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Sujet: Quand le Pape s’invite à une conférence TED Ven Avr 28 2017, 10:44
Quand le Pape s’invite à une conférence TED Isabelle Cousturié | 27 avril 2017
Dans un long message vidéo, le Saint-Père a appelé la Silicon Valley à participer à sa "révolution de la tendresse".
Une vidéo de 18 minutes, sous-titrée en plus d’une vingtaine de langues, c’est dire combien le pape François tenait à s’inviter aux discussions du TED2017, qui rassemble du 24 au 28 avril, à Vancouver (Canada), des experts et créateurs issus du monde des nouvelles technologies et de la science, sur le thème « The future you ». Ces conférences TED (Technology, Entertainment, Design) ont été créées en 1984 par Richard Saul Wurman, en Californie, pour diffuser des idées innovantes. L’intervention d’un Pape dans ce genre de conférence est une grande première, et entendre résonner des noms comme Mère Teresa, le Bon samaritain — comme il le fait dans ce message, préconisant des concepts comme « révolution de la tendresse », « pouvoir et humilité », « espérance chrétienne » — fait de cette intervention un événement dans l’événement.
Un avenir à contre-courant
«Comme ça serait merveilleux si la croissance de l’innovation scientifique et technologique créait plus d’égalité et de cohésion sociale ! Et merveilleux, alors qu’on découvre de nouvelles planètes, de redécouvrir les besoins de nos frères et sœurs qui orbitent autour de nous ! », a déclaré le Pape face à tous ces esprits créatifs, la plupart issus du monde des start-up. « Eh oui, l’amour du prochain requiert une attitude créative, concrète et ingénieuse », mais les bonnes intentions et les formules convenues, utilisées « trop souvent » pour « apaiser » les consciences, ne « suffisent pas », a-t-il poursuivi. Construire l’avenir est une affaire de « relations interpersonnelles » et non « d’individualisme », qui ne dépend donc pas uniquement « des élus, des politiciens, des dirigeants de grandes entreprises», mais de la volonté de chaque homme à reconnaître son prochain comme un individu et soi-même comme une partie du « nous » que forment tous les hommes.
Quand il y a un « nous », c’est « une révolution qui commence », a garanti le Saint-Père. C’est chercher à renverser la situation actuelle, centrée essentiellement « sur l’argent, les biens que l’on possède et non sur les hommes ». Combien de gens qui se disent pourtant « respectables » ont l’habitude de ne pas s’occuper des autres, laissant « des milliers de personnes, des populations entières, abandonnées sur le bord de la route », a déploré François. « Plus vous êtes puissant, plus vos actions auront un impact sur les gens, plus vous devrez agir humblement », a-t-il averti. « Si vous ne le faites pas, votre pouvoir vous détruira, et vous détruirez votre prochain ». Et de citer alors un proverbe argentin : « Le pouvoir agit sur l’homme comme l’alcool sur un estomac vide, vous avez la tête qui tourne, vous êtes saoul, vous perdez l’équilibre et vous finissez par vous faire mal et faire mal aux autres ».
La solidarité, une réaction naturelle
Pour que l’humanité puisse avancer, et sachant donc que « nous avons tous besoin les uns des autres », il est impératif que l’homme soit replacé « au centre des priorités ». Pour cela, il faut avoir conscience que la solidarité, a poursuivi le souverain pontife, « n’est pas un automatisme », mais « une réaction naturelle », et que malgré « tout le mal que nous respirons », aucun système « ne peut supprimer en nous le désir de nous ouvrir au bien, à la compassion, notre propension à réagir face au mal ». Mais être un « acteur du bien » demande du courage, « d’être un samaritain des temps modernes ». Citant Mère Teresa et la parabole du Bon samaritain, le Pape a évoqué ses origines en lien avec la crise des migrants : « Moi-même, je suis né dans une famille de migrants ; mon père, mes grands-parents, comme beaucoup d’autres Italiens, sont partis en Argentine et ont connu le destin de ceux qui ont tout quitté.
J’aurais très bien pu devenir moi aussi un laissé-pour-compte. C’est pourquoi je m’interroge encore au plus profond de moi : pourquoi eux et pas moi ? ».
François a conclu son message par un appel à tous ces créateurs de la haute technologie, des sciences et de la culture contemporaine, à profiter de leur esprit dynamique et de leur influence pour montrer au monde que la "révolution de la tendresse" est «le chemin à suivre par les femmes et les hommes les plus forts et les plus courageux», qu’elle «n’est pas une faiblesse mais bien au contraire une force» pour construire un avenir viable pour l’humanité entière.