VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM
Bienvenue !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Forum Catholique Romain sous la protection de Saint Michel Archange !

La reproduction du contenu de ce site est permise, à la condition d'en citer la provenance, y incluant l'adresse de notre site, https://nouvellejerusalem.forumactif.com/

Merci !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM
Bienvenue !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Forum Catholique Romain sous la protection de Saint Michel Archange !

La reproduction du contenu de ce site est permise, à la condition d'en citer la provenance, y incluant l'adresse de notre site, https://nouvellejerusalem.forumactif.com/

Merci !
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM

Forum Catholique sous la protection de Saint-Michel
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  Cliquez ICI pour participer aux échanges du ForumCliquez ICI pour participer aux échanges du Forum  ForumForum  
Le deal à ne pas rater :
Coffret dresseur d’élite ETB Pokémon EV06 Mascarade Crépusculaire
56.90 €
Voir le deal

 

 La Samaritaine (Jean Debruynne)

Aller en bas 
AuteurMessage
COQUELICOT

COQUELICOT


Date d'inscription : 06/09/2010
Localisation : Belgique

La Samaritaine  (Jean Debruynne) Empty
MessageSujet: La Samaritaine (Jean Debruynne)   La Samaritaine  (Jean Debruynne) Icon_minitimeMar Fév 08 2011, 17:29

La Samaritaine (Jean Debruynne)



Il est midi

en Samarie.

C'est pourtant l'heure

à rester chez soi,

à fermer ses volets,

et à s'abriter sous la pierre.

C'est l'heure où l'intérieur est frais

et où les parfums viennent se poser

sur l'épaule d'un pli d'ombre.

En tout cas, à midi,

en Samarie,

ce n'est pas l'heure d'aller au puits.

Personne jamais

ne va au puits

en plein midi.

Personne n'est assez fou

pour se risquer en plein midi

sur ces chemins qui flambent.

La moindre trace d'ombre

est allée se coller

comme une ventouse

sous le ventre des cailloux.

A midi,

en Samarie,

le chemin des puits

n'est plus qu'une longue coulée

dc brûlure blanche.

Qui donc est dehors à midi ?

Quand le soleil même est sous terre

et l'ombre est cachée sous la pierre...

Qui donc est dehors à midi ?

Sinon ceux qui portent au grand jour

les pas trop brûlants de l'amour...



Il est midi

en Samarie

et pourtant Jésus est là,

assis en plein soleil,

au bord du puits,

et ce puits est celui de Jacob.

Serait-ce donc un nouveau Jacob,

le Père d'un nouveau Peuple,

qui, en plein midi,

fait halte

à même les pentes de l'avenir ?

Jésus sera donc toujours

à faire ce qui ne se fait pas ?

Voici Jésus en Samarie

de l'autre côté de la frontière.

Le voici à l'étranger,

chez l'autre.

Dieu se faisant

l'autre de l'autre,

le voilà passé à l'ennemi,

en plein pays hérétique.

Car les Samaritains

ne pratiquent pas au Temple,

ils ont leur sanctuaire à eux,

grimpé sur une montagne.

Juifs et Samaritains

sont des murs aveugles,

nuit contre nuit,

dont les hauts murs

ne font jamais que se croiser

muets et méprisants.

Juifs et Samaritains

ne se rencontrent jamais

qu'armés de préjugés,

de barres de fer de dérisions

et d'injures crachées devant les portes.

Jésus est donc assis au bord du puits.

Il est seul,

Ses disciples sont allés jusqu'en ville

acheter de quoi manger.



Mais Jésus ne reste pas seul longtemps.

Les autres ne sont sortis

que pour laisser rentrer une Samaritaine.



Elle est là.

Et elle restera pour toujours :

« La Samaritaine » .

C'est ainsi que tout le monde la connaît,

la désigne et la montre du doigt.

Qui saura jamais son âge et ses yeux ?

Elle ne montre jamais son visage,

ni, en tournant la tête,

cette mèche vivante

sur son front.

En réalité,

personne ne la connaît,

ni d'où elle vient,

ni ce qu'elle est devenue.

Elle est seule

et seulement « la Samaritaine » .

Chacun serait curieux

et tout le monde voudrait savoir

ce que cette Samaritaine

faisait là

dehors en plein midi

sur la route du puits.

Sans doute n'est-elle là

justement

que pour faire parler,

pour faire se poser cette question,

et parce qu'elle aussi

a toujours fait exactement

ce qui ne se fait pas.

Cette Samaritaine

n'a jamais fait comme tout le monde.

Elle fait le contraire.

Si elle vient au puits

en plein midi,

c'est que personne ne le fait.

Jésus s'adresse à elle,

elle lui répond.

Elle est une femme seule

parlant à un homme seul,

et justement

cela ne se fait pas.

Elle est une Samaritaine,

il est Juif,

or les juifs et les samaritains

ne se parlent jamais.

Elle est à elle toute seule,

toute l'humanité

empêtrée dans ses contradictions.

Elle est le péché,

Il est le Fils de Dieu.

Elle et lui se parlent.

C'est un sacrilège.

Mais si elle est au puits

à l'heure où il n'y a personne,

c'est peut-être aussi

parce qu'il y a quelqu'un

et que ce quelqu'un, c'est Lui.



C'est en tout cas en faisant

ce qui ne se fait pas

qu'elle rencontre Jésus.

Non pas après coup

et comme par miséricorde,

mais sur le champ,

dans l'acte même.

Jésus ne la rejoint pas après la subversion,

le rendez-vous

est au coeur même de la transgression.





En parlant à cette femme

Jésus

franchit le réseau des interdits

que les hommes imposent

à toute femme.

Comme tout bon juif

Jésus est invité

à faire chaque matin

cette prière de remerciement :

« Loué sois-tu Dieu

qui ne m'as pas créé païen.

Loué sois-tu Dieu

qui ne m'as pas créé femme.

Loué sois-tu Dieu

qui ne m'as pas créé sans intelligence... » 1

Le regard même de Jésus

sur cette Samaritaine

trahit la tradition juive

de ce temps-là

qui ne voit dans les femmes,

qu'elles soient ou non Samaritaines,

qu'un objet au pouvoir des hommes

sans plus de droits

que le bétail ou les enfants.

En entrant

dans ce discours sur l'eau,

Jésus fait bien plus qu'une distinction subtile

entre l'eau « courante »

et l'eau « vivante »,

il juge cette femme samaritaine

digne d'être pour lui

une partenaire

sur les questions de la Foi.

Alors que les femmes

n'avaient même pas le droit

d'étudier « la thora » 1

et que les rabbins menaçaient :

« Que les paroles de la Thora

soient brûlées

plutôt que d'être livrées aux femmes... » 2

Jésus, en lui parlant de l'eau

pose la Samaritaine en personne,

il en fait une dignité,

il l'accueille comme son égale

capable de juger et de décider.

En lui parlant de l'eau,

il la baptise.

Alors que les normes sociales du temps

soupçonnaient toute femme

d'avoir « passé un pacte avec le diable... »,

Dieu, lui, fait alliance

avec cette Samaritaine.

Alors que Saint- Thomas, lui-même,

ne verra plus tard dans les femmes

que des « hommes ratés » ,

Jésus, lui, se fait le prochain

de cette Samaritaine

et la juge digne

d'être avec lui, coresponsable.

Alors que la femme de ce temps

ne doit aborder l'homme

que « comme l'esclave aborde son maître »

Jésus établit

entre cette Samaritaine et lui

une relation libre et équivalente.

Jésus juge que cette Samaritaine

même si elle ne sait ni lire ni écrire

est capable d'une réflexion théologique.

Voilà déjà vingt siècles

que les exégètes et les théologiens

tournent autour de ce texte

de la Samaritaine

sans jamais en avoir retrouvé la porte,

et pourtant cette femme, elle, l'a bien franchie

elle qui pourtant était regardée

comme « l'ignorance personnifiée » 2

n'étant qu'une femme.

Puisque les femmes sont exclues,

Jésus prend contact avec elles.

Puisqu'elles sont en marge,

Jésus est de leur société.

Puisqu'elles sont au rang des esclaves,

Jésus les regarde en êtres humains,

annonçant ainsi un Dieu

qui ne juge pas

selon la hiérarchie sociale.

Jésus place donc la personne humaine

au-delà de toutes les lois,

au-delà des barrières de culte,

des interdits religieux,

des exclusions légales,

des frontières des nations,

des différences de classes ou de races.

Jésus ne remplace pas une théologie

par une autre contraire,

il libère la théologie.





Brusquement,

Jésus se tourne vers la Samaritaine

et lui dit :

« Va chercher ton mari... »

C'est-à-dire :

va chercher ta définition,

ton statut social.

Va chercher celui

par qui tu existes,

celui qui te nomme.

Va chercher ton identité...

Mais elle n'a pas de mari,

ou plutôt elle en a eu cinq,

et celui avec qui elle vit

n'est pas son mari.

Elle est donc sans statut social

sans situation

sans existence

et donc sans sécurité

ni assurance.

Sans mari

cette Samaritaine

n est pas reconnue.

Elle n'est qu'une exclue,

une adultère.

En lui disant :

« Va chercher ton mari... »

Jésus ne lui fait pas la morale,

il ne la désigne pas au scandale,

il rend visible l'invisible.

Jésus ne la montre pas du doigt

pour désigner son péché,

mais il désigne son humanité.

En la reconnaissant

dans la marginalité

Jésus désigne cette Samaritaine

comme capable de parler Dieu.

Puisqu'elle a eu cinq maris,

c'est que pour elle,

croire

n'est plus la soumission à la loi

ni la fidélité aux principes.

Croire pour elle,

c'est vivre,

vivre son âme et son corps.

Comment Jésus

né d'une vierge

peut-il trouver

une concurrence à sa mère

dans cette femme

qui a changé cinq fois de maris

et vit aujourd'hui en concubinage ?

Pas l'ombre d'un jugement

ou d'une condamnation

ne passe dans ses mots.

II n'a pas un seul instant

cherché à placer

son couplet sur le divorce,

la contraception

ou l'avortement.

Seulement, il lui dit :

Tu as eu cinq maris,

tu t'es donc cinq fois blessé le coeur ?

Tu portes cinq cicatrices nues et mal fermées,

alors, pourquoi joues-tu

à ceux qui ont le coeur lisse ?

Tu portes cinq échecs dans ton ombre,

cinq soleils cassés,

cinq jardins déçus,

cinq regrets en cendres.

Tu as une faim qui crie en toi,

pourquoi refuses-tu de l'entendre

et d'écouter

ce qu'elle te dit ?

Quelque chose en toi crie le pauvre,

laisse-toi tirer par ta question,

ne te fuis plus,

ne t'évite plus,

seule ta question de chair et de sang

peut te mener à ton avenir :

il n'y a de liberté que par la mort!

Et encore: Tu as eu cinq maris,

ne te confie pas à tes échecs,

ce serait encore avoir

la nostalgie de la réussite.



Alors brusquement

la Samaritaine l'a regardé

et elle lui a demandé :

« Tu ne serais pas de chez les curés

par hasard ?

et elle enchaîne :

« Moi, je ne suis pas pratiquante

mais j'ai toujours été croyante,

j'ai toujours respecté les prêtres

et je n'ai jamais manqué

de prendre le parti de la religion... »

Cette femme est trop fine,

elle sait déjà fort bien

que les religions ne s'intéressent

qu'à elles-mêmes

et que les dieux

ne sortent guère de leur politique.

Cette Samaritaine

a déjà fait le tour du langage

des prêtres

et elle a déjà démonté leur système.

Elle sait déjà

que si les prêtres se querellent

et mettent tant d'ardeurs

à argumenter,

ce n'est pas seulement

parce qu'ils sont bavards,

mais que c est aussi

parce qu'ils y trouvent un intérêt

qui grandit leur pouvoir.

Le règne des prêtres

a toujours reposé sur l'humilité

des fidèles.

Ils savent

et le peuple ignore.

Ils ont de si bons yeux

qu'ils peuvent lire

à travers le moindre événement

les jugements de Dieu.

Les prêtres sont des hommes

et la Samaritaine ne s'y trompe pas

qui est une femme :

elle sait se comporter devant la religion.

Elle pose à Jésus une question

qui ne la concerne pas

mais reconnaît et valorise

le pouvoir du prophète.

Cette femme est vraiment forte

qui a déjà reconnu

que Jésus n'est pas un rabbi comme les autres.

Elle ne vise pas au hasard,

c'est justement la question du Temple

qu'elle pose.

Mais Jésus, lui non plus,

n'est pas dupe.

Lui qui n'est ni prêtre ni rabbi,

lui qui n'est ni d'une école

ni d'une théologie,

il répond,

mais il répond ailleurs.

Il voit bien que la question

de la Samaritaine

est dans le système

et que pour elle,

si elle la pose ainsi,

c'est qu'elle s'en est déjà affranchie.

Jésus ne sait que trop

que le Temple

ne cesse de perdre l'Esprit

en voulant le sauver.

Jésus répond à peu près à la femme :

« Il est peut-être moins urgent

d'aller au Temple

que d'aller au bout de la vérité... »

En disant subitement

à la Samaritaine :

« Va chercher ton mari... »

Jésus l'appelle à se démasquer

telle qu'elle est.

Il lui dit :

« Tu es toi-même ! »

Il fait appel à son expérience,

réveille son vécu

et l'aborde ainsi comme sujet.

Mais la Samaritaine, elle aussi,

ne fait pas autre chose

en renvoyant Jésus

à la question du Temple.

Elle le rejoint dans sa blessure,

au creux de son expérience,

fait appel à sa question

et le fait naître

comme personne.

Jésus alors

ne se comporte pas

à coups de réponses,

il crée au contraire

entre elle et lui

un dialogue créateur

qui fait grandir la confiance

dans le respect des convictions de chacun,

un dialogue qui permet

d'exprimer ses propres contradictions

et de trouver ainsi la confiance en soi.

Jésus dit à peu près :

« La religion

n'est plus qu'une cérémonie

dont l'intérieur est tombé en ruines.

Le discours religieux

n'est plus crédible,

il n'est plus que vide,

mais comme par ailleurs

tant de choses

auxquelles nous tenons

risquent bien de s'effondrer

avec la religion,

nous gardons jalousement

cette poussière

enveloppée dans du sacré,

transformant ainsi

nos temples en musées... »

Et encore :

« Seul le désir

peut faire

que tout soit plus que tout.

Il faut que la Foi change

pour rester la même... »

La Samaritaine lui dit :

« Je sais que l'Autre va venir... »

et Jésus :

« Je le suis, moi qui te parle... »

Le temps de l'Autre est arrivé.

Dans cette nouvelle annonciation

Dieu n'épouse plus la Fidèle

mais l'infidèle.

Dieu ne marie plus la blanche

mais la noiraude.

Non plus la fille de Sion

mais l'exclue et la rejetée.

L'épouse n'est plus l'héritière

mais l'étrangère.

Epouser Dieu n'est plus un droit

mais un appel.

Les noces de Dieu ne sont plus un privilège

mais une tendresse.

L'alliance n'est plus passée au doigt de l'élu

mais au doigt du peuple des opprimés.

Le puits de Jacob est devenu

le puits de la Samaritaine.

Il reste maintenant

à se demander

comment un récit aussi subversif

a réussi à franchir

les siècles officiels

sans se faire arrêter .

Comment a-t-il pu parvenir jusqu'à nous

malgré les consignes et les bûchers

les consulteurs et les inquisiteurs

et plus que tout

malgré l'autocensure des Fidèles eux-mêmes...

_________________
Tout vient de Dieu
tout lui appartient
tout lui revient.
Revenir en haut Aller en bas
 
La Samaritaine (Jean Debruynne)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Photinaï, la Samaritaine (Visions de Maria Valtorta).
» Ce que Jésus mendiait à la samaritaine ? (selon Thérèse de Lisieux)
» Par humilité, le pape François ne présidera pas les canonisations de Jean XXIII et Jean-Paul II
» Vatican : canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II, ce qu'il faut savoir
» Quelques leçons à tirer de "l'affaire Jean Vanier" ? (Jean Rouet, ptre)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
VERS LA NOUVELLE JÉRUSALEM  :: Demande de Prières-
Sauter vers: