Lily-Anne membre
Date d'inscription : 01/09/2010 Localisation : France - Provence
| Sujet: La crèche et le sans-logis Lun 22 Déc - 20:57 | |
| Un personnage imprévu s’invite cette année dans ma crèche imaginaire. Je vais vous raconter… Il y a des crèches qui nous parlent plus que d’autres. À notre imagination, à notre sensibilité, elles disent quelque chose, elles répondent à une part de nous-même. Il y a aussi des crèches qui parlent vraiment. Notre génération se rappelle sûrement avoir écouté, à l’âge où nous étions enfants, la Pastorale des santons de Provence. Nous nous régalions chaque année, à relancer le 33 tours – nous ne l’appelions pas encore vinyle et n’imaginions pas qu’un jour ça deviendrait « vintage » !Avec l’accent de Provence… Je garde le souvenir de ce texte poétique et plein d’humour, de l’accent et de la voix chaude d’Yvan Audouard, l’auteur de cette Pastorale. Plus tard, en découvrant ses articles dans Le Canard Enchaîné, je me suis souvent demandé s’il s’agissait du même. Mais oui, c’était bien lui – mais dans un autre registre. Il y a des crèches qui parlent et d’autres dont la bande sonore se réduit au bruitage. À Noël dernier, j’en ai fait l’expérience dans une église parisienne. Ce matin-là, j’avais brièvement regardé la crèche avant de m’asseoir quelques instants ; j’étais le seul dans le sanctuaire, ou du moins je le croyais. À un moment, un petit bruit a commencé à résonner près de l’autel. J’ai pensé à un mécanisme dans le décor ou parmi les personnages réunis autour de la mangeoire. Mais rien ne bougeait : ni les bergers ni les animaux n’étaient articulés ; l’enfant Jésus restait sage comme une image entre ses parents immobiles.Pour une fois, bien au chaud…Le bruit s’est amplifié et j’ai perçu qu’il arrivait non pas de la crèche mais de derrière un banc, le long du mur. Quelqu’un, manifestement, y dormait et ce que j’entendais était sa respiration, un peu bruyante, mais régulière. Quelques minutes plus tard, j’ai eu confirmation de la présence humaine en voyant émerger un homme : il se relevait après avoir dormi à même un radiateur où, pour une fois bien au chaud, il avait laissé libre cours à ses ronflements. Mon inconnu, que j’avais un moment pris pour le bœuf, s’est éloigné. Un sac de sport, posé au pied du radiateur, attestait qu’il y avait ses habitudes. Il aurait pu incarner l’un des personnages contemporains de la crèche. Les sans-logis, en cette fin 2014, sont plus nombreux que les bergers. Il y a dix jours, je suis retourné dans cette église. C’était peut-être un peu trop tôt : je n’ai pas vu de crèche. Ni retrouvé de SDF non plus.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] _________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] | |
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