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Sujet: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Fév 18 2015, 12:13
Depuis plusieurs années des Frères Dominicains proposent sur le net, un carême en leur compagnie : méditation sur la Parole du jour, prière et des rencontres près de chez vous, etc...
Je mettrai sur le forum la médiation du Jour afin que chacun puisse se nourrir du fruit de l'Esprit Saint qui les inspire.
Pour les remercier, je vous invite à prier pour eux ou à vous inscrire.
La vie ordinaire est déjà bien assez difficile, faut-il donc en rajouter ? Carême, cendres, ces mots évoquent généralement quelque chose de plutôt ennuyeux et austère, fait d’épreuves et de privations, qui nous rendrait un peu tristes voire désagréables pour les autres.
Pourtant, au milieu d’un flot de discours, de bavardages et de propos verbeux qui ne cessent de nous envahir, il y a au commencement une Parole, Parole qui vient de loin et résonne jusqu’à nous. Quelqu’un nous parle et nous pouvons encore l’entendre : « Revenez à moi de tout votre cœur, oui revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. » Changer ! C’est un appel à tourner notre cœur, tout notre être, vers Celui qui nous parle et nous appelle à lui, Dieu Père plein de tendresse et d’amour. Dieu veut nous dire ce qu’il éprouve pour nous quand il nous voit nous-mêmes éprouvés. « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple, je connais ses souffrances, je suis venu pour le délivrer »* disait Dieu à Moïse dans le désert. Quand Dieu nous voit blessés par les coups de la vie, il veut nous dire simplement qu’il tient à nous et qu’il nous aime. Encore faut-il prendre le temps de l’écouter, de répondre à son appel, de nous convertir et de nous laisser convertir. Accepter de changer notre vie. Changer ! Il en coûte toujours un peu, et même souvent beaucoup, de changer quelque chose dans nos habitudes, notre manière de vivre puisqu’« on a toujours fait comme ça ! », il en coûte de nous convertir. Si la Parole est exigeante, ce n’est pas pour nous empêcher de vivre. Au contraire, Jésus nous parle pour nous rendre libres et nous donner sa joie. « Si vous demeurez fidèles à ma Parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
** Quand Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, parle sur la montagne, il nous ramène les pieds sur terre dans trois domaines de notre vie ordinaire et quotidienne : l’aumône, comme partage des richesses et des biens, la prière qui ouvre notre cœur à Dieu, le jeûne qui peut raviver notre appétit de ce qui est essentiel pour bien vivre. Si vous le faites, dit Jésus, vous vivrez « comme des justes. »*** Inutile de vous faire remarquer ! Le regard bienveillant du Père suffira à vous combler d’une joie profonde et vraie. Et c’est, aujourd’hui, une Bonne Nouvelle pour nous !
*Livre de l’Exode, chapitre 3, versets 7 et 8 **Évangile selon saint Jean, chapitre 8, versets 31 et 32 ***Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 1
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Fév 20 2015, 11:36
Se mettre en appétit
Repus et rassasiés. Quand on est repu de croquettes à croquer ou de canettes à vider, rassasié de messages et d’images, de câbles et d’écrans, on n’est plus bon à rien sinon à s’avachir dans une profonde torpeur. Jésus veut que dans la vie nous ayons de l’appétit. Il nous invite à pratiquer le jeûne, à éprouver au moins un peu la faim, celle de l’estomac d’abord. Quand on commence à avoir faim, on n’est pas très bien, on s’impatiente et souvent on grogne comme les enfants. Déjà, le peuple de Dieu dans le désert, pourtant libéré de l’esclavage d’Égypte, râlait : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Pour nous faire mourir ? »* Quand on est à jeun, on est plus léger, plus réceptif que le ventre plein, plus en attente, de nourriture d’abord et peut-être aussi d’autre chose. Jésus nous invite à jeûner avec discrétion et dans la joie : « Toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui voit dans le secret. »** Par la pratique du jeûne, en sollicitant notre corps, Jésus veut convertir notre cœur, le mettre en appétit, l’ouvrir davantage à la Parole vivifiante et libératrice de Dieu et en même temps l’ouvrir aux autres, nous rendre plus aptes à aimer et à être aimés. Nous en avons tous besoin. Dans l’Évangile, Jésus rappelle que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu »*** Cette Parole-là n’est-elle pas aussi la nourriture dont nous avons besoin pour vivre ?
*Livre de l’Exode, chapitre 16, verset 2 et chapitre 17, verset 3 **Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, versets 17 et 18 ***Évangile selon saint Matthieu, chapitre 4, verset 4
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Lily-Anne membre
Date d'inscription : 01/09/2010 Localisation : France - Provence
Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Fév 20 2015, 12:16
S'engager sur ta Parole
Réorienter sa vie pour avancer dans la bonne direction : éviter si possible d’errer ou de se retrouver dans une impasse. Le problème est que nous ne savons pas toujours très bien quelle est la bonne direction. « Comment saurions-nous le [bon] chemin »* si personne ne nous aide à le trouver et ne nous guide ? Jésus nous indique la route à suivre sans nous bercer de propos lénifiants et de perspectives illusoires. Si sa Parole est bien souvent tranchante, nous restons libres de suivre Jésus. Partager ses biens et ses richesses, comme Jésus nous le demande, porte sur les réalités les plus concrètes, l’argent, les biens matériels. Cela nous coûte souvent beaucoup. « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite. »** Aimer les autres, comme Jésus lui-même a aimé, tous les autres, le frère de ma communauté, mon voisin de palier ou le premier venu, et même mes ennemis, n’a rien d’une évidence. Persévérer dans la fidélité et dans la foi au milieu des contrariétés et des épreuves de la vie ne va jamais de soi. Il faut le vouloir, le choisir librement, et sur sa Parole décider aujourd’hui de convertir nos mauvaises habitudes. N’est-ce pas cela suivre Jésus et marcher dans la bonne direction ? Notre vieux livre biblique du Deutéronome l’exprimait déjà par la bouche de Moïse : « Je te propose de choisir entre la vie et la mort. Choisis donc la vie pour que vous viviez toi et ta descendance. »***
*Évangile selon saint Jean, chapitre 14, verset 15 **Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 3 ***Livre du Deutéronome, chapitre 30, verset 15
Désolée, cette méditation est celle d'hier, celle d'aujourd'hui est la précédente
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Dim Fév 22 2015, 14:35
Perdre son temps
Je n’ai pas de temps à perdre, car mon temps à moi est tellement précieux. Jésus m’invite justement à l’offrir. Y a-t-il une plus belle marque d’amour que d’offrir ce que l’on a de plus précieux ? Offrir son temps, gratuitement, c’est le perdre, du moins au regard de l’efficacité que l’on attend trop souvent de nous. « Toi, quand tu pries, retire-toi au fond de la maison, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret, ton Père te le revaudra. »* Jésus nous demande de prendre de notre temps pour prier, sans nous faire remarquer de personne. La prière, c’est du temps perdu mais dont on voudrait faire une offrande pour dire son attachement et son amour à la personne qu’on aime. Prier Dieu notre Père, c’est lui ouvrir notre cœur en vérité, se mettre à son écoute et lui parler. Je peux tout dire à Jésus et à Dieu, sans complexe et avec confiance : mes joies, mes souffrances, mes demandes, mes cris de supplication et mes actions de grâce. Se tenir simplement et humblement, dans le silence, sous le regard d’un père bienveillant et plein d’amour peut transformer notre existence et nous combler de joie. De toute éternité, sa Parole nous dit et nous redit : « Ne crains pas, je suis avec toi ; car tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime. »**
*Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 6 **Livre d’Isaïe, chapitre 43, versets 4 et 5
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Dim Fév 22 2015, 14:37
Vous reprendrez bien un peu de désert
Êtes-vous déjà allé dans un désert ? Le jour, il y fait très chaud ; la nuit, très froid. Rien n’y pousse, sinon des cailloux et du sable. Il y a certes de belles couleurs, matin et soir, mais le reste de la journée se passe dans un nuage de mouches et des litres de sueur. À quoi ça sert de commencer le Carême dans un désert ? Franchement ! On va au désert pour se préparer à une rencontre. On a le temps de voir arriver celui qui vient de loin : vais-je fuir ou vais-je l’accueillir avec un cœur disponible ? Jeûner, prier et faire l’aumône, c’est mettre son corps au service du cœur, et de l’autre. C’est laisser Jésus remettre les choses à leur juste place dans ma vie. C’est l’accueillir en me bougeant un peu. Concrètement. On va au désert pour découvrir qu’il n’est pas si désert. Dans mon cœur, il y a Jésus poussé par l’Esprit Saint. Il y a Satan, le diviseur, le tentateur. Il y a même des bêtes sauvages et des anges. Et il y a moi qui suis déchiré entre les anges qui me rappellent que je suis fait pour la joie du ciel, et les bêtes sauvages qui me tirent vers les ténèbres. Comme des roquets, elles n’effraient que ceux qui les regardent alors je continue de marcher. La gorge un peu serrée, mais les yeux fixés sur Jésus. On va au désert pour en sortir. Le Carême est un temps pour atteindre la terre promise et non pour mourir la tête dans le sable comme une autruche effrayée par sa misère. Oui, quand je vois où je suis et là où Dieu m’appelle, je suis tenté d’arrêter de marcher. Mais « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces. » * Je ne suis pas appelé à être un héros mais un saint : Dieu ne me demande pas de faire des choses extraordinaires, mais des choses ordinaires en laissant son amour extraordinaire prendre toute la place dans ma vie. Plongé dans mes pensées, j’ai oublié de lever la tête. Et voilà que je me découvre entouré d’une foule immense venue des quatre coins du monde. Sans que je m’en aperçoive, l’Esprit a poussé chaque baptisé au désert pendant ce temps de Carême. Il fallait du courage pour commencer, mais je ne suis plus seul : Jésus lui-même nous a offert sa prière pour la marche. Elle monte pas à pas vers le ciel et murmure : Notre Père.
* 1 Corinthiens 10,13
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Fév 23 2015, 14:36
Grumeaux et pâtes à crêpes
L’hiver dernier dans un café de Montréal, Simon, un étudiant, me raconte sa conversion et son baptême à vingt ans. « Ce qui a le plus changé depuis que je suis chrétien, c’est mon rapport au mal. Le mal avant, c’était toujours les autres : mes voisins, mes profs, les politiciens, la société, les puissants, les médias. Les autres étaient racistes, égoïstes et individualistes. Pas moi. Mystérieusement, c’est en regardant un jour la petite croix que ma grand-mère m’avait offerte que j’ai compris que le mal, c’était moi aussi qui le faisais. C’était comme des grumeaux qui remontaient dans la pâte à crêpes avec tout le mal de ma vie. J’aurais pu être écrasé comme un coupable, mais j’ai su que j’étais aimé comme un enfant. Sans condition. Sur la croix, il me regardait encore avec bienveillance et avec lui je pouvais regarder enfin ce que j’avais fait de mal. Alors pendant six mois j’ai demandé pardon à tous ceux que j’avais blessés : certains m’ont pris pour un fou, mais j’ai aussi entendu des merveilles ! Les tentations n’ont pas cessé. Au contraire : plus je me rapproche de Dieu, plus je suis tenté par ce qui n’est pas Dieu. Comme le dit saint Jacques : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ‘Ma tentation vient de Dieu.’ Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. »* Mais je sais que je ne suis plus seul pour lutter, car, dans le baptême, Dieu a fait alliance avec moi pour toujours.
*Lettre de saint Jacques chapitre 1, versets 13 et 14
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Fév 24 2015, 11:15
Des pardons, des fleurs et du vin
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Évangile selon saint Luc, chapitre 11, verset 4
Invité à dîner par un couple marié depuis trente ans, j’écoute cet homme et cette femme me parler de leur mission en paroisse : préparer les fiancés au mariage. « Quand des fiancés nous demandent comment durer dans le mariage, nous répondons que, pour nous, la seule clé a été le pardon. Pour durer sans durcir. Le prêtre qui nous a préparés au mariage nous avait dit : “Ne laissez jamais la journée finir sans faire la paix !” Mais nous avons mis des années avant de le comprendre ! Un jour, cependant, nous avions été tellement odieux l’un envers l’autre que nous sommes allés nous confesser chacun dans notre coin. Pour la première fois depuis des années, mais ce jour-là il y avait urgence ! »
Ce soir-là, le mari est rentré avec un énorme bouquet pour sa femme et elle est arrivée avec une très bonne bouteille de vin. Ils avaient dû tomber sur le même prêtre en confession qui leur avait demandé de célébrer la réconciliation avec Dieu et leur prochain. Concrètement. Comme on célèbre une naissance ou un anniversaire.
« Cette épreuve a été une leçon. Depuis ce jour, nous ne nous sommes plus jamais endormis sans nous demander pardon. Et, régulièrement, nous prenons le temps de nous demander pardon en famille. Tout simplement. Avec un gros gâteau et une belle soirée entre nous. Tous les deux, nous continuons à nous offrir un cadeau après chaque confession. Le fleuriste et le marchand de vin n’ont jamais bien compris pourquoi nous étions devenus du jour au lendemain d’excellents clients ! »
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Fév 25 2015, 12:46
Un café au Paradis
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 11.
Jerry est mon ami, un homme formidable qui passe ses journées sur les marches d’une église d’Ottawa et dort dans un foyer pour sans-logis à côté. « Hey Brother ! Tu sais quelle est ma phrase préférée de l’évangile ? : “Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous !” * Tu es venu me voir dans la rue chaque semaine pour me donner à manger et à boire. Au ciel, c’est moi qui t’accueillerai chez moi et le café sera divin ! » Je lui sers un autre café et Jerry m’explique qu’au ciel nous verrons la vraie histoire du monde : pas celle des rois, des batailles et des livres d’histoire, mais celle des petits, des humbles, des pauvres, des invisibles qui ont porté en secret le monde par leur amour et leurs prières. Tous ceux qui ont reçu de Dieu chaque jour leur pain quotidien : pain des hommes, pain de la Parole de Dieu et pain de vie à la messe. « Tu vois, Brother, ceux qui donnent leur vie par amour font plus pour la paix du monde que l’ONU et tous les gouvernements. Tu connais le chant de Marie, le Magnificat ? C’est cela le monde à l’endroit : “Déployant la force de son bras, le Seigneur disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.” Dans la foi, nous voyons le monde à l’endroit, le monde que Dieu regarde avec amour. Et l’amour, ça met la pagaille ! » Il était minuit, il faisait -25 degrés, j’avais les pieds gelés et je venais de prendre une sacrée leçon de théologie.
*Évangile selon saint Luc, chapitre 6, verset 20
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Fév 27 2015, 12:30
J'ai quelqu'un dans ma vie
Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 10.
À Lourdes, sous la pluie, une grand-mère avec de grands yeux rieurs s’assoit à côté de moi face à la grotte. « Vous savez, mon frère, je suis venue de loin pour dire merci au Bon Dieu et à Marie. Pendant des années, je me suis sentie coupable parce que nos enfants ne croyaient plus et nos petits-enfants n’étaient pas baptisés. Cela me rendait malheureuse et j’en avais même honte devant Dieu. Alors, un jour, je Lui ai dit : “Écoute Seigneur : Toi, Tu peux tout. Ce que je peux faire pour Toi, je vais le faire de tout mon cœur et que ta volonté soit faite !” J’ai recommencé à prier chaque jour pour mes enfants et mes petits-enfants. Chaque dimanche, avec mon mari, nous allons à la messe pour eux. Quand ils ont des difficultés et qu’ils nous en parlent, nous leur proposons toujours de prier pour eux. Ils n’ont jamais refusé et en ont toujours été touchés. Nous avons laissé entrer Jésus au cœur de notre vie pour qu’il puisse un jour entrer dans le cœur de nos proches. Et voilà que ma petite fille de vingt ans est venue me dire qu’elle allait demander le baptême. Elle avait un si grand sourire que j’avais du mal à la reconnaître. “Grand-mère, j’ai compris une chose en voyant les yeux de mes amis chrétiens et en pensant à toi et à grand-père. Vous avez quelque chose en commun : vous avez quelqu’un dans votre vie.” » Alors, fixant la grotte, elle ajouta : « Il me semble, mon frère, que faire 1000 km pour dire merci au Bon Dieu et à Marie, c’était le minimum ! »
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Fév 27 2015, 12:57
Une sainte en construction
Que ton nom soit sanctifié.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 9
C’est la fin de l’année. Je pose une dernière question aux enfants du catéchisme : « Que rêvez-vous d’être plus tard ? » Les réponses fusent : six pompiers, cinq journalistes, un Casque bleu, sept institutrices. Mais à la fin, la petite Camille s’approche : « Je n’ai pas dit la vérité tout à l’heure. Moi, plus tard, je veux être sainte. »
« Magnifique ! Et comment devient-on sainte selon toi ? » Je la vois réfléchir et elle se lance : « Je crois que c’est Dieu plutôt qui fera de moi une sainte. C’est comme quand quelqu’un nous aime, ça nous rend plus beaux. Être une sainte, je pense que c’est être belle pour Jésus. » Peut-être souriez-vous en imaginant une petite fille coquette… mais elle continue avec simplicité : « Être belle, c’est aimer et faire le bien dans les petites choses chaque jour. Quand je prie, j’aime aussi dire à Jésus les noms de tous ceux que j’aime pour qu’Il les rende beaux et saints. » L’aumônier que je suis écrase une petite larme en se disant que Dieu fait des merveilles dans le cœur des enfants mais mon cœur, lui, est en pleine interrogation : et moi ? Est-ce que j’ai envie d’être un saint ? Suis-je convaincu qu’être saint, c’est rester dans la joie malgré les épreuves ? Et voilà que la « petite sainte en construction » me désarme avec un grand sourire : « Je n’ai pas dit que c’était facile ! Mais je crois que Jésus est toujours là, même quand c’est dur. » Là où il y a Jésus, il y a toujours la croix. Mais là où il y a la croix, il y a toujours Jésus.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Fév 28 2015, 12:23
Le Pater à l'envers
Notre Père, qui es aux cieux.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 9.
Quand j’écoute le Père François, 90 ans, j’aimerais déjà être comme lui. Il me confie ses méditations autour d’un thé bien chaud : « J’ai appris toute ma vie à dire le Notre Père. Jésus, Lui, est le Fils unique de Dieu : Il sait donc parfaitement qui est le Père. Mais ce que Jésus connaît spontanément, nous devons l’apprendre par toute notre vie. Jour après jour. Voilà pourquoi je prie souvent le Pater à l’envers. Pour repasser par toutes les étapes de mon baptême : la libération du mal et des tentations, le pardon donné et reçu, le pain quotidien vital, l’obéissance à la volonté de Dieu et le désir du Royaume jusqu’à la contemplation de la sainteté de Notre Père qui est aux cieux. Le jour de mon baptême est donc le plus important de ma vie, car ce jour-là, j’ai été adopté pour toujours par le Père, je suis né pour la vie éternelle, le ciel où Dieu m’attend. Quoi que je fasse, Dieu ne reprendra pas sa Parole. Même si je suis infidèle à mon baptême, Dieu est là, toujours fidèle. Chaque jour, depuis 65 ans, quand je célèbre la messe, je suis émerveillé par ce Dieu qui se remet humblement entre nos mains, corps et sang, et qui nous invite à nous donner à Lui. “Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.” * Jamais je n’aurais cru que ce serait si beau d’être chrétien et si merveilleux d’être prêtre. Quand le Seigneur viendra, aurai-je assez de l’éternité pour lui dire merci pour tout ce qu’Il a fait pour nous ? »
*Évangile selon saint Jean, chapitre 3, verset 16
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Dim Mar 01 2015, 13:56
Un rai de ta lumière
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Évangile selon saint Marc, chapitre 9, verset 2
Les proches de Jésus, à commencer par Pierre, Jacques et Jean, avaient déjà pris des habitudes : avec lui, se mettre à l’écart pour prier, pour quitter le monde afin d’y revenir plus forts. Ils savaient. Ils croyaient savoir. Mais Jésus, ce jour-là, ne les invite pas à prier avec lui. Il veut les rendre témoins de ce qu’il est réellement, et qu’ils ont du mal à croire, comme moi, comme nous aujourd’hui parfois : Jésus est réellement un homme, mais il est aussi Dieu ! Alors, les disciples en ont plein la vue : Jésus est transfiguré ! En fait, l’évangile nous parle de ses vêtements, comme si déjà son visage, son regard étaient depuis longtemps marqués du signe de la résurrection. Comme dans ces passages de l’évangile où ce regard « fustige » les pharisiens qui préfèrent la lettre du sabbat plutôt que la guérison d’un malade* ; ou encore lorsque Jésus regarde autour de lui « ceux qui font la volonté de Dieu » pour les appeler « et mon frère et ma sœur et ma mère. »** La présence de Moïse et d’Élie, la Loi et les Prophètes, souligne l’ampleur de l’événement. Il récapitule et enveloppe toute l’histoire de l’alliance de Dieu avec son peuple. Le lieu ? « La haute montagne » : c’est souvent là que ça se passe, quand c’est le silence, quand c’est beau. Les disciples en perdent la parole, leur vue se brouille, ils sentent confusément le besoin de garder pour eux leur ami qui semble déjà leur échapper… le mettre sous une tente, pour ne plus être bousculés par cet entretien venu d’ailleurs… Rétablir la situation pour la rendre acceptable ? Non ! Une voix venue du ciel balaie cette tentation. Il ne manquait plus que cela ! Dieu le Père Lui-même qui vient faire les présentations : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » et ce n’est pas tout : « Écoutez-le » ! Les trois disciples ne comprennent peut-être pas, mais ils retiennent. Et si le monde était transfiguré ? Tous les jours, je m’y essaie avec mes misérables yeux. Ah ! Si je pouvais voir ! Seigneur, fais que je voie. Mes malheurs m’aveuglent. Fais-moi voir les signes que tu m’envoies. Toi, le Vivant de la beauté et de la joie du monde. Seigneur je veux juste un petit rai de ta lumière, mais qu’elle m’éclaire de l’intérieur, que je naisse un peu de toi, en Fils bien-aimé du Père.
*Évangile selon saint Marc, chapitre 2, verset 27 ** Évangile selon saint Matthieu, chapitre 12, verset 50
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 02 2015, 11:07
Quitte ta robe de tristesse
Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! Revêtu de magnificence, tu as pour manteau la lumière ! Comme une tenture, tu déploies les cieux.
Psaume 103, versets 1 et 2.
Sandrine, notre voisine, a tout vu du malheur du monde. Sa mère la prenait avec elle dès qu’elle a su marcher pour la mettre au premier rang des badauds : accidents, motos qui se scratchent, coups de couteau, violences de tous ordres le quartier est plutôt animé ses yeux ont tout enregistré. À 12 ans, son regard était froid comme la mort. Elle est sortie avec peine de cette fatalité du malheur. Personne n’est indemne de ce risque. Mettre en lumière la beauté du monde, la bonté des gens autour de nous, aimer « ce doux Royaume de la terre » n’est pas très à la mode. Et si nous revisitions le psaume 103 ? Pour chanter un merci à Celui qui a créé les petits et les grands luminaires. À Lui qui « s’enveloppe d’un manteau de lumière. »* À son Fils, « Lumière née de la lumière. »** Si nous quittions notre robe de tristesse pour cette mise en lumière de nos vies, cette transfiguration qu’opère en nous le choix de nous laisser aimer. Il nous prend par la main et dans ses bras quand le moral est atteint pour ouvrir nos yeux à tous ces gestes d’amitié, ces gestes de fraternité, ces visages et ces lieux faits pour être admirés, contemplés, célébrés, priés. Et composer un poème, pourquoi pas ?
Des joies Qui te soulèvent plus haut que toi, Par-dessus les toits. Des joies reçues on ne sait d’où Des joies comme une fête secrète Des joies comme un miroir de l’eau Comme une sagesse ancienne Dans la profondeur d’un puits : Des joies comme toi, comme Toi, comme nous.
*Livre des Psaumes 103, verset 2. **Évangile selon saint Jean, chapitre 1, verset 9.
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martine777
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Mar 03 2015, 06:45
Lily-Anne a écrit:
Quitte ta robe de tristesse
Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! Revêtu de magnificence, tu as pour manteau la lumière ! Comme une tenture, tu déploies les cieux.
Psaume 103, versets 1 et 2.
*Livre des Psaumes 103, verset 2. **Évangile selon saint Jean, chapitre 1, verset 9.
Lily-Anne membre
Date d'inscription : 01/09/2010 Localisation : France - Provence
Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Mar 03 2015, 12:56
Un roc de lumière
Car Dieu dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut.
Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens, chapitre 6, verset 2
Saint Paul nous le rappelle : c’est ici et maintenant. Cela concerne notre vie. Que notre vie soit bien dessinée comme un jardin à la française, avec ses allées tracées au cordeau. Qu’elle ressemble plutôt au jardin des Ajoncs, derrière notre maison, récupéré sur un terrain vague où tout est un peu en désordre, où les sentiers ont l’air de ne mener nulle part. Notre vie est peut-être un mélange des deux, ou tellement singulière qu’aucune comparaison ne tienne.
Il va falloir que ça change ! Que je secoue cette drôle de tristesse que je porte sans trop savoir pourquoi. Que je jette à la rivière cette rancune tenace envers ce proche qui m’a humilié. Que j’apprenne à ouvrir des mains qui restent crispées sur mes économies. Que je travaille sérieusement à lâcher cette addiction qui me ronge en secret. Que je redevienne capable à nouveau d’une respiration profonde, d’un autre regard, pour mettre la joie de l’échange fraternel, la lumière de la prière au centre de ma vie.
C’est bien de faire rêver, mais combien de Carêmes au compteur ? Et de si maigres résultats. C’est vrai, un Carême, ce n’est pas la méthode Coué « tout va bien », ce n’est pas un optimisme béat « tout le monde il est beau », ce n’est pas davantage de l’arnaque « demain on rasera gratis ». C’est un travail à faire sur soi, une démarche de libération inscrite dans celle de tout un peuple, à tenir dans la durée. Ce serait désespérant et intenable si nous ne nous appuyions pas sur le roc, sur la pierre de fondation de l’édifice, sur le Christ, notre libérateur, notre sauveur, notre lumière.
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Mar 04 2015, 14:30
Un feu à l'intime de nous -mêmes
Transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.
Lettre de saint Paul aux Romains, chapitre 12, verset 2
Transformer ma façon de penser ? Impossible, je préfère garder mes préjugés, ceux reçus de ma famille, de mon quartier, du prêt-à-penser, de l’air du temps. C’est moins fatigant. Refaire le monde tous les matins en me levant ? À quoi bon ? Rien de bien nouveau sous le soleil. Et puis, qui peut se vanter de discerner la volonté de Dieu, au milieu de la cacophonie des petits prophètes autoproclamés ? Eux qui affirment tout et son contraire, qui disent que blanc est noir, que le vrai d’hier est le faux d’aujourd’hui… Qui sont les témoins dignes de confiance, ceux dont la trace lumineuse peut ouvrir de nouveaux chemins dans nos vies ? Ce ne sont peut-être pas tous des saints de vitrail, mais ils ont en commun d’être des vivants, intensément vivants. Les approcher allume comme un feu à l’intime de nous-mêmes. C’est un bon critère de discernement. C’est l’histoire qui arrive à ces deux hommes sur la route qui descend de Jérusalem à Emmaüs : le compagnon qui les rejoint va balayer leur tristesse. Sa Parole brûle leur cœur d’une brûlure qui guérit de tous les renoncements, de toutes les lâchetés, de tous les « à quoi bon ? » Jésus, puisqu’il s’agit de Lui, est ce vivant, témoin absolu de la volonté de Dieu sur nos chemins souvent obscurs, parce qu’il a été jusqu’au bout de cette volonté d’un Dieu qui allume une lampe sur nos pas.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Mar 06 2015, 11:43
Semence d'éternité
Car Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa Parole vivante qui demeure.
Première Épître de saint Pierre, chapitre 1, versets 18 et 21
La semence périssable, c’est la parole sans but parce qu’elle vient échouer sur l’énigme de la mort. Elle se trouve enfermée dans le cercle du répétitif, l’alternance des saisons, l’éternel retour du même. Ainsi d’une certaine conception de la vie sans Dieu que des sagesses enseignent aujourd’hui, où l’on voit la morale se substituer à la religion, et la sagesse à la foi. Dieu est alors « indécidable », on ne sait pas et on ne saura jamais si Dieu existe ; Il est incroyable, « non croyable » pour l’homme formaté par les sciences exactes ; il est insupportable pour qui la foi est un carcan dogmatique, obstacle à son humanité ; en un mot, on se passe très bien de la question de Dieu.
Saint Paul nous propose un retour aux sources. Nous ne sommes pas les inventeurs de la vie, elle nous est confiée par celui qui en est l’origine, le créateur. Notre liberté est celle d’une créature. Pour la comprendre ou plutôt pour bien la vivre, il ne faut jamais se couper de ses racines qui sont dans le ciel. De la puissance créatrice contenue dans la Parole vivante de Dieu c'est là que se dégagent une perspective, une espérance, une semence impérissable, capable de faire refleurir nos déserts les plus arides. L’olivier planté dans le jardin du Vatican par le leader palestinien et le chef de l’État hébreu en est le symbole le plus récent, voulant signifier que la guerre qui déchire la Palestine n’est pas une fatalité, qu’il est du pouvoir des hommes de bonne volonté de changer le cours des choses, de transformer les lances de guerre en soc de charrue, selon la prophétie ancienne d’Isaïe.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Mar 06 2015, 11:46
Rebut choisi pour édifier
On nous calomnie, nous réconfortons. Jusqu’à présent, nous sommes pour ainsi dire l’ordure du monde, le rebut de l’humanité.
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens, chapitre 4, verset 13
Il nous faut faire le dos rond quelquefois, il nous arrive d’être moqués, mal-aimés, plus largement ignorés. Une amie m’a avoué qu’ayant reçu du monde à dîner chez elle, elle n’avait pas osé dire que le lendemain, elle accompagnait des enfants au sacrement de réconciliation, de peur qu’on la catalogue définitivement comme « catho ». Autocensure insidieuse qui souvent nous rend muets. Plus grave, certaines prises de position, certains choix de vie faits au nom de notre foi ne sont plus compris et donnent lieu aux pires soupçons. Ainsi de celui ou de celle qui choisit d’aller vivre dans une cité HLM mal famée. Vivre à la suite du Christ, c’est vivre comme en porte-à-faux au regard de certaines conventions sociales, du prêt-à-penser admis ; c’est s’engager aux côtés de ceux qui sont le monde de Jésus. Dans les Évangiles, ce sont justement ceux qui ne sont pas toujours recommandables, qui n’ont pas leurs papiers en règle, les marginaux, les déviants. Les braves gens, comme chantait Brassens, « n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux. » « La pierre angulaire rejetée par les bâtisseurs », ce matériau jugé impropre à la construction de l’édifice, mis au rebut avec les gravats du chantier, c’est lui que Dieu justement choisit pour édifier son Église. Parce que ce qui est solide, ce qui va tenir, ce n’est pas d’abord la science un peu myope du maçon, mais le plan de Dieu sur l’édifice, le regard de Dieu sur tout ce qui va, ensemble, contribuer à bâtir la cité de Dieu, une cité sans rebut, sans déchet. Jésus, donne-nous ce bonheur d’être une pierre vivante, de prendre quelque chose de ta tendresse, d’apporter un peu de ta lumière autour de nous.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Mar 07 2015, 11:07
Enveloppés de lumière
Ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière. Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin, pratiquez l’hospitalité avec empressement.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains, chapitre 12, versets 12
Et si la joie dans l’espérance permettait de regarder nos vies autrement ? Allumant la curiosité de ceux qui nous rencontrent, y compris les plus blasés, ceux qui sont apparemment revenus de tout ?
La joie de l’espérance, c’est « la joie de l’Évangile », dont parle le pape François. Cette joie se renouvelle, elle peut vaciller. Comment serait-elle la même quand je vis un deuil ou quand je célèbre les amis dans une fête ? Mais « elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout » affirme notre pape. C’est ce qui fonde notre courage d’exister, de pouvoir dire comme René, mon copain prêtre-ouvrier mort jeune d’un cancer et qui aimait à répéter sur son lit d’hôpital : « La vie est belle, continuons le combat. » De pouvoir vivre comme Jan jusqu’au bout l’enfer d’une maladie en ayant tout perdu sauf cet attachement au Christ, resté intact au milieu des décombres.
La joie de l’espérance se communique aussi, c’est dans sa nature. Si elle m’habite, elle me donne une qualité de présence qui va peut-être faire s’interroger la personne qui en est témoin : « D’où lui viennent donc cette paix, ce courage pour se battre joyeusement, cette endurance dans l’épreuve, cette lumière dans les yeux ? » Dieu a envoyé son Fils pour que tous les hommes soient délivrés de ce voile de tristesse qui les enveloppe comme un linceul. Comment l’Église du Christ pourrait-elle se replier sur elle-même avec un tel maître qui remet toute la création dans sa nouvelle lumière ?
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Dim Mar 08 2015, 13:01
Douceur de Dieu, violence des hommes
Jésus fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple.
Évangile selon saint Jean, chapitre 2, verset 15
Le Carême, c’est le moment ou jamais de tout décaper. On balance tout, on veut tout changer à tout prix, tout de suite, avec violence, on se fait un programme qui ressemble à un parcours du combattant en se disant que l’on doit faire comme Jésus dans le Temple. Si le Christ lui-même se permet de le faire, pourquoi pas nous ? En fait, bien malgré nous, nous risquons de nous faire du mal, de continuer nos petits commerces avec le Bon Dieu, et finalement de ne pas faire sa volonté, mais la nôtre. Et cette violence du Christ est assez inattendue pour que je l’imite avec prudence.
Et si je laissais plutôt Dieu agir ? Cette violence, que nous exerçons contre nous-mêmes, n’est pas la violence du Christ dans le Temple. Nous pensons bien souvent que nous pouvons nous-mêmes décider de ce qui est le mieux pour nous alors qu’il serait bien préférable de lui laisser la main, de le laisser faire. En voulant tout faire nous-mêmes, en voulant renverser en nous tout ce qui pourrait déplaire à Dieu, nous risquons bien souvent de renverser ce qui justement a du prix à ses yeux. Cette « monnaie des changeurs » qui me semble abominable, dois-je vraiment m’en débarrasser ? Et si finalement le Seigneur voulait s’en servir pour aider mon prochain et lui redonner une valeur qui m’échappe ? Lui seul peut entrevoir, au plus intime de nous-mêmes, ce qui est bon et juste. Dans ce Carême, notre travail, n’est pas de faire table rase, mais bien plutôt de laisser entrer le Christ pour qu’il vienne à nous. Jésus nous prend à part pour nous éduquer, pour venir habiter en nous. C’est sans aucun doute avec beaucoup de douceur qu’il mettra tout en ordre, comme il le veut, comme il le souhaite. Alors, la seule chose que nous ayons à faire c’est, dans la prière, de lui demander de venir faire son œuvre en nous. Notre maison intérieure, avec toutes nos préoccupations, nos désirs, nos envies de bien faire, nos découragements, peut retrouver une nouvelle fraîcheur en devenant une maison de prière ; c’est-à-dire une maison où nous faisons silence pour accueillir l’hôte invisible de nos cœurs qui saura nous donner la paix car « il connaît ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. » *Laissons-nous faire et rappelons-nous cette belle formule de saint François de Sales : « Tout par amour, rien par force ! »
Évangile selon saint Jean chapitre 2, verset 25
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 09 2015, 11:59
Petits propos sans conséquence
La langue nous sert à bénir le Seigneur notre Père, elle nous sert aussi à maudire les hommes qui sont créés à l’image de Dieu.
Lettre de saint Jacques, chapitre 3, verset 9
Qu’il est doux, nous le savons bien, de se retrouver entre amis et, insidieusement, de commencer à dire du mal d’un tel ou d’un tel, à nous enivrer de ragots et de jeux de mots faciles. Nous nous laissons ainsi bien souvent aller à ces petits propos légers et apparemment sans conséquence qui occupent nos conversations et finalement une bonne partie de nos vies. Oh bien sûr, on n’insulte pas son prochain, on n’oserait pas car on est un bon chrétien. Comme un ami aime le dire en se moquant : « La médisance, c’est doux et chaud comme un édredon. » Mais cette langue que nous avons, nous le savons, peut devenir violente, blesser, dégrader, et parfois tuer. Or, Dieu nous a donné une langue pour « bénir le Seigneur notre Père », et non « pour maudire les hommes ». L’homme est né pour louer Dieu, pour consoler ses frères et pour grandir en enfant de Dieu. Saint Dominique, disait-on de lui, « parlait à Dieu ou de Dieu » et nul n’était plus joyeux ou fraternel que lui. Son exemple nous apprend que la joie profonde naît de cette attitude fondamentale de bénédiction : nous avons reçu une langue pour cela ! Le plaisir de la parole violente laisse bien souvent un goût amer en nous. C’est quand je suis doux, que je domine ma violence, que je suis fort.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Mar 10 2015, 14:09
Violence du pardon
Si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, va d’abord te réconcilier avec ton frère.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 5, versets 23 et 24.
S’il est une chose bien difficile, pour laquelle nous devons nous faire violence, c’est demander pardon à son frère. On a beau faire tout ce qu’on peut pour ne pas blesser quelqu’un et donc pour ne pas avoir à demander pardon, de temps en temps, on ne peut, décidément, pas s’y dérober. Alors, on tergiverse, on hésite, on se dit que ça ne presse pas. Et puis, lui aussi pourrait bien le faire, après tout, il pourrait me donner l’exemple. On fourmille de mauvaises raisons de ne pas le faire, c’est presque aussi désagréable que d’aller se confesser. Et voilà, pas de chance, le Christ nous demande de le faire, toutes affaires cessantes. On devrait même partir au milieu de la messe, ou presque, pour aller demander pardon. Que faire alors ? Sans doute déjà demander à Dieu qu’il nous aide, qu’il nous donne cette force de nous mettre en route, d’éclairer notre cœur et notre esprit pour rejeter tous les faux prétextes. Parfois, ce sera une longue attente avant de recevoir cette force de Dieu, mais restons ouverts au pardon même si nous sommes incapables aujourd’hui de le donner. Ensuite, il faudra se faire un peu violence pour oser aller à la rencontre de son frère, lui parler et être prêt à écouter ce qu’il a sur le cœur. Risque de la parole donnée, risque de la parole rejetée, mais aussi possibilité de mettre fin à la logique de la violence et de retrouver la joie, cette joie profonde et exigeante qui est le visage de Dieu lui-même.
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Lily-Anne membre
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Mar 11 2015, 12:52
Une flamme dans la nuit
La maison ne s’est pas écroulée car elle était fondée sur le roc.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 7, verset 25
Un soir d’hiver, au bord du Rhin, accompagné d’un membre d’une association, je me rendais sur les sites de prostitution à la rencontre de ces femmes et de ces hommes que la nuit cache mal. Parmi les visages blessés et usés, je me souviens d’une jeune femme qui nous racontait une vie faite de tempêtes, de violences et de souffrances, mais qui, mystérieusement, gardait une espérance qui m’a bouleversé. Au milieu de son récit, elle a sorti de son sac une toute petite image écornée, gondolée, cabossée comme elle. C’était une icône de la Vierge portant le Christ. Le temple de son corps, attaqué par les flots incessants de la violence des hommes, tenait bon et droit car il était construit sur le roc, car il était construit sur le Christ. Au fond de ce cœur brillaient encore la flamme de l’Esprit, la force de l’espérance. Et moi ? Est-ce que ma maison est construite sur le roc ? Quand viendront les tempêtes, les doutes, les difficultés, serai-je prêt ? Je n’en sais rien. Mais ce que je peux savoir, ce que nous pouvons savoir, c’est que le Christ sera là, même dans nos nuits. Nous ne le verrons peut-être pas car il ne marchera pas devant nous, mais derrière nous, et il nous soutiendra dans nos épreuves. Seigneur, entretiens mon espérance, Seigneur, toi le Dieu fidèle, ne m’abandonne pas !
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Sofoyal
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Mar 11 2015, 13:16
Une belle méditation! Merci!
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Jeu Mar 12 2015, 13:40
La charte du Royaume
Le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 11, verset 12.
Toute la journée, défilent sur nos écrans ces images terribles, tristes et révoltantes de gens qui cherchent à établir par la force le Royaume, qui croient agir au nom de Dieu et pour Dieu. Et nous, ne cherchons-nous pas, plus spirituellement sans doute, à nous emparer de ce Royaume ? Le Royaume de Dieu n’est pas un territoire dans lequel nous devons entrer, légalement ou non, une terre à conquérir pour qu’elle devienne la nôtre. Le Royaume de Dieu vient à nous, se donne. On ne s’en empare pas. Le Royaume de Dieu vient à nous dans la beauté du sacrement et dans la simplicité du visage d’un frère, dans la force de la prière de l’Église et dans l’intimité de ma prière secrète. Ce Royaume a sa charte dans les béatitudes et sa réalité dans le cœur des hommes qui sont les « temples de l’Esprit ».* Le Royaume des cieux institué par le Christ est la venue du roi « doux et humble de cœur ». Il vient nous visiter dans nos souffrances pour nous relever. Il se laisse découvrir non dans la force humaine des rois et des puissants mais dans la puissance de la miséricorde, ce cœur de Dieu qui se penche sur la misère des hommes. Sommes-nous prêts à abandonner notre vision terrestre d’un Royaume des cieux ? Sommes-nous prêts à accueillir en nous le Roi des rois dans la souffrance de sa Passion et la gloire de sa Résurrection ? Où sont amour et charité, Dieu est présent. Jésus-Christ, toi qui es le vrai Royaume, apprends-nous à baisser les armes de nos désirs pour te laisser venir à nous, dans la joie de l’attente.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Mar 14 2015, 14:03
Moment crucial
C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé […] par ses blessures nous sommes guéris.
Livre d’Isaïe, chapitre 53, verset 5
Nous le savons bien, nous nous accommodons facilement de nos erreurs : nous jugeons les autres sur leurs actes, parfois durement, et nous nous jugeons, souvent avec un brin de complaisance, sur nos intentions. « Ce que m’a fait untel est vraiment scandaleux, c’est révoltant et inqualifiable. C’est vrai, je l’avais peut-être blessé par telle ou telle remarque, mais je ne l’ai pas fait exprès, il l’a mal pris alors que je voulais simplement le faire avancer. » Le Christ en croix a « été broyé à cause de nos fautes », il porte sur ce bois du supplice toutes nos révoltes, toutes nos erreurs, sans nous accuser. Il ne s’agit pas de battre notre coulpe indéfiniment, mais bien plutôt de regarder et de voir, dans la Passion de Jésus, le signe de son amour et de son pardon. En regardant chacune de ses blessures qui sont celles que nous avons infligées aux autres ou que nous avons nous-mêmes reçues, nous ne pouvons plus trouver de faux prétextes, cacher nos manquements. La vérité resplendit. En comprenant alors que j’ai blessé mon frère, volontairement ou non, je peux lui demander pardon et je suis guéri de mon aveuglement. La croix fait la lumière sur nos vies, elle nous guérit pour nous conduire à la pleine joie de Pâques. Seigneur Jésus, mis en croix, donne-moi la lumière de ta vérité pour me guérir de mes aveuglements et du mal donné et reçu.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Mar 14 2015, 14:03
Perle amère
Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 5, verset 44.
L’amour des ennemis, voilà tout l’Évangile ! Cette Parole du Christ est la perle du Royaume, inattendue et bouleversante. Mais une parole difficile à avaler. Aimons-nous réellement cette parole quand nous pensons à tel ou tel membre de notre famille qui nous mène une guerre impitoyable et sordide, depuis des années, pour une question de jalousie ou d’héritage ? Quand nous sommes meurtris quotidiennement par tel ou tel collègue de travail qui cherche à nous humilier ? Quand nous découvrons que le conjoint, que nous avions pourtant choisi pour la vie, n’est plus qu’un étranger ? Cette perle évangélique peut alors nous sembler amère tant la réalité vient si souvent la contredire. Nous sommes incapables d’accomplir ce grand commandement de l’amour. Sur la croix, alors qu’il est pressé de toutes parts par ses ennemis, le Christ nous donne l’exemple d’un amour total. Là où la haine devait surgir, c’est le pur don de soi qui se manifeste. Mettons-nous alors à son école, humblement, pleins d’espérance. Alors peut-être pourrai-je poser un geste de réconciliation avec cette sœur qui m’était si chère ? Peut-être pourrai-je essayer, tout au moins, de prier pour ce collègue qui vit dans une souffrance que je n’ai pas toujours vue ? Peut-être pourrai-je redécouvrir ce conjoint que j’ai aimé et à qui j’ai donné ma parole ? Rien n’est définitif, même pas la mort, c’est Lui qui nous l’apprend.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 16 2015, 12:07
Élevé entre terre et ciel
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé.
Évangile selon saint Jean, chapitre verset 14
Un serpent dans le désert ? C’est courant ! Les Hébreux, perdus dans les sables, sont atteints par les blessures mortelles et Moïse doit leur venir en aide : il place un serpent de bronze au sommet d’un poteau*, et celui qui le regardera sera guéri. Un poteau dans le désert ? C’est moins courant ! L’histoire biblique, notre histoire, est mystérieusement marquée par le bois : le bois c’est l’arbre dans le jardin du paradis, le poteau dans le désert, la croix sur la montagne du calvaire. Dans le jardin d’Eden, au paradis, Dieu plante « toutes sortes d’arbres séduisants à voir et bons à manger ».** C’est dire quel bonheur et quelle joie sont offerts à l’homme. Dieu nous offre la vie en abondance, c’est déjà l’annonce d’une vie qui ne finira pas. Dans le désert du Sinaï, le bois n’est plus un arbre, mais un poteau, un bois mort. Obéissant à Dieu, Moïse s’en sert pour exhiber un serpent de bronze, symbolisant le mal qui frappe les Hébreux. Et si regarder le mal en face permettait déjà d’en guérir ? Moïse réclame de ses frères une foi entière en la parole et leur vie est sauve. La marche dans le désert va pourtant encore éprouver les Hébreux. Comme chacun de nous. Sur l’arbre de la croix, un bois mort non seulement porte la vie, mais donne la vie. Ce n’est plus le mal que l’on regarde comme au temps de Moïse, Jésus le seul juste le prend sur lui et nous en guérit. Dans son amour infini, non seulement il guérit mais il pardonne. Le larron, lui aussi élevé sur une croix, l’a compris. Là, ce malfaiteur qui a pu reconnaître sa faute a parcouru tout le chemin de sa rencontre avec Jésus, sans jugement. En un instant, il a retrouvé le jardin des délices : « Aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis. »***
*Livre des Nombres, chapitre 21, verset 9. **Livre de la Genèse, chapitre 2, verset 9. ***Évangile selon saint Luc, chapitre 23, verset 43.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 16 2015, 12:10
L'arbre de vie
Cieux, criez de joie ; terre, exulte ! Que les montagnes poussent des cris car le Seigneur a consolé son peuple !
Livre d’Isaïe, chapitre 49, verset 13
Hier le poteau dans le désert, aujourd’hui l’Arbre de Vie au milieu du Paradis.* Ses racines trouvent en terre profonde la subsistance pour grandir ; et les cieux distillent la rosée et les nuages répandent la justice.** La terre s’entrouvre, le tronc et les branches montent, les oiseaux y font joyeusement leur nid, les bourgeons éclatent et les feuilles nous offrent ombre et fraîcheur, dans l’attente des fruits pleins de douceur et nourrissants. Ne sommes-nous pas invités à nous émerveiller devant la beauté de la création et à travailler à la protection de l’environnement si menacé de nos jours ? Pour que l’arbre reste bien vivant et vivifiant, soignons-nous notre lien à la nature avec la même vigilance que nos rapports avec nos frères et sœurs? La sauvegarde de la création ne participe-t-elle pas au salut du monde, réalisé par Jésus vainqueur de la mort sur la Croix ? Le Créateur a confié à l’homme la mission de rendre la terre habitable en la travaillant humblement et à la sueur de son front.*** Nous sommes ainsi engagés à contribuer de tout notre cœur à l’œuvre grandiose du salut, collaboration qui est au-delà de nos pauvres égoïsmes. Alors, la Croix, plantée sur le Calvaire dans la terre de nos refus d’amour, ne serait-elle pas comme un surgeon de l’Arbre de Vie planté en Eden ? Oui, Seigneur, ta Croix est l’Arbre de Vie du Paradis nouveau !
*Livre de la Genèse, chapitre 2, verset 9. **Livre d’Isaïe, chapitre 45, verset 8. ***Livre de la Genèse, chapitre 3, verset 19.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Mar 17 2015, 15:41
Entre les feuilles
Dieu dit : « De tout arbre du jardin, tu pourras manger, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, de lui tu ne mangeras pas, car au jour où tu en mangeras, sûrement tu mourras. »
Livre de la Genèse, chapitre 2, versets 16 à 17 (traduction Olivier Artus)
Qu’est-ce qui remue, dans l’arbre, entre les feuilles ? Souvent, sur les chapiteaux des églises, ou les enluminures, le serpent est monté dans l’arbre. Faux animal, il parle. Il est la présence du mal, lové au creux de notre liberté. Il s’adresse à nous aujourd’hui : « Alors, Dieu a dit : vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » *… Pourtant, Dieu n’a pas dit cela. Il a dit : « De tout arbre du jardin, tu pourras manger. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas. »** Tous les arbres sont à toi, sauf un ! Le serpent tord la vérité, et l’idée s’insinue que, peut-être, Dieu restreint ma liberté, qu’il ne veut pas pour moi le bonheur, et même qu’il « m’empêche de vivre. » En tout cas, il vaut mieux faire sans lui ! « Vous serez comme des dieux ! », dit encore le serpent. Fantasme ou désir profond perverti ? Mais ce rêve-là est brisé : tant de mensonges, tant de violence, tant de camps, tant de potences ! S’il est une chose que nous croyons avoir apprise, c’est que nous ne serons jamais comme des dieux. Alors, comment Dieu restaure-t-il notre désir profond d’être avec lui ? Jésus a pris, lui aussi, le chemin maudit de la potence. Sans haine, sans défense, il est mort, dans un cri : l’amour s’est offert et ne s’est pas repris. Voyant qu’il avait ainsi expiré, le centurion qui se tenait en face de lui s’écria : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » *** Nous voulions être comme des dieux. Grâce à l’arbre de la croix, nous devenons enfants de Dieu.
*Livre de la Genèse, chapitre 3, verset 1. **Livre de la Genèse, chapitre 2, versets 16 et 17. ***Évangile selon saint Marc, chapitre 15, verset 38.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Mar 18 2015, 13:50
La signature
Quiconque portera la croix au front, ne le touchez pas, dit Dieu.
Livre d’Ézéchiel, chapitre 9, verset 6
Un homme, sur le point de mourir, s’accroche au crucifix. Signature ultime de la foi héritée des siens et qu’il transmet à ses enfants. Les chrétiens, tous nous avons été marqués du signe de la Croix au jour de notre baptême. Il est la marque indélébile de cet amour de Dieu qui prend possession de tout notre être. Ce signe de croix qui embrasse tout notre corps, nous aimons à le refaire quand nous entrons dans une église. Il ouvre notre cœur à chaque moment de communion avec Dieu, à chacune de nos prières. Il est aussi le canal par lequel l’amour miséricordieux rejoint le pécheur repentant. Il est enfin le dernier geste d’affection que nous donnons aux funérailles d’un proche. Par lui, nous appelons la protection de Dieu. Des paroles accompagnent le geste : par elles, nous confessons notre Dieu unique en trois Personnes. « Au nom du Père » : la main sur le front, lieu de notre esprit et de notre intelligence, « et du Fils » : la main sur le cœur, lieu de notre amour, « et du Saint-Esprit » : la main sur les épaules, lieu de force où a pesé le poids de la croix. Par ce geste, la puissance de Dieu descend sur nous. Et si chaque matin, nous commencions notre journée par ce signe de la croix ? Comme un trait d’union entre nous, le Christ et son Église. Comme un appel pour que descendent, sur cette journée à venir, la puissance et la bénédiction de Dieu.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Mar 20 2015, 13:27
Fruits de gloire
C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruits.
Évangile selon saint Jean, chapitre 15, verset 8
Nous avons soif d’être évalués à notre juste valeur. Ceux qui se trompent sur notre compte, en mal, mais aussi en bien, finalement, nous déçoivent. Nous sentons qu’ils sont passés à côté de ce que nous sommes vraiment. Parfois, un ami s’approche de la vérité de notre être. Mais seul Dieu l’atteint et nous y donne accès, à l’heure de notre mort. Quelle sera notre gloire au jour du Jugement ? Instant de révélation où nous ne pourrons plus tricher sur notre vrai poids. Serons-nous trouvés un peu légers ? La gloire, dans la Bible, c’est une histoire de poids, selon le sens littéral du mot hébreu. La gloire, c’est notre poids réel, notre vraie valeur. À l’inverse des magazines qui donnent des conseils pour maigrir, demandons-nous comment prendre du poids pour donner plus de consistance à notre être, à notre vie, à nos paroles. Et s’il suffisait, pour prendre quelques kilos de gloire, de vivre dans la vérité ? Ne plus faire ces choses dont on a honte, ne plus vivre dans l’apparence, donner du poids à sa parole en la tenant. Jésus crucifié est « sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eut séduits ; objet de mépris, abandonné des hommes. » Il est le fruit de gloire pendu aux branches de la Croix, il pèse de tout son poids pour nous sauver. Et il nous sauve effectivement.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Ven Mar 20 2015, 13:30
Le pont vers le ciel
Nul ne vient au Père que par moi.
Évangile selon saint Jean, chapitre 14, verset 6
Si vous lui demandez le chemin pour aller au ciel, sainte Catherine de Sienne vous indiquera un pont. Et cette mystique dominicaine du 14e siècle vous montrera un homme crucifié en vous assurant que c’est un pont, le seul qui relie la terre au ciel. La Croix plantée dans le sol s’élève et touche le ciel, le Fils de Dieu nous donne son Corps crucifié pour monter vers le Père… Bon, alors, c’est un pont dressé en forme d’échelle ? Oui, et justement, Jésus a taillé pour nous trois marches dans son corps : ses pieds, son côté ouvert et sa bouche. Catherine nous invite à un contact très concret, à toucher et à agripper le Corps très saint du Seigneur cloué sur la Croix. Elle veut nous faire comprendre comment Dieu a pris un corps semblable au nôtre pour nous sauver. Empruntons ce pont, montons sur la Croix à la suite de Catherine ! D’abord, on embrasse les pieds du Christ et on se porte vers le bien à faire en se détournant du péché. Élevant le regard, on est alors attiré par le Cœur ouvert de Jésus et on persévère dans l’ascension spirituelle. Le visage posé sur son Côté, on contemple et on goûte l’amour de Jésus pour nous : on reçoit l’eau et le sang, toute sa vie donnée sur la Croix. Un dernier effort, et voici la bouche très sainte du Seigneur pour un baiser de paix ineffable. « C’est ma paix que je vous donne. » La vie spirituelle est une rude montée ? Oui, mais restons greffés au Corps du Christ, comme les membres de son Église, notre Chef est déjà au ciel !
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Mar 21 2015, 06:56
La bannière
Quand Moïse tenait ses mains levées, Israël l’emportait. Quand il les laissait retomber, Amaleq l’emportait.
Livre de l’Exode, chapitre 17, verset 11
« Le Prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi. »* Contraste saisissant entre la chute du diable et l’élévation du Christ. Un combat s’ouvre. Mais Satan n’est plus à vaincre depuis que le Christ est monté sur le golgotha, avec comme bâton en main le bois de la croix pour le salut de tout homme qui croit. Voilà notre combat : celui de la foi ! Croire en la victoire de la croix et résister au diviseur en gardant les yeux fixés sur Jésus. Tant que Moïse intercédait, les mains levées, les yeux fixés sur Dieu, Israël avait la victoire. Mais comme ses mains s’engourdissaient, Aaron et Hur l’aidèrent en le soutenant. Au pied de la Croix de Jésus, se tenaient Marie, sa mère, Marie de Magdala et le disciple que Jésus aimait. Non pour soutenir les bras de Jésus, son amour pour nous y suffisait, mais pour que lui soutienne leur foi, faisant d’eux des intercesseurs pour leurs frères. Voilà la place des chrétiens au cœur du monde. L’intercesseur est celui qui se tient tout près de Jésus. Là, il apprend à voir le monde avec les yeux du Christ. Il recueille souffrances et joies des hommes et les dépose sur son cœur. Il est un veilleur qui se laisse traverser par ce qui habite Dieu et par ce qui habite l’homme. Après la victoire d’Israël, Moïse construit un autel pour louer le nom du Seigneur et déclare: «Le Seigneur, ma bannière»**. La Croix est notre bannière. Et la bannière dressée sur nous, c’est l’amour.***
*Évangile selon saint Jean, chapitre 12, versets 31 et 32. ** Livre de l’Exode, chapitre 17, verset 15. ***Livre du Cantique des cantiques, chapitre 2, verset 4.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 23 2015, 12:09
Une alliance gravée dans le coeur
Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur.
Livre de Jérémie, chapitre 31, verset 33
Une alliance ne s’écrit-elle pas sur un parchemin ou sur un beau registre ? Souvenez-vous du dernier mariage auquel vous avez participé. Une fois les paroles rituelles échangées entre l’homme et la femme, en présence des témoins, et du ministre habilité, les signatures sont apposées au bas de l’acte officiel, mémoire de l’alliance ainsi contractée et célébrée. L’ordre dominicain qui entre cette année dans la célébration du huitième centenaire de sa fondation a aussi son parchemin pour faire mémoire. Une bulle pontificale d’Honorius III*, signée le 21 janvier 1217, marque l’alliance entre le projet d’un homme, Dominique, et l’Église. Pourtant, dans la première lecture de ce dimanche, il est question, d’une autre alliance, d’une alliance originale et toute nouvelle. Celle-ci n’est plus écrite au bas d’un parchemin ou d’un registre officiel. Elle est gravée sur les cœurs de ceux qui contractent alliance avec Dieu lui-même : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. »** Mais comment le Seigneur s’y prend-il pour accéder au plus profond de l’homme, au fond de son cœur ? L’instrument de l’amour divin, le réalisateur de ses projets et de ses annonces, parfois de ses promesses, est l’Esprit Saint, troisième personne de la Trinité, dont la mission propre est de concrétiser l’amour dont Dieu aime les hommes. Suzanne, Nicodème, Abraham et la Vierge Marie, Daniel, Ananias, Misaël et Asarias, Jonas, Paul de Tarse : ces noms vous sont plus ou moins familiers. Vous pouvez découvrir ou retrouver l’histoire de leur vie dans la Bible. En chacun d’eux, de manière originale, l’Esprit Saint a été l’artisan qui a gravé sur le parchemin de leur cœur l’alliance scellée avec Dieu. Et toi, as-tu suffisamment confiance en la puissance de l’Esprit Saint pour oser lui demander de graver sa Loi d’amour au fond de ton cœur ?
*Bulle pontificale : document signé par le pape encore visible aux archives départementales de Carcassonne. **Livre de Jérémie, chapitre 31, verset 33
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 23 2015, 12:12
Un coeur d'alliance nouvelle
Dieu sauve ceux qui espèrent en Lui
Livre de Daniel, chapitre 13, verset 60b
Suzanne*, fille d’Helcias était d’une grande beauté. Épouse fidèle de Loakim, jeune et jolie, elle est paisible à l’heure de midi dans le parc de son époux. Deux vieillards, séduits par sa beauté, poussés par la convoitise, veulent la séduire et l’amener dans les filets de l’adultère. Elle est faussement accusée par ces deux vieillards à la conscience dévoyée. Alors qu’elle se prépare, une innocente, à mourir lapidée de la main des impies, le Seigneur Dieu vient à son secours par la voix de Daniel, jeune garçon inspiré par la sagesse divine. Accusés par Daniel de faux témoignages, les deux vieillards sont condamnés à subir le châtiment qu’ils avaient imaginé pour Suzanne. Dans l’Évangile selon saint Jean, une femme, prise en flagrant délit d’adultère, est amenée devant Jésus. Les scribes et les pharisiens attendent avec impatience d’entendre son jugement. Jésus l’écrit dans le sable que le vent de l’Esprit, le vent de la miséricorde effacera peu après. Il se relève alors en disant : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »** Puis Il se tourne vers la femme pour lui redonner sa dignité. La miséricorde divine se manifeste dans la Parole et l’action de Jésus. Suzanne l’innocente et la pécheresse pardonnée de l’Évangile ne sont-elles pas toutes deux une illustration de ceux et de celles qui, sauvés de la mort, reçoivent un cœur d’alliance nouvelle ? À la suite de ces deux femmes, ne sommes-nous pas conviés à croire que la sagesse et la miséricorde divine s’adressent à tous et à chacun d’entre nous ?
*Livre de Daniel, chapitre 13, verset 2 **Évangile selon saint Jean, chapitre 8, verset 7
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Mar 24 2015, 06:49
Être d'en bas ou naître d'en haut
Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut.
Évangile selon saint Jean, chapitre 8, verset 23a
Parmi les notables des Juifs, un homme, Nicodème, fut bouleversé par les paroles de Jésus. Il vint le visiter de nuit pour poursuivre sa quête de vérité. Jésus va lui donner une Parole de vie : « Il vous faut naître d’en haut. »* Il l’invitait à naître de l’Esprit Saint, Esprit de lumière et d’amour. L’Esprit seul amène à comprendre les paroles de vie de Jésus pour en vivre. Nicodème aura besoin de temps pour comprendre le sens de ces paroles. « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. »** Jésus parle d’en bas, Jésus parle d’en haut. Les Juifs enfermés dans leurs certitudes et leurs habitudes, ne comprenaient pas les paroles qu’il leur adressait. À maintes reprises, Jésus essayera de les inviter à se mettre en chemin, pour découvrir l’Esprit qui permet de naître d’en haut. Il aura beau leur raconter des paraboles, ils ne comprendront pas. Ils ont, comme le dira si bien Étienne, « la nuque raide et le cœur dur »*** comme de la pierre. Au jardin de Gethsémani, Il ira même jusqu’à verser des gouttes de sang, capables de percer les carapaces les plus solides, les cœurs les plus durs. Nicodème s’est laissé transformer le cœur par l’Esprit de lumière et d’amour. Délaissant son cœur de pierre pour un cœur de chair, il est devenu disciple. Et toi, n’as-tu pas envie de renaître, comme Nicodème, pour connaître la joie des disciples, la joie des fils et filles de Dieu ?
*Évangile selon saint Jean, chapitre 3, verset 7 **Évangile selon saint Jean, chapitre 8, verset 23 ***Livre des Actes des Apôtres, chapitre 7, verset 51
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Jeu Mar 26 2015, 14:05
Annonciations
Réjouis-toi comblée de grâce
Évangile selon saint Luc, chapitre 2, verset 28
Abraham est notre père dans la foi. Il partit à l’aventure sur une Parole reconnue comme celle du Dieu vivant. Dans une confiance absolue en cette voix qui avait plus d’une fois résonné dans les profondeurs de son humanité, il partit sans savoir où il allait. Il n’avait qu’une certitude : quittant tout, il deviendrait lui-même riche de tout, existant de l’existence du Dieu vivant.
Le oui qu’il donna à l’invitation de Dieu, ne ressemble-t-il pas au oui donné par la Vierge Marie lorsque l’ange vint la visiter à Nazareth ? « Qu’il m’advienne selon ta Parole. »* N’est-ce pas le même oui à l’absolu de l’amour ? C’est l’aventure de l’homme sur les chemins de la vie nouvelle, de la liberté retrouvée, de l’existence faite de docilité à l’Esprit Saint. Jésus dira : « Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon jour. Il l’a vu et fut dans la joie. »** La joie d’Abraham contemplant le jour de la promesse ne ressemble-t-elle pas à la joie de Marie lorsqu’elle connut le jour de l’enfant de la promesse ? Jésus, par l’acceptation de sa mission de sauveur, va clore l’histoire de la marche vers la terre promise, vers la libération de l’homme. Et nous, frères et sœurs, partageons-nous la joie d’Abraham ? Le Christ, arrivé jusqu’au bout du chemin, entre par le don libre de sa vie dans la terre de la promesse. Désirons-nous le suivre, avec Marie, sur cette terre d’exultation où la mort est abolie ?
*Évangile selon saint Luc, chapitre 1, verset 38 b
**Évangile selon saint Jean, chapitre 8, verset 56
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Jeu Mar 26 2015, 14:07
Un coeur confiant
Notre Dieu est capable de nous délivrer de la fournaise de feu ardent.
Livre de Daniel, chapitre 3, verset 17
Daniel, Ananias, Misaël, Asarias, quatre jeunes gens d’Israël fidèles observants et pratiquants de la Loi de leurs pères font partie des jeunes protégés du roi de Babylone Nabuchodonosor. Un nouveau nom leur est imposé. Ils s'appelleront Balthassar, Shadrak, Meshak et Abed Nego. Ils resteront fidèles à leur foi, à leur pratique religieuse. Ayant trouvé grâce aux yeux de l’homme qui a charge d’eux, ils continueront à se nourrir en respectant la loi de Moïse et s’en porteront bien. Mais Ananias, Misaël et Asarias ont transgressé une directive royale en refusant de se prosterner et d’adorer la statue d’or érigée par le roi en hommage à ses dieux. Malgré la haute estime que le roi leur voue, en raison de la grande sagesse de Daniel, ils sont condamnés à périr « dans la fournaise chauffée sept fois plus qu’à l’ordinaire. »* Ligotés et jetés dans les flammes, ils s’en remettent à Dieu en qui ils ont déposé toute leur confiance. À la surprise du roi, un ange vient leur tenir compagnie, les délivre de leurs liens et les entraîne dans des chants d’allégresse et d’action de grâce : « Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur ! »** Malgré les épreuves, les trois jeunes gens sont restés fidèles à la loi de leurs pères. Dans la fournaise, leur cœur est resté confiant, habité par l’esprit et la joie du Dieu vivant : et nous, frères et sœurs, notre cœur est-il cœur confiant, habité par l’esprit et la joie du Dieu vivant, même au milieu des épreuves de la fournaise ?
*Livre de Daniel, chapitre 3, verset 19. **Livre de Daniel, chapitre 3, verset 57
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 30 2015, 12:18
De "Big Brother" à notre Père
Le Seigneur Dieu scrute le juste et voit les reins et le cœur.
Livre de Jérémie, chapitre 20, verset
Jonas reçoit de Dieu une mission qu’il n’a aucune envie de réaliser : il lui est demandé d’aller vers l’est, à Ninive pour inviter ses habitants à la conversion. Il fuit alors vers l’ouest, là où il peut, pour mettre de la distance entre lui et la voix de Dieu. Mais partout où il va, Dieu l’a devancé. Cette histoire de Jonas ne vous rappelle-t-elle pas celle contée par George Orwell dans son roman « 1984 » paru en 1948 ? Dieu serait-il comme le « Big Brother » ? Quel que soit l’endroit où vous vous trouvez, quelle que soit l’activité que vous exercez, le Grand Frère vous regarde et vous surveille. Mais le Seigneur Dieu n’est pas comme « Big Brother ». S’il s’intéresse à Jonas, c’est pour qu’il comprenne que « le Seigneur Dieu scrute le juste et voit les reins et le cœur »* non pour condamner le juste mais pour l’accompagner sur les chemins de la justice et de l’amour véritable. Après avoir passé trois jours et trois nuits dans les entrailles d’un poisson géant, Jonas va enfin obéir à la demande divine et appeler les Ninivites à la conversion. À Jonas, Dieu se révéla comme un père qui respecte infiniment son fils et veut pour lui le meilleur. Et si nous laissions l’Esprit Saint convertir notre cœur pour passer de l’image de « Big Brother », souvent ancrée dans notre imaginaire, au visage du Père de tout amour ?
*Livre de Jérémie, chapitre 20, verset 12a
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 30 2015, 12:21
L'Alliance nouvelle et éternelle
Je les sauverai en les retirant des lieux où ils ont péché, je les purifierai. Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu.
Livre d’Ézéchiel, chapitre 37, verset 26
Un chercheur de vérité, un chercheur de Dieu, va illustrer par sa vie mouvementée la dynamique de l’alliance : Paul de Tarse, jadis persécuteur et chef des bourreaux des chrétiens, reçoit sur la route de Damas, un appel à vivre en disciple. Lui, qui vivait selon la lettre de la loi inscrite sur la pierre, découvre la nouvelle alliance, celle que Jésus grave dans un cœur de chair, constamment tourné vers Dieu. Lui qui avait appris à l’école des rabbins à connaître la Parole avec son intelligence, comprend avec son cœur la parole d’Ézéchiel qu’il avait souvent proclamée et commentée : « Je les sauverai en les retirant des lieux où ils ont péché, je les purifierai. Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. »* Avec des mots simples, le récit des Actes des Apôtres nous présente sa vie au service de l’évangile.Il se laisse sans cesse guider par le Saint-Esprit. Ainsi le livre des Actes des Apôtres peut-il être appelé : « Esprit Saint, mode d’emploi ». Cette aventure à la suite de l’Esprit Saint est passionnante. Elle est proposée à chacun d’entre nous. S’il y a des conversions régulières à vivre, les forces nécessaires pour les vivre sont données dans l’Eucharistie « alliance nouvelle et éternelle. » La communion à son corps et à son sang ou l’accueil de sa bénédiction sont source et dynamisme de l’annonce et du témoignage. Et si nous nous laissions gagner, comme saint Paul, par l’aventure originale de la vie dans l’Esprit Saint, de la vie dans l’amour divin ?
*Livre d’Ezéchiel, chapitre 37, verset 23b
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 30 2015, 12:23
Une joie contagieuse
Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
Évangile selon saint Marc, chapitre 11, verset 9
Aujourd’hui comme il y a deux mille ans, une poignée de chrétiens vont se rassembler aux portes de Bethphagé pour entrer à Jérusalem en chantant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Ils vont défiler sous l’œil interloqué mais finalement bienveillant de leurs voisins musulmans du quartier arabe de Jérusalem. Ils seront encadrés par la police israélienne qui se laissera rapidement contaminer par la paix et la joie de ces manifestants pas comme les autres. Comme il y a deux mille ans, ce cortège triomphal aura quelque chose de décalé, de dérisoire. Comment parler de force et de victoire quand on est monté sur un ânon, acclamé par une bande de presque riens ? Comment être joyeux lorsque l’on est aujourd’hui chrétien arabe dans ce petit coin du monde ? Et pourtant, je n’oublierai jamais la joie débordante, subversive, qui était la mienne lorsque nous agitions nos palmes en faisant mémoire de l’entrée triomphale du Messie à Jérusalem, en foulant le même sol que lui. La force de la vérité n’a pas grand-chose à voir avec la puissance des puissants. Et la joie ne tire pas sa source de la réussite et de la sécurité qui viennent des hommes. Deux mille ans après, dans toutes les églises du monde, en faisant mémoire de cet événement, nous rendons actuelle, agissante, la joie des disciples de Jésus acclamant leur Messie lors de son entrée à Jérusalem. Cette joie imprenable est notre plus grand trésor, notre plus grande force de subversion.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Lun Mar 30 2015, 12:26
Mendiants d'amour
Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus qu’elle essuya avec ses cheveux.
Évangile selon saint Jean, chapitre 12, verset 3
Marie de Béthanie est décidément incorrigible et sa sœur Marthe aurait pu s’arracher les cheveux au fond de sa cuisine. Il ne lui a pas suffi, la dernière fois, de boire les paroles de Jésus, les yeux pleins d’amour, il faut à présent qu’elle dépense l’argent familial pour acheter un parfum de grand prix, en parfumer les pieds de Jésus et les essuyer avec ses cheveux. Mais cette fois-ci, Marthe ne dit rien, elle a compris. C’est Judas qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Comment parler d’argent quand il s’agit de cadeau ? Et comment ne pas voir que le prix du parfum n’est rien à côté de la valeur du geste de Marie ? « Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous » répond Jésus à Judas. À cet instant, le pauvre c’est lui qui, déjà, fait face à son supplice. Marie vit la Passion de Jésus par anticipation et la douceur de ses gestes devance la violence du supplice à venir. Marie est une contemplative, dit-on, c’est surtout une amoureuse et c’est un peu la même chose. Des pauvres à aider comme on s’acquitte d’une obligation, comme on fait une bonne action, nous en aurons toujours. Mais le pain ne réjouit pas à lui seul le cœur, et les pauvres ont d’abord besoin d’aimer et d’être aimés. Avec respect, avec tendresse. Nous sommes tous des mendiants d’amour, des pauvres qui, parfois, réchauffent le cœur d’autres pauvres. Dans le registre de l’amour, il n’y a pas de pauvres et pas de riches. Bien malin est celui qui pourrait dire qui de Jésus ou de Marie, ce jour-là à Béthanie, était le pauvre ou le riche. On ne voit que deux cœurs brisés qui entrent en communion.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Mar 31 2015, 10:35
Consentir et résister
Jésus trempa la bouchée et la donna à Judas, fils de Simon l’Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.
Évangile selon saint Jean, chapitre 13, verset 26
La trahison de Judas a toutes les allures d’une tragédie grecque dans laquelle les personnages ne peuvent échapper à leur inéluctable et dramatique destin. Jésus sait qui va le trahir, il le désigne en lui donnant une bouchée, et Judas se soumet, sans un mot, au pouvoir de Satan qui a pris possession de lui. L’un et l’autre donnent l’impression d’être mus par un autre qu’eux-mêmes, Jésus par la volonté de son Père et Judas par la volonté de Satan. Tout est écrit. Il faut que s’accomplissent les Écritures. Pourtant, paradoxalement, ni Jésus ni Judas n’ont jamais été aussi libres qu’en cet instant. L’un et l’autre ont la possibilité de dire non. La liberté de Jésus se tient dans le consentement à la mystérieuse volonté de son Père, et la liberté de Judas se tient dans la résistance à la tentation de Satan. L’un fait usage de sa liberté souveraine et l’autre non. Judas prend conscience d’être passé à côté de cet instant d’absolue liberté. Son désespoir est le signe de cette terrible prise de conscience. Il en est de même dans nos vies : devant nous, une page blanche où notre liberté a le champ vertigineusement libre. Derrière nous, l’impression que des fils mystérieux ont tissé une histoire qui n’est pas seulement le fait du hasard. Comme Jésus et Judas au moment de la dernière Cène, nos vies se tiennent entre ciel et terre et notre liberté d’enfants de Dieu s’écrit sur fond de consentement et de résistance. Consentement à ce que le Seigneur veut écrire en nos vies, résistance à ce qui y fait obstacle.
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mer Avr 01 2015, 11:06
Serait-ce moi Seigneur ?
Jésus déclara : « Amen je vous le dis, l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, les apôtres se mirent à lui demander l’un après l’autre : « Serait-ce moi Seigneur ? »
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 26, verset 22
« Serait-ce moi Seigneur qui m’assoupirai tout à l’heure au lieu de rester à tes côtés lorsque tu auras besoin de ma présence et de ma prière au jardin de Gethsémani ? Serait-ce moi qui ferai comme si je ne te connaissais pas lorsque tu seras soumis à la question dans la maison du Grand Prêtre ? Serait-ce moi qui vais te vendre pour une trentaine de pièces d’argent ? Serait-ce moi Seigneur qui aujourd’hui encore m’assoupis au lieu de veiller, qui vis ma foi dans la faible mesure où mes occupations quotidiennes m’en laissent le loisir. Serait-ce moi qui, peut-être, te trahis sans même en avoir véritablement conscience ? C’est possible, mais c’est aussi toi qui as quitté tes filets, ta sécurité, ta respectabilité pour me suivre. C’est toi qui as risqué ta vie et surmonté ta peur pour m’accompagner au plus loin que tu pouvais. C’est toi qui as marché avec moi sur les routes de Galilée et dans ma montée vers Jérusalem sans savoir où nous allions. Et c’est toi qui, aujourd’hui encore, là où tu es, là où tu en es, entretiens la petite flamme de la foi sur ton lieu de travail, au sein de ta famille, parmi tes amis pour qui je ne suis pas forcément grand-chose. C’est toi qui as le courage parfois d’être, en mon nom, signe de contradiction. Alors, laisse donc cette question avec son poids de culpabilité et d’angoisse que tu n’as pas à porter. Vis pleinement ces instants d’intimité ensemble, ce dernier moment d’amitié auquel je tiens plus que tout. D’accord Seigneur, mais laisse-moi reposer ma question : serait-ce pour moi Seigneur qu’aujourd’hui, aujourd’hui encore, tu t’apprêtes à donner ta vie ? Serait-ce pour moi ? »
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Avr 04 2015, 11:57
Appelez-moi "mon serviteur" !
Jésus verse de l’eau dans une bassine, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Évangile selon saint Jean, chapitre 13, verset 5
Les gestes parlent davantage que les mots, aujourd’hui comme hier. Le lavement des pieds par Jésus, au milieu du repas, a dû saisir les apôtres. Le lavement des pieds dans une prison de Rome par le pape François, en tenue de serviteur, a saisi le monde. L’instant d’après, Jésus a repris sa place au milieu des douze, le pape est retourné au Vatican et les prisonniers dans leurs cellules. Et pourtant plus rien n’est comme avant. Par le geste du serviteur, le Seigneur vient nous dire qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir*, et cette joie-là est inépuisable. Il vient nous dire que l’Église n’est pas et ne sera jamais au service du maintien d’un ordre établi. Elle est là pour rétablir sans relâche le véritable ordre du monde. Un ordre où nous nous mettons les uns au service des autres, dans la société, dans nos familles, dans nos entreprises, dans l’Église, le plus grand au service du plus petit, le plus fort au service du plus fragile. C’est cela la force révolutionnaire de l’Évangile qu’il nous est demandé d’annoncer, en paroles et en actes. Il y a peu, je m’ouvrais à un frère dominicain, le frère Timothy Radcliffe, de ma gêne chaque fois qu’il m’est demandé de répondre à la question : « Comment faut-il vous appeler… Monseigneur ? » Dans un éclat de rire, le frère Timothy m’a suggéré de répondre : « Appelez-moi… Mon serviteur ! »
*Livre des Actes des Apôtres, chapitre 20, verset 35
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Avr 04 2015, 12:01
Jusqu'au bout
Jésus, portant lui-même sa croix sortit en direction du lieu-dit : le Crâne, ou Calvaire […]. Là, ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Évangile selon saint Jean, chapitre 19, verset 17
Il faut bien le reconnaître, c’est une épreuve de lire ou d’entendre le long récit de la Passion de Jésus. C’est une épreuve parce que c’est le récit de l’inexorable descente aux enfers d’un être infiniment aimé. Et, bizarrement, à deux mille ans de distance nous ne nous sentons pas indemnes de toute responsabilité. Comment ont-ils pu aller jusqu’au bout ? Comment avons-nous pu aller jusqu’au bout ? Comment a-t-il pu, Lui aussi, aller jusqu’au bout ? Et pourtant, c’est dans ce jusqu’au bout de Jésus que se tient, déjà, la bonne nouvelle de Pâques. Face à l’impensable du mal et de la souffrance dans le monde et dans nos vies, face à l’inacceptable de la mort d’un enfant, de la maladie qui frappe dans la force de l’âge, de l’accident stupide, le jusqu’au bout de Jésus au moment de sa Passion est la seule réponse audible. Il nous a précédés dans le trou noir de l’injustice, de la souffrance et du mal qui sont tellement souvent « sans pourquoi ». Et là, au plus bas, il ne nous a pas abandonnés, il ne s’est pas dérobé. Dans ce combat contre le mal et contre la mort, celle qui tue, pas celle qui est naturelle, la Passion de Jésus est le moment de la victoire totale. Une victoire qui ne crie pas victoire, mais qui a été gagnée, une fois pour toutes, sur le bois de la Croix. À la différence des disciples de Jésus qui assistaient impuissants à son supplice et à la ruine de leurs espérances, nous savons, nous, la fin victorieuse de l’histoire au moment même où nous lisons le récit de la Passion. C’est une grosse différence. Et pourtant j’ai envie de crier : « plus jamais ça ! »
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Lily-Anne membre
Date d'inscription : 01/09/2010 Localisation : France - Provence
Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Sam Avr 04 2015, 12:04
En travail d'enfantement
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. […] Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut.
Livre de la Genèse, chapitre 1, versets 1 à 3
Cette nuit, nous relirons notre histoire, depuis Adam et Ève jusqu’aux premiers disciples de Jésus en passant par Abraham, Moïse et les prophètes. Ce n’est pas rien de relire son histoire, il y a tant à apprendre en la refaisant nôtre. Cette nuit nous apprendrons que le monde a été créé, et cela ne va pas de soi. Par delà le récit imagé et symbolique de la Genèse, le mystère demeure : comment ce petit peuple hébreu a-t-il pu affirmer que le monde n’a pas toujours été, et cela plusieurs milliers d’années avant que la science le reconnaisse, au milieu du 20e siècle ? La bible nous enseigne qu’il n’est pas né du hasard, mais qu’il a été créé, c’est-à-dire aussi, voulu. Nous apprendrons ensuite que Celui qui l’a voulu, et qui est par définition hors du temps et de l’espace, est entré dans l’histoire en faisant alliance avec ce peuple particulier, le plus petit parmi les peuples. Nous apprendrons encore, parce qu’on n’a jamais fini de l’apprendre, qu’il a désiré entrer dans l’intime de notre vie, la vôtre, la mienne, en se faisant pleinement homme. Nous apprendrons enfin, parce que nous ne cessons de l’oublier, que le créateur du ciel et de la terre, Dieu fait homme, est allé au bout de son amour pour sa créature en se laissant désarmer, humilier par elle et mettre en croix jusqu’à mourir pour nous. Dans le silence du tombeau, alors que les ténèbres semblent avoir eu raison de l’auteur de la vie, c’est en réalité Lui qui vient habiter nos ténèbres et nous en délivrer. Le silence de mort de ce samedi saint est en travail d’enfantement. Mais chut… c’est pour cette nuit. La nuit du grand passage.
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Lily-Anne membre
Date d'inscription : 01/09/2010 Localisation : France - Provence
Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour Mar Avr 07 2015, 11:33
La joie de l’Évangile
Pierre partit avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
Évangile selon St Jean chapitre 20 versets 2 et 4
Fermez les yeux et écoutez. La ville de Jérusalem encore endormie. Deux hommes courent à perdre haleine. Bruit de leurs sandales sur les pavés des ruelles. Dans leur tête résonnent les paroles de Marie-Madeleine : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis. » Ces deux hommes courent comme des fous, le plus jeune ne prenant pas la peine d’attendre le plus ancien même si, une fois arrivé au tombeau, il n’ose pas entrer le premier. Ce matin-là, leur cœur à tous deux aurait pu exploser. Pas seulement en raison de leur course effrénée, mais en raison de ce sentiment indescriptible, de cette joie indicible, sans mots possibles : alors c’était peut-être bien vrai ce que Jésus n’avait cessé d’annoncer, qu’il ressusciterait au troisième jour. Alors l’horreur de la crucifixion n’était peut-être qu’un cauchemar qui avait, un moment, eu raison de leurs rêves les plus fous. Dans leur cœur, c’est quelque chose comme la joie de la fiancée à qui on apprend que son fiancé est de retour de la guerre, sain et sauf, mais qui n’ose encore y croire aussi longtemps qu’elle ne se sera pas jetée dans ses bras. C’est la joie de parents à qui on apprend que l’enfant qu’ils croyaient condamné par la maladie, enseveli sous les décombres d’un bombardement à Gaza ou ailleurs, est sauvé, mais qui n’osent encore y croire tant qu’ils ne l’auront pas couvert de baisers et vu sourire. C’est cette joie-là, la joie des deux disciples et de Marie-Madeleine en ce matin de Pâques. C’est cette joie-là, la joie de l’Évangile, pas moins folle, pas moins vraie, pas moins incarnée. C’est cette joie-là, la joie de Pâques aujourd’hui : « Le Christ est ressuscité ! » Arrivés au tombeau, il n’y a rien à voir si ce n’est ce troublant sentiment de paix. Nulle trace de violence ou de désordre. Seulement la douceur du réveil de Celui qui s’est levé d’entre les morts. Quelque chose comme cette douceur si particulière de la chambre d’un enfant, au matin, tout étonné d’ouvrir des yeux encore ensommeillés sous le regard plein d’amour de sa mère. Les deux disciples n’ont rien appris de nouveau au bout de leur course folle. Ils sont comme nous finalement, ils n’ont aucune preuve, mais ils savent. Passés ces premiers instants, leur vie n’en sera pas immédiatement changée, et Pierre retournera pêcher sur le lac de Galilée. Il faudra d’autres rencontres avec le Ressuscité pour que sa vie, définitivement, bascule. Nous aussi, il nous faudra aller de Pâques en Pâques, de passage en passage, pour que notre vie bascule. Mais aujourd’hui, vivons la joie de cet instant. Bonne fête de Pâques, le Christ est vraiment ressuscité !
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Sujet: Re: Carême dans la ville : la Méditation du jour