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 La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)

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Stan

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MessageSujet: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeSam Sep 27 2014, 23:52

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada

(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


« (...) Je suis poussé à écrire à votre Révérence (Son provincial en France), pour que si par hasard cette lettre arrivait un jour entre vos mains, vous m'assistiez, moi qui me trouve dans un pays cruel parmi les Iroquois et les Maquas, par vos saints sacrifices et par les prières de toute la province. Vous le ferez, je l'espère, d'autant plus volontiers que vous verrez, à cette lecture, combien je dois à Dieu et combien j'ai besoin de prières d'hommes pieux, qui constituent pour moi, je le sais, un puissant secours.



Nous partîmes de Sainte-Marie des Hurons, le 13 juin 1642, au nombre de vingt-cinq personnes, dont cinq Français, dans quatre embarcations que l'on nomme ici des canoës. (...) Mais à peine avions-nous fait un mille que nous tombons parmi les ennemis... (...) Au premier coup de fusil, presque tous les Hurons abandonnèrent les canots (..) et par une fuite rapide ils disparurent au fin fond des forêts. Nous combattons cependant (...) Un des Français nommé René Goupil, qui combattait en avant, fut pris avec quelques Hurons. Ce que voyant, je ne voulais ni ne pouvais fuir; (...) pouvais-je abandonner un Français et d'autres Hurons déjà captifs ou qui allaient le devenir, et qui n'étaient pas baptisés?

(...) Comme les ennemis m'avaient laissé au lieu du combat, j'appelai un de ceux qui étaient restés à la garde des prisonniers et le priai de m'adjoindre au Français comme prisonnier; compagnon de voyage, je voulais l'être aussi de ses dangers et de sa mort. Me croyant à peine, et très craintif, il s'approcha et m'adjoignit aux prisonniers. (...) Puis, m'approchant des Hurons captifs, je les baptise un à un après les avoir instruit. Et comme on ne cessait de ramener de nouveaux fugitifs, un nouveau travail m'incombait sans cesse. On amena enfin Eustache Ahatsistar, ce grand chef chrétien qui me dit en me voyant : « Je te l'avais bien juré, mon Père, que je devais vivre ou mourir avec toi. » A quoi je ne sus répondre, tant le chagrin étreignait mon cœur.

Il est difficile d'imaginer la nature et la violence de ce qu'il (Eustache Aharsistar) eut à souffrir.
(...) Ils commencèrent donc par le dépouiller de tous ses vêtements, ils le frappèrent avec des bâtons, lui arrachèrent tous les ongles avec les dents, lui broyèrent les doigts et lui passèrent une épée très large à travers la main droite. Bien que cette douleur fut très aigüe, le souvenir des blessures de Jésus-Christ Notre Seigneur lui donna de la supporter avec une grande joie, comme lui-même me le dit plus tard. »



Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, p.200, 202-203

(À suivre)
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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeDim Sep 28 2014, 23:13

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada

(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Tandis qu'ils partagent le butin, je baptise ceux qui ne l'étaient pas et qui étaient suffisamment instruit. Il y avait parmi eux un vieillard octogénaire. Lorsqu'on lui donna l'ordre de monter dans un canot pour l'emmener avec les autres : « Comment irai-je, si vieux, dit-il, dans une terre lointaine et étrangère ? Non, je mourrai ici. » Comme il refusait de partir, il fut tué en ce lieu où il venait d'être baptisé.



Remplissant l'espace d'une clameur de joie, tels des vainqueurs qui exultent une fois maîtres du butin, ils nous emmenèrent captifs dans leur pays; nous étions vingt-deux, puisque trois avaient été tués. Au cours de ce voyage qui dura treize jours, nous avons beaucoup souffert de la faim, de la chaleur, des menaces, de la haine cruelle des barbares et de nos vives douleurs de nos plaies non soignées, qui s'envenimaient et où naissaient même des vers. Mais voici ce qui me semblait plus cruel : après cinq ou six jours, alors que nous étions épuisés par le voyage, ils s'approchaient de nous, sans plus aucune colère, nous arrachaient froidement les cheveux et la barbe, et nous enfonçaient profondément les ongles, qu'ils portaient très pointus, dans les parties du corps les plus délicates et les plus sensibles à la moindre piqûre. Pourtant ces souffrances étaient extérieures; les intérieures me touchaient bien davantage, lorsque je voyais, conduit sous mes yeux, ce cortège funèbre de chrétiens, parmi lesquels se trouvaient cinq chrétiens déjà anciens, principales colonnes de l'Église naissante des Hurons. Je l'avouerai naïvement, une fois où l'autre je n'ai pu retenir mes larmes, déplorant leur sort et celui de mes compagnons, et très soucieux de l'avenir. Je voyais en effet, que, par ces Iroquois, l'accès à la foi chrétienne était interdit, aux Hurons et à d'autres nations innombrables, à moins qu'il n'y soit remédié par une providence particulière de la sagesse divine. »

Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, p. 204-205

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeLun Sep 29 2014, 23:19

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Parce que c'est une habitude chez les barbares qui vont à la guerre d'utiliser la cruauté comme prélude, pensant que l'avenir sera d'autant plus heureux qu'ils seront plus cruels, c'est dans ces dispositions qu'ils nous accueillirent. (...) Chacun d'eux alla couper, dans la forêt voisine, des bâtons avec lesquels ils comptaient nous recevoir. Donc, à notre descente des canots, faisant la haie, ils nous fustigèrent avec tant de fureur que, me trouvant le dernier de tous et par conséquent exposé davantage à leurs coups, au milieu du chemin que nous devions faire jusqu'à la colline où ils avaient élevé un théâtre ; je croyais bientôt mourir. (...)

Quel temps et avec quelle violence on me frappa, il le sait, celui pour l'amour et la gloire de qui il est heureux et glorieux de souffrir ainsi. Enfin, poussés par une miséricorde cruelle, voulant me ramener vivant dans leur pays, ils cessèrent de me frapper. C'est pourquoi je fus porté sur le théâtre à moitié mort, tout couvert de sang, En effet, ils m'avaient donné par hasard, entre autres, quelques coups sur le visage qui avaient recouvert de sang ma chemise, qui seule m'était restée.



J'avais à peine respiré qu'ils me donnèrent l'ordre de descendre; m'accablant d'injures et d'opprobres, ils me couvrirent encore d'autres coups sans nombre sur la tête, le cou et le reste du corps, Je serais trop long, si je voulais décrire en détail ce que nous, Français, avons supporté. Ils me brûlèrent un doigt et m'en broyèrent un autre avec les dents; ils disloquèrent ceux qui avaient déjà été broyés en rompant les nerfs, de telle sorte que maintenant qu'ils sont guéris, ils demeurent affreusement déformés. Mais le sort de mes compagnons ne fut guère meilleur.

Ce qui rendait tout cela beaucoup plus pénible, c'était la cruauté presque semblable que subissaient les chrétien Hurons, cruauté qui était plus grande pour Eustache, Ils lui arrachèrent, en effet, les deux pouces et, par une plaie de la main gauche, ils lui enfoncèrent jusqu'au coude avec une cruauté extrême un bâton pointu; ce qu'il supporta quand même tout à fait courageusement et chrétiennement. »

Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, p. 206-207

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeMar Sep 30 2014, 23:46

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Enfin le treizième jour, qui tombait la veille de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, nous arrivâmes à la première bourgade des iroquois. Je rends grâces à Notre Seigneur Jésus-Christ de ce qu'en ce jour, où l'univers se réjouit de la gloire de sa mère montée au ciel, il nous avait appelés à la compagnie et au partage de ses douleurs et de sa croix. (...)

Les anciens captifs hurons et les iroquois nous attendaient sur les deux rives. Les premiers, en guise de salut, nous annoncèrent que nous serions brûlés à petit feu; les autres nous accueillirent avec des bâtons, des coups de poing et des pierres. Et comme ils ont en aversion la chevelure rare et courte, cette tempête se déchaina, en particulier sur moi et sur ma tête chauve. Il me restait deux ongles ; ils les arrachèrent avec leurs dents et ils dénudèrent jusqu'aux os, avec leurs ongles très pointus, la chair qui était au dessous. Après avoir, sur le rivage, satisfait leur cruauté et s'être moqués de nous, ils nous conduisirent à leur bourgade située au sommet d'une colline. A l'entrée, tout la jeunesse de la région, armée de bâtons, nous attendaient, formant la haie de part et d'autre du chemin. (...)

Ils établirent cet ordre de marche. Ils placèrent en tête un Français complètement nu, même sans le pagne. René Goupil était au milieu et moi, le dernier de tous, je fermais la marche. A René et à moi, ils avaient laissé la chemise et les chausses. Entre nous et les hurons captifs, les Iroquois s'introduisaient afin de retarder la marche et d'avoir plus de temps et de loisir pour nous frapper séparément.



Longtemps et cruellement, les pécheurs ont frappé sur nous comme sur l'enclume, non seulement avec des bâtons, mais avec des verges de fer, qu'ils possèdent en grand nombre à cause de la proximité des européens. Bien plus, l'un des chefs, avec une masse de fer grosse comme un poing et suspendue à une corde, me donna, à moi comme à mes compagnons, un coup si violent que je m,en serais écroulé à demi-mort, si la crainte d'en recevoir un autre n'avait augmenté mes forces et mon courage.

Parcourant donc ce long chemin sous une grêle de coups si cruelle, nous arrivâmes avec peine au théâtre élevé au milieu de la bourgade. Et, à la vérité, le visage de chacun de nous était misérable, mais surtout celui de René, car, étant peu agile et ne courant pas vite, il avait reçu tant de coups non seulement sur tout le corps mais sur le visage que seul apparaissait le blanc des yeux. Pourtant, il était d'autant plus beau qu'il était plus semblable à celui que nous avons vu devenir pour nous comme un lépreux et un homme frappé de Dieu, en qui il n'y a plus ni forme ni beauté»

Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, p. 208-210

(À suivre)


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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeMer Oct 01 2014, 22:51

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada

(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Arrivés sur le théâtre, à peine avions-nous eu le temps de respirer que l'un d'eux, frappant les français avec un bâton, assena trois coups sur notre dos mis à nu. Bientôt les barbares se mirent à tirer leurs couteaux, à monter sur le théâtre et à couper les doigts de nombreux captifs. Et comme un captif est d'autant plus exposé à leur cruauté que sa dignité est plus grande, c'est par moi qu'ils commencèrent, car ils me voyaient au premier rang parmi les Français et les Hurons, soit par les propos de ceux-ci, soit par ma manière d'agir.



Un vieillard vient donc vers moi avec une femme et il lui demande de me couper le pouce. Au début, celle-ci refuse; enfin, contrainte de le faire trois et quatre fois par le vieillard, elle coupe mon pouce gauche à l'endroit où il est uni à la main. Cette femme était algonquine, c'est-à-dire de ces barbares qui habitent en Nouvelle-France près des Français. Elle avait été prise depuis peu de mois ; c'était une chrétienne nommée Jeanne. C'est vraiment un bonheur pour toi de recevoir d'eux de pareilles souffrances : c'est pour eux que tu meurs et c'est pour ne pas les laisser en butte à la cruauté d'ennemis visibles et invisibles que tu préfères accueillir les pires souffrances. Alors, prenant de l'autre main le pouce coupé, je te l'offris, à toi, mon Dieu vivant et vrai, en souvenir des sacrifices que durant sept ans je t'avais offert dans ton Église. Averti par un de mes compagnons, je cessai de faire cela, de peur qu'ils ne m'obligent à le mettre dans ma bouche et à le manger tout sanglant. Et je le jetai je ne sais où sur le théâtre, et je l'abandonnai. Ils coupèrent à René le pouce droit à la première phalange.

Je rends grâce à Dieu qui a bien voulu me laisser le pouce droit, afin que, par cette lettre, je puisse inviter mes Pères et Frères à prier pour nous durant le saint sacrifice, à prononcer des demandes et à faire oraison dans la sainte Église de Dieu. Nous savons qu'il prend soin de nous spécialement, à un double titre, puisqu'elle prie souvent pour les affligés et les captifs. »

Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961,  P. 200-211

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeVen Oct 03 2014, 00:14

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Le lendemain, jour de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, nous passâmes la matinée sur le théâtre, puis, vers midi, ils nous conduisirent à une autre bourgade, à deux milles de distance. (...)

A l'entrée de ce second village, malgré la coutume qui veut que les captifs soient frappés une seule fois avec des bâtons, ils ne modérèrent en rien les coups. Le Seigneur voulait nous donner en cela quelques ressemblance avec son apôtre qui se glorifie d'avoir été trois fois battu de verges. Bien qu'ils nous aient moins frappés, ils le firent cependant de façon d'autant plus cruelle que ceux qui le faisaient, n'étant pas gênés par une multitude alentour, ajustaient mieux leurs coups, en particulier sur le devant des jambes, nous causant une grande douleur.
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) C4bd26fad27a86f7f011701ae1676bbd

Nus et ligotés, nous passâmes le reste du jour sur le théâtre et la nuit dans une cabane sur le sol nu. Des gens de tout sexe et de tout âge nous tourmentaient, Nous étions livrés, en effet, aux jeux des enfants et des adolescents, qui jetaient sur nos corps nus des charbons et des cendres brûlantes, dont il était difficile de se débarrasser à cause de nos liens. Ils font donc ainsi l'apprentissage de la cruauté et s'habituent par petites choses à de plus grandes. Nous passâmes là deux jours et deux nuits sans presque aucune nourriture ni sommeil. Mon âme était dans une très grande angoisse intérieure, car, de temps à autre, ils montaient sur le théâtre, coupaient les doigts de mes compagnons hurons, serraient leurs poignets si violemment avec des cordes très dures, qu'ils perdaient connaissance. Alors que chacun portait les siens, les maux de tous me pressaient; je ressentis l'immense douleur que doit normalement éprouver le coeur d'un père très aimant devant les malheurs de ses fils (en effet, sauf quelques anciens chrétiens, je les avais tous engendrés dans le Christ par le baptême, peu de temps auparavant.)



Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961,  P. 211-212

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeSam Oct 04 2014, 00:14

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada

(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Les théâtres des barbares n'avaient encore jamais vu de Français captifs ni de chrétiens. C'est pourquoi, pour satisfaire la curiosité de tous, nous fûmes conduits, contrairement à la coutume, dans toutes les bourgades. Noua étions rentré paisiblement dans la troisième bourgade (quand), de pluvieux le temps devint froid et, comme nous étions nus, nous eûmes beaucoup à en souffrir. (...)

La nuit était venue, lorsqu'on nous admit dans une cabane où des jeunes gens nous attendaient. Ceux-ci nous ordonnèrent de chanter, selon la coutume des autres captifs. Nous avons donc chanté (que faire d'autre en effet ?), mais c'étaient les cantiques du Seigneur dans une terre étrangère. Après le chant vint le supplice. Une part de cet orage s'abattit spécialement sur René et sur moi (...). Ils jetèrent donc sur moi, mais plus encore sur René, des cendres brûlantes et des charbons ardents. Ils le brûlèrent grièvement à la poitrine.

Quant à moi, ils me suspendirent au milieu de la cabane, par le haut des bras, à deux pieux plantés de part et d'autre, en se servant en guise de cordes des écorces qu'ils détachaient des arbres. Je croyais qu'ils allaient me brûler, car c'est ainsi qu'ils procèdent lorsqu'ils le font. Et pour m'apprendre que, si jusqu'alors, j'avais supporté quelque chose avec courage ou avec patience, cela venait non de moi, mais ce celui qui donne la force à celui qui est fatigué...,


...voici que dans ce supplice, comme si j'étais rendu à moi-même, je gémis (volontiers en effet je me glorifierai de mes faiblesses, afin que la force du Christ habite en moi) et, à cause de la violente douleur, je priai mes bourreaux de relâcher un peu mes liens, Mais avec raison, Dieu faisait que, plus je les priais, plus ils les resserraient. Après un quart d'heure environ passé en cette posture, j'aurais bientôt rendu l'âme s'ils n'eussent défaits mes liens.
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Martyrs2422

Je vous rends grâces, Seigneur Jésus, de ce que j'ai appris par cette légère épreuve combien vous avez daigné souffrir pour moi sur la croix, alors que le poids de tout votre corps très saint était suspendu non par des cordes, mais par vos mains et par vos pieds, cruellement percés de clous. D'autres liens succédèrent aux premiers, En effet, ils nous attachèrent ensemble au sol pour passer le reste de la nuit. Que ne nous firent-ils pas alors, à nous qui étions liés à nos compagnons hurons, que ne tentèrent-ils pas de me faire ! Mais de nouveau, je vous rends grâces, mon Seigneur, de m'avoir préservé, moi votre prêtre pur, des mains impures des barbares. »

Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961,  P. 213 - 214 - 215

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeSam Oct 04 2014, 23:09

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Il y avait déjà sept jours que, de bourgade en bourgade, de théâtre en théâtre, nous étions donnés en spectacle à Dieu et aux anges, par l'effet de la divine Bonté, comme on peut le croire ; mais nous étions pour les hommes et les plus vils barbares un objet de risée et de moquerie, lorsqu'enfin on nous avertit que ce jour achèverait notre vie par le feu. Bien que, certes, ce dernier acte eût quelque chose d'horrible, le bon plaisir de Dieu et l'attente d'une vie meilleure et exempte de tout péché le rendait plus joyeux. C'est pourquoi, ayant exhorté une dernière fois mes compagnons français et hurons, je leur demandai d'être courageux : qu'ils se souviennent, dans les douleurs de leur corps et de leur esprit, de celui qui a supporté de la part des pécheurs une telle hostilité contre sa personne, et qu'ainsi ils ne se laissent pas abattre par le découragement;


...qu'ils espèrent que demain nous réunira à notre Dieu pour régner dans l'éternité. Et parce que nous craignions d'être séparés les uns des autres, j'avais surtout averti Eustache que, si nous ne pouvions pas être l'un près de l'autre, il témoigne regretter ses fautes en me regardant, la main à la poitrine et les yeux levés au ciel, et que je lui accorderais alors l'absolution que je lui avais donnée souvent après l'avoir en route et depuis notre arrivée. Il la reçut plusieurs fois grâce à ce signe.

Mais, après plus mûre délibération, les anciens pensèrent qu'il ne fallait rien précipiter au sujet des Français et ils décidèrent, au cours d'une assemblée où ils nous avaient convoqués, de nous laisser la vie. Ils l'accordèrent aussi à presque tous les Hurons, sauf à trois, Paul, Eustache et Étienne, qu'ils tuèrent dans trois bourgades qui constituent cette nation : Étienne dans le village où nous étions, nommé Andogaron, Paul à Ossernenon, Eustache à Teonontogen. Ils brûlèrent Eustache sur presque tout le corps et tranchèrent sa tête avec un couteau. Il supporta tout cela très chrétiennement. Et alors que les autres prisonnier ont coutume de dire en mourant : « Que de mes ossements il naisse un vengeur », lui, au contraire, selon l'esprit chrétien dont il avait été profondément  imprégné au baptême, il demanda à ses compatriotes hurons qui étaient présents, que la considération de sa personne ne mette pas d'obstacle à la paix qui devait être établie avec ces iroquois. »
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) NorthAmerican-Martyrs-a

Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961,  P. 215 - 216

(À suivre)

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Dernière édition par Stan le Lun Oct 06 2014, 17:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeDim Oct 05 2014, 22:17

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada

(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)

(Suite)

« A la fin de septembre, on (les Iroquois) tint un dernier conseil à notre sujet (concernant notre retour parmi les nôtres). Mais l'opinion de ceux qui nous étaient favorables eut le dessous. Le désordre triompha, et les facieux déclarèrent qu'ils ne supporteraient jamais que des Français soient ramenés aux leurs (...) Nous voilà donc abandonnés à la fureur de ses hommes redoutables, qui de toute part nous recherche pour nous faire mourir; armés de haches, ils fouillent les maison pour nous trouver et nous tuer.
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) 580014_317713461657281_229178463_n

Lorsque nous nous aperçûmes que l'on poussait des cris au sujet de notre retour, nous (René et moi) nous retirâmes pour prier sur une colline voisine qui domine la plus grande partie de la bourgade. Là, éloignés de tout témoins et de désagréables importuns, nous nous sommes remis tout entiers à Dieu et à sa sainte volonté. Sur le chemin du village, nous récitions le chapelet de la bienheureuse Vierge Marie et nous en étions déjà à la quatrième dizaine, lorsque nous rencontrons deux jeunes gens qui nous ordonnent de retourner au village. « Mon frère, dis-je alors (à René), nous ignorons quel peut être le dessein de ces hommes au milieu d'un si grand désordre. » Et alors nous nous recommandons avec plus d'empressement a Dieu et à la très Sainte Vierge, notre bonne Mère.


Nous étions arrivés à la bourgade en priant, lorsque, à son entrée, l'un de ceux qui étaient venus à notre rencontre, sortant la hache qu'il tenait cachée sous son vêtement, frappa un coup si violent à la tête de René, que celui-ci tomba à demi-mort en invoquant le très saint Nom de Jésus (nous nous étions en effet exhortés souvent l'un l'autre, afin que, nous souvenant des indulgences, ce Nom très saint conclût notre voix et notre vie). Quant à moi, voyant cette hache ensanglantée, je me mis à genoux sur le sol à l'endroit où j'étais, j'enlevai le bonnet que j'avais sur la tête et, me recommandant à Dieu, j'attendais un coup semblable. Après un moment passé dans cette posture, l'homme m'ordonna de me relever, car il n'avait pas, disait-il, le pouvoir de me tuer, puisque j'appartenais à une autre famille. Me levant rapidement, je cours à mon très cher compagnon qui respirait encore, je lui donne à l'instant même l'absolution qu'il recevait tous les deux jours lorsqu'il se confessait. On lui donna alors devant moi deux autres coups qui le mirent au nombre des bienheureux.

La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Sts.Isaac+Jogues+and+Rene+Goupil

C'était (René Goupil) un homme de trente-cinq ans, admirable par la simplicité,
l'innocence de la vie et la patience dans l'adversité
, parfaitement soumis par amour à Dieu,
qu'il voyait toujours très présent en toute chose, et à sa très sainte volonté
. (...) »


Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961,  P. 218 - 220

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeLun Oct 06 2014, 22:51

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Strene

« (René) allait chez le Hurons pour secourir les chrétiens dans le métier de chirurgien qu'il avait appris; mais surtout parce que quelques jours avant sa mort, poussé par le désir de s'unir davantage à Dieu, ayant prononcé les voeux de la Compagnie, il se donna à elle, autant que cela lui était possible. Et certes, tant dans sa vie que dans sa mort, où il prononça comme dernière parole le Nom de Jésus, il s'est montré véritable fils de la Compagnie. Bien plus, je l'aime et je le vénère non seulement comme un frère, mais comme un martyr de l'obéissance et même de la foi et de la croix. Comme il était très pieux et qu'il avait l'habitude de vivre avec des barbares qui étaient soit chrétiens, soit familiarisés avec des chrétiens, il faisait chaque jour de longues prières à Dieu, provoquant l'étonnement et la méfiance des Iroquois parce que la chose était inhabituelle. Tout cela fut porté comme à son comble, lorsqu'un jour, ayant enlevé son bonnet à un enfant de la cabane où il habitait, il fit sur lui un grand signe de croix, du front à la poitrine. Ce qu'ayant aperçu, un vieillard très superstitieux, aïeul de l'enfant, à la pensée qu'il s'agissait là d'un mauvais sort, ordonna à non neveu de tuer le Français. La mère de cet enfant me raconta tout cela par la suite, et que c'est pour cette raison qu'il avait été tué sur l'ordre du vieillard. (...)
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) 0

Le lendemain, je fus pris d'une grande inquiétude au sujet du sort qui avait été fait au corps de mon très cher compagnon. Je décidai donc de le chercher, quel que soit le danger, et de l'enterrer si je le pouvais. Or tout nu, il avait été trainé indignement dans le village avec une corde passée à son cou et jeté assez loin dans le torrent.

Sorti de la bourgade, je rencontrai le vieillard dont auparavant j'habitais la cabane. Celui-ci me conseilla de rester chez moi : « Où vas-tu, me dit-il? Tu vis à peine, on cherche partout à te faire mourir, et tu cherches le corps d'un mort déjà à moitié pourri. Ne vois-tu pas ces jeunes gens en fureur (quelques-uns, qui s'étaient armés, me précédaient de peu hors de la bourgade) qui vont te tuer? »Ne craignant rien, puisque c'était pour moi un tourment de vivre de si grandes angoisses et un gain de mourir dans cet office de charité, je poursuivais ma route.  Lorsqu'il me voit inébranlable dans ma résolution, il prie un autre barbare de m'accompagner.

Donc, avec son aide, je retrouve ce corps que déjà les chiens avaient déchiré aux reins, je le couvre d'un tas de pierres à l'endroit où ce torrent était assez profond, me proposant de revenir le lendemain avec une houe, pour l'enterrer secrètement. Je craignais, en effet, qu'on l'exhume. »



Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961,  P. 220 - 221

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeMer Oct 08 2014, 00:30

Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada

(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

(...) Parce que jе n'avais pu accomplir ce jour-là ce que jе m'étais proposé, jе partis le lendemain dе bonne heure avec une houe ou un sarcloir pour enterrer le corps (dе René). Mais ils avaient pris mon frère. (...) jе demande (alors) à ceux que je rencontre s'ils ne savent pas quelque chose à son sujet; (...) ils affirmèrent faussement qu'il avait été entrainé très loin dans le fleuve, ce qui en réalité n'était pas vrai. Que dе gémissement n'ai-jе pas poussés! Que dе larmes n'ai-jе point versées, que jе mêlais aux eaux du torrent, te chantant, mon Seigneur, les psaumes que ta sainte Église utilise ordinairement pour l'office des morts!
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Maxresdefault

Cependant, après la fonte des neiges, j'appris dе quelques jeunes gens qu'on avait vu les ossements éparts du Français qui était mort. Me rendant donc sur place, jе rassemblai les os à demi-rongés, reliefs des chiens, des loups еt des corbeaux, еt surtout la tête brisée en plusieurs morceaux. Ayant baisé tous ces restes avec respect, jе les confiai à la terre, dе telle sorte que, si Dieu le voulait un jour, jе les emporte dans une terre sainte еt chrétienne, comme dе grandes richesses. (...)

Deux mois se passèrent donc, depuis notre arrivée, dans ces craintes еt ces continuels dangers qui me faisaient (...) mener une vie plus cruelle que tout mort. (...) En vérité, cette haine si grande des barbares me fit souffrir dе beaucoup dе choses, dе la faim, du froid, du mépris des hommes les plus vils, еt les cruels ressentiments dе certaines femmes.



J'ai enduré dе grands froids, lorsque les neiges étaient hautes, еt que j'étais couvert d'un manteau court еt déjà usé; mais c'était surtout la nuit, lorsque j'étais contraint dе couché nu sur le sol nu ou sur dе dures écorces d'arbres. (...) Ma peau qui était désormais désséchée dans la saleté dе la poussière, se gerçait par le froid еt faisait sentir sur presque tout le corps une grande douleur. Mais lorsqu'à ces maux extérieurs se joignirent les intérieurs, alors ma douleur devint intolérable. (...) A cela se joignait le souvenir dе ma vie passée, si coupable dе nombreux péchés еt si infidèle à Dieu : « Quand viendra donc la fin dе mes misères еt dе mes douleurs ? Combien dе temps encore oublieras-tu notre détresse еt notre tribulation ? (Ps 43, 25) Quand donc feras-tu le calme après la tempête, et quand répandras-tu la joie et l'exultation après les larmes ? (Tob. 3, 22) Si ces jours n'avaient été abrégés, ma chair aurait péri. » (Mc 13, 20).... еt je disais à l'inverse de Job : "Même s'il ne nous fait pas mourir, j'espérerai en lui" »



Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, P. 222,-224, 227-229

(À suivre)

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MessageSujet: Re: La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643)   La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Icon_minitimeJeu Oct 09 2014, 01:16

Citation :

+
La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)


(Suite)

« Bien que très probablement, je pusse m'enfuir, si je voulais, en passant soit chez les européens, soit chez d'autres barbares nos voisins, cependant sur cette croix, où le Seigneur m'a fixé à lui, j'ai décidé de vivre et de mourir avec l'aide de sa grâce.

La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) Aa3f3810

Qui, en effet, pourrait consoler en mon absence les Français prisonniers, et absoudre ceux qui se confesseraient? Qui pourrait avertir de leur devoir les prisonniers hurons baptisés, instruire les nouveaux prisonniers qui sont périodiquement amenés, baptiser les mourants et les soutenir dans les tortures? Qui pourrait régénérer les enfants dans les eaux sacrées, pourvoir au salut des adultes mourants et à l'instruction de ceux qui sont en santé? Et, en vérité, ce n'est pas, je l'estime, sans une providence particulière de la divine Bonté, alors que d'une part des hommes étrangers à la religion catholique, et d'autre part une guerre atroce avec les barbares, et par conséquent avec les Français, interdisait l'accès de ces régions à la foi,  ce n'est pas sans une providence particulière que je tombai aux mains de ces barbares qui, sans le vouloir, pour ainsi dire, et malgré eux, m'ont conservé jusqu'à ce jour, Dieu le voulant ainsi, afin que par moi, quoique indigne, tous ceux qui ont été prédestinés à la vie éternelle reçoive l'instruction, la foi et le baptême.  Or, depuis le temps où je fus pris, j'en ai baptisé soixante-dix, enfants, adolescents, et vieillards de cinq nations différentes et de diverses langues, pour que se tienne devant l'Agneau des hommes de toute tribu, de toute langue et de tout peuple.



C'est pourquoi, chaque jour, je fléchis le genou devant le Seigneur et Père de mon Seigneur, le suppliant de rendre vain, si ce n'est pour sa gloire, les projets tant des Européens que des barbares, qui songent ou à me délivrer ou à me rendre aux miens. En effet, les barbares ont beaucoup parlé de me rendre. Et les Hollandais chez lesquels j'écris ces lignes, ont offert et offre encore maintenant beaucoup de chose pour ma rançon et celles de mes compagnons. Je suis allé deux fois chez eux, et ils m'ont traité avec humanité; ils ont tout essayé pour me délivrer, moi et les miens. Bien plus, ils ont comblé de présents les barbares, chez lesquels je suis, pour qu'ils me traitent humainement. »

Mais me voici las de cette lettre si longue et si prolixe. Je prie donc instamment Votre Révérence de me reconnaitre, quoique indigne, toujours comme sien. Si je suis barbare par les coutumes et le vêtement, bien plus, si je suis presque sans mon Dieu , dans une vie si agitée, cependant je veux mourir comme j'ai toujours vécu, en fils de la très sainte Église romaine et de la Compagnie.


Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, P. 237-238

(À suivre)

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Citation :

La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada


(Extraits de sa lettre du 5 août 1643)

(Suite)

« Obtenez-moi de Dieu, mon Révérend Père, par vos saints sacrifices, qu'après avoir mésusé jusqu'alors des nombreux secours qu'il m'a donnés pour atteindre la plus haute sainteté, il me donne d'en bien user en cette dernière occasion qu'il me présente. Assurément, votre bonté doit cela à votre fils qui se confie à vous, car je mène une vie vraiment misérable dans laquelle toutes les vertus sont en danger, La foi, certes, dans de si épaisses ténèbres de l'infidélité; l'espérance, dans de si longues et dures épreuves; la charité, dans une si grande corruption et l'absence de tout sacrement. La chasteté, certes, bien qu'elle ne soit pas beaucoup menacée ici par les plaisirs, est cependant menacée par la cohabitation familière et intime des deux sexes, par la liberté laissée à chacun d'oser et de faire n'importe quoi, et surtout par les nudités. En effet, bon gré mal gré, il faut souvent voir beaucoup de chose qui ailleurs feraient se détourner non seulement les regards curieux mais même les regards coupables.




C'est pourquoi je me plains chaque jour à mon Dieu, le priant de ne pas me laisser sans secours parmi les morts; le priant, dis-je, afin que, parmi tant de souillures de la chair et de cultes supersticieux des démons, auxquels il m'a exposé comme nu et sans défense, il garde mon coeur irréprochable à l'égard de ses prescriptions; afin que, lorsque viendra ce bon Pasteur, qui rassemblera les dispersés d'Israël, il nous rassemble du milieu des nations pour bénir son saint Nom. Fiat! Fiat!

De votre Révérence, le très humble serviteur et fils dans le Christ!

Isaac Jogues




Qu'il me soit permis de saluer par Votre Révérence mes Pères et Frères très chers que j'aime et vénère tous dans le Christ,
d'une manière spéciale, et de me recommander à leurs saints sacrifices et à leurs prières.

De la Colonie de Renselaerswich, en Nouvelle-Belgique, le 5 août 1643.

Votre très humble serviteur et fils dans le Christ.

Isaac Jogues


Source : Jésuites de la Nouvelle France, Collection Christus, Desclée de Brouwer, 1961, P. 238-239

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Citation :


La vie et le martyre
de Saint Isaac Jogues au Canada
La vie et le martyre de Saint Isaac Jogues au Canada (Extraits de sa lettre du 5 août 1643) P1110863

Extrait de la dernière lettre
de Saint Isaac Jogues, avant d'être décapité
par les iroquois, le 18 octobre 1646

Jogues rentre en France. Ses mains sont mutilées, tout son corps
porte les marques de la torture. L'amour des Iroquois
qui ne connaissent pas Dieu l'emporte sur l'appréhension à la pensée
de nouvelles souffrances. Il sera martyrisé peu de temps
après avoir écrit la lettre suivante :

« Quand commencerai-je à servir et à aimer celui qui n'a jamais commencé
à nous aimer ; et quand commencerai-je à me donner à celui qui s'est donné
à moi sans réserve ? Quoique je sois extrêmement misérable et que j'aie fait
un mauvais usage des grâces que Notre Seigneur m'a faites en ce pays,
je ne perds pas courage, puisqu'il prend soin de me rendre meilleur,
me fournissant encore de nouvelles occasions de mourir à moi-même
et de m'unir inséparablement à lui.

Mon espérance est en Dieu, qui n'a que faire de nous pour l'exécution de ses desseins.
C'est à nous de tâcher de lui être fidèles et de ne pas gâter son ouvrage
par nos lâchetés. J'espère que vous m'obtiendrez cette faveur de Notre Seigneur
et qu'après avoir mené une vie si lâche jusques à maintenant,
je commencerai à le mieux servir.

Le cœur me dit que, si j'ai le bien d'être employé en cette mission, j'irai et
je ne reviendrai pas , mais je serai heureux si Notre Seigneur voulait achever
le sacrifice où il l'a commencé, et que ce peu de sang que j'ai répandu
en cette terre fût comme les arrhes de celui que je lui donnerai
de toutes les veines de mon corps et de mon cœur.

Enfin, ce peuple-là est pour moi un époux de sang , je me suis fiancé à lui
par mon sang. Notre bon maître, qui se l'est acquis par son sang, lui ouvre,
s'il lui plaît, la porte de son Evangile comme aussi à quatre nations,
ses alliés, qui sont proches de lui.
»




Source : http://www.jesuites.com/histoire/saints/jeandebrebeuf.htm

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