grandeur de toute maternité pleinement humaine dans l’ordre naturel de la création, pour ensuite contempler avec un regard aimant, le mystère de la maternité divine.
L’être humain, issu de deux cellules complémentaires apportées respectivement par les parents, ne peut sortir de ses causes que par une intervention de Dieu qui crée l’âme humaine rendant désormais l’être existant avec sa destinée personnelle et éternelle.
La maman est désormais mère non seulement du corps de son enfant qu’elle porte mais de l’enfant lui-même, de la personne humaine totale puisque la maman engendre un être identique à sa propre nature.
Mais cette maternité ne sera pleinement humaine que si elle est poursuivie librement, en toute conscience de la portée de l’acte posé. L’ordre matériel est ordonné au spirituel et non l’inverse. Dans cet acte, la femme s’engage totalement, corps et âme. Cette coopération à l’œuvre créatrice de Dieu est, elle aussi, une œuvre d’amour. Et pour que la femme accomplisse sa splendide mission dans la société, Dieu l’a comblée de don si merveilleux tant au niveau des sentiments qu’au niveau psychologique qu’on a pu dire, à juste titre, que l’amour maternel est le plus beau reflet de l’amour divin, chef d’œuvre de la création. La maman est harmonieusement proportionnée à l’amour que réclame son enfant.
-2-
Grandeur insondable de la maternité divine de Marie.
« Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi et faire ainsi de nous des enfants adoptifs.(Gal. 4,4)
Notre conception de l’homme si élevé soit-elle craque de toutes parts dans le fait prodigieux de l’Incarnation.
‘ Et Verbum caro factum est’, ‘Et le Verbe s’est fait chair…oui de sa plénitude nous avons tous reçu.’( Jn 1,14,16)
Dieu s’est fait homme en Marie !
A la demande de l’ange lui demandant si elle acceptait de devenir la mère du Messie tant attendu, Marie, au nom de l’humanité consentit, avec une plénitude de liberté qu’aucun péché n’avait amoindrie : « Voici la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38)
Et le Verbe s’incarna en Marie toujours vierge.
Par une intervention transcendante de Dieu, Jésus prit de Marie toute sa substance humaine. Par elle seule, il se rattache à notre humanité pécheresse.
Et dans l’instant même où était engendré le Fils de la Vierge, la Personne divine du Verbe s’unissait à ce qui allait exister, l’assumant jusqu’à Soi : Ici les mots défaillent, il faut s’arrêter, faire silence et adorer…
Mais cette divine maternité au lieu d’altérer, consacre la virginité de Marie.
Qu’elle se tourne vers Celui qui l’a rendue mère ou qu’elle se penche vers Celui dont elle est la mère, la Vierge baigne toujours dans la sainteté infinie de Dieu.
Marie n’a jamais appartenu qu’à Dieu seul ! Elle est la digne mère de Dieu.
Marie corédemptrice.
Faisant partie de la race pécheresse d’Adam, Marie fut à un tel degré rachetée par son Fils qu’elle fut préservée du péché originel et sanctifiée des le premier instant de sa conception en prévision des mérites de Jésus Christ au point de ne faire qu’un avec son Fils dans la rédemption du monde.
Car non seulement Marie est la mère de Dieu mais elle est la mère d’un Dieu incarné pour sauver les pécheurs.
Au calvaire, elle achevait dans son cœur douloureux ce qui, de la totalité des souffrances rédemptrices, était encore manquant pour son Corps qui est l’Église. Marie n’est pas le centre de la rédemption mais elle est au centre de cette même rédemption, désormais inséparable de son Fils, engagée dans un même combat et un même triomphe.
Pour nous aussi, si nous sommes fidèles, la victoire et assurée.
De même que la vie de Jésus et de Marie ne peuvent se comprendre qu’en fonction de leur destinée terrestre et céleste, ainsi nous aussi, nous devons envisager chaque épisode de notre existence, souvent banale, et parfois semée d’obscurités dans cette perspective grandiose de cette vie de charité : Elle ne cesse de croître . Au terme de notre voyage, elle s’épanouira dans la vision jamais rassasiante de Dieu.
Ce qui compte, ce n’est pas tant l’intensité de nos actions mais la densité d’amour avec laquelle nous les aurons accomplis par la grâce divine et la médiation de Marie.
-3-
Marie, mère des hommes.
« Voyant sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère :’Femme, voici ton fils’, puis il dit au disciple : « voici ta mère’ » (Jn 19,27,28)
A cette heure suprême où tout allait être consommé, Jésus met le sceau à la maternité spirituelle de Marie envers tous les hommes.
Car dès l’Incarnation, Marie, en engendrant Dieu, transcendant à tout, qui est tout, crée tout, contient tout, Marie, engendrait, d’une certaine manière tous les hommes n’entrant eux-mêmes dans l’existence que grâce à Celui que Marie a mis au monde.
C’est pourquoi, dans l’acte même par lequel Jésus accédait dans la Gloire du Père par sa mort et se résurrection, l’Eglise naissait, elle, du côté transpercé de Jésus, ne faisant plus qu’un avec Lui pour l’éternité.
« Demeurez en moi et moi en vous » (Jn15,4) Ces deux thèmes de la révélation que saint Paul avait déjà si fortement développés n’expriment qu’un seul mystère : Celui de notre incorporation au Christ.
Bien souvent nos différentes personnalités s’opposent et se heurtent et pourtant, aux yeux de la foi, par un seul baptême, nous sommes tous un : Nous participons à une même vie, celle du Christ et cette unité est d’autant plus réelle qu’elle est divine et non simplement humaine. L’incarnation se prolonge dans les chrétiens mais d’une façon ‘mystique’ : On ne peut séparer le Christ et les chrétiens sous peine de les considérer tels qu’ils ne sont pas.
Nous comprenons mieux maintenant comment Marie, en étant mère du Verbe incarné, en étant élevée à un état d’âme maternel correspondant à la dignité infinie de son divin Fils, soit, en même temps, la mère du Christ Total et capable de remplir merveilleusement son rôle jusqu’à la fin des temps.
Nous sommes en Jésus, enfants de Marie. Notre amour envers la Sainte Vierge Marie n’est pas quelque chose de facultatif : Elle constitue une exigence de notre adoption filiale dans le Christ Notre Seigneur.
Conclusion :
Dans la vie spirituelle, Marie n’est pas un simple intermédiaire entre Dieu et nous qui viendrait compliquer les choses ! Non ! Marie, ne faisant qu’un avec les rachetés et ne faisant qu’un avec le Rédempteur, elle est médiatrice : En elle, on trouve Dieu !
Allons à Marie avec confiance ! Elle a sur nous un regard maternel et efficace dans la mesure où nous nous laissons séduire, prendre dans son amour !
« Quia fecit magna qui potens est » telle est l’humilité de Marie, une reconnaissance vécue de ce qu’elle n’était rien par elle-même mais que tous ses privilèges, tout ce qu’elle avait reçu, elle le devait à Dieu !
-4-
Nous aussi nous devons vivre cette dépendance, cette mainmise totale de Dieu sur nous, sur le moindre de nos actes : Être comme Marie, un instrument docile entre ses mains, non pas manié de l’extérieur, mais spontané et vivant, manié librement du dedans !
Alors nous deviendrons de plus en plus de vrais contemplatifs avec au cœur cette foi vive en cet Amour infini de Dieu qui, par Marie, est descendu jusqu’à nous pour que, par elle, nous remontions jusqu’au Père.
Amen
_________________
Le Seigneur est mon rempart , Marie est ma Mère , le Saint Esprit est mon phare