La Nouvelle Jérusalem a été depuis l'origine de Constantinople revendiquée comme cause à défendre et à anticiper, dessein de Dieu que tout chrétien orthodoxe se doit de favoriser comme réalité à venir...
Eusèbe de Césarée (265-340), qui sentait que l’arrivée d’un empereur chrétien annonçait toujours plus l’âge messianique, encouragea Constantin à construire la
Nouvelle Jérusalem, et il considérait que l’ordre de Constantin de construire l’église du Saint-Sépulcre dans la ville confirmait cette vision des choses. Mais cette
Nouvelle Jérusalem avait deux visages, celui de l'Ancien et celui du Nouveau Testament...
Cette
Nouvelle Jérusalem, le nouveau centre ou
omphalos du monde, devait être différente de tout ce que Jérusalem avait été auparavant. Constantin s’imaginait le christianisme comme étant une religion universelle qui supplanterait à la fois le paganisme et le judaïsme. La nouvelle basilique devait par conséquent être construite sur le site du temple païen qui avait été construit sur ordre d’Adrien et qui devait à présent être nettoyé de son passé. Toutes les salissures et tous les amas accumulés pendant deux siècles devaient être enlevés du site et du soubassement utilisé comme fondement du nouvel édifice. L’empereur décida que l’église serait construite à l’endroit qu’il déclara être Golgotha, selon les affirmations de sa mère, endroit où Christ fut crucifié...
Pour ce qui est de Constantinople, proclamée comme la nouvelle Rome, la capitale d’Empire, celle-ci est comprise également à partir de ce moment comme la
Nouvelle Jérusalem, la ville sainte et théocratique, témoignage urbain du triomphe chrétien sur le paganisme. Si Jérusalem ressuscitée par les soins de Constantin est l'
omphalos du monde, cette
Nouvelle Jérusalem couvrant deux continents sera l'
omphalos du nouveau monde inauguré par le Christ, et ce pour la plus grande gloire de Dieu... La boucle est ainsi bouclée.
Dans le Sacré Palais à Constantinople sont déposées des reliques vétéro-testamentaires comme la Verge de Moïse, ou des reliques néo-testamentaires, celles de la Passion du Christ, la Croix de Sainte Hélène, la sainte Lance, les Clous, le Mandylion (sur une icône du Sinaï, Constantin VII est représenté tenant le Mandylion)... toutes rassemblées dans la chapelle du Phare. Or, qui tient les reliques du Christ tient les preuves de sa prédestination ; qui tient la couronne du Christ doit avoir la couronne sur terre. C’est ce qu’a bien compris Louis IX qui les ramène à Paris, destinée dans cette optique à devenir la vraie
Nouvelle Jérusalem voulue par le Christ.
Pour en savoir un peu plus sur le duo Byzance -
Nouvelle Jérusalem, je vous invite à la lecture suivante:
http://books.google.fr/books?id=ybSGw7Ttbo4C&pg=PA131&lpg=PA131&dq=%22nouvelle+j%C3%A9rusalem%22byzance&source=bl&ots=UpLXsSuwPL&sig=zxAK-T-1j8Kf9IUu7rdSzVQgqgU&hl=fr&ei=mZAQTajSGYOa8QO1wryFBw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBsQ6AEwAA#v=onepage&q=%22nouvelle%20j%C3%A9rusalem%22byzance&f=false
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"... Sans l'humilité, la vérité est aveugle. Car elle prend alors pour guide la contradiction, laquelle s'efforce de s'appuyer sur quelque chose, mais ne trouve rien d'autre que la forteresse du ressentiment ..." (Père neptique Elie l'Ecdicos, Florilège de sentences (I. 46) )