Au petit matin, il plonge dans le Rhône pour sauver un désespéré

Rhône. Au petit matin, il plonge dans le Rhône
pour sauver un désespéré

Lyon. Etudiant en faculté de sport, Edouard Guimas, 18 ans,
a vu un homme sauter dans le Rhône du pont Churchill.
Il l’a retrouvé dans le noir et les eaux aussi glaciales qu’agitées.



5h du matin, samedi, la nuit d’Edouard s’achève avec les dernières notes du festival Elekt’Rhône au Transbordeur. Du moins le croit-il. En quittant ses amis, il ne lui reste plus qu’à parcourir les quelques kilomètres qui le séparent de chez lui au sommet de la montée de la Grande boucle à Caluire. Il les fera à pieds car à cette heure il n’y a plus de bus. Avant 6 heures il sera dans son lit.

Sauf que, trente minutes plus tard ou à peu près, il se retrouve en caleçon nageant dans les eaux glaciales du Rhône à hauteur du pont Churchill.Tout étudiant en première année en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de Lyon 1 qu’il est, ce n’est pas une séance de natation spontanée qu’il a décidé de s’offrir en cette toute petite heure de l’aube .

Si Edouard Guimas est dans le Rhône c’est parce qu’en passant sur le pont il a vu un homme qui, sur le trottoir opposé, franchissait le parapet et se jetait dans l’eau pour mettre fin à ses jours. Ni une ni deux, courant sur la rive, le jeune homme se déshabille, plonge et nage jusqu’au milieu du fleuve, là où il estime que l’homme a pu être emporté. Il ne se pose aucune question, n’évalue aucun risque : « Je l’ai fait parce que je ne pouvais pas regarder sombrer cet homme sans tenter quelque chose », explique-t-il simplement quelques heures plus tard. Il le fait par devoir et presque par acquis de conscience : « Il faisait très sombre, le courant emportait l’homme, je pensais ne pas le retrouver ». Alors qu’il jette un dernier regard circulaire dans l’obscurité, il aperçoit le noyé qui se débat à peine, sans un mot « On ne pouvait crier car on avalait de l’eau glaciale ». Il fonce sur lui, le prend sur son dos. « Durant les cours de natation de ce semestre nous avions fait des exercices de sauvetage avec un mannequin ». La pratique devient d’un coup réalité. Sans que le jeune Edouard ne panique pour autant. « C’est moins l’eau froide que ces tasses glacées qui étaient pénibles mais comme je fais du surf depuis quatre ans, que j’ai pris pas mal de vagues, je sais gérer le stress aquatique ».

L’étudiant ramènera le désespéré de 33 ans sur la rive où un autre passant et un sdf fixé là l’aideront à le hisser hors de l’eau. Les pompiers le prendront en charge ainsi que son sauveur. Edouard, à 8 h 30, après divers examens à Edouard-Herriot peut rentrer chez lui.

Cette semaine, en pratique sportive, il a un cours de natation. Il ne pense pas que sa baignade matinale l’en dispensera aux yeux de ses professeurs.