Jean Béliveau, une légende sportive du Canada, est décédé mardi soir, à l’âge de 83 ans.

Jean Béliveau, une légende sportive du Canada,
est décédé mardi soir, à l’âge de 83 ans.
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Jean Béliveau était un grand homme, pas seulement en raison de ses performances inoubliables sur la glace,
mais aussi pour l'image forte qu'il renvoyait aux Québécois d'eux-mêmes,
a déclaré le premier ministre Philippe Couillard, mercredi.

«L'ensemble des Québécois a du chagrin aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Jean Béliveau est l’un des plus distingués gentilshommes de l’histoire du hockey.



L'Assemblée nationale a d'ailleurs observé une minute de silence en sa mémoire mercredi matin,
après que tous les partis lui eurent rendu hommage.

Les nombreuses réactions au décès de l'ancien capitaine du Canadien, survenu à Longueuil mardi soir à l'âge de 83 ans,
montrent que l'homme a marqué l'imaginaire de plusieurs générations.

Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, un fervent amateur de hockey,
l'a qualifié de «véritable légende». Jean Béliveau aura droit à des funérailles nationales.
(...)
M. Harper a aussi rappelé qu'il était également un philanthrope qui contribuait à la Société Alzheimer
et aux Grands frères et Grandes soeurs, ainsi qu'à une multitude d'activités destinées aux enfants handicapés,
notamment par le biais de la Fondation Jean Béliveau.

«Son héritage demeure bien vivant, grâce aux records qu'il a établis, aux innombrables hockeyeurs
qu'il a inspirés et à l'amour profond qu'il vouait à sa province, le Québec», a souligné le premier ministre.

Son bureau a d'ailleurs annoncé que les drapeaux des édifices fédéraux au Québec seront mis en berne en l'honneur du grand capitaine.

Pour le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) à Ottawa, Thomas Mulcair, Jean Béliveau
«était un homme extraordinaire, un athlète hors pair et quelqu'un qui a toujours su mener en donnant l'exemple».

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, l'a appelé un «géant au grand coeur».

«Les gens de ma génération, on a grandi avec lui. On se souvient tous des matchs du samedi soir
où on se souvient que le capitaine, c'était Jean Béliveau».

Le député péquiste Pierre Karl Péladeau aussi écoutait religieusement la Soirée du hockey.

Il se rappelle le calibre du joueur: «C'était Jean Béliveau le compteur tout étoile».

«Après sa carrière de hockeyeur, ça a été aussi le symbole de l'intégrité. Un homme d'une intégrité sans faille
et un homme qui est une source d'inspiration pour les Québécois», a ajouté le député péquiste de Saint-Jérôme.

La députée Manon Massé, de Québec Solidaire, a affirmé voir la mesure de l'homme et «son empreinte sur notre peuple».

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a soutenu que M. Béliveau avait été une inspiration pour tous, qu'il avait été un gentleman.
«Malgré son succès incroyable, il est toujours resté très accessible et près de ses nombreux admirateurs.
Son parcours exemplaire continuera d'inspirer les générations à venir», rappelle le maire.

Le propriétaire du Canadien de Montréal, Geoff Molson, a écrit dans un communiqué que tous les membres de l'organisation
étaient profondément peinés et touchés par le décès de Jean Béliveau. Il a ajouté que la contribution de cette célébrité
au développement du hockey et de la société avait été immense.

M. Molson a aussi mentionné que son organisation avait accepté de se charger des cérémonies
qui se dérouleront au cours des prochains jours.

La ville de Longueuil, où habitait M. Béliveau jusqu'à sa mort, a prévu plusieurs cérémonies pour honorer son célèbre résidant.

Une veillée aux chandelles aura lieu vendredi au Colisée Jean-Béliveau devant la statue de bronze à son effigie.
Des séances de signatures sont prévues au Colisée et à l'hôtel de ville dès ce mercredi. Le conseil municipal
lui rendra aussi hommage mardi soir prochain.

Source : http://www.lapresse.ca/sports/hockey/jean-beliveau-1931-2014/201412/03/01-4824719-lensemble-des-quebecois-a-du-chagrin.php

Le paradoxe des deuils collectifs

Pour son dernier voyage comme dans sa vie, Jean Béliveau fut accompagné de l’admiration,
du respect et de l’amour de tout un peuple. De la chapelle ardente aux funérailles, son épouse
et sa famille ont eu cette ultime générosité de partager avec nous leur propre deuil.



Véritable phénomène sociologique, le deuil collectif marque un rare temps d’arrêt et de proximité
dans nos vies frénétiques et individualistes. En des temps politiques moroses,
le deuil d’un être admiré offre aussi une pause d’espoir en l’humanité.

La société endeuillée prend soudainement des airs de famille élargie. La peine s’exprime ouvertement.
Tel un vaste perron d’église virtuel, les médias sociaux décuplent les messages de condoléances et les anecdotes. (...)

Paradoxal

En Occident, le deuil collectif est un phénomène aussi fascinant que paradoxal.

Pendant que nos sociétés occultent de plus en plus la mort, la maladie et même le vieillissement,
le décès d’une personnalité publique aimée peut commander l’émotion et le temps d’un pays entier.

À une époque où, croyants ou pas, nous avons la mort et le deuil pressés, dépouillés et discrets,
c’est tout le contraire quand le deuil est public et collectif.

Nous évacuons de plus en plus les rituels de la mort de nos vies, mais n’hésitons pas à nous fondre
dans la foule pour marquer un deuil collectif.

Nous célébrons avec raison les funérailles nationales en même temps qu’on nous vend des pré-arrangements
et des niches de columbarium pour ne pas trop «déranger» les nôtres à notre propre mort.

Vous me direz que les sociétés occidentales ne sont pas à un paradoxe près. Et vous n’aurez pas tort.

J'ose tout de même espérer que ces moments privilégiés où, ensemble, nous prenons le temps d’honorer
et de pleurer une idole aimée, puissent aussi nous inspirer à redécouvrir
l’importance des rituels de deuil dans nos propres vies.

Source : http://www.journaldemontreal.com/2014/12/11/le-paradoxe--des-deuils-collectifs