Lorsque la confiance vient à me manquer, l’amour à son tour devient languissant et mon âme se traîne péniblement. Je constate alors mon incapacité à faire le bien et je m’en afflige. Je devrais plutôt me sentir comme un petit enfant dont la faiblesse même donne droit au soutien maternel. L’Écriture le dit: «Comme une mère console ses petits, ainsi je vous consolerai!» Oui, mon Jésus, vois ton petit enfant tout faible et qui t’appelle par son regard suppliant. Mon âme désire provoquer ta tendresse pour que tu accoures vers moi. Prends-moi avec toi, Seigneur, et soutiens-moi de ta force divine. Comment pourrais-je douter de toi, mon Jésus, avant même que je fusse, tu m’as aimé. De toute éternité, ton amour s’est penché sur moi et, d’avance, tu m’as voulu pour être parmi tes amis. Si je viens à tomber, relève-moi rapidement. Je veux que ma vie soit un chant d’amour pour toi. Qu’une fausse note vienne à sortir de ma bouche, je ne veux pas m’arrêter et m’affliger outre mesure. Qu’aurait l’air un chantre qui, pour avoir fait une fausse note, s’arrêterait brusquement devant son auditoire pour gémir et pleurer sur sa faute en se décourageant de ne pas avoir réussi parfaitement son chant? N’aurait-il pas mieux valu pour lui de continuer comme si de rien n’était et, après avoir constaté sa faute, redoubler d’amour et de ferveur dans son chant, au point de conquérir son auditoire et de lui faire oublier sa fausse note? C’est ainsi que je veux te présenter mon âme, mon Jésus. Je t’offre ma vie avec toutes ses fautes, mais surtout tout son amour. À un enfant qui chante son amour à sa mère, celle-ci ne lui reprochera jamais d’avoir manqué quelques notes, elle ne s’y arrêtera même pas! Son coeur de mère félicite et encourage, dirige et perfectionne son enfant. Et ton coeur serait-il moins que celui de nos mères? Non, il est plus, infiniment plus.
Ô mon Jésus, comment puis-je ne pas avoir confiance en toi lorsque je te contemple sur la croix! Alors même que tu souffrais tous les martyres et que la foule t’accablait de sa haine; à travers tous ces cris d’hostilité a retenti un cri de confiance, et ton coeur l’a entendu : «Aie pitié de moi, quand tu viendras dans ton Royaume!» C’est le cri du bon larron. Pour un seul acte d’amour et de confiance, tu pardonnes toute une vie désordonnée et remplie de péchés. Si ton coeur s’est laissé attendrir par un seul acte d’amour, qu’en sera-t-il de l’âme qui te livre toute une vie d’amour? C’est alors le Ciel sur terre que tu lui offres! Son âme devient alors un paradis où tu prends tes délices à venir te reposer et, elle, elle se repose sur ton coeur. Bien sûr, la vie et ses combats continuent, mais l’amour sublime tout et rend léger le joug qui, sans l’amour, deviendrait impossible à porter.
Ô Seigneur, fais pleuvoir sur notre pauvre monde coupable les flots de ton amour afin qu’il goûte la joie de te posséder. Que ton feu divin le purifie afin qu’il retrouve son innocence première! Seul ton amour peut changer les coeurs et faire d’un lys blessé un lys immaculé; d’un pécheur rebutant un triomphe de ta miséricorde. Toi qui es la tête du Corps mystique, répands ta sainteté dans ses membres afin qu’eux aussi soient parfaits comme ton Père céleste est parfait. Oui, ta grâce me suffit et c’est elle que j’implore.
Ô Jésus, nos coeurs veulent te consoler; aussi, nous te prions d’abaisser un regard de miséricorde sur nous tous ici présents et sur tous les pécheurs du monde entier pour qui nous te demandons pardon.
– Pour l’oubli, l’ingratitude, les crimes des pécheurs et la haine des impies : Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour ton délaissement au Saint Tabernacle et les trahisons dont tu es la pauvre victime: Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour les blasphèmes et les injures faits à ta divinité et tous les sacrilèges et profanation de ton Sacrement d’Amour : Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour les immodesties et les irrévérences en ta Sainte Présence ainsi que la froideur du plus grand nombre de tes enfants : Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour les indifférences face à tes avances pleines d’amour et les longs retards à t’aimer : Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour l’infidélité de ceux qui se disent tes amis et pour toutes les résistances à tes grâces : Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour l’incompréhensible dureté de nos coeurs et notre lâcheté dans ton saint service : Pardon, Seigneur, pardon.
– Pour tes soupirs et tes larmes d’amour qui restent sans réponse : Pardon, Seigneur, pardon.
Divin Sauveur, qui as laissé échapper de ton coeur cette plainte douloureuse : «J’ai cherché des consolateurs et je n’en ai point trouvés», daigne agréer le faible tribut de nos hommages et, nous t’en prions, assiste-nous de ta grâce puissante pour qu’en fuyant de plus en plus ce qui pourrait te déplaire nous nous montrions tes amis fidèles. Nous te le demandons au nom de ton Divin Coeur et par les mains de ta Mère très pure. Amen.
Je désire, Seigneur, te consoler, mais que pourrais-je t’offrir puisque tout ce que j’ai me vient de ta main? Je t’offre donc tout ce que ta bonté m’a donné, mais je te l’offre en y ajoutant mon amour et ma joie. Et qu’est-ce donc que l’amour, sinon l’oubli de moi-même pour te rendre heureux?. Et qu’est-ce donc que la joie, sinon la reconnaissance de tout mon être pour tes innombrables bienfaits? Lorsque j’offre un cadeau à quelqu’un, qu’est-ce que je m’attends de voir sur son visage, sinon la joie et un sourire qui en disent plus long que les lèvres! Lorsque tu étais sur la terre, mon Jésus, tu as assumé pleinement notre nature, hormis le péché; mais, parce que tu étais parfait, ta sensibilité aussi était parfaite et goûtait d’une manière unique les joies et les peines qui se présentaient à toi.
La joie se nourrit par la charité, tant par celle que l’on offre à Dieu que par celle que l’on offre à son prochain. N’as-tu pas terminé les trois années de ta prédication en disant à tes apôtres : «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite»? Et qu’est-ce que ces choses que tu nous as dites? C’est l’Évangile, c’est la bonne nouvelle, c’est le joyeux message des vérités de la foi. Chacune de ces vérités a été dite pour ma joie, chacune est un havre de grâce où l’âme peut se dilater en tout temps.
Ô mon Jésus, beaucoup de tes paraboles ont servi à exprimer la joie qui existe dans le coeur de Dieu. La plus riche en ce sens, n’est-elle pas celle de l’enfant prodigue où l’on voit le Père qui exulte de joie en voyant son fils lui revenir? «Ne devions-nous pas nous réjouir? dit-il au fils aîné. Car voici que ton frère qui était mort est revenu à la vie.» C’est cette même joie qui inonde ton coeur chaque fois qu’un pécheur revient vers toi. Cette joie, elle ne se limite pas seulement à Dieu, car «il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.» C’est donc tout le ciel qui partage ta joie, Seigneur! C’est cette même joie qui apparaît sur le visage du bon berger qui retrouve sa brebis perdue. Tout joyeux, il la met sur ses épaules et, de retour chez lui, il assemble ses voisins et leur dit : «Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue!»
La joie prend sa source dans l’amour et sans amour pas de joie possible. Et, puisque tu es Amour, tu es aussi la source de toute joie. L’homme ne mesurera-t-il jamais la grâce que tu lui as faite en lui donnant la possibilité de donner de la joie à Dieu? C’est un privilège unique que nous devrions utiliser sans arrêt.
Seigneur, je crois qu’elle est juste, la parole de sainte Catherine de Sienne lorsqu’elle affirme que la tristesse est la pire de nos inclinations de nos péchés. Si je suis triste, c’est que je n’ai pas confiance en toi! Le Psalmiste dit : «La joie du Seigneur est notre rempart.» Si vraiment je t’aime, j’ai confiance que tout ce qui m’arrive est permis par ta sainte volonté et que ton amour pèse à chaque instant le poids de la croix que je porte, pour qu’il ne dépasse pas mes pauvres forces. Si je suis triste, c’est que j’ai abaissé le rempart derrière lequel je m’abritais et que j’ai laissé l’ennemi s’introduire, lui qui ne sème que tristesse et désolation.
Mon Jésus, augmente en moi la confiance et la joie pour que je puisse, à l’exemple du Psalmiste, dire à tous les peuples : «Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le!»
Ô Seigneur Jésus, avant de m’éloigner de ton tabernacle, mon coeur te prie une dernière fois.
Toi, ma part d’héritage, donne-moi de ne chercher qu’en toi mon bonheur et d’attendre avec confiance, au-delà de la nuit de ma mort, la joie de vivre en ta présence. Amen.