Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: Peut-on recevoir le sacrement du pardon par visioconférence ? (Réponse "très libérale" de l'abbé Pagès) Ven Fév 19 2021, 16:17 | |
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Peut-on recevoir le sacrement du pardon par visioconférence ? (Extrait d'un article plus long, de l'abbé Pagès)
Source [Abbé Guy Pagès] Au mois de juin 2020, le journal L’Homme Nouveau (n°1713) titrait en une : « Peut-on recevoir les sacrements à distance ? », et le père Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé y affirmait que « l’Eglise ne reconnaît pas la possibilité de recevoir validement, c’est-à-dire réellement, un sacrement par l’entremise des moyens de communication sociale. » En ces temps où la folle gestion de la pandémie du coronavirus impose des limites draconiennes à la célébration des sacrements, et parce que la raréfaction des prêtres transforme en désert ecclésial des territoires toujours plus grands, mais aussi en raison des progrès fabuleux accomplis par les moyens de communication sociale, il me semble devoir discuter cette affirmation.
La raison qu’invoque mon confrère pour nier la possibilité de célébrer le sacrement du pardon via les moyens de communication sociale est que par ceux-ci « on ne peut communiquer la vie, surtout lorsqu’il s’agit de la vie divine, du don le plus grand qui soit, le pardon divin qui nous recrée, nous relève et nous rachète, autrement que par un contact direct, « incarné », réel, immédiat. » Or, le centurion de Capharnaüm a précisément été loué par Jésus pour avoir refusé ce « contact direct, incarné, réel, immédiat » de son enfant malade avec Jésus, tant sa foi était grande (Mt 8.10), tant la parole de Jésus lui suffisait (Mt 8.8) … Il croyait, lui, que l'esprit vivifie, que la chair ne sert de rien, et que les paroles de Jésus sont esprit et vie (Jn 6.63). (...)
Cela dit, parce que la célébration du sacrement de pénitence implique bien une vraie rencontre interpersonnelle, et requiert donc « un contact direct, « incarné », réel, immédiat », elle ne peut se réaliser par l’échange de courriers, ou de courriels, qui ne permettent indubitablement pas l’immédiateté d’un contact direct. Mais cet obstacle est levé par l’utilisation d’un logiciel de visioconférence. Il me semble que le Supérieur des Serviteurs de Jésus et de Marie n’a pas réellement pris en compte la spécificité de ce nouveau moyen de communication, se contentant de répéter la doctrine visant seulement l’impossibilité de confesser par courrier ou par téléphone … encore que l’Eglise n’ait jamais interdit à un prêtre aveugle de confesser — non plus que demandé de toucher la masse corporelle du confesseur ou du pénitent pour s’assurer de la réalité du sacrement ! La chair ne sert de rien, c’est l’Esprit qui vivifie.
Une autre raison qu’avance notre théologien pour refuser l’usage d’un outil auquel il n’a probablement pas pensé, est que « Il est toujours possible techniquement d’espionner une communication par téléphone ou par Internet (même s’il est aussi possible de poser un micro dans un confessionnal !). Il faut absolument éviter tout risque d’attenter au caractère sacré et inviolable du secret de la confession. » Or, outre comme force il est pour lui de le reconnaître, il est toujours possible d’espionner un confessionnal (La Stasi et le KGB, par exemple, ne se sont pas privés de le faire en leur temps) — et même de recueillir involontairement des bribes de confession (cela m’est arrivé, et je ne suis certainement pas le seul) —, l’usage d’une pièce de visioconférence peut se faire de façon totalement anonyme. Cet argument ne tient donc pas non plus. Au reste, rien n'empêcherait qui penserait être pouvoir l'objet de la traque d'un logiciel de reconnaissance vocale, de se confesser à un prêtre selon la manière jusqu'ici habituelle, s'il en trouve un. Ma proposition n'est pas de remplacer la pratique actuelle par une autre, mais de permettre à celle-ci d'user de nouveaux moyens.
Enfin, lorsque notre auteur affirme qu’« Il ne viendrait à personne l’idée de faire la génuflexion devant son téléviseur ou son écran d’ordinateur », que pense-t-il de la retransmission en direct de la Messe sur grands écrans, ou par la télévision et internet ? (...) Les encouragements épiscopaux lors des derniers confinements à suivre la célébration de la Messe par internet, invitaient-ils les fidèles à jouer une comédie, à s’illusionner, à se contenter d’un faux-semblant ? Les fidèles ne sont-ils pas convoqués à participer réellement à la Messe lors de ces transmissions, sachant que s’ils n’y peuvent communier physiquement, ils le peuvent spirituellement, et que communier physiquement ne suffit jamais sans communion spirituelle (1 Co 11.23-32) ? Et lorsque le Pape donne sa bénédiction urbi et orbi, la présence physique, Place Saint Pierre, est-elle requise pour recevoir réellement l’indulgence plénière ? Non. Les peines temporelles des fidèles dûment disposés sont réellement effacées par l’indulgence plénière reçue « par la radio, la télévision et les nouveaux moyens de communication »[5]. Si donc la grâce de l’indulgence arrive à passer à travers ces moyens, la grâce source de toutes grâces ne le pourrait-elle pas ? Ces exemples montrent que la présence de la masse corporelle n’est pas une condition nécessaire pour la réception de la grâce. La chair ne sert de rien, c’est l’Esprit qui vivifie.
N’est-il pas temps pour l’Eglise d’utiliser les logiciels de visioconférence pour rendre accessible le sacrement du pardon à tant de gens qui en sont aujourd’hui privés, que ce soit par les contraintes de la dictature sanitaire, ou, plus dramatiquement encore, par la raréfaction des prêtres en des déserts chaque jour plus étendus ? Les diocèses et les monastères ne pourraient-ils pas ouvrir sur leur site internet des salles de rencontre avec des prêtres confesseurs ? Combien de prêtres pourraient y trouver l’occasion d’un fructueux ministère ? Combien d’âmes pourraient ainsi être réconfortées, guidées, sauvées ?
Abbé Guy Pagès
Source : http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Peut-on-recevoir-le-sacrement-du-pardon-par-visioconference?fbclid=IwAR2fRK7D_juhYIediCz36K7hN5SRUq1piDzYFmgVgKaEQxqzc8y5zg2Q-Iw
Je suis surpris par la proposition "très libérale" de l'abbé Guy Pagès, qui soutient qu'il serait possible de se confesser par visioconférence, (et il apporte à cette idée des arguments qui me semblent tenir la route). J'en suis d'autant plus surpris que je me rappelle les positions très conservatrices et rigides de ce prêtre à propos d'autres enjeux pastoraux dans l'Église catholique. Mais cette fois-ci, je trouve vraiment intéressante sa réflexion. Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: Re: Peut-on recevoir le sacrement du pardon par visioconférence ? (Réponse "très libérale" de l'abbé Pagès) Ven Fév 19 2021, 17:37 | |
| - Citation :
Si la réflexion de l'abbé Guy Pagès semble tenir la route au plan théorique, alors qu'il apporte des arguments bibliques et autres pour appuyer sa proposition, je dois ajouter, en un second temps (et après réflexion) que son idée me parait peu sécuritaire et difficilement applicable sur un plan pratique; j'imagine déjà ce que serait la vie impossible d'un prêtre qui recevrait par internet, des centaines de demandes pour recevoir le sacrement du pardon; et cela sans compter que le chemin d'internet est aujourd'hui le lieu de tous les piratages informatiques et de toutes les autres formes d'intrusions en vols de données dont les Banques ne parviennent pas à se protéger. Et donc, en conclusion, je ne pense pas que l'idée de l'abbé Pagès soit réaliste et applicable sur un plan pratique.
Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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