« On ne refait pas l’histoire chez nous » : le curé de Notre-Dame des Otages répond à la tribune contre la marche des martyrs (29 mai 2021)

Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada

Citation :: « On ne refait pas l’histoire chez nous » :
le curé de Notre-Dame des Otages répond
à la tribune contre la marche des martyrs
(29 mai 2021)

Quinze catholiques ont condamné dans une tribune
l’organisation de la marche en hommage aux martyrs
de la Commune. Organisateur de l’événement, le père
Stéphane Mayor répond à leurs accusations.

Les images violentes ont défrayé la chronique le week-end dernier.
Samedi 21 mai, lors d’une procession dans Paris pour commémorer
les religieux assassinés pendant la Commune de Paris, un groupe de
militants d’extrême-gauche s’est rué sur le cortège de 300 fidèles,
faisant plusieurs blessés dont un homme hospitalisé. Ce jeudi 2
juin, quinze catholiques engagés à des titres variés dans l’Eglise ont
fermement condamné l’organisation de cette marche dans une tribune
parue sur le site de La Croix. Le père Stéphane Mayor, curé de Notre-
Dame des Otages à l’initiative de cette marche des martyrs, répond
pour Famille Chrétienne à leurs différents reproches.

Comment réagissez-vous à cette tribune publiée dans La Croix
condamnant la grande marche des martyrs ?

Je ne souhaite pas du tout alimenter une démarche polémique. Les
auteurs de cette tribune je les connais bien, j’avais proposé à certains
de faire partie de l’organisation de la procession. Ils m’avaient dit
qu’ils n’étaient pas à l’aise avec la démarche, mais je ne pensais pas
que cet événement déclencherait chez eux une telle flamme
révolutionnaire ! Le problème dans ce genre de texte, c’est souvent
qu’on essaye de faire passer la victime pour le coupable. C’est un peu
la fille habillée avec une jupe un peu courte qui est responsable du viol
qu’elle a subi. J’essaie d’avoir une lecture un peu plus spirituelle de
cet événement.

Les fidèles de la Marche des martyrs « auront été victimes
deux fois »Les auteurs vous reprochent justement votre naïveté, en
ayant cru possible de séparer le temporel et le spirituel…

Ils se trompent car l’objectif n’est pas de séparer mais de distinguer.
En prenant acte du fait qu’il y a un temps pour chaque chose : un temps
pour évoquer le politique, un autre pour évoquer le spirituel, sans être
obligés de tout mélanger. La marche que nous organisions était
simplement un temps spirituel sans aucune autre prétention, pour que
les gens prennent des forces par l’intercession de ces otages, et d’ailleurs
plusieurs participants ont été renforcés dans leur foi.

Les auteurs de la tribune condamnent aussi votre
« sélectivité mémorielle » ; autrement dit, le fait d’avoir délaissé les
morts du camp des Communards. Que leur répondez-vous ?

Quand on célèbre les morts de l’Eglise, on n’insulte pas les morts
d’ailleurs ! Nous voulions simplement, à partir de la figure du Christ
souffrant, donner du sens à ces morts tragiques pendant la Commune,
sans occulter celles des Communards dont des centaines ont été
massacrés injustement sans procès. Le Christ est venu mourir aussi
au milieu d’eux autant que parmi les otages. C’est quelque chose qui
dépasse le politique, certains ont du mal à l’entendre et le comprendre.

La tribune rejette votre utilisation du terme « martyrs » pour désigner
ces religieux assassinés par les Communards. Est-ce un terme abusif ?

Ils ont pourtant toujours été désignés comme tels dans l’Eglise ! Une
enquête du Vatican est en cours pour attester officiellement du martyre
de ces religieux, celle-ci est plutôt en bonne voie. Des dizaines
d’historiens se sont penchés sur la question prouvant que ces prêtres ont
bien été tués en haine de la foi et pas uniquement pour des raisons
politiques. C’était tout le jeu des chefs de la Commune de prouver
la collusion de ces prêtres avec le gouvernement de Thiers réfugié à
Versailles, et ils n’y sont pas arrivés ! Cela a été un gros sujet de débat
au sein même des responsables de la Commune, certains ne voulaient
pas condamner ces otages à mort précisément parce qu’il n’y avait pas
de preuves. Les procès-verbaux de la Commune de Paris, qui sont
tout à fait connus, attestent que Gabriel Ranvier et Raoul Rigault
[Communards, ndlr] ont décidé la mise à mort des prêtres parce qu’ils
étaient prêtres. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute, n’en déplaise à ceux
que cela gêne. On ne refait pas l’histoire chez nous.

Source : https://www.famillechretienne.fr/36610/article/on-ne-refait-pas-lhistoire-chez-nous-le-cure-de-notre-dame-des-otages-repond-a

Stan

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