Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: POURQUOI LE PAPE devait parler... (Témoignage décisif du P. Erwan de Kermenguy) Mar Juil 27 2021, 21:20 | |
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POURQUOI LE PAPE DEVAIT PARLER
Je reproduis ici le témoignage décisif du P. Erwan de Kermenguy :
<< J'avais applaudi au Motu Prorio de Benoit XVI en me disant: maintenant que les faux débats sont levés (excommunication de évêques levées, et liberté de célébrer la messe comme on le souhaite), on va pouvoir discuter du fond (le concile). J'espérais que ce travail de Benoit XVI parviendrait à rétablir l'unité dans l'Eglise.
Mon expérience est qu'il n'en est rien et que bien souvent au lieu d'unifier l'Eglise, cela a contraire créé des divisions (chez les scouts, dans les familles, dans les aumôneries). Je ne me réjouis pas du Motu Proprio du pape François, car il n'y a pas lieu de se réjouir de la situation actuelle. Mais je suis rassuré de constater que mon désarroi est partagé et que ce que je ressentais est perçu aussi par le pape. Je ne sais pas ce qu'enseignent mes confrères tradis, puisque par définition je n'écoute que rarement leurs homélies. Mais ce que je perçois des jeunes qui ont été formés chez eux, correspond assez bien à ce que le pape pointe du doigt. Trop de jeunes tradis considèrent que la messe en français n'est pas la vraie messe, que l'évangélisation consiste à faire passer les catholiques de la messe en français à la messe en latin, que le concile est discutable, que les mystères lumineux du rosaire sont une hérésie (parce que promulgués par Jean-Paul II). Certains m'ont même soutenu que le Missel de St Pie V avait été dicté par la Vierge Marie aux Apôtres.
Quand le supérieur de la Frat St Pierre dit que son obéissance a été bien mal récompensée, je dis simplement que l'obéissance que j'observe sur le terrain n'est souvent que de façade.
Dans la ville où j'ai grandi comme adolescent, il n'y avait pas de "problème tradi", la question ne se posait pas... il y avait quelques jeunes (dont moi) qui allaient au pélé de Chartres et c'était tout. J'y suis revenu comme prêtre et j'ai vu des aumôneries de lycée et d'étudiants être réellement divisées.
Dans mon ministère de prêtre, je constate avec amertume le temps perdu et l'énergie gâchée sur cette question, pour essayer en permanence de faire l'unité avec ceux qui se considèrent comme plus catholiques que le pape. J'ai joué le jeu, j'ai fait des efforts, nombreux. Et fidèle à St Augustin qui invite à aimer les donatistes comme nos frères, je continuerai à faire ces efforts. Mais je crois que la question tradi nous épuise sur un faux problème alors que notre priorité doit être l'évangélisation.
J'ai souffert de voir tant de jeunes dynamiques et motivés s'enfermer entre eux dans le confort d'un petit groupe de gens qui pensent tous pareil, plutôt que d'oser se lancer dans l'évangélisation. J'ai pleuré en voyant des jeunes préférer du "prêt à penser" catholique qui les dispense d'un réel effort de l'intelligence.
Oui, j'espérais beaucoup du Motu Proprio de Benoit XVI. J'ai été déçu. Et ce n'est pas le Pape qui m'a déçu... j'ai été déçu par ceux qui se sont appuyés sur les efforts de Benoit XVI pour accentuer la division dans l'Eglise.
L'acte du Pape François m'a surpris par son courage. Il suscitera bien des incompréhensions, notamment parmi mes amis. Il laissera dans l'Eglise la même blessure que la condamnation en d'autres temps des prêtres ouvriers. La mesure est du même ordre. Par souci apostolique, le St Siège concède une autorisation, dont certains usent pour créer leur Eglise à part. Par souci d'unité, le St Siège est alors contraint de mettre un terme à cette expérience. Les plus fidèles en souffriront, parce qu'ils étaient vraiment fidèles à Rome dans cette forme qui leur était chère. Mais ils paient le prix de la désobéissance des autres, de ceux qui (à l'époque des prêtres ouvriers, comme aujourd'hui dans la question tradi) refuseront d'obéir à Rome… >>
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Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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