Gilles1
Date d'inscription : 12/08/2015 Age : 69 Localisation : Ville de Québec - P.Q. Canada
| Sujet: L’épidémie de Covid-19 est-elle une tragédie ? Ven Mar 26 2021, 11:49 | |
| Le plus inquiétant avec la pandémie de Covid-19 n’est sans doute pas de vivre une tragédie, mais d’être citoyen d’un monde qui croit qu’un vaccin suffit à y mettre fin. Vivons-nous une épidémie, une pandémie ou une tragédie ? Difficile de trancher si on suit les commentateurs qui utilisent les trois mots indifféremment. Entre les deux premiers, les choses sont assez simples : le jour où l’épidémie est devenue pandémie, cela signifiait que l’extension du virus était devenue mondiale et que tout le monde était désormais concerné. Les mots de la médecine et de la science, toutefois, sont insuffisants pour donner une épaisseur humaine à un événement. De là l’entrée en scène de la tragédie. Entre épidémie et pandémie, il y a un changement d’échelle. Entre pandémie et tragédie, il y a changement de nature. On quitte le laboratoire pour la scène de théâtre, le combien pour le pourquoi, le tableau statistique pour le poème. Une pandémie reste terre à terre, tandis qu’une tragédie voisine avec le divin.
Quand le directeur de l’OMS affirme que « les vaccins offrent la solution pour sortir enfin de cette tragédie », il nous semble confondre les enjeux, dans ce qui n’est pas seulement une question de vocabulaire.Le mot tragédie pourrait inquiéter, tant il semble acquis que toute tragédie est une situation à l’issue fatale. Au contraire, le mot vaccin devrait rassurer, puisqu’il offre une solution à portée de main. Pourtant, le plus inquiétant n’est sans doute pas de vivre une tragédie, mais d’être citoyen d’un monde qui croit qu’un vaccin suffit à y mettre fin.
Faire avancer le bien commun
Nul ne niera qu’il n’est pas très agréable pour un personnage d’être au cœur d’une crise tragique. En revanche, on a trop oublié depuis le XIXe siècle qu’une tragédie finit souvent bien pour la communauté à laquelle les personnages appartiennent. Seule une vision déformée par les siècles peut faire du mot « tragédie » un simple synonyme de catastrophe. Le propre d’un dénouement tragique, en effet, est de faire avancer le bien commun. La communauté, bien que marquée par les morts, ressort un peu plus juste qu’au commencement. Ainsi en est-il à Athènes dès Eschyle, dont Jacqueline de Romilly synthétisa l’œuvre par la notion de « tragédie de la justice divine ». Voyez l’Orestie, trilogie théâtrale qui met en scène le retour d’Agamemnon de la guerre de Troie. A priori, nous sommes devant un pur carnage : Clytemnestre tue son mari pour venger sa fille Iphigénie, puis Electre et Oreste vengent à leur tour leur père en tuant Clytemnestre. On peut rêver d’une famille plus unie. Dans le dernier volet, pourtant, la logique du sang prend fin et la justice est instituée à la place de la vengeance. Happy end, en somme.Lire la suite : L’épidémie est-elle une tragédie ? _________________ "Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles." (Apocalypse 21:4-5)
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