Saint Irénée de Lyon, champion de l’unité et de la paix (texte et vidéos)

Date d'inscription : 01/09/2021 Localisation : France

Saint Irénée de Lyon, champion de l’unité et de la paix

« Tout se tient » (1). Ce pourrait être la devise de ce champion de l’unité, qui porte bien son nom grec, Irénée, la paix. En fournissant les critères de la vérité et la première grande synthèse théologique, Irénée (mort vers 202) mérite bien aussi le titre de « père de la théologie catholique ».

De Lyon ? N’imaginez pas un gaulois ! Irénée est de Smyrne (en Turquie actuelle). Formé par le vieux Polycarpe (mort 155) qui lui-même avait connu saint Jean, il appartient encore à une génération où l’on sent la fraîcheur d’une foi apostolique. Quand en 177, la persécution s’abattit sur Lyon et conduisit au martyre quarante-huit chrétiens, dont le glorieux évêque Pothin, Irénée succéda à ce dernier. Notons que nul ne s’étonnait alors qu’un homme de la lointaine Asie Mineure devînt primat et seul évêque des Gaules à cette époque. Il n’y a pas d’étranger dans l’Église catholique ! Le saint évêque de Lyon mourut vers 202, martyr à son tour selon saint Jérôme.

Irénée est à bien des égards un tournant : entre l’Orient et l’Occident; entre les premiers chrétiens qui vivent du témoignage direct des Apôtres et les générations ultérieures qui s’appuient sur la Tradition. À un moment décisif, Irénée fut une providentielle charnière.

L’Église du IIe siècle est en effet confrontée à un défi majeur. Quand les Apôtres eux-mêmes ne sont plus là pour attester de la foi, comment discerner, dans la multiplicité des opinions, ce qui est conforme au message de Jésus ? Que penser de ceux qui prétendent que la foi est avant tout une connaissance (gnosis en grec, d’où le mot «gnose») réservée aux initiés ?

Dans son ouvrage principal, Adversus haereses, Irénée combat « la gnose au nom menteur » (2). Le critère de discernement de ce qui est authentiquement chrétien est « la règle de foi » : ce qu’enseigne le magistère des évêques qui l’ont reçu eux-mêmes des Apôtres dans une chaîne ininterrompue. C’est la conformité à la Tradition qui est le critère d’authenticité. Or la Tradition est publique, elle ne s’appuie pas sur des révélations ésotériques, mais sur ce qui est consigné dans les Saintes Écritures. Elle est unique, elle ne morcelle pas l’Église en de multiples sectes ou courants d’idées. Elle est spirituelle, car « là où est l’Église se trouve l’Esprit de Dieu ; et là où est l’Esprit de Dieu, se trouvent l’Église et toute grâce » (3).

En posant les principes d’une juste interprétation des Écritures, l’œuvre d’Irénée est comme les prolégomènes à toute théologie future, l’indispensable préalable à toute saine théologie. La théologie n’est jamais en effet un informe bricolage subjectif, elle est une intelligence des Écritures lue dans la Tradition sous la houlette du Magistère. Voilà qui a évité à l’Église des dérives sectaires ou fondamentalistes ! On peut faire dire n’importe quoi aux textes les plus sacrés ! Il existe, certes, un champ légitime d’interprétation personnelle de la Bible, mais à l’intérieur de frontières que fixe salutairement le Magistère. On ne dit pas suffisamment que cette instance régulatrice est la chance et la force du catholicisme.

La Démonstration de la prédication apostolique (Epideixis) est un petit ouvrage ultérieur d’Irénée que l’on peut considérer comme « le plus ancien catéchisme de la doctrine chrétienne » (4). La preuve de la vérité chrétienne, pour Irénée comme pour Justin, c’est que le Christ « est le trésor caché dans le champ des Écritures » . La croix du Christ est la charrue du laboureur qui permet de trouver à chaque sillon exploré dans les livres de l’Ancien Testament, le Christ présent, figuré et annoncé.

Le christocentrisme d’Irénée se manifeste dans sa doctrine de la récapitulation. Le dessein bienveillant de Dieu est de « récapituler toutes choses sous un seul Chef, le Christ ». Toute l’histoire du Salut est celle de la double accoutumance de Dieu aux hommes, jusqu’à l’Incarnation, des hommes à Dieu jusqu’à leur divinisation. Car selon une des formules les plus célèbres d’Irénée : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » (5).

Invité par Mgr Lorenzo Piretto, archevêque latin d´Izmir, en Turquie, le cardinal Philippe Barbarin est parti sur les traces de saint Irénée, deuxième évêque de Lyon, au IIe siècle. Accompagné par une délégation de son diocèse, le primat des Gaules a rencontré les communautés chrétiennes d´Asie mineure, terre des premiers conciles de l'Église. À Ephèse, ville où la Vierge Marie a été proclamée Mère de Dieu en 431, le cardinal a célébré la fête de l'Assomption avant de se rendre sur le tombeau de Jean et celui de l'apôtre Philippe, découvert en 2011. Pour le successeur d'Irénée et sa délégation, ce pèlerinage sur les traces d'Irénée avait notamment pour objectif d'affermir la communion entre les communautés chrétiennes et promouvoir la pensée de celui pour qui « Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu ». Un reportage en partenariat avec la Fondation Saint-Irénée.

Père Guillaume de Menthière
https://www.famillechretienne.fr/foi-chretienne/saints-et-temoins-de-la-foi/saint-irenee-de-lyon-champion-de-l-unite-et-de-la-paix-44091?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Danytime%26sort%3Dweight%26word%3DSaint%2520Ir%25C3%25A9n%25C3%25A9e%2520de%2520Lyon

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