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| Sujet: « On va remplacer Nord Stream 2 par un nouveau gazoduc vers la Chine » : coup de maître ou coup de bluff de la Russie ? Ven Sep 16 2022, 08:30 | |
| « On va remplacer Nord Stream 2 par un nouveau gazoduc vers la Chine » : coup de maître ou coup de bluff de la Russie ? Fournis par Business AM Olivier Daelen - 19-09-2022 (14 heures, il y a 2 h
Boudée par l’Europe pour très longtemps – à moins d’éventuels rebondissements géopolitiques dans les prochaines années -, la Russie doit se trouver d’autres partenaires pour écouler ses ressources naturelles, dont le gaz. D’après elle, une remplaçante est toute trouvée : la Chine. Un partenariat vraiment solide ?
« On va remplacer Nord Stream 2 par un nouveau gazoduc vers la Chine » : coup de maître ou coup de bluff de la Russie ?
Ce jeudi, la Russie a multiplié les déclarations visant à montrer que ses liens commerciaux – et surtout gaziers – avec la Chine ne cessaient de se resserrer. Dans un premier temps, Gazprom s’est félicité du fait que ses livraisons quotidiennes vers l’Empire du Milieu via le gazoduc Power of Siberia augmentaient continuellement, allant jusqu’à dépasser « régulièrement » les volumes contractuels. D’après la société russe, un record quotidien de livraisons a même été atteint le 10 septembre dernier.
« Le cœur de l’industrie mondiale du gaz s’oriente dorénavant vers l’Est », a déclaré le vice-président du conseil d’administration de Gazprom, Oleg Aksioutine, indiquant que l’industrie européenne perdait rapidement sa compétitivité ».
Discours similaire de la part du ministre russe de l’Énergie, Alexander Novak. Lorsqu’un journaliste de la chaîne de télévision Rossiya-1 lui a demandé si Power of Siberia 2 allait remplacer Nord Stream 2, il a répondu « oui ».
Passage par la Mongolie
Pour rappel, le gazoduc Nord Stream 2 est entièrement construit. D’une capacité de 55 milliards de mètres cubes, il relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Mais il ne livre aucun gaz, car Berlin a décidé d’en suspendre la procédure de certification suite au déclenchement des hostilités en Ukraine.
Quant à Power of Siberia 2, il ne s’agit à ce stade que d’un projet. La Russie aimerait le faire partir de la péninsule de Yamal, en Sibérie occidentale – d’où provient également une partie du gaz russe envoyé vers le Vieux Continent – pour le faire passer par la Mongolie et enfin déboucher dans le nord de la Chine.
Gazprom a entamé une étude de faisabilité en 2020. A priori, elle envisage de commencer les travaux en 2024 et vise un début des livraisons pour 2030. Toutefois, face à la nette diminution des envois vers l’Europe, elle pourrait être tentée d’accélérer le processus.
D’après Alexander Novak, 50 milliards de m³ de gaz pourraient transiter par le pipeline. Soit presque la même capacité que Nord Stream 2, qu’il est donc censé remplacer. Le ministre russe a assuré jeudi que des accords à ce sujet entre son pays et la Chine seront « bientôt signés ».
Le président mongol est pour
On l’a dit, Power of Siberia 2 doit passer par la Mongolie. Elle est donc directement concernée par ce projet. Et visiblement, elle ne s’y opposera pas. Il faut dire que Poutine vient encore de lui promettre une augmentation des livraisons en électricité russe, a rapporté RT.
S’exprimant jeudi lors d’une réunion avec Vladimir Poutine et Xi Jinping, à l’occasion d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dans la ville ouzbèke de Samarcande, le président mongol a déclaré qu’il soutenait la construction d’oléoducs et de gazoducs de la Russie à la Chine via son pays. « Nous proposons d’étudier cette question du point de vue de la justification technique et économique », a précisé Ukhnaagiin Khürelsükh, cité par Reuters.
L’appétit gazier de la Chine est-il insatiable ?
De son côté, Xi Jinping ne s’est pas exprimé directement sur le sujet. Après avoir discuté avec lui, Vladimir Poutine a toutefois indiqué que les détails d’une section mongole du gazoduc – connue sous le nom de « Soyouz Vostok » – étaient en cours de finalisation.
Actuellement, la Chine reçoit déjà 16 milliards de m³ de gaz sibérien – mais pas de Yamal – via un autre gazoduc, Power of Siberia, qui débouche dans le nord-est du pays. Des livraisons qui devraient passer à 38 milliards d’ici 2025.
En outre, Pékin s’est engagé en début d’année à acheter du gaz russe en provenance de l’île de Sakhaline (dans l’extrême-est de la Russie). Un approvisionnement qui doit atteindre 10 milliards de m³ pour 2026. On notera par ailleurs qu’un autre gazoduc, passant de la Russie à la Chine via la frontière qui les sépare entre la Mongolie et le Kazakhstan a également déjà été évoqué.
On notera qu’avec Power of Siberia 1 et 2 et le gazoduc partant de Sakhaline, la Russie n’atteindrait tout de même pas avec la Chine les volumes qu’elle envoyait jusqu’au début de cette année vers l’Europe (155 milliards de m³).
Dans le même temps, la Chine lorgne avec insistance sur le gaz d’Asie Centrale. Un autre projet de gazoduc est à l’étude afin de faire venir 25 milliards de m³ par an pendant 30 ans depuis le Turkménistan via le Tadjikistan et le Kirghizstan.
À ces projets d’expéditions par gazoduc s’ajoutent l’approvisionnement en GNL – via navire-citernes – assuré par des contrats à long terme signés avec, entre autres, les États-Unis et le Qatar.
A priori, la Chine semble donc parée pour cette décennie. D’après un expert de l’industrie basé à Pékin interrogé par Reuters, il n’y a « guère de raisons pour que Power of Siberia 2 se concrétise avant 2030 ». « Il s’agira d’une négociation extrêmement complexe qui pourrait prendre des années, car elle comporte d’énormes risques politiques, commerciaux et financiers », a-t-il ajouté. _________________ † Couvre-nous, Seigneur, de Ton Précieux Sang !
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