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 Pourquoi et à qui donner de son argent ?

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LucJos
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LucJos


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MessageSujet: Pourquoi et à qui donner de son argent ?   Pourquoi et à qui donner de son argent ? Icon_minitimeMer Juin 28 2017, 08:42

POURQUOI ET A QUI DONNER DE SON ARGENT ?
Pierre de Lauzun, membre de l'Académie catholique de France

Donner est un devoir essentiel du chrétien,
car nos biens nous sont confiés en vue du bien commun. Il est ainsi de notre responsabilité de déterminer combien et à qui donner,
en fonction de notre position et de notre vocation propre.

L’usage de notre argent doit être ordonné en considérant d’abord ce qui résulte de notre devoir d’état,
puis ce que nous sommes appelés selon les cas à dépenser utilement, à investir et à donner.

En savoir +

L’usage de notre argent doit être ordonné en considérant d’abord ce qui résulte de notre devoir d’état.

Donner est certainement un maître mot de la Bible et plus particulièrement des évangiles. Ce principe a même vocation à devenir central dans nos vies, à commencer par le don de son temps et de sa disponibilité personnelle, et il n’épargne pas non plus la vie professionnelle, y compris en entreprise. Mais le domaine le plus immédiat d’application de ce principe est bien entendu le don personnel en argent. Apparemment simple, il pose en réalité des questions à beaucoup de personnes. Notamment dans un pays comme la France, à fiscalité élevée, et où les charges notamment familiales sont lourdes. Combien donner ? A qui ? Ce sont là des questions qu’il faut se poser. Naturellement il n’y a pas de règle fixe en la matière. Mais il paraît utile de livrer quelques réflexions qui peuvent permettre d’éclairer la démarche de chacun.

Le premier examen est celui de la disponibilité

Il va de soi que plus on a reçu de moyens, plus on doit veiller à ce que ces moyens soient utilisés en vue du Bien commun, selon le principe catholique de la destination universelle des biens : nous sommes propriétaires de ce que nous avons, nous décidons donc librement quoi en faire ; mais nous devons l’ordonner au service de tous, du bien commun.

Le premier niveau d’obligation qui nous incombe est celui qui résulte de notre devoir d’état, et donc en premier lieu le souci de notre famille

Son cadre de vie dépend de notre position dans la société et des usages, appréciés en conscience. Quel est le niveau de dépenses qui découle légitimement de nos obligations sociales ? La réponse dépend bien sûr en partie de la société. Il ne saurait s’agir de la seule contrainte sociale, qui peut être tantôt excessive (si elle conduit à des dépenses somptuaires, immorales en regard de la pauvreté), tantôt au contraire insuffisante, au moins qualitativement (ainsi à notre époque où l’absence de valeurs collectives qualitatives permet à un riche de vivre dans la plus complète médiocrité égoïste). Il s’agit donc des dépenses qui permettent de remplir dans la société le rôle positif qu’elle attend légitimement de celui qui a reçu des moyens, surtout s’ils sont importants. Mais il faut distinguer parmi ces dépenses. Il y a d’abord un niveau de base indispensable, lui aussi dépendant de notre insertion dans la société. Tout ce qui dépasse ce niveau doit faire l’objet d’une réflexion pour examiner ce à quoi nous sommes appelés, comment utiliser en fonction de cela les moyens dont nous disposons et de la responsabilité correspondante.

Au-delà de nos obligations, nos ressources peuvent être utilisées dans trois grandes catégories : les autres dépenses, l’investissement et la générosité

Parmi les autres dépenses d’abord, il y en a qui sont socialement utiles mais moins indispensables que celles évoquées ci-dessus. Cela va depuis le maintien d’un certain style, y compris de vêtement, l’encouragement à des moyens culturels, la construction de maisons, belles si possible, l’artisanat d’art etc. jusqu’à l’acceptation d’un rôle public, rendu possible par ces moyens. En d’autres termes il s’agit de dépenses que la société attend plus ou moins explicitement de qui a un certain revenu ou une certaine richesse, et que l’on a soi-même validées comme justifiées et effectivement bénéfiques. Parce que la société s’est organisée en y comptant dessus, ces dépenses sont alors doublement nécessaires. D’un côté des circuits économiques de production légitimes et bénéfiques en vivent; et de l’autre la société compte que des personnes, ayant un certain effet d’entraînement sur les autres du fait de leur position et de leurs moyens, assument la promotion effective de telle ou telle valeur, ou style de vie.

Nous devons également examiner ce que nous sommes appelés à investir

L’investissement, c’est la création de moyens de production de richesse collective future. Il est donc en soi bon. On dira que l’investissement n’est pas altruiste, puisqu’il est supposé nous rapporter plus encore. Mais que cela rapporte ne diminue pas l’ordination au service du bien commun, pourvu qu’on tienne compte de critères de jugement larges, non limités au seul résultat financier, et notamment éthiques. De plus en accumulant judicieusement on se crée des moyens qui la Providence aidant nous permettront à l’avenir d’aider encore plus le progrès commun. Il est donc vital que cette fonction investissement soit présente et significative, surtout si notre vocation va en ce sens. Autant en effet il faut que certains donnent résolument ce qu’ils ont et se dépouillent comme le jeune homme riche, autant il faut que la richesse qui rappelons-le existe, est en soi utile et doit être développée, soit gérée au mieux par des gens responsables et bienveillants. Cette demande adressée au jeunes homme riche ne l’a pas été à tous, loin de là, et notamment pas à des Nicodème ou des Joseph d’Arimathie, dont le rôle providentiel était différent. D’ailleurs même si quelqu’un se dépouille de tout ce qu’il possède dans un esprit évangélique, il est évident que cette richesse n’est pas détruite en elle-même par une telle donation, mais au contraire subsiste, et doit se développer, ce qui implique qu’elle soit possédée par quelqu’un d’autre. Si même on donne des actifs aux pauvres, ils vont les vendre pour vivre, et donc ces actifs tomberont dans les mains de quelqu’un d’autre ; et si on les vend pour les donner, il faut que quelqu’un les achète ; ce peut être des institutions charitables, mais alors là encore il faudra les gérer ; et tout ne peut pas être leur propriété.

Il y a donc naturellement et légitimement une fonction de détention privée à des fins d’investissement, consciemment et activement gérée dans le sens du bien commun

Il ne faut enfin pas oublier la dimension familiale de la fortune : une des raisons de leur constitution est de permettre aux générations futures d’avoir une base d’existence; voire une vocation collective comme famille; là aussi dans le sens du bien commun. Investir peut donc être une vocation majeure; comme Pie XI l’expliquait : «celui qui consacre les ressources plus larges dont il dispose à développer une industrie, source abondante du travail rémunérateur, pourvu toutefois que ce travail soit employé à produire des biens réellement utiles, pratique d’une manière remarquable et particulièrement appropriée aux besoins de notre temps l’exercice de la vertu de magnificence» (Quadragesimo anno N° 56).

Soulignons à cette occasion l’importance de l’esprit d’entreprise dans une perspective chrétienne

C'est vrai y compris au stade le plus élémentaire, comme on dit maintenant d’entrepreneur de soi-même. Naturellement cette question est dominée dans notre société par la dimension financière, la perspective du gain ; en outre, elle ne vaut pas pour tout le monde au même degré. Mais l’entreprise peut et doit être, si elle est convenablement vécue, l’occasion de vivre parmi les enseignements les plus centraux du christianisme. Car entreprendre, c’est en un sens d’abord donner et s’associer : prendre des risques, et parier sur les autres ; c’est enfin créer. Si on prend l’entreprise dans la sphère économique avec l’esprit de détachement évangélique voulu, on constate alors que ses aléas sont une illustration vivante du rôle que doit avoir pour nous ce monde, instrument essentiel de réalisation, mais de fiabilité aléatoire, et qu’il faut dépasser au nom d’une tout autre perspective.

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Dernière édition par LucJos le Mer Juin 28 2017, 14:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pourquoi et à qui donner de son argent ?   Pourquoi et à qui donner de son argent ? Icon_minitimeMer Juin 28 2017, 08:57

L’aumône ou le don, préoccupation chrétienne traditionnelle, garde son actualité,
malgré la redistribution très élevée opérée par l’impôt dans nos sociétés. Chacun est responsable de l’ampleur de sa générosité
mais la dîme (10% de nos revenus) donne un repère de base commode.

En savoir +

L’aumône, préoccupation chrétienne traditionnelle : ce que nous dit Saint Thomas d’Aquin sur l’aumône.  

Après l’investissement, le don. Nous avons vu l’importance du don. Ce thème a fait l’objet de réflexions importantes dans la tradition chrétienne. Ainsi saint Thomas d’Aquin, que nous allons suivre ici. La question qu’il pose dans la II-II q32 qui traite de l’aumône, est : ‘que devons-nous donner ?’. L’article 6 nous dit que nous n’avons pas à donner au détriment de ce qui est ‘indispensable’, pour nous ou nos proches, sauf besoin public manifeste. Une telle nécessité se mesure en fonction de notre statut ou condition, ou de celui des personnes dont nous avons la charge ; mais évidemment ne peut pas être fixée a priori avec précision. Au vu d’un certain volume de dépenses, on peut toujours en ajouter ou retrancher de façon significative : on peut estimer pouvoir dépenser plus sans dépasser le nécessaire, ou inversement retrancher beaucoup et considérer cependant qu’il en reste assez pour vivre. Mais un examen honnête de cette question, dépendant, répétons-le, de notre statut ou insertion dans la société, est un préalable nécessaire. Tant qu’on reste en deçà de ce niveau on peut évidemment donner, mais sans que cela soit un devoir absolu ; étant entendu que celui qui donne de manière telle qu’il ne puisse plus vivre selon son statut et condition, agit de façon ‘désordonnée’. En d’autres termes, toujours selon Thomas, il faut déterminer en conscience le niveau de dépenses dont on a besoin pour vivre de manière qui soit appropriée à la position dont on a la responsabilité dans la société. On peut donc restreindre ce niveau, mais on n’est pas tenu de l’entamer ; et si on le comprime excessivement, on est coupable. Les seules exceptions à ce principe, c’est à dire les cas où l’on peut et doit donner beaucoup plus largement, outre évidemment les cas où on peut aisément récupérer ce qu’on donne ou s’accommoder du manque, ou si on n’a personne à notre charge ou dépendant de nos choix de dépense, concernent dit-il d’une part un changement de vie majeur comme l’entrée en religion, et d’autre part des besoins absolus, vitaux, et notamment de salut public.

L'imitation du don "du nécessaire" de la veuve de l’Évangile ne peut être exigé, comme l'enseigne Saint Thomas d'Aquin

On peut être tenté d’objecter le cas de la veuve de l’Evangile, fortement approuvée par Notre Seigneur par ce qu’elle a donné de son nécessaire (en fait ce qui lui permettait de vivre), et pas de son superflu comme les riches qui l’entouraient. Elle a donc en fait donné beaucoup plus qu’eux, même si son don était en valeur absolu minime (Mc 12 41). Mais saint Thomas a répondu sur ce point : un tel don ne peut être exigé. En outre il ne se justifierait pas si la veuve avait commis une sorte de suicide de fait, mourant de faim à la suite de ce don. En fait elle a donné en se privant fortement, mais sans remettre en cause sa survie : ce qui est très bien, mais ne peut être une norme, sauf si Dieu nous le demande. Cela ne doit pas impliquer de nuire gravement à quelqu’un qui dépend de nous, ou à nous-mêmes : ce peut être aussi dans un acte d’abandon total à Sa Providence, qui ne peut résulter que d’un appel tout à fait spécifique.

L'aumône est due au prochain

Quant aux destinataires, l’aumône doit être faite d’abord aux plus proches selon l’article 9, sous réserve toutefois de considérations de la qualité de qui reçoit (de sa sainteté dit-il) et de l’utilité sous l’angle du bien commun. Une telle aumône peut être abondante, comme le relève l’article 10, du moins du point de vue de celui qui donne. En revanche du point de vue de qui reçoit, on ne doit donner que s’il s’agit d’un vrai besoin, pas pour donner le superflu ; en effet il conviendrait alors à générosité identique de faire ce don à d’autres indigents. De façon plus précise il faut tenir compte dans son aumône ou dans l’aide apportée de la situation de la personne qui reçoit et de ses besoins : qui a vécu jusque là dans un contexte privilégié peut avoir plus de besoins qu’un autre, de même qui est plus âgé ou plus faible.

C'est un devoir de verser le superflu

Dans le même esprit Léon XIII précisait en synthèse dans Rerum novarum (19, 2 3 5 et 6) : « nul assurément n’est tenu de soulager le prochain ne prenant sur son nécessaire ou sur celui de sa famille, ni même de rien retrancher de ce que les convenances ou la bienséance imposent à sa personne. Nul en effet ne doit vivre contrairement aux convenances. Mais dès qu’on a accordé ce qu’il faut à la nécessité ou à la bienséance, c’est un devoir de verser le superflu dans le sein des pauvres… Quiconque a reçu de la divine bonté une plus grande abondance, soit des biens extérieurs et du corps, soit des biens de l’âme, les a reçus dans le but de les faire servir à son propre perfectionnement, et, également comme ministre de la Providence, au soulagement des autres ».

Il est vital de donner, malgré la redistribution très élevée opérée par l’impôt dans nos sociétés

On pourrait objecter que de nos jours la redistribution étatique répond à la question. De fait dans une société comme la France, sur 1 euro supplémentaire gagné par un salarié très bien rémunéré, près des ¾ du coût marginal pour l’entreprise va à l’Etat et au système dit social ; on pourrait se demander s’il lui faut alors encore donner. Posée ainsi la question confond cependant deux plans distincts. Il est réel qu’avec un tel niveau de prélèvement ces sommes prélevées par le système public ont un effet massivement redistributif ; celui qui les paye, du moins à partir d’un certain niveau, n’en tire en effet aucun prestation supplémentaire. Il est réel aussi que cette redistribution est sans doute excessive, et d’une efficacité douteuse. Comme on l’a vu, autant en effet il va de soi dans une perspective chrétienne qu’il relève du Bien commun qu’on se soucie d’assurer la nourriture, le logement et les besoins immédiats de tous, et l’éducation de la population ; et de faire en sorte que chacun bénéficie de soins adéquats, autant on peut douter comme on l’a vu de l’efficacité de l’étatisation généralisée de ces services. Dans nos sociétés la redistribution est donc déjà considérable, et la ponction publique disproportionnée ; on ne peut cependant pas dire qu’elle soit concluante, ni en ce qui concerne la qualité de la société produite ni pour ce qui est du sort des plus démunis : le nombre et la marginalisation des exclus tendent en effet plutôt à augmenter.

Chacun doit faire un effort de réflexion sur ce qu'il a à faire

Quoi qu’il en soit cependant de la redistribution étatique, du point de vue de l’individu, un tel niveau est un fait : la société fonctionne ainsi. Dès lors, et tant que ce système subsiste, chacun doit considérer que les conditions dans lesquelles il gagne ou possède ce qu’il a sont celles-ci. Il ne saurait donc se dispenser d’un effort de réflexion sur ce qu’il a à faire, lui, compte tenu de ce que le système public fait, et bien entendu avec ce qui lui reste. Bien sûr on n’est pas dans la position de la personne aisée dans les sociétés anciennes qui savait que sans générosité de donateurs bénévoles, directement ou à travers l’Eglise, les miséreux n’étaient pris en charge par personne ; d’où d’ailleurs la formidable générosité des donateurs, notamment au Moyen Age. Nous savons que ce n’est plus le cas ; le système collectif assure vaille que vaille le gros des besoins.

Il faut penser à notre responsabilité et à ce qu'il est le plus utile d'aider

Mais que les pauvres aient à leur disposition une aide (plus ou moins efficace) ne nous dispense pas de réfléchir à l’usage de l’ensemble de nos dépenses, naturellement sous notre responsabilité exclusive, et cela en fonction de deux considérations. La première est celle de nos responsabilités et de notre rôle. Comme notre mérite dans les prélèvements publics obligatoires est par définition nul, il est nécessaire, si on veut appliquer les préceptes évangéliques, de faire nous-mêmes un effort additionnel ; c’est à dire en terme concrets de regarder ce que nous gagnons après toute fiscalité, et de donner une fraction de ce montant. Il n’est en effet pas dit dans les Evangiles de donner en regardant ce que fait l’Etat, mais de donner de ce que nous avons, en fonction des besoins que nous constatons. La seconde considération est justement celle de la relative inefficacité de l’action publique, notamment dans le cas des plus déshérités, des exclus, pour qui le problème principal est plus de la manière de s’occuper d’eux, que d’une augmentation des subventions bureaucratiques ; d’où l’utilité de financer les œuvres qui apportent ce soutien humain ; utilité évidemment aussi de financer tout ce qui a une signification religieuse, tout ce qui répand l’Evangile, ce que l’Etat laïc ne fait pas ; utilité enfin d’aider ces pauvres parmi les pauvres que sont les pauvres du Tiers-Monde.

Une autre objection possible est alors celle de l’océan de la misère du monde : comment espérer avoir un effet, sur le plan individuel, avec nos moyens minuscules ?

Et notamment si on prend en compte la misère extrême d’une partie encore considérable du Tiers-Monde. Mais là encore dans une perspective de foi il ne faut pas s’obnubiler sur ce décalage. D’abord, naturellement, rien ne justifie de nous désintéresser des pauvres parce qu’ils sont lointains, si nous savons sans le moindre doute qu’ils sont dans un grave besoin. D’un autre côté, il est vrai que nous devons d’abord faire ce que nous avons à faire là où nous sommes, en traitant les problèmes qui se posent concrètement à nous : ce n’est pas pour rien que les Evangiles parlent de notre ‘prochain’. Mais le prochain n’est pas uniquement celui qui nous est géographiquement proche : c’est aussi quelqu’un sur qui notre attention est manifestement attirée de façon particulière, parce que nous le rencontrons, ou parce que nous sentons un appel de la Providence en ce sens : c’est qu’alors un effort spécial nous est demandé.

Chacun est responsable de l’ampleur de sa générosité mais la dîme (10% de nos revenus) donne un repère commode.

Quelle fraction donner ? Cela dépend évidemment de chacun, de ses charges, de son rôle dans la vie, de ses talents, bref de sa vocation, de ce que Dieu lui demande. On sait que dans certaines vocations cela peut aller jusqu’à un don très large, voire total. C’est aussi ce que faisait la pauvre veuve de l’Evangile. Mais dans le cas de celui dont la vocation est de vivre dans le monde, peut-on donner une idée, au moins pour assurer un minimum ? Il me semble que l’Ecriture et la tradition (y compris la pratique de l’Eglise pendant des siècles) nous donnent justement une telle référence, qui est la dîme. Il conviendrait alors en bonne logique de donner au minimum le dixième de ce que l’on gagne vraiment, c’est à dire net de toute fiscalité. La dîme est dans nos revenus la ‘part’ minimale de Dieu, c’est à dire, si on se réfère aux deux commandements d’amour donnés par le Christ, ce qui est ‘pour Dieu’ et ce qui est pour les autres (les prêtres, les étrangers et les pauvres). Rappelons le texte du Deutéronome 14 : 28 : « La troisième année, tu mettras à part dans tes portes (dans la ville) un dixième de ce qui t’est né sur la période (on parle d’éleveurs) ; que viennent alors le Lévite, qui n’a pas de part ni de bien en commun avec toi, l’étranger, la veuve et l’orphelin qui sont dans tes portes ; ils mangeront et seront rassasiés ; afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes les œuvres de tes mains ».
On peut par exemple calculer un dénominateur, qui est ce que l’on gagne après tout impôt direct et taxe, et un numérateur égal à ce que l’on donne vraiment ; et le rapport cible doit égaler 10 %. Bien entendu ceci peut être réduit en cas de dépenses incompressibles résultant manifestement d’un devoir d’état, notamment familial. Mais sous cette dernière réserve, des dons à ce niveau de dîme me paraissent avoir une priorité, y compris sur les considérations de niveaux de dépenses non vitales et résultant de notre position sociale, ou sur l’investissement.

Les déductions fiscales sont en plus de bons incitateurs ...

Une question se pose alors : dans la fiscalité française les dons sont déductibles aux 2/3 (et au ¾ à l’ISF pour certains dons). Faut-il alors même ne pas déduire fiscalement pour que ce soit de ‘purs’ dons ? Je pense que non, et qu’il est en soi bon et même recommandable de déduire. D’abord parce que cela permet, à effort identique, de donner 3 ou 4 fois plus : au lieu de donner 100 € à la quête vous pouvez donner 300 au denier de l'Eglise. Ensuite parce que ce que permet la déduction fiscale c’est au fond de réorienter vers des œuvres que l’on choisit un argent que l’Etat utiliserait autrement. Quoi de plus juste (et sans doute de plus efficace) ?

... mais alors 10% ou plus ?

Faut-il alors donner 10% de notre revenu, ou viser un vrai effort de 10 % (en considérant que ce qui est économisé fiscalement n’est pas un vrai don) ? Dans ce dernier cas on devrait évidemment donner bien plus (dans la limite du plafond fiscal). Nous pensons que la première réponse, un objectif de 10% effectivement versé à celui à qui nous donnons, est déjà un bon départ, même si l’effort ultime dans les conditions actuelles est alors plus faible. Car après tout, les 10 % sont bien ce qui est donné, et les 6.66 % de différence c’est de l’impôt réaffecté, ce qui représente déjà un effort. Mais naturellement plus on en fait, mieux c’est !

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MessageSujet: Re: Pourquoi et à qui donner de son argent ?   Pourquoi et à qui donner de son argent ? Icon_minitimeMer Juin 28 2017, 09:13

Il faut dès lors s’interroger et hiérarchiser en fonction de sa vocation de l’usage à faire de son argent.
Le choix des bénéficiaires de nos dons est de notre responsabilité, les œuvres d’Eglise étant prioritaires.
Evidemment, plus on est riche plus notre responsabilité est grande.
De même donc la part de la générosité attendue.

En savoir +

Il faut donc hiérarchiser en fonction de sa vocation l’usage à faire de son argent.

En résumé ou pourrait à titre illustratif de la logique développée hiérarchiser l’emploi de l’argent de la façon suivante :

Le minimum nécessaire pour vivre au minimum décent ;

Le don de la dîme (pour l’Eglise et ses œuvres d’une part, et d’autre part les pauvres, éventuellement la médecine, les prisonniers etc., y compris le Tiers-monde bien sûr) ;

Ensuite un niveau de dépense utile et cohérent avec notre rôle dans la société (en y incluant l’épargne de précaution et la constitution d’un patrimoine familial) ; ainsi que l’investissement créatif et la munificence (dons additionnels et investissements - y compris pour l’emploi, ou les arts et lettres).

Naturellement il ne saurait s’agir d’un empilement mécanique successif : il s’agit cas par cas de situer dans cette échelle la dépense concernée, selon son montant et sa nature, comparée avec nos ressources. Le niveau le plus délicat à déterminer est celui du niveau approprié de dépense, dépendant de notre position, notamment dans une société comme la nôtre. Il est évident qu’aucune recette ne peut être donnée. L’essentiel est de se dire d’abord qu’aucune dépense même matériellement possible n’est justifiée par nature, sauf besoin inéluctable. Ensuite qu’elles ne sont justifiées que si elles sont sources d’un bien manifeste, c’est à dire sont bonnes et/ou sont nécessaires pour parvenir à un bien, ou maintenir une situation qui peut être source de biens supérieurs. Il va de soi d’emblée que cela ne justifie pas une vie somptuaire. Mais cela autorise pour l’homme vraiment opulent un niveau de dépense sensiblement supérieur, afin de jouer dans l’économie un rôle cohérent avec son rang, par exemple en encourageant les arts ou les techniques nouvelles. Car c’est pour cela qu’il a reçu plus : pour donner plus, donc aussi pour dépenser plus. Mais au delà des besoins indispensables, ou plus exactement, au fur et à mesure que, pour un revenu et une position sociale donnés, on augmente la dépense, l’exigence d’intérêt collectif doit croître.

Tout ceci dépend aussi de notre vocation propre, c’est à dire de l’appel que Dieu nous adresse ...

Et en conséquence, du notre degré d’avancement spirituel. Plus on progresse dans la voie de Dieu, plus on voit son propre rapport aux richesses évoluer. Pas toujours dans le sens de l’abandon total (en témoignent par exemple les monarques qui ont été canonisés, comme saint Louis ou saint Henri). Mais sûrement dans leur orientation vers les autres, et leur signification.

Le choix des bénéficiaires est de notre responsabilité, mais les œuvres d’Eglise sont prioritaires

A qui donner ? Il nous semble ici que cela dépend d’abord de notre vocation propre, c’est à dire littéralement de l’appel que Dieu nous adresse. Qui est d’ailleurs évolutif puisque plus on progresse dans la voie de Dieu, plus on voit son propre rapport aux richesses évoluer. Ceci dit, une portion appréciable doit aller à nos églises, qui en France ne sont pas riches et vivent de don. Et qui ne reçoivent rien du système étatique. L’Eglise catholique parle de 1 à 2 % du revenu. Là encore, c’est un bon point de départ ; mais on peut faire bien mieux. Au-delà, c’est notre responsabilité – si nous savons rester à l’écoute de ce qui nous est demandé par Dieu. Et de même pour le choix des œuvres ; encore que privilégier les œuvres chrétiennes ou de son Eglise paraisse aussi une priorité naturelle : c’est un moyen de contribuer à signifier la Bonne nouvelle.

Plus on est riche plus notre responsabilité est grande : le cas des très riches.

Que dire des plus riches ? Leur responsabilité est évidemment énorme, au point que la richesse peut être spirituellement une calamité, en tout cas une responsabilité aux risques majeurs : les traits de la facilité peuvent s’y combiner avec ceux de la puissance pour les exposer de façon quasi irrésistible à la complaisance en eux-mêmes. L'Évangile est très clair là dessus. Mais cependant il y a des fortunes, donc des gens qui les possèdent, et c’est voulu par Dieu. Bien compris, c’est à dire comme une responsabilité collective confiée à quelqu’un, lourde mais passionnante, ce peut et doit être positif. En fait aucun des progrès qu’a pu effectuer l’humanité dans les sciences, les techniques ou la culture, n’aurait été possible sans de riches personnes qui en ont assumé les risques ; il en est d’ailleurs de même de la vie de l’Eglise elle-même. Donc celui qui est dans cette situation, sauf vocation personnelle à la pauvreté notamment dans le cadre monacal, doit en assumer consciemment et résolument les conséquences. Ce qui veut dire vivre au milieu des richesses sans en être le prisonnier, accepter de les perdre ou de les donner le cas échéant, et ordonner au mieux ces moyens dans le sens qui apparaît le plus conforme au Bien commun, c’est à dire donner, dépenser pour le Bien, et investir - c’est à dire entreprendre. Mais malheur à lui si ses richesses le dominent …


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