Attaques à Paris : le pape François dénonce «les formes déviantes de religion»

Attaques à Paris : le pape François dénonce
«les formes déviantes de religion»


Dans un discours grave, adressé au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège lundi matin,
le Pape a renouvelé son appel aux responsables musulmans à condamner «toute interprétation
fondamentaliste et extrémiste de la religion».

C'est un rendez-vous très prisé: le pape reçoit début janvier l'ensemble du corps diplomatique «accrédité près le Saint-Siège» pour une cérémonie de vœux et un discours de géopolitique. Ce lundi matin, son intervention a été marquée par les drames récents de la planète, dont «le terrible massacre survenu à Paris» est le «triste écho» d'une «chronique quotidienne» alimentée par de «nombreux faits». Il cite aussi dans son introduction le Pakistan où il y a un mois «plus de cent enfants ont été tués avec une férocité inouïe». D'où son diagnostic: c'est «comme une vraie guerre mondiale qui se déroule par morceaux» où des «formes déviantes de religion» jouent un rôle.

François doit s'envoler dans l'après-midi pour un long périple de huit jours au Sri Lanka puis aux Philippines mais il a insisté pour rappeler que le monde qu'il va survoler reste dominé par «le refus» qui «nous conduit à ne pas regarder le prochain comme un frère à accueillir» mais à «le transformer plutôt en un concurrent, en un sujet à dominer». Ce qu'il appelle «la culture du déchet» qui finit par «désagréger toute la société et par engendrer la violence et la mort».

Une «réponse unanime»

Evoquant le Moyen Orient et «le déferlement du terrorisme d'origine fondamentaliste en Syrie et en Irak», il estime que «ce phénomène est une conséquence de la culture du déchet appliquée à Dieu». Ainsi «le fondamentalisme religieux - plus encore que rejeter les êtres humains en perpétrant des massacres horribles - refuse Dieu lui-même, le reléguant au rang de pur prétexte idéologique.»

Face à «cette injuste agression qui touche aussi les chrétiens et d'autres groupes ethniques et religieux de la région», François juge «nécessaire» une «réponse unanime» qui «dans le cadre du droit international, arrête le déferlement des violences, rétablisse la concorde et soigne les blessures profondes que la succession des conflits a provoquées». Il renouvelle donc son «appel à toute la communauté internationale, comme aussi à chacun des gouvernements concernés, pour qu'ils prennent des initiatives concrètes pour la paix, et pour la défense de tous ceux qui souffrent des conséquences de la guerre et de la persécution, et qui sont contraints de laisser leurs maisons et leur patrie».

«On ne peut tolérer que la Mer Méditerranée devienne un grand cimetière»

Assurant qu'un «Moyen-Orient sans chrétiens serait un Moyen-Orient défiguré et mutilé», il demande à la communauté internationale «de ne pas être indifférente devant une telle situation». Il «souhaite que les responsables religieux, politiques, et intellectuels, en particulier musulmans, condamnent toute interprétation fondamentaliste et extrémiste de la religion visant à justifier de tels actes de violence».

Dans la dernière partie de son long discours, le Pape a évoqué un autre sujet qui lui tient à cœur et qui est souvent la conséquence de ces conflits: les migrants. «Parfois on ne part pas tant pour chercher un avenir meilleur, mais tout simplement pour avoir un avenir, puisque rester dans son pays peut signifier une mort certaine». Reprenant son intervention devant le Parlement européen, il a lancé: «On ne peut tolérer que la Mer Méditerranée devienne un grand cimetière». Il demande à cet égard de «mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens et garantir l'accueil des migrants».

Pour ne pas commencer cette nouvelle année avec «un regard qui soit dominé par le pessimisme» ou «les carences de notre temps», François a conclu son intervention par une série de bonnes nouvelles, accords de paix, dégels diplomatiques enregistrés tout au long de cette année. Ainsi a-t-il affirmé son désir de voir «une reprise du dialogue entre les deux Corée, qui sont des pays frères qui parlent la même langue.» Mais il a surtout mis en évidence un «exemple qui m'est très cher de la manière dont le dialogue peut vraiment édifier et construire des ponts»: «la récente décision des États Unis d'Amérique et de Cuba de mettre fin à un silence réciproque qui a duré plus d'un demi-siècle et de se rapprocher pour le bien de leurs citoyens». Sans oublier sa «satisfaction» devant «la volonté des États-Unis, de fermer définitivement la prison de Guantanamo».

Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01/12/01016-20150112ARTFIG00161-attaques-a-paris-le-pape-francois-denonce-les-formes-deviantes-de-religion.php