Béatification, le 13 sept 2015,
du premier martyr sud-africain,
battu à mort
L’Église catholique béatifiera dimanche pour la première fois un Sud-Africain, Benedict Daswa, un enseignant philanthrope mort en martyr en 1990 pour s'être opposé à la superstition de villageois.
Benedict Daswa, instituteur catholique, directeur d'école et leader communautaire dans la province du Limpopo (nord-est de l'Afrique du Sud), avait été assassiné par des villageois qui lui reprochaient de ne pas vouloir payer les services d'un sorcier pour mettre fin aux terribles orages qui frappaient la région à cette période.
Il s'était opposé à cette demande au nom de ses convictions religieuses, puis était tombé dans une embuscade le soir du 2 février 1990 alors qu'il rentrait chez lui.
D'abord lapidé par ses assaillants, il avait réussi à s'enfuir avant d'être retrouvé et battu à mort avec un bâton. Les meurtriers avaient ensuite versé de l'eau bouillante dans ses oreilles et ses narines pour s'assurer qu'il était bien mort.
La cérémonie de béatification dimanche revêt un caractère "très important car Benedict Daswa deviendra non seulement le premier bienheureux sud-africain mais aussi le premier bienheureux originaire d'Afrique australe", explique S'Milo Mngadi, porte-parole de la conférence des évêques catholiques d'Afrique australe, interrogé par l'AFP.
Comme le veut la procédure, le cardinal italien Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, fera le déplacement et célèbrera la messe dans le sanctuaire de Tshitanini, dans le Limpopo, non loin de la maison de M. Daswa. Il représentera le pape François, qui devrait, le même jour depuis Rome, prononcer quelques mots sur le bienheureux.
La cérémonie, qui se déroulera en présence de la famille de M. Daswa, y compris sa mère Ipa, âgée de 91 ans, devrait rassembler 20.000 à 30.000 personnes selon Hugh Slattery, ancien évêque du diocèse de Tzaneen (nord-est) à l'origine de cette demande de béatification.
La béatification permet d'autoriser le culte d'une personne localement. Elle peut précéder l'étape de la canonisation quand le bienheureux est recommandé au culte de toute l’Église.
"Il ne sera cependant pas un saint comme l'entend l’Église car il n'a pas accompli de miracle", précise Hugh Slattery. Mais "nous avons réussi à prouver qu'il était mort en martyr, ce qui n'était pas si facile car les témoins de sa mort ne voulaient pas trop parler".
L'assassinat de Benedict Daswa est resté non élucidé. Plusieurs personnes ont été arrêtées, mais l'affaire a finalement été classée sans suite, faute de preuves.
"Il était un homme tellement dévoué et charitable. En tant que professeur il aidait les enfants trop pauvres pour payer leurs frais de scolarité", raconte Hugh Slattery. "C'était une personne hors du commun, un vrai leader qui a eu le courage de s'opposer aux superstitions comme la sorcellerie."
"Cette cérémonie sera l'occasion de s'interroger sur la place que prennent les superstitions comme la sorcellerie dans nos croyances", estime d'ailleurs S'milo Mngandi.