Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: « Vade retro Salvini » : le torchon brûle entre le pape et Salvini Dim Mai 26 2019, 13:39 | |
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« Vade retro Salvini » : le torchon brûle entre le pape et Salvini
L'Église italienne veut empêcher Salvini de développer son « catho-souverainisme ». La question de l'assistance aux migrants cristallise les tensions.
C'est un dialogue à distance que le pape François et Matteo Salvini ont eu samedi 18 mai. « Notre Méditerranée est en train de se transformer en cimetière, il faut aller vers la paix, ne pas semer la haine et le rejet de l'autre », avait déclaré à Rome le souverain pontife en recevant en audience les journalistes de la presse étrangère. À Milan, sur la scène de la manifestation de l'internationale souverainiste, Matteo Salvini a répondu directement à l'évêque de Rome. « Je le dis au pape qui veut réduire les morts en Méditerranée, notre politique, avec orgueil et esprit chrétien, réduit le nombre des noyades. » Des propos qui ont soulevé sur le parvis du Dôme de Milan un tonnerre d'applaudissements pour Salvini… et une bronca pour le pape. Et le patron de la Ligue de conclure le meeting, rosaire à la main, en confiant sa victoire aux élections européennes « au cœur immaculé de Marie bénite par la croix ».
Un double affront pour le Vatican. Matteo Salvini a ouvertement porté la contradiction à la ligne d'assistance aux migrants en danger prônée par le pape, mais il a également instrumentalisé la Vierge Marie pour sa campagne électorale. Toujours prudent à ne pas s'immiscer dans les ornières de la politique transalpine, le cardinal secrétaire d'État, Pietro Parolin, a dû sortir de sa réserve. « La politique des partis divise alors que Dieu appartient à tous. Invoquer Dieu pour soi même est toujours très dangereux. »
« Souverainiste religieux »
Dans le langage policé de la diplomatie vaticane, « toujours » et « très » sont des adverbes qui pèsent. Dans l'entourage du souverain pontife, on prend moins de gants. Jésuite, directeur de la revue Civilta Cattolica et proche de pape François, Antonio Spadaro dénonce « l'indécence de celui qui vend des images de saints en campagne électorale par la réélection d'un candidat ». L'hebdomadaire Famille chrétienne, qui avait déjà titré une de ses couvertures « Vade retro Salvini » en juillet 2018, attaque le « souverainisme fétichiste ». Et Avvenire, le quotidien de la conférence épiscopale italienne, juge les événements de Milan « surréalistes ».
Le « souverainiste religieux » inquiète l'Église italienne. Les sifflets de Milan démontrent l'émergence d'un catholicisme ultraconservateur, dont Steve Bannon est l'idéologue, qui brandit l'évangile mais en fait une lecture opposée à celle du pape. Dans le Corriere della Sera, un cardinal explique anonymement que le catholicisme xénophobe, anti-islamique et agressif de la Ligue est le seul qui fasse entendre sa voix dans le discours politique transalpin et que, dans les paroisses, il est plus présent que la culture de l'inclusion. De nombreuses publications saluent les combats de Jean-Paul II et de Joseph Ratzinger en faveur de l'inscription de la culture judéo-chrétienne dans la Constitution européenne alors que le pape François a salué « les différentes cultures » du continent. Ils omettent toutefois de rappeler que Jean-Paul II avait mis en garde contre la résurgence du néo-racisme et invité à accueillir les réfugiés qui risquaient leur vie en cas de rapatriement dans leur pays d'origine. Comme ils passent sous silence la bataille de Joseph Ratzinger en faveur des immigrés albanais en 1992.
Source : https://www.lepoint.fr/
Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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