Banque du Vatican : le pape veut toute la lumière sur la gestion passée

Banque du Vatican : le pape veut toute la lumière
sur la gestion passée


Face aux interrogations sur les relations entre l'IOR et Banca Carige,
le pape entérine la fermeture de 1.600 comptes irréguliers.

La réforme des structures financières du Vatican est un chantier à ciel ouvert. Au lendemain des nouvelles révélations sur des opérations douteuses entre l'IOR (l'Institut pour les oeuvres de religion) et Banca Carige, la sixième banque italienne (détenue à 10 % par le français BPCE), aujourd'hui en pleine tourmente, le pape François a promis de faire toute la lumière sur les zones d'ombre de la gestion passée. De retour de son voyage en Terre sainte, le pape a confirmé officiellement, pour la première fois, la fermeture de 1.600 comptes « irréguliers » auprès de l'IOR (sur le total des 18.900 clients de l'Institut), tout en réaffirmant sa ferme intention de rompre avec la gestion opaque et les « scandales » du passé.

« Le secrétariat pour l'Economie aidera à éviter les scandales et les problèmes. Par exemple, 1.600 comptes de personnes qui n'y avaient pas droit ont été fermés auprès de l'IOR. C'est une bonne chose », a confié le Saint-Père aux journalistes, sur son vol de retour de Tel-Aviv. C'est la première fois que le Vatican confirme la fermeture des comptes laïcs « non autorisés », la presse italienne ayant plutôt évoqué la clôture de 1.200 comptes jusqu'ici, à la suite de l'audit de la société américaine Promontory Financial. Parallèlement, le pape a promis de faire toute la lumière sur la perte de 15 millions d'euros liée à un investissement dans la société de production Lux Vide, créée par Ettore Bernabei, membre de l'Opus Dei et proche de l'ancien secrétaire d'Etat, Tarciso Bertone. Selon la presse italienne, le pape aurait même ordonné une enquête sur diverses opérations réalisées entre l'IOR et la Fondazione Carige, principal actionnaire de la banque génoise dont l'ex-président, Giovanni Berneschi, a été récemment placé sous arrêts domiciliaires pour « escroquerie ».
Un fonds souverain du Saint-Siège

« Même si la perte sur Lux Vide s'est cristallisée en 2013, toutes ces opérations regardent la gestion passée de l'IOR sous le règne de l'ancien management », souligne aujourd'hui l'entourage du président de l'IOR, Ernst von Freyberg, nommé en février 2013. Tout en reconnaissant avoir souscrit à une émission d'obligations convertibles de 390 millions d'euros de Banca Carige en mars 2010, à hauteur de 100 millions d'euros, la banque du Vatican souligne avoir revendu ses titres, un an plus tard. Certains observateurs évoquent même un « règlement de comptes » à l'encontre du cardinal Bertone, ancien archevêque de Gênes (et ex-secrétaire d'Etat sous Benoît XVI), aujourd'hui sur la sellette.

« L'important est que toutes les affaires sortent désormais du fait de l'initiative des autorités du Vatican et non plus de la justice italienne. Il y a une nouvelle dynamique depuis huit mois », souligne un proche du conseil de l'économie, présidé par le cardinal Reinhard Marx. Outre le maintien des compétences de l'IOR sur fond de renforcement de son cadre réglementaire, le projet de réforme prévoit le recentrage de l'Apsa (Administration du patrimoine du siège apostolique) sur son rôle de banque centrale, et la création d'un fonds souverain visant à regrouper l'intégralité des avoirs du Saint-Siège en vue d'une plus grande transparence.

Pierre de Gasquet, Les Echos

Source : http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/0203530788118-banque-du-vatican-le-pape-veut-toute-la-lumiere-sur-la-gestion-passee-674604.php