Le pape prépare l’Église catholique à de fortes turbulences pour l’hiver à venir. (Opinion de Jean-Marie Guénois)

Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada

Citation :: Le pape prépare l’Église catholique
à de fortes turbulences pour l’hiver
à venir.

Par Jean-Marie Guénois
Mis à jour le 11/09/2019

Le pape François a surpris, mardi, par la gravité de ses propos. Dans l’avion qui le ramenait d’Afrique, il a évoqué avec humour mais sérieux la possibilité d’un «schisme» à venir dans l’Église catholique. Il répondait à une question posée par notre confrère du New York Times, Jason Horowitz: «Avez-vous peur d’un schisme dans l’Église américaine?»

Un schisme est une rupture de l’unité de l’Église - dont le Pape est le garant - provoquée par un groupe qui marque son désaccord avec la ligne directrice en quittant la barque de Pierre. Dans «l’échelle de Richter» des secousses régulièrement enregistrées par l’Église, le schisme est la pire des situations.

Qu’a répondu précisément le pape François? Il a commencé par relativiser. «Il y a eu beaucoup de schismes dans l’Église.» (...) François a même assuré qu’une telle perspective ne l’impressionnait pas: «Moi, je n’ai pas peur des schismes.» Il a même aussitôt ajouté: «Je prie pour qu’il n’y en ait pas, parce qu’il y va de la santé spirituelle de beaucoup de gens. Je prie pour qu’il y ait du dialogue et de la correction quand quelqu’un se trompe.»

Le Pape a ensuite abordé la cause des schismes: «l’idéologie»! Ainsi «quand la doctrine ruisselle d’idéologie, il y a la possibilité d’un schisme», car «l’idéologie déchire la doctrine». L’idéologie peut même devenir une «doctrine, entre guillemets, mais pour peu de temps». (...)

Seconde cible: la «rigidité» en matière morale. Il l’appelle la «morale ascétique». Elle n’est pas «la morale évangélique» car «elle porte à la rigidité». Et de lancer cet avertissement sévère: «Nous avons aujourd’hui tellement d’écoles de rigidité à l’intérieur de l’Église! Ce ne sont pas des schismes mais ce sont des chemins chrétiens pseudo-schismatiques. Ils finiront mal.» Et de prévenir: «Quand vous voyez, quand vous verrez des chrétiens, des évêques, des prêtres… rigides, il y a derrière eux des problèmes. Ce n’est pas la santé de l’Évangile.»

Une profonde rénovation

Cette dernière réponse illustre la vraie préoccupation du pape François. Il sait qu’il n’a rien à craindre du «catholicisme américain» que certains dressent en épouvantail, sinon des effets d’annonce de certains groupes minoritaires, «conservateurs» assumés. La tradition du catholicisme des États-Unis est politiquement démocrate, de tendance progressiste et non républicaine. Quant à sa réalité actuelle, elle est ethniquement noire pour une part et majoritairement «latino». Donc totalement acquise à ce pape, même si elle est ultrasensible à la doctrine. Parler de schisme de ce côté de l’Atlantique relève en partie d’une construction médiatique.

Le vrai dossier, en revanche, qui a motivé la réponse de François, est celui de la pérennité de l’enseignement moral classique de l’Église catholique. Depuis son élection en 2013, ce pape mène une profonde rénovation: les questions de morale sexuelle passent à l’arrière-plan. Sur ces sujets intimes, François promeut la «miséricorde de Dieu». Il ne veut plus voir les gens quitter l’Église, dégoûtés par sa «rigidité». Lors du synode sur la famille en 2015, il a assoupli les règles ecclésiales pour les couples de divorcés. Lors du synode d’octobre sur l’Amazonie, il ouvrira le débat sur le célibat des prêtres, considéré par nombre de catholiques comme une ligne rouge. Beaucoup s’y opposent donc et de plus en plus ouvertement: «Les critiques ne viennent pas seulement des Américains. Mais d’un peu partout et aussi de la curie», a-t-il confié dans cet avion où il a finalement préparé l’Église catholique à de fortes turbulences pour l’hiver à venir.

Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/le-pape-ne-craint-pas-un-schisme-dans-l-eglise-20190911?fbclid=IwAR3DsfTQqp2_NiMugaFwtuiHN-6Ecg9UHnOuvmZq9vdVPES6z-eSPyb6KLc

Stan

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