Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: L'aumônier du monde ? (C'est le pape François) Mer Déc 18 2013, 23:23 | |
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L'aumônier du monde ? (C'est le pape François)La généalogie de Jésus ouvre l’Évangile de Matthieu. Lue la veille de Noël, à la messe de minuit, elle trace un chemin symbolique d’Abraham à David et de David au Messie. On pourrait penser que ce tableau a été soigneusement retouché pour apparaître parfait, people, royal. Mais un examen rapide montre qu’il n’en est rien. Dans cette succession à dominante masculine, l’évangéliste a introduit quelques femmes. Aucune ne ressemble à une épouse conventionnelle selon la morale bourgeoise. Il y a Thamar, la veuve injustement renvoyée par son beau-père Juda et qui, par ruse, fait un enfant à cet homme hypocrite ; Rahab, la prostituée au grand cœur ; Ruth, la Moabite. Enfin Bethsabée, la femme de ce général Urie que David envoie à la mort pour se débarrasser d’un époux légitime. Le Messie de Dieu arrive tout droit du ventre des prostituées, dans ses veines coule le sang des victimes, des rebelles, des étrangères. Pressé de montrer ses quartiers de noblesse, le fils du roi exhibe une demande de droit d’asile et des antécédents de bâtard.Ainsi, non seulement l’Évangile est pour tous les pauvres – vérité en elle-même aussi explicite que difficilement admissible – mais il nous est enseigné et transmis par eux. Non seulement le Dieu chrétien ne tire pas les ficelles de l’histoire, mais il s’incarne dans une suite d’événements plus chaotiques qu’exemplaires : meurtres, exils, mensonges, désirs concupiscents. Il prend chair dans la chair du péché et de la violence, dans le bruit et la fureur du réel. Il ne prétend ni éliminer la prostitution ni, à l’inverse, fermer les frontières pour protéger les nantis. Il ne cherche pas à imposer une société parfaite ou hygiéniste, ou même à résoudre les problèmes économiques, sociaux, environnementaux. Il ne défend ni le progrès ni la réaction, il écoute, guérit, réconcilie. Un christianisme qui commence par les bons sentiments et finit par la morale n’est plus un christianisme. C’est, disons, un pharisianisme, un puritanisme, une idéologie.On peut voir le pontificat du pape François comme une relecture de cette généalogie d’apparence austère et abstraite. Quand il lave les pieds de jeunes détenus à Rome, quand il choisit Lampedusa pour son premier voyage, quand il étreint les malades défigurés et les handicapés, quand il laisse un enfant lui chiper sa calotte ou occuper son trône, le successeur de Pierre donne corps à cette histoire, comme François d’Assise ou Mère Teresa le firent. En écoutant la souffrance du monde, il sait qu’il embrasse le corps et le sang du Christ. Avec lui, la papauté quitte un peu le monde des idées pour mieux entrer dans l’expérience.Les images parlent. Les actes comptent. Les mots et les gestes de cet homme venu « du bout du monde » touchent largement au-delà des cercles habituels, au point qu’en un rien de temps l’inconnu Bergoglio est devenu la nouvelle conscience planétaire. Il y aurait sans doute beaucoup de malentendus à dissiper, et il y aura encore davantage de frustrations et de déceptions à consoler. Cependant la popularité du pape n’est pas factice. François s’est fait d’emblée l’aumônier du monde. Chaque chrétien peut s’y mettre. Tous ceux qui s’y emploient de longue ou fraîche date, en prison, dans la rue ou sur leurs lieux de vie, se sentent encouragés. Joyeux Noël à vous ! Je vous retrouverai avec plaisir le 2 janvier. Source : http://www.lavie.fr/debats/edito/l-aumonier-du-monde-18-12-2013-48058_429.php
Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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