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“Il miracolo” : Il suffira d’un signe (Vidéo - Une Série TV qui interroge sur l’irruption du surnaturel dans la vie de quelques personnes. - 15 min)
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Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
Sujet: “Il miracolo” : Il suffira d’un signe (Vidéo - Une Série TV qui interroge sur l’irruption du surnaturel dans la vie de quelques personnes. - 15 min) Mer Jan 30 2019, 13:38
Citation :
“Il miracolo” : Il suffira d’un signe
D’une statue de la vierge qui pleure du sang, Arte tire une série, à voir jusqu'au 23 février, qui interroge sur l’irruption du surnaturel dans la vie de quelques personnes. Et pour l’essayiste François Huguenin, le résultat à l’écran est… miraculeux.
Arte a la main heureuse en matière de séries. Après Au nom du père, le nouvel opus d’Adam Price, créateur de Borgen, sur une famille de pasteurs luthériens au Danemark, diffusé avant Noël, la chaîne franco-allemande a programmé une série italienne d’une originalité et d’une qualité exceptionnelles (visible en replay pour ceux qui auraient raté les premiers épisodes, jusqu'au 23 février). Disons-le d’emblée : outre ses immenses qualités artistiques, Il miracolo se singularise par une manière totalement inédite de traiter la question du surgissement du surnaturel dans la vie d’une poignée de personnes, que nous suivons sur huit journées (et autant d’épisodes) avec une passion d’autant plus attisée que l’histoire gagne en intensité et en complexité.
La qualité de la série est d’autant plus remarquable que son créateur et coréalisateur est un écrivain italien, Niccolo Ammaniti, dont c’est la première incursion dans le monde de l’image. L’argument est assez simple : une statuette de la Vierge est retrouvée auprès d’un homme ensanglanté, et l’on découvre rapidement qu’elle pleure des larmes de sang en abondance (neuf litres par jour). La série, dès lors, va éviter les deux écueils théoriques qui l’auraient rendue indigeste : l’un, hautement improbable ici, eût été le mode de la fiction pieusarde, chère à un certain cinéma américain ; l’autre aurait pu être le sarcasme binaire où tous les croyants sont nécessairement obscurantistes. (...)
Il miracolo choisit la ligne de crête en auscultant comment l’émergence du surnaturel vient impacter la vie des personnages, dans leur intériorité, dans leur couple, leur famille, mais aussi dans leur travail et leur fonction, y compris au plus haut échelon politique. Ce choix est rendu possible grâce à une excellente idée de scénario : la statue demeure cachée dans une piscine désaffectée, son existence est connue de peu de protagonistes et constitue pour chacun d’entre eux un événement intime. Une distribution magnifique
Un Premier ministre athée, en train de perdre un référendum qui, selon toute vraisemblance, va dire oui à l’« Italexit », marié à une femme tourmentée qui oscille entre fidélité et trahison, père de deux enfants dont la relation va se révéler perverse ; un chef de la sécurité croyant mais pas pratiquant, qui l’air de rien va prendre une part centrale et équivoque au dénouement de l’intrigue ; une chercheuse en biologie effacée qui plonge dans une sorte de névrose obsessionnelle par rapport à l’énigme ; une famille ordinaire sous l’emprise de la mafia, avec un enfant différent des autres qui vient illuminer la série ; et, last but not least, un prêtre alcoolique, obsédé sexuel et addict au jeu, qui fait penser à celui de la Puissance et la Gloire de Graham Greene. Comment chacun va-t-il réagir face à l’irruption de cette statue ensanglantée ?
Alternant scènes réalistes et intermèdes oniriques où le style vient rappeler celui de Sorrentino, plans serrés sur les visages et plans larges écrasants qui montrent combien les hommes sont petits face au mystère, avec un rythme saccadé qui pourtant ne rend pas impossible une certaine contemplation, Il miracolo est magnifiquement servi par d’exceptionnels acteurs, dont on pourra dégager Guido Caprino en Premier ministre froid et élégant qui finira par trouer la carapace, Tommaso Ragno dans le rôle baroque et bernanosien d’un père Marcello habité par le mal, Alba Rohrwacher en Sandra, la jeune scientifique qui ne cesse de nous surprendre, sans oublier Elena Lietti, bouleversante en femme d’homme d’État sacrifiée et en mère désabusée. Un appel à voir plus loin
La question de la série ne sera pas de chercher un miracle. Le miracle existe déjà : c’est la statue qui saigne. De nombreuses fausses pistes sont lancées à propos de l’accident d’un enfant, du résultat du référendum, ou même d’une visitation éprouvante du thème du sacrifice d’Abraham qui est un des sommets des huit épisodes. Mais au fond – et en cela la série est prodigieusement originale et infiniment juste – ce sont des leurres qui montrent en un subtil contrepoint qu’il ne s’agit pas de savoir quel miracle cette statue va opérer, mais plutôt comment elle sera, ou non, pour chacun des protagonistes un « signe ». Un signe au sens johannique, c’est-à-dire que l’important n’est pas le prodige réalisé dans ce qui apparaît extérieurement et demeure manifestement inexplicable, mais renvoie à une interrogation intérieure, à un appel à voir plus loin que ce qui est donné à voir, à se mettre soi-même en question, chacun au point de l’existence où il est parvenu.
Il serait cruel de spoiler le lecteur sur la conclusion. Disons qu’entre une conversion personnelle, l’expérience du don des larmes, la décision de jouer au plus malin, la quête folle de la compréhension rationaliste, toute une série de réactions se manifeste, sans jugement aucun de la part des réalisateurs. La série vient nous laisser au pied du plus grand mystère qui soit : comment un signe surnaturel peut-il ouvrir le cœur de l’un, exciter la raison de l’autre, entraîner tel ou tel passage à l’acte ? Pourquoi l’un est-il retourné et l’autre pas ? Et la plongée dans l’intimité de ces personnages de doute et de foi permet à chacun de se poser la question ultime : Et moi, comment aurais-je réagi ?