Lumen Spei
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 | Sujet: Deux religieux et un diplomate français distingués pour avoir caché des Juifs pendant la guerre  Dim Oct 24 2021, 15:59 | |
| Deux religieux et un diplomate français distingués pour avoir caché des Juifs pendant la guerreDeux hommes d’Eglise influents et un diplomate français viennent de recevoir la distinction de « Justes parmi les Nations » à titre posthume, décernée par le mémorial de la Shoah en Israël Yad Vashem. Ils ont sauvé plusieurs juifs au péril de leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Le cardinal Eugène Tisserant (à gauche), aux côtés du pasteur Marc Boegner
lors de l'entrée de ce dernier à l'Académie française en 1962. - AFP Leur bravoure ne doit pas être oubliée. C’est pourquoi le mémorial de la Shoah en Israël Yad Vashem vient de décerner ce jeudi 21 octobre le titre de « Justes parmi les nations » à deux religieux et un diplomate français. Un titre par lequel sont honorées des personnes non juives qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit cette fois de trois français, l’un des principaux prélats de la Curie romaine, le cardinal Eugène Tisserant, du recteur de Saint-Louis-des-Français à Rome Mgr André Boquin, et du diplomate français François de Vial.
Un trio solidaire pour sauver un jeune homme juif à Rome
Les trois hommes français ont non seulement œuvré chacun de leur côté pendant la guerre pour venir en aide à des Juifs, mais aussi une fois en un trio pour sauver le jeune Miron Lerner des griffes des nazis. La périlleuse aventure s’est déroulée à Rome en 1943, mais l’héroïsme des trois sauveteurs sera resté secret jusqu’en 1998 lorsque Miron Lerner a dévoilé son histoire. En 1943 donc, le jeune homme né à Paris en 1927 de parents juifs venus d’Odessa se retrouve à Rome. Passant d’hôtels en couvents, il fait la connaissance du père Marie-Benoît, un capucin qui vient en aide aux Juifs, et avec lequel il se met à travailler. (Le père Marie-Benoît aura sauvé près de 4500 juifs entre 1940 et 1944, et deviendra le premier prélat à recevoir le titre de Juste parmi les nations en 1966.)
Un jour, Miron Lerner et le père Marie-Benoît échappent de peu à une arrestation, prévenus à temps d’une dénonciation. Dans l’impossibilité de rentrer chez lui, Lerner se réfugie chez un prêtre, qui le recommande auprès du cardinal Tisserant, alors directeur de la congrégation pour l’Eglise orientale. Averti, le cardinal prend aussitôt Miron Lerner sous son aile. Il le confie d’abord au diplomate François de Vial, secrétaire du représentant Français au Vatican, qui accueillera quelques nuits l’adolescent chez lui.
Puis le cardinal Tisserant conduit le jeune homme dans un petit couvent au sein du Vatican, le faisant entrer couché à ses pieds dans sa voiture, sous les yeux des Allemands qui gardent la frontière entre le Saint-Siège et Rome. La situation étant très risquée au sein du couvent, Miron Lerner est finalement envoyé début 1944 au couvent de l’église Saint-Louis-des-Français en plein cœur de Rome, sous la protection du recteur, Mgr André Bouquin. Miron Lerner y restera jusqu’à l’été 1944, après la libération de Rome. Mettant son témoignage par écrit en 1998, il racontera comment le cardinal Tisserant lui a sauvé la vie mais aussi celle de nombreux autres juifs. Il déclare : « Ce que je peux vous affirmer, c’est qu’il y avait dans les couvents de Rome pas mal de juifs cachés par le cardinal Tisserant. »
Le cardinal Tisserant, deuxième homme de l’Eglise après le pape
Avant même le début de la guerre, le cardinal Tisserant s’était déjà engagé en faveur des Juifs. En 1939, après les lois raciales promulguées en Italie, il décerne une médaille d’honneur de la Congrégation des Eglises orientales à Guido Mendes, licencié de son poste de directeur d’un hôpital juif, s’attirant les foudres du gouvernement. Puis il fournit des visas d’immigration à toute la famille Mendes, correspond avec le secrétaire d’Etat du Vatican pour obtenir un visa pour le Brésil au rabbin Nathan Cassuto, aide le professeur Aron Friedman à trouver un métier aux Etats-Unis, cache dans sa résidence vaticane à ses risques et périls les familles juives Verona et Letz, vient en aide à bien d’autres Juifs.
Savant incontesté, auteur de plusieurs ouvrages et élu à l’Académie française en 1961, décoré de la légion d’honneur et de la croix de guerre, la cardinal Tisserant était de son temps l’un des hommes les plus influents du Vatican, ayant exercé parmi les plus hautes fonctions. Président de la congrégation pour l’Eglise orientale, de la Commission des études bibliques, préfet de la Congrégation cérémoniale, et membre d’autres instances vaticanes, il est surtout devenu numéro deux du Saint-Siège après le pape selon le protocole, en tant que doyen du Sacré-Collège dès 1951. Il a ainsi présidé deux conclaves et un concile.
Un trio de Français très engagés pendant la guerre
Mgr André Bouquin a aussi hébergé nombre de juifs dans son couvent jouxtant Saint-Louis des Français à Rome, révèle Miron Lerner dans son témoignage. Quant à lui, François de Viel était membre du Mouvement de Résistance Interallié. Un réseau créé en 1942 avec des Anglais, des Suisses, des français, des religieux et membres du Vatican, pour sauver de la Gestapo et de la police fasciste des prisonniers en fuite ou des pilotes américains et anglais dont les avions s’étaient abattus au-dessus de l’Italie.
Depuis sa création, le mémorial Yad Vashem a remis plus de 28 000 médailles de Justes parmi les Nations dans plus de 50 pays. Une cérémonie devrait être organisée prochainement pour la remise du titre posthume aux deux hommes d’Eglise et au diplomate français.Camille Lecuit
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