1. Fondement biblique
Dn 7,7-8.15-28 :
« 7 Ensuite je contemplai une vision dans les visions de la nuit. Voici : une quatrième bête, terrible, effrayante et forte extrêmement ; elle avait des dents de fer énormes : elle mangeait, broyait, et foulait aux pieds ce qui restait. Elle était différente des premières bêtes et portait dix cornes. 8 Tandis que je considérais ses cornes, voici : parmi elles poussa une autre corne, petite ; trois des premières cornes furent arrachées de devant elle, et voici qu'à cette corne, il y avait des yeux comme des yeux d'homme, et une bouche qui disait de grandes choses ! […]. 15 Moi, Daniel, mon esprit en fut écrasé et les visions de ma tête me troublèrent. 16 Je m'approchai de l'un de ceux qui se tenaient là et lui demandai de me dire la vérité concernant tout cela. Il me répondit et me fit connaître l'interprétation de ces choses : 17 "Ces bêtes énormes au nombre de quatre sont quatre rois qui se lèveront de la terre. 18 Ceux qui recevront le royaume sont les saints du Très-Haut, et ils posséderont le royaume pour l'éternité, et d'éternité en éternité." 19 Puis je demandai à connaître la vérité concernant la quatrième bête, qui était différente de toutes les autres, terrible extrêmement, aux dents de fer et aux griffes de bronze, qui mangeait et broyait, et foulait aux pieds ce qui restait; 20 et concernant les dix cornes qui étaient sur sa tête - et l'autre corne poussa et les trois premières tombèrent, et cette corne avait des yeux et une bouche qui disait de grandes choses, et elle avait plus grand air que les autres cornes. 21 Je contemplais cette corne qui faisait la guerre aux saints et l'emportait sur eux, 22 jusqu'à la venue de l'Ancien qui rendit jugement en faveur des saints du Très-Haut, et le temps vint et les saints possédèrent le royaume. 23 Il dit : "La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, différent de tous les royaumes. Elle mangera toute la terre, la foulera aux pieds et l'écrasera. 24 Et les dix cornes : de ce royaume, dix rois se lèveront et un autre se lèvera après eux; il sera différent des premiers et abattra les trois rois ; 25 il proférera des paroles contre le Très-Haut et mettra à l'épreuve les saints du Très-Haut. Il méditera de changer les temps et le droit, et les saints seront livrés entre ses mains pour un temps et des temps et un demi-temps. 26 Mais le tribunal siégera et la domination lui sera ôtée, détruite et réduite à néant jusqu'à la fin. 27 Et le royaume et l'empire et les grandeurs des royaumes sous tous les cieux seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son empire est un empire éternel et tous les empires le serviront et lui obéiront." 28 Ici finit le récit. Moi, Daniel, je fus grandement troublé dans mes pensées, ma mine changea et je gardai ces choses dans mon cœur ».
2 Th 2,1-12 :
« 1 Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, 2 ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations de l'Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est déjà là. 3 Que personne ne vous abuse d'aucune manière. Auparavant doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, 4 l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. 5 Vous vous rappelez, n'est-ce pas, que quand j'étais encore près de vous je vous disais cela. 6 Et vous savez ce qui le retient maintenant, de façon qu'il ne se révèle qu'à son moment. 7 Dès maintenant, oui, le mystère de l'impiété est à l'œuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit d'abord écarté. 8 Alors l'Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue. 9 Sa venue à lui, l'Impie, aura été marquée, par l'influence de Satan, de toute espèce d'œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, 10 comme de toutes les tromperies du mal, à l'adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n'avoir pas accueilli l'amour de la vérité qui leur aurait valu d'être sauvés. 11 Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire le mensonge, 12 en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal ».
1 Jn 2,18-23 :
« 18 Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez ouï dire que l'Antichrist doit venir; et déjà maintenant beaucoup d'antichrists sont survenus: à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là. 19 Ils sont sortis de chez nous, mais ils n'étaient pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous. Mais il fallait que fût démontré que tous n'étaient pas des nôtres. 20 Quant à vous, vous avez reçu l'onction venant du Saint, et tous vous possédez la science. 21 Je vous ai écrit, non que vous ignoriez la vérité, mais parce que vous la connaissez et qu'aucun mensonge ne provient de la vérité. 22 Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ? Le voilà l'Antichrist! Il nie le Père et le Fils. 23 Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père. Qui confesse le Fils possède aussi le Père ».
1 Jn 4,1-6 :
« 1 Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. 2 A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu; 3 et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu; c'est là l'esprit de l'Antichrist. Vous avez entendu dire qu'il allait venir; eh bien! Maintenant, il est déjà dans le monde. 4 Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu et vous les avez vaincus. Car Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. 5 Eux, ils sont du monde; c'est pourquoi ils parlent d'après le monde et le monde les écoute. 6 Nous, nous sommes de Dieu. Qui connaît Dieu nous écoute, qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas. C'est à quoi nous reconnaissons l'esprit de la vérité et l'esprit de l'erreur ».
2 Jn 7-11 :
« 7 C'est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus Christ venu dans la chair. Voilà bien le Séducteur, l'Antichrist. 8 Ayez les yeux sur vous, pour ne pas perdre le fruit de nos travaux, mais recevoir au contraire une pleine récompense. 9 Quiconque va plus avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ ne possède pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine, c'est lui qui possède et le Père et le Fils. 10 Si quelqu'un vient à vous sans apporter cette doctrine, ne le recevez pas chez vous et abstenez-vous de le saluer. 11 Celui qui le salue participe à ses œuvres mauvaises ».
Dans son commentaire sur le passage biblique de Dn 7,7-8.15-28, l’Abbé Augustin Lemann à la page 4 de son fameux ouvrage « L’Antéchrist » formule la remarque suivante :
« Dans cette petite corne grandissante les Pères, notamment Saint Irénée, Théodoret, Lactance, Saint Jérôme, les commentateurs modernes, Maldonat, Cornelius a Lapide, Calmet, etc., et de nombreux exégètes contemporains, soit catholiques, soit protestants, ont vu à bon droit la figure de l’Antéchrist. La corne est le symbole de la force et de la puissance. Chez certains animaux elle est la grande arme offensive et défensive. Avant les découvertes assyriologiques, il était assez difficile de s’expliquer pourquoi Daniel avait, de préférence, employé ce symbole pour décrire l’Antéchrist. Aujourd’hui rien ne paraît plus naturel. Dans le milieu chaldéen où vivait ce prophète, les statues des dieux et des rois babyloniens portaient des cornes à leurs tiares. Disposées avec grâce à la base de ces tiares et superposées les unes aux autres, elles constituaient de véritables ornements (1). Il est donc tout naturel que l’inspiration divine voulant caractériser les développements et la puissance de la domination de l’Antéchrist, ait porté Daniel vivant et écrivant à Babylone à le représenter sous le symbole d’une petite corne grandissante ».
Note :
(1) : « M. de Longpérier, décrivant un dieu assyrien, dit "Les cornes du taureau qui décorent la tiare de cette figure sont un signe de puissance et de gloire…La manière dont les cornes sont rangées à la base de la tiare nous explique de quelle façon le prophète Daniel concevait la disposition des dix cornes du quatrième animal symbolique qu’il vit en songe" (Notice des antiquités assyriennes, page 30) ».
Comme nous le signale le Vocabulaire de Théologie Biblique, page 68, le terme d’Antichrist ou Antéchrist, signifiant littéralement « contre-Christ » apparaît exclusivement dans la première épître de Saint Jean (Cf. 1 Jn 2,18.22), transcription du mot grec "antichristos".
Le Dictionnaire de la Bible mentionne avec justesse, page 79, que le terme désigne « tantôt le mystérieux adversaire qui se lèvera à la fin des temps (Cf. 1 Jn 4,3) tantôt les renégats, négateurs de la vérité reçue, ou autres égarés (Cf. 1 Jn 2,19-22 ; 2 Jn 7), tantôt le premier et les seconds dans la même phrase (Cf. 1 Jn 2,18) ». L’article se poursuit en précisant que « la pensée chrétienne, dans la ligne de la pensée juive, attend un combat final, mené par les puissances mauvaises, avant le triomphe définitif du Christ et des siens, donc de Dieu, dans l’éternelle paix de la Jérusalem céleste ».
Ainsi nous pouvons déjà observer que le terme d’Antichrist désigne particulièrement une double réalité :
- celle d’une ou plusieurs personnes, et plus largement tout courant de pensée, idéologie ou doctrine mensongère visant à nier que Jésus soit le Christ, ou qui ne confessent pas que Jésus-Christ soit venue dans la chair par le Mystère de l’Incarnation (Cf. 2 Jn 7), c'est-à-dire ceux qui se sont laissés séduire en se pensant justement avancés dans la doctrine du Christ, mais qui en réalité ne possèdent pas Dieu, et qu’il s’agit de ne pas fréquenter afin de ne pas partciper à leur œuvres mauvaises (Cf. 2 Jn 9-11),
- la personne même de l’Antichrist explicitement décrite par l’apôtre Saint Paul en 2 Th 2,4-12 comme le renvoi n° 17, page 149 du Catéchisme de l’Eglise Catholique nous invite à l’identifier,
voire dans certains, que nous ne manquerons pas de souligner, au cours de l’étude, lorsqu’ils se présentent :
- Satan lui-même qui demeure l’Antichrist par excellence.
Voici ce que nous explique la note ‘c’ de la Bible de Jérusalem, page 2258 :
« L’apostasie sera causé par un personnage qui porte trois noms et se présente comme le grand ennemi de Dieu. Il est l’impie par excellence, l’être voué à sa perte (Cf. Jn 17,12 ; 1 Th,5), l’adversaire de Dieu, décrit ici en termes inspirés de Dn 11,36. Dans la tradition chrétienne, influencée par Daniel, cet adversaire recevra le nom d’Antichrist (Cf. 1 Jn 2, 18 ; 4,3 ; 2 Jn 7). Il apparaît comme un être personnel, qui se révèlera à la fin des temps (tandis que Satan, dont il est l’instrument, agit dès maintenant dans le « mystère », v.7, exerçant contre les croyants un pouvoir persécuteur et séducteur, (Cf Mt 24,24 ; Ap 13,1-8), pour la grande épreuve dernière à laquelle mettra fin le retour du Christ ».
Et la note ‘d’ de poursuivre :
« Paul attribue le retard de la Parousie à quelque chose (v.6) ou quelqu’un (v.7) qui « retient », une force ou une personne qui empêche la manifestation de l’Antichrist (laquelle doit précédée la Parousie) […] » (Cf. analyse détaillée au § 5.1.3.10).
2. Catéchisme de l’Eglise Catholique
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique reste assez discret sur « l’Antichrist », dont le terme est uniquement employé au § 675, dans son lien avec « l’apostasie ».
« Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (Cf. Lc 18,8 ; Mt 24,12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (Cf. Lc 21,12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le " mystère d’iniquité " sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (Cf. 2 Th 2,4-12 ; 1 Th 5,2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2,18.22) ».
NB : Il est important de ne pas confondre ici l’Anti-Christ, avec le pseudo-messianisme dont on fait état, car le terme « celle » désigne bien ici l’imposture religieuse.
Conscients d’être réellement proche de cette seconde venue du Seigneur dans la gloire, comme nous nous attacherons à le montrer de façon détaillée à la section 5 de notre étude intitulée « Caractère imminent du Retour Glorieux du Christ », cet homme que l’on nomme « l’Antichrist » nous est donc contemporain et vit en toute logique au milieu de nous.
3. Saint Pie X
- extrait de la lettre encyclique « E Supremi Apostolatus » (sur la charge de Souverain Pontife), donnée le 4 octobre 1903 :
« Restaurer toutes choses dans le Christ. Voulant donc entreprendre et poursuivre cette grande œuvre, Vénérables Frères, ce qui redouble Notre ardeur, c'est la certitude que vous Nous y serez de vaillants auxiliaires. Si nous en doutions, Nous semblerions vous tenir, et bien à tort, pour mal informés, ou indifférents, en face de la guerre impie qui a été soulevée et qui va se poursuivant presque partout contre Dieu. De nos jours, il n'est que trop vrai, les nations ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés (1) contre leur Créateur ; et presque commun est devenu ce cri de ses ennemis : Retirez-vous de nous (2). De là, en la plupart, un rejet total de tout respect de Dieu. De là des habitudes de vie, tant privée que publique, où nul compte n'est tenu de sa souveraineté. Bien plus, il n'est effort ni artifice que l'on ne mette en œuvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu'à sa notion. Qui pèse ces choses a droit de craindre qu'une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la terre, et que véritablement le fils de perdition dont parle l'Apôtre (3) n'ait déjà fait son avènement parmi nous. Si grande est l'audace et si grande la rage avec lesquelles on se rue partout ã l'attaque de la religion, on bat en brèche les dogmes de la foi, on tend d'un effort obstiné à anéantir tout rapport de l'homme avec la Divinité ! En revanche, et c'est là, au dire du même Apôtre, le caractère propre de l'Antéchrist, l'homme, avec une témérité sans nom, a usurpé la place du Créateur en s'élevant au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu. C'est à tel point que, impuissant à éteindre complètement en soi la notion, de Dieu, il secoue cependant le joug de sa majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple, où il prétend recevoir les adorations de ses semblables. Il siège dans le temple de Dieu, où il se montre comme s'il était Dieu lui-même (4). Quelle sera l'issue de ce combat livré à Dieu par de faibles mortels, nul esprit sensé ne le peut mettre en doute. Il est loisible assurément, à l'homme qui veut abuser de sa liberté, de violer les droits et l'autorité suprême du Créateur ; mais au Créateur reste toujours la victoire. Et ce n'est pas encore assez dire : la ruine plane de plus près sur l'homme justement quand il se dresse plus audacieux dans l'espoir du triomphe. C'est de quoi Dieu lui-même nous avertit dans les Saintes Écritures. Il ferme les yeux, disent-elles, sur les péchés des hommes (5), comme oublieux de sa puissance et de sa majesté ; mais bientôt, après ce semblant de recul, se réveillant ainsi qu'un homme dont l'ivresse a grandi la force (6), il brise la tête de ses ennemis (7), afin que tous sachent que le roi de toute la terre, c'est Dieu (8), et que les peuples comprennent qu'ils ne sont que des hommes (9) ».
Notes :
(1) : « Ps 2,1 ».
(2) : « Jb 21,14 ».
(3) : « 2 Th 2,3 ».
(4) : « 2 Th 2,2 ».
(5) : « Sg 11,24 ».
(6) : « Ps 77,65 ».
(7) : « Ps 67,22 ».
(8) : « Ps. 46,8 ».
(9) : « Ps 9,20 ».
4. Jean-Paul II
Entendu qu’aucun prédicateur ne peut donner des signes directs de la venue de l’Antichrist et du temps du Jugement (Cf. analyse détaillée sous ce forum dédié à l'Antichrist), il n’est absolument pas étonnant que, dans cette section consacrée à l’apparition de l’Antichrist, les références directes et explicites concernant le sujet, soient quasiment inexistantes en tant que telles dans les textes du Magistère.
Le Pape Jean-Paul II s’est donc logiquement et nécessairement employé à nous les montrer de manière implicite et voilée, mais pour le moins frappante et extrêmement significative. Il suffit simplement d’être attentif à ce que le Saint Père nous donne à voir au travers de ses écrits, conscients qu’il ne peut aller plus loin dans l’évocation, le signe est tellement clair pour celui qui se laisse infiltrer par l’Esprit de sagesse et de discernement.
Rappelons nous notamment, qu’à l’occasion du 40ième anniversaire de son ordination épiscopale et du 20ième anniversaire de son pontificat, le Pape Jean-Paul II livrait son ouvrage « Levez-vous ! Allons ! » qui s’adressait particulièrement « à ses frères dans l’épiscopat » ainsi qu’à l’ensemble « du peuple de Dieu » (Cf. page 9 de l’ouvrage). Le Saint-Père confiait qu’on « lui avait demandé de mettre par écrit la suite de ses souvenirs à partir de 1958, année durant laquelle il devint évêque » (Cf. page 8 de l’ouvrage).
Il n’est absolument pas fortuit que le Saint Père ait fait le choix du titre « Levez-vous ! Allons ! ». Analysons pour quelle raison. Il suffit d’être un peu familier des Saintes Ecritures. Posons donc cette première question. Où trouve-t-on ces mots dans la Bible et à quel moment ?
Et bien chez les évangélistes Saint Matthieu et Saint Marc, respectivement en Mt 26,46 et en Mc 14,42.
Reportons nous donc aux deux péricopes correspondantes, que voici :
Mt 26,36-46 :
« 36 Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani, et il dit aux disciples: "Restez ici, tandis que je m'en irai prier là-bas." 37 Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse. 38 Alors il leur dit: "Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi." 39 Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière: "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux." 40 Il vient vers les disciples et les trouve en train de dormir; et il dit à Pierre: "Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi! 41 Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation: l'esprit est ardent, mais la chair est faible." 42 A nouveau, pour la deuxième fois, il s'en alla prier: "Mon Père, dit-il, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite!" 43 Puis il vint et les trouva à nouveau en train de dormir; car leurs yeux étaient appesantis. 44 Il les laissa et s'en alla de nouveau prier une troisième fois, répétant les mêmes paroles. 45 Alors il vient vers les disciples et leur dit: "Désormais vous pouvez dormir et vous reposer: voici toute proche l'heure où le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. 46 Levez-vous! Allons! Voici tout proche celui qui me livre" ».
Mc 14,32-50 :
« 32 Ils parviennent à un domaine du nom de Gethsémani, et il dit à ses disciples: "Restez ici tandis que je prierai." 33 Puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. 34 Et il leur dit: "Mon âme est triste à en mourir; demeurez ici et veillez." 35 Etant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s'il était possible, cette heure passât loin de lui. 36 Et il disait: "Abba (Père)! tout t'est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux!" 37 Il vient et les trouve en train de dormir; et il dit à Pierre: "Simon, tu dors? Tu n'as pas eu la force de veiller une heure? 38 Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation: l'esprit est ardent, mais la chair est faible." 39 Puis il s'en alla de nouveau et pria, en disant les mêmes paroles. 40 De nouveau il vint et les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis; et ils ne savaient que lui répondre. 41 Une troisième fois il vient et leur dit: "Désormais vous pouvez dormir et vous reposer. C'en est fait. L'heure est venue: voici que le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. 42 Levez-vous! Allons! Voici que celui qui me livre est tout proche. 43 Et aussitôt, comme il parlait encore, survient Judas, l'un des Douze, et avec lui une bande armée de glaives et de bâtons, venant de la part des grands prêtres, des scribes et des anciens. 44 Or, le traître leur avait donné ce signe convenu: "Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui; arrêtez-le et emmenez-le sous bonne garde." 45 Et aussitôt arrivé, il s'approcha de lui en disant: "Rabbi", et il lui donna un baiser. 46 Les autres mirent la main sur lui et l'arrêtèrent. 47 Alors l'un des assistants, dégainant son glaive, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva l'oreille. 48 S'adressant à eux, Jésus leur dit: "Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons pour me saisir! 49 Chaque jour j'étais auprès de vous dans le Temple, à enseigner, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais c'est pour que les Écritures s'accomplissent." 50 Et, l'abandonnant, ils prirent tous la fuite ».
Je pense que le message est clair pour tous, tellement le texte est explicite. Dans les deux passages des évangiles synoptiques l’affirmation est identique : « Voici que celui qui me livre est tout proche ».
C’est donc à travers le seul titre de l’ouvrage (car dans le corps du texte rien ne transparaît en ce sens) que la clef de compréhension de l’ensemble du message que le Saint-Père entend faire passer, nous est donnée. Les deux passages bibliques auxquels nous faisons référence, se situent significativement avant la venue du traître Judas « Levez-vous ! Allons ! ».
Par conséquent il est aisé de comprendre, par analogie, comment Judas est la figure de l’Antichrist qui doit venir très prochainement. C’est bien ce que veut nous signifier ici le Saint-Père Jean-Paul II. Le traite est tout proche, il est dans l’Eglise, comme Judas faisait partie du collège apostolique, ainsi le mystère d’iniquité est à l’œuvre et arrive à son terme en nos temps.
5. Benoît XVI
Voici quelques passages de l’homélie prononcée le 8 décembre 2007, fête de l’Immaculée Conception, par le Cardinal Ivan Dias, Préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, depuis la basilique Saint-Pie X, dans les Sanctuaires Notre-Dame de Lourdes, au cours de la messe internationale célébrée à l’occasion de l’ouverture solennelle du Jubilé du 150 ième anniversaire des apparitions. L’ensemble du texte est extrait des pages 12 et 13 du n° 156 de « Lourdes Magazine ».
Je me permets de le faire figurer dans cette section, puisque le Cardinal Dias a été spécialement mandaté par le Pape Benoît XVI, le chargeant de transmettre sa bénédiction apostolique :
« […] Après les apparitions de Lourdes, la Sainte Vierge n’a pas cessé de manifester ses vives préoccupations maternelles pour le sort de l’humanité en ses diverses apparitions dans le monde entier. Partout, elle a demandé prières et pénitence pour la conversion des pécheurs, car elle prévoyait la ruine spirituelle de certains pays, les souffrances que le Saint Père aurait à subir, l’affaiblissement général de la foi chrétienne, les difficultés de l’Eglise, la montée de l’Antéchrist et ses tentatives pour remplacer Dieu dans la vie des hommes: tentatives qui, malgré leurs succès éclatants, seraient toutefois vouées à l’échec. Ici, à Lourdes, comme partout dans le monde, la Vierge Marie est en train de tisser un immense réseau de ses fils et filles spirituels dans le monde entier pour lancer une forte offensive contre les forces du Malin, pour l’enfermer et préparer ainsi la victoire finale de son Fils divin, Jésus Christ. La Vierge Marie nous invite encore une fois aujourd’hui à faire partie de sa légion de combat contre les forces du mal […]. La lutte entre Dieu et son ennemi fait toujours rage, encore plus aujourd’hui qu’au temps de Bernadette, il y a 150 ans. Car le monde se trouve terriblement englouti dans le marais d’un sécularisme qui veut créer un monde sans Dieu; d’un relativisme qui étouffe les valeurs permanentes et immuables de l’Evangile; et d’une indifférence religieuse qui reste imperturbable face au bien supérieur des choses qui concernent Dieu et l’Eglise. Cette bataille fait d’innombrables victimes dans nos familles et parmi nos jeunes. Quelques mois avant qu’il ne devienne le Pape Jean Paul II (9 novembre 1976), le Cardinal Karol Wojtyla disait: “Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait compris totalement. Nous sommes aujourd’hui devant la lutte finale entre l’Eglise et l’Anti-Eglise, entre l’Evangile et l’Anti-Evangile”. Une chose toutefois est certaine: la victoire finale est à Dieu et cela se vérifiera grâce à Marie, la Femme de la Genèse et de l’Apocalypse, qui combattra à la tête de l’armée de ses fils et filles contre les forces ennemies de Satan et écrasera la tête du serpent […] ».
- extrait de l’audience générale du 12 novembre 2008 :
« […] Dans la deuxième Lettre aux Thessaloniciens Paul change la perspective; il parle des événements négatifs qui devront précéder l'événement final et conclusif. Il ne faut pas se laisser tromper - dit-il - comme si le jour du Seigneur était vraiment imminent, selon un calcul chronologique : "Frères, nous voulons vous demander une chose, au sujet de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer. Ne laissez personne vous égarer d'aucune manière" (2,1-3). La suite de ce texte annonce qu'avant l'arrivée du Seigneur il y aura l'apostasie et que devra se révéler "l'homme de l'impiété", le "fils de perdition" (2,3), qui n'est pas mieux défini et que la tradition appellera par la suite l'antéchrist ».
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